Discours de François Fillon à l’occasion de l’Assemblée générale de Force Républicaine le 9 juin 2015 (Seul le prononcé fait foi).
Merci d’être présents ce soir : votre fidélité me touche et me motive plus que jamais.
Aujourd’hui, Force Républicaine a des correspondants dans tous les départements; elle compte plus d’une centaine de parlementaires et d’élus locaux; sa force de proposition est puissante au sein de l’opposition.
Grace à votre soutien, nous sommes libres de défendre nos convictions. C’est un privilège que je vous dois. Mais il n’y a pas de privilège sans devoir. Le mien est d’aller au bout de notre combat politique et de le gagner.
Je veux redresser notre pays, et pour cela, il faut mettre un terme au quinquennat de François Hollande et engager une nouvelle politique pour la France.
Ces trois dernières années, j’ai traversé des épreuves, buté sur des chausse-trappes et des combines. Certains espèrent toujours me dérouter de mon but.
Fléchir sous les coups, abdiquer : jamais !
Contre les turpitudes de l’UMP et ses finances en faillite, pour la probité de sa démocratie, j’ai défendu l’honneur de notre mouvement.
«Celui qui dit la vérité doit être exécuté», prévient la chanson… Ils ont essayé mais ils ne m’ont pas touché. De cette expérience, je suis sorti renforcé avec la conviction que mon chemin est juste.
Mesdames et Messieurs, chers amis,Sur ce chemin, tous les coups sont, semble-t-il, permis…
Le secrétaire général de la Présidence de la République se confie à des journalistes en m’attribuant des propos infamants que je n’ai jamais tenus. Je n’accepte pas qu’on me prête des attitudes abjectes que toute ma vie politique vient démentir.
Ceux qui me cherchent me trouvent ! La justice est saisie.
Je ne serai pas la proie de ceux qui veulent étouffer le match présidentiel avant même que la compétition n’ait commencée. Les Français ont droit de choisir autre chose qu’un remake de l’élection de 2012.
Et puis voici, samedi dernier, le Congrès des Républicains qui ne fut malheureusement pas très serein. Il ne suffit pas de changer de nom pour faire vivre la démocratie : nous y veillerons.
J’ai été sifflé, Alain Juppé le fut. Faudra-t-il qu’il ne reste qu’une seule personne sur l’estrade pour que le silence soit assuré ?
Non, les républicains ne sont pas des petits soldats de bois. Militants, sympathisants, sans parler de nos électeurs, ils ont le cœur et l’esprit bien plus ouverts que les chahuteurs.
Parodiant Michel Audiard, je vous confierai que « cela n’est pas parce qu’on a quelque chose à dire qu’il faut la boucler». Moi, je suis debout, je parle et j’avance.
J’avance, parce que notre pays doit sortir d’une médiocrité qui n’est pas digne de ses atouts et de son destin.
J’avance parce que je crois savoir ce qu’il faut faire pour lui redonner sa force.
J’avance parce que je suis gaulliste, sarthois et vendéen mêlé de sang basque : un « entêté ». On ne se réinvente, et, au surplus, je n’ai qu’une patrie et qu’une vie pour la servir !
Alors, mes amis, nous allons nous battre.
Urgence oblige, c’est dans les villes, les départements et bientôt les régions, au contact des Français, que notre élan doit s’enraciner.
Je vous donne rendez-vous sur le terrain et pas sur le tapis vert des sous états-majors ou les consoles des instituts de sondage.
Pour les élections régionales, je serai partout où ma voix peut être utile à nos candidats. Je serai à leur disposition, là où le bilan de la gauche doit être condamné, là où la SARL Le Pen doit être stoppée. Je mettrai toute mon énergie pour que Valérie Pécresse, en Ile de France, soit la première femme à diriger la région capitale. Nous nous battrons pour les régions et contre une politique qui, depuis trois ans, s’est montrée incohérente et impuissante.
Tandis qu’au parti socialiste on se réjouit d’adopter des motions de synthèse que personne ne lit, la France gronde et craque en silence.
6 millions de français sans travail; deux millions de jeunes qui ne sont ni à l’école, ni en formation, ni dans l’emploi ; des artisans et des agriculteurs qui ne peuvent plus se verser un euro de salaire; des retraités qui ne font qu’un repas par jour ; des quartiers qui divorcent de la République sous la pression des trafiquants et des intégristes…
C’est le portrait d’une France qui décroche, qui s’appauvrit, faute de réformes courageuses pour relancer sa croissance, ses richesses et ses emplois.
Trente ans d’hésitation, trois ans d’erreurs ont eu raison de notre vieux modèle économique et social.
Où que je jette mon regard, je vois les bavures d’une politique piteuse.
En 2012, la France redémarrait lentement. Il eut fallu alors mettre le paquet sur la productivité française en libérant le travail, en stimulant l’investissement, en réduisant les déficits et les impôts.
Non, ce fut ces saillies stupides contre ceux qui entreprennent avant que le gouvernement ne les supplient d’utiliser l’usine à gaz du pacte de responsabilité et du CICE ; ce fut et cela reste la multiplication insensée des emplois aidés dans les structures publiques, là où il faudrait révolutionner notre marché du travail ; ce fut l’absurde compte pénibilité qu’on découvre aujourd’hui impraticable ; ce fut 60 milliards de prélèvements obligatoires en plus et toujours des déficits.
Notre pays se traine.
Il a perdu son statut de 5ème puissance économique du monde, il est le maillon faible de la zone euro, 100.000 demandeurs d’emplois de plus sont prévus en 2015…
L’urgence devrait être déclarée. Mais non, à l’Elysée on attend, on marchande avec la Commission européenne, on négocie à Solferino avec les frondeurs. «Tout a été fait», nous dit implicitement le Président immobile.
A l’Elysée, on prie pour que la baisse de l’euro et du prix du pétrole veuillent bien nous porter ; on espère tout de la politique monétaire de Mario Draghi.
Plus la BCE fait tourner la « planche à billets », plus la gauche est soulagée de ne rien faire. Mais gare à nous, c’est à quitte ou double : que la facture du pétrole ou des taux d’intérêts se redresse et c’est la rechute pour la France.
Nous sommes plus dépendants que jamais des marchés extérieurs : cruel paradoxe pour ces socialistes qui rêvaient de mettre la finance au pas !
En vérité, moins on réforme le pays plus il s’affaiblit, plus il s’affaiblit, plus sa capacité à se ressaisir et à progresser par ses propres forces est atteinte. Notre souveraineté économique et sociale a un prix : celui du courage et de la cohérence.
Cohérence ? Depuis trois ans, on godille sur place : un jour on fait la leçon aux entreprises, le lendemain on dit les « aimer » ; un jour on augmente massivement les impôts, le lendemain on prétend les baisser ; un jour on dépense sans compter, le lendemain on rabote les budgets…
Un pas en avant, un pas en arrière : c’est la danse du statu quo.
Dans la presse, mais surtout dans ces bastions ouvriers à qui fut promis tant de fois des lendemains qui chantent, dans le RER où se pressent tous ces fonctionnaires et employés qui se serrent la ceinture, on s’interroge : qu’est-ce la gauche ?
Ca n’est pas à moi de répondre, mais je mesure le désarroi de tous ceux qui y crurent…
Nous devons, sans démagogie, sans promesses illusoires, les convaincre que le progrès économique et social est encore possible dès lors que seraient tranchés tous ces nœuds qui étouffent le travail, la responsabilité, le risque, la créativité.
Quand l’économie s’arrête, lorsque le social ne va plus, le parti socialiste se transforme en parti sociétal.
En 2012, tous les ingrédients de la crise existentielle que traverse la France étaient déjà là : le doute sur son identité, la peur de la division, la crainte que la République ne se disloque.
Il fallait rassembler le pays, le conforter dans ses repères. Il fallait avoir le bon sens de rappeler que la famille est un refuge, que le voyou est un voyou avant d’être une victime de la société, que l’immigration a ses limites, que la promesse de l’Ecole et du collège est d’élever les enfants vers le savoir et non de tout descendre au niveau de la cour de récréation.
Bref, il fallait faire France, faire République.
Au lieu de cela, nous eûmes la division de la société autour de la question du mariage pour tous. A tort ou à raison, bien des familles se sentirent bousculer dans leurs traditions. Elles n’étaient pas au bout de leurs peines puisqu’un an plus tard le rabot budgétaire venait sabrer la politique familiale.
Nous eûmes les peines de probation hors prison, laissant entendre que la Justice était laxiste alors que les Français l’espéraient plus que jamais ferme.
Puis, après l’improvisée réforme des rythmes scolaires, vint la réforme du collège, symbole de la technocratie, quintessence des abandons : abandon de la quête d’excellence, abandon de la clarté pédagogique, abandon du bon sens programmatique, abandon des enseignants qui sont lassés de toutes ces directives infantilisantes qui accablent leur métier.
Ces maîtres – peut-on encore les appeler ainsi ? – ces professeurs, sont en première ligne face aux mouvements erratiques de notre époque. On leur demande beaucoup, pour un salaire souvent inférieur à leurs collègues européens. La gauche les considère comme des affidés. Je les considère comme les alliés d’une modernisation réaliste. Je publierai prochainement dans la presse une lettre à leur intention.
Oui la réforme du collège est nécessaire, mais il faut, pour cela, des idées claires !
Notre système est trop centralisé, il faut plus d’autonomie pour nos établissements afin qu’ils puissent s’adapter et s’organiser aux réalités de leur terrain. Plus d’autonomie signifie plus de responsabilité : il faut des chefs d’établissements ayant le pouvoir de fixer un projet collectif, de fédérer les équipes, de juger leurs résultats. La priorité doit être à l’apprentissage des savoirs fondamentaux et il faut s’assurer lors du brevet que tous possèdent ce bagage indispensable. Il faut valoriser les enseignements professionnels et, plus largement encore, créer les conditions d’une formation duale «école-entreprise».
Et puis, faudrait-il devoir rappeler que l’Ecole a besoin d’ordre, besoin d’être respectée, besoin d’être épaulée par les familles qui ont aussi leurs responsabilités propres.
Faudrait-il devoir rappeler que le savoir est un trésor qui se mérite et que la Nation est notre maison commune ? Si les valeurs de la République et si l’Histoire de France sont, à l’Ecole, dédaignées, noyées dans des programmes abscons, alors où se forgera la fierté d’être Français ? Que voulons-nous ? Une génération sans racines, qui doute de tout, esclave des pulsions radicales et des mirages publicitaires, où voulons-nous offrir à notre jeunesse, la force de la culture, le goût du travail et la joie d’être ensemble, au-delà des origines et des croyances ?
Voilà les questions de fond qui échappent au gouvernement.
Tandis qu’on renonce aux classes bilingues, voici pour finir que le Président songe à modifier la Constitution pour favoriser les langues régionales.
J’ai le plus grand respect pour elles. Mais franchement, la nation est- elle en état de se disperser ? N’a-t-elle pas d’autres combats à livrer pour tenir sa place dans le monde ?
Ce quinquennat touche à sa fin. François Hollande le terminera en tacticien des synthèses de la gauche. Oh, il ne déchoira pas de son rôle présidentiel : les apparences seront là, mais les vraies réformes, plus que jamais, seront absentes. Inutile de s’appesantir sur le bilan. En revanche, il est toujours utile de méditer les fautes de l’adversaire, tout comme il est utile d’analyser ce que furent nos manquements car la sincérité est à la source de la crédibilité.
François Hollande a beaucoup promis et ce faisant beaucoup déçu.
- Première leçon : pas de confiance sans vérité !
Nous devons, précisément, dire aux Français où sont les blocages, quelles sont les marges de manœuvre, quels sont les réformes et les efforts à faire pour mettre le pays en marche. François Hollande fut élu contre un homme, pas élu pour quelque chose de grand, de positif! Ne répondons pas au stupide anti-sarkozysme d’hier par un anti-hollandisme primaire.
- Seconde leçon : notre victoire doit être celle d’un projet au service d’une vision partagée de la France.
Ce projet, j’y travaille sans relâche avec mes équipes. Chaque mois, je décline mes propositions et je vais les confronter sur le terrain, là où les Français ont des choses à dire, des sacs d’amertume à vider, mais aussi une volonté qui les porte toujours à agir. Je fais ce travail de fond parce que je suis certain que mes concitoyens attendent des propositions précises pour des actes précis, appuyés sur une méthode d’exécution sans faille.
Les problèmes sont là et ils sont massifs : 6 millions de français au chômage ou à temps partiel, 2000 milliards de dettes, croissance minimale, déficits sociaux abyssaux…
Tout le monde connait le diagnostic, mais qui ose se lever pour dire : «réveillons-nous» ?
Je me dresse et propose un vrai changement. Son objectif : faire de la France la 1ère puissance européenne d’ici 10 ans. Cela n’est pas un rêve, c’est un défi que nous pouvons relever.
Notre modèle est usé.
«De l’air» supplient les entrepreneurs, les artisans, qui s’épuisent sous les charges ; «de l’air» réclament les employés qui veulent augmenter leurs fins de mois ; «de l’air» protestent les étudiants et les chômeurs qui se crashent sur le code du travail ; «de l’air» nous disent ces chercheurs qui s’arrêtent d’inventer devant la consigne du risque 0.
Croyez-moi, tout cela commence à faire du monde !
Place à la mutation numérique qui va changer les métiers, nos façons de nous organiser, de nous former ; baisse des prélèvements sur les entreprises pour rétablir leur taux de marge et investir sur les technologies du futur ; refonte du code du travail où s’accumulent et s’enchevêtrent les compromis des années 70, 80, 90, 2000, 2010… «De l’oxygène» nous sommes au XXIème siècle !; sortie des 35 heures et capacité de négocier sur le terrain les horaires et le fonctionnement de nos PME ; flexibilité du marché de l’emploi avec pour priorité l’extension du travail plutôt que la sur-réglementation du poste de travail; dégressivité des allocations chômage et concentration de la formation professionnelle sur ceux qui, dès les premières semaines, pointent à pôle emploi ; réduction des déficits et des dépenses publiques avec le resserrement du nombre de fonctionnaires, la modification de leur statut, la réorganisation de notre politique du logement, la rationalisation de nos échelons territoriaux ; fin de l’ISF et baisse progressive des impôts sur les ménages…
100 milliards d’allégements fiscaux disent certains de mes amis. Pas de démagogie. Il faudra procéder au fur et à mesure que les déficits seront réduits.
France, terre de productivité, d’innovation, d’investissement, France terre d’un Etat fort et non sous perfusion des marchés financiers : voilà la recette du progrès économique et social.
C’est «churchillien», «thatchérien», « schröderien» me disent les conservateurs qui assistent en spectateurs à l’appauvrissement du pays, à la fuite de ses talents et à la montée du vote protestataire. Cela n’est rien de tout cela : c’est du pragmatisme, c’est du gaullisme, du « souverainisme libéral » pour ceux qui aiment les étiquettes…
Je veux que la France soit forte, prospère, indépendante de choisir son mode de vie sans subir les diktats de Bruxelles, du FMI, sans s’exposer aux pressions des fonds de pensions étrangers. Et pour cela, j’utilise les moyens du bord : de l’argent public, nous n’en n’avons plus, des impôts nous n’en n’avons que trop, que reste-t-il ? La liberté !
Oui, la France a besoin de Liberté pour que chacun puisse aller au bout de ses mérites, de son courage et de ses talents.
Et la République a besoin d’autorité pour permettre à tous de vivre ensemble.
Sécurité, laïcité, immigration, il faut des règles claires. Il faut des principes.
- Sécurité, pas d’indulgence.
Les forces de l’ordre doivent être soutenues, leurs moyens matériels, technologiques, réglementaires doivent être accrus. La justice doit suivre avec célérité, et s’il faut construire des prisons pour cela nous le ferons.
- La laïcité : elle est le résultat d’un compromis historique entre les religions et l’Etat.
Mais par-delà l’Etat, la laïcité est une courtoisie entre chacun. Oui, chacun est libre de penser et de croire ce qu’il veut, mais chacun doit prendre soin de ne pas blesser l’autre, de ne pas s’imposer à l’autre.
Non, ni le musulman, ni d’ailleurs le catholique, le protestant, le juif ou même l’athée, ne doivent penser que leurs convictions intimes peuvent être au-dessus des lois de la République. Ceux qui le croient, ceux qui défient la tolérance et la bienveillance de tous les autres, doivent être rappelés à leurs devoirs et sanctionnés.
J’ai été l’un des initiateurs de la loi prohibant tous les signes religieux à l’Ecole et j’ai fait interdire la burqa. Il y a des lignes rouges infranchissables.
On s’interroge sur l’islam.
Pas de langue de bois : il y a un problème avec une minorité qui sombre dans une radicalisation qui n’a rien à faire dans la France des lumières ; mais pour l’immense majorité des musulmans, la foi reste une affaire privée.
Ne confondons pas Islam et islamistes fanatiques. Avec le premier on dialogue, on fixe des règles communes. Avec le second, on se bat !
Apprentis djihadistes, prêcheurs de haine, combattants aguerris, tous doivent être surveillés, pourchassés, condamnés avec la plus extrême sévérité car ils sont coupables d’un véritable crime contre l’humanité.
Et dans ce combat, la première responsabilité revient à nos concitoyens musulmans : celle de rejeter ceux qui instrumentalisent la foi. A eux de les défier, argument contre argument ; à eux de les déloger, de les débusquer, à eux d’inventer un Islam de notre temps, de notre France. C’est une condition non négociable pour vivre ensemble.
Immigration, pas de complaisance.
Elle fait le lit de tous ces passeurs qui font fortune sur la vie et la mort des migrants.
La France n’a plus les moyens d’accueillir tout le monde et son système d’intégration est en panne.
Nous devons pouvoir choisir, par quotas, par nécessité économique, qui nous désirons recevoir, qui nous voulons renvoyer chez lui. Et pour celles et ceux qui veulent s’intégrer et qui en ont l’autorisation, bienvenue ami, mais sache que la France a ses lois, ses coutumes et que c’est à toi de les faire tiennes.
L’Europe est confrontée à une vague migratoire d’une grande ampleur. Elle trouve son origine dans la guerre civile en Syrie et les actions criminelles de l’Etat islamique, mais aussi dans l’instabilité de nombreux Etats africains.
Les flottilles de malheureux qui voguent vers nous doivent être arrêtées à leurs sources, en Lybie et ailleurs, par la force si nécessaire, en neutralisant les trafiquants de faux espoirs. S’agissant de la forte augmentation du nombre de demandeurs d’asile qui prennent tous les risques pour traverser la « grande bleue », qui devient rouge, je veux rappeler qu’en novembre dernier, présentant mes propositions sur l’immigration, j’avais proposé de tripler le budget de Frontex. C’est ce que le Conseil européen a finalement décidé fin avril à la suite du drame qui a vu près de 900 personnes se noyer en Méditerranée. Cette mesure était nécessaire et elle aurait permis de sauver des vies si elle avait été mise en œuvre plus tôt, mais elle n’est pas suffisante.
J’avais aussi proposé de créer un corps européen de gardes-frontières pour permettre à l’Italie, à Malte et à la Grèce de n’être pas submergés par les arrivées de clandestins et je continue à penser que cette proposition est pertinente.
Combien de drames nouveaux faudra-t-il pour que l’Europe se dote enfin d’une politique d’asile et d’immigration digne de ce nom?
Le Président de la République et le Premier ministre ont affirmé qu’ils s’opposaient aux quotas de migrants proposés par la Commission européenne. Soit ! Encore que le ministre de l’intérieur avait dit l’inverse huit jours plus tôt…
Ce qui me frappe, c’est le manque de vision de nos dirigeants.
Il ne suffit pas de dire ce que l’on refuse, il faut formuler des propositions fortes pour faire face à la crise migratoire.
J’ai proposé que nos ambassades et nos consulats soient mobilisés pour traiter les demandes d’asile dans les pays d’origine ou dans les pays de transit comme le Liban, la Turquie ou la Libye. De manière plus fondamentale, je crois que nous n’échapperons pas à une révision des règles qui régissent la répartition des demandeurs d’asile en Europe. Mme Merkel l’a dit et elle a eu raison. Nos dirigeants se sont tus et ils ont eu tort.
En matière d’asile, le gouvernement reste trop timide. Sa réforme est animée de bonnes intentions – car chacun sait qu’il faut réduire les délais d’examen des demandes – mais les solutions proposées ne sont pas à la hauteur du défi.
Le Sénat a partiellement réécrit le texte et je veux ici remercier Bruno Retailleau, Philippe Bas et Jean-Noël Buffet, mais le PS annonce déjà qu’il reviendra sur tous ces amendements à l’Assemblé nationale.
En 2017, il faudra réformer en profondeur: j’ai proposé une refonte totale de l’hébergement des demandeurs d’asile qui doit se faire dans des centres dédiés à partir desquels les déboutés doivent être directement reconduits à la frontière et je persiste à penser que c’est la seule solution.
J’ajoute que les coups de menton de Manuel Valls masquent de moins en moins l’échec de sa politique. La forte augmentation du nombre des clandestins aurait dû s’accompagner d’une forte progression du nombre des reconduites à la frontière… Ce n’est pas le cas.
A Paris, ce qui s’est passé à Barbès,avec l’installation pendant des semaines d’un campement de clandestins, peut se reproduire à tout moment. Ils ont été évacués vers le département de l’Essonne, sont revenus dans le Nord de la capitale avant d’être délogés. Le problème a été déplacé mais pas résolu.
Ce qu’attendent les Français du gouvernement, ce n’est pas qu’il organise un tour de l’Ile-de- France pour les clandestins, c’est qu’il les renvoie chez eux. Mieux vaut la clarté que le mensonge de leur faire croire que l’avenir est ici, alors que nous sommes en crise.
J’ai formulé en novembre dernier un ensemble cohérent de propositions en matière d’immigration. Elles restent plus que jamais d’actualité et je les défendrai lors de la primaire.
Mes amis,
Dans deux ans, se tiendra l’élection présidentielle.
Il reste 23 mois, et en politique, c’est une éternité qui rend tous les scénarios possibles.
Scénario du pire avec la menace terroriste qui peut ressurgir à tout moment et déstabiliser notre concorde nationale.
Scénario d’une brutale fièvre européenne, avec la conjonction du problème grec et de la surenchère britannique qui peuvent, tous deux, freiner la reprise de la croissance.
Scénarios politiques aussi, et en la matière, l’expérience est bonne conseillère…
En février 1995, Edouard Balladur était encore le favori avant que Jacques Chirac ne le coiffe au poteau. Au début du printemps 2002, personne n’imaginait que Lionel Jospin serait éliminé au 1er tour. En 2010, François Hollande était loin derrière Dominique Strauss-Kahn, avant que tout ne bascule avec l’affaire que vous savez…
Pour tout dire, la route est encore longue. Croyez-moi, il y aura bien des virages à contrôler et des lignes droites à tracer avant que les Français se prononcent.
Chacun de vous peut apporter sa pierre à la campagne que j’ai engagée. Parmi vos amis, sur les réseaux sociaux, dans les rencontres que je multiplie en France, vous pouvez être mes relais, mes accompagnateurs, mes porte-paroles.
Il y aura des obstacles, des vents contraires, des doutes, et soudainement des espaces de conquête. Une nouvelle page d’histoire s’enclenche : nous l’écrirons ensemble, et vous verrez que notre espérance commune ressemble à celle qu’attend la France.
Vive la France et vive la République !