Dépôt de gerbe au Monument aux Morts de Saint-Romain-de-Vignague avec Christiane Fouilhac, Maire de Castelvieil, Didier Lamouroux, Maire de Gornac, Jean-Claude Duchamps, Maire de Lados, Jean-Marie Viaud, Maire de Mauriac.
Messe du souvenir à l’eglise de Saint-Romain-de-Vignague
Discours d’Yves d’Amécourt, Maire de Sauveterre-de-Guyenne, Conseiller Général de la Gironde.
Permettez-moi d’excuser Monsieur le Sous-Préfet, qui vient d’être appelé sur un accident sur l’autoroute Langon-Toulouse, le Major Cabassut qui est ici, me dit que l’accident est grave et que le nombre des victimes est important, nous pensons à eux.
Merci au Père Picault d’avoir célébré cette messe dans la belle église de Saint-Romain-de-Vignague. Merci à l’équipe qui l’a animée,
Merci à tous d’être là, en particulier les représentants des associations d’Anciens combattants, les porte-drapeaux, Guy Mercadier et Albert Escabasse, représentants de l’ANACR,
Chers Collègues élus,
Mesdames, Messieurs, chers amis,
Merci à toutes et à tous, d’être ici aujourd’hui… pour honorer la mémoire d’un homme, et plus encore, la mémoire des hommes qui à côté de lui, puis avec lui, ont dit « non », le 18 juin 1940, et dans les jours et les années qui suivirent…
- Le Général de Gaulle, les résistants de la première heure, et ceux qui de plus en plus nombreux, au fil des annonces de « radio Londres » se sont engagés dans les résistances, dans la résistance…
- Les 80 qui ont dit « non » le 10 juillet 1940, dont 5 parlementaires Girondins, comme Jean-Emmanuel Roy, le Maire de Naujan et Postiac, non loin d’ici ;
- Les 1038 « compagnons de la libération »,
- les milliers de français qui ont bravé l’interdit, dont certains sont ici,
- Les milliers de française et de français qui ont mené des actions petites ou grandes, qui ont abouties, in fine à détrôner le monstre qui occupait notre pays, qui occupait les âmes, qui occupait les esprits, … J’ai une pensée aujourd’hui pour l’un d’eux, Jean Pauly, qui nous a quitté il y a quelques semaines;
- Ceux qui ici et ailleurs ont abrité dans leur foyer, des familles, des enfants, des citoyens opprimés, parce qu’ils étaient juifs, tziganes, gitans, parce qu’ils étaient homosexuels. Je pense en particulier à Georges et Jeanne Cadapeaud, de Cazaugitat , « Justes parmi les nations », dont le nom est inscrit pour toujours sur le mur du souvenir de Yadvashem;
A la date du 16 mai 1940, dans ses «mémoires de guerre» Charles de Gaulle écrit:
« Alors au spectacle de ce peuple éperdu et de cette déroute militaire, au récit de cette insolence méprisante de l’adversaire, je me sens soulevé d’une fureur sans borne… La guerre commence infiniment mal. Il faut donc qu’elle continue. Il y a pour cela de l’espace dans le monde. Si je vis je me battrai où il faudra, tant qu’il faudra, jusqu’à ce que l’ennemi soit défait et lavée la tache nationale. Ce que j’ai pu faire par la suite, c’est ce jour là que je l’ai résolu.»
A la même période d’autres Français, qui avaient la confiance du peuple, choisissaient une autre voie. Celle de la collaboration.
Je pense au Maréchal Pétain, à Pierre Laval, à Adrien Marquet, le Maire de Bordeaux, devenu Ministre de l’Intérieur dans le gouvernement du Maréchal Pétain…
Lors de son procès devant la Haute Cour de justice, tenu sous la présidence de Louis Noguères à partir de fin 1947, Adrien Marquet mettra notamment en avant le fait qu’il a permis d’éviter, avec sa municipalité, une importante explosion qui visait des ponts, des bâtiments publics bordelais. Il dira qu’il a fait tout cela pour « protéger les intérêts de Bordeaux et des Bordelais ».
La valise personnelle d’Adrien Marquet a été remise cette semaine aux archives départementales de la Gironde afin que les chercheurs et les historiens puissent écrire l’histoire.
Sauveterre-de- Guyenne garde les souvenir de cette période…
Souvenir de cette fin juin 1940, où le premier Ministre Belge Hubert Pierlot et son gouvernement en exil, tenait à Sauveterre-de-Guyenne, son dernier Conseil des Ministres avant la reddition.
Un jeune homme, Michel Chauvet, immortalisait la scène, et prenait en photos des membres du gouvernement Belge, sur la place de la République. Michel Chauvet s’est éteint cette semaine.
Sauveterre garde le souvenir de cette période…
La période où Sauveterre était sur la ligne de démarcation et où les actions de résistance et de solidarité se multipliaient alentour, à Blasimon, à Mauriac, à Saint Martin du Puy, à Saint Léger-de-Vignague…
Autant de lieu où chaque année, avec l’ANACR et son Président Guy Mercadier, ainsi qu’Albert Escabasse, tous deux présents aujourd’hui, nous commémorons les faits de résistance et où nous rendons honneur aux combattants des FFI morts pour la France.
Nous étions ici, à Saint-Romain, en zone libre. La bastide était en zone occupée. La ligne de démarcation passait sur le chemin de ronde, devant les portes Saint-Romain et Saint-Léger. Une photo nous rappelle cette période, comme cette pancarte intacte retrouvée dans un fossé il y a quelques années.
Les familles se souviennent… Des actes de bravoures des passeurs, de ceux qu’on a assassinés.
Aujourd’hui, nous honorons les martyrs de la résistance et de la déportation, les victimes civiles et militaires, les héros de guerre et leur famille, toutes celles et tous ceux qui ici, et ailleurs, ont contribuer à la victoire sur la barbarie, tout ceux qui ont permis que cette victoire ne se fasse pas au détriment de la nation française, tout ceux qui ont permis, avec le Général de Gaulle, avec Jean Moulin, avec le Conseil National de la Résistance, avec les Compagnons de la Libération, que la France à la fin des combats, soit assise à la table des négociations, qu’elle reste une et indivisible, et que la France pourtant partagée, taraudée, divisée, la France « libre » et la France « occupée », que la France se relève, une et indivisible.
La nation faisant sienne cette citation du Général : « Le destin d’une nation se gagne chaque jour contre les causes internes et externes de destruction ».
Fred Moore Chancelier de l’Ordre des Compagnons de la Libération, dans un bulletin du 15 juin dernier, s’adresse ainsi aux descendants des « Compagnons de la Libération » disparus :
«Je veux m’adresser ici aux descendants des compagnons disparus et plus particulièrement, ceux de la 3ème et de la 4ème génération, non pour leur demander de ne pas oublier l’héroïsme et les sacrifices de ceux qui leur ont permis de vivre libre – je sais qu’il ne les oublieront jamais – mais pour qu’à leur tour, ils aient à cœur de faire vivre les valeurs fondatrices (des Compagnons de la Libération), de mettre en œuvre toute leur énergie pour leur donner un contenu concret, avant de les transmettre à leur tour.
La France Libre ne fut pas une parenthèse qui s’est refermée avec la victoire des Alliés sur le Nazisme. Elle fut avant tout un prodigieux effort pour préserver ce que le Général, dans son magnifique discours d’Oxford le 25 novembre 1941, appelait « l’ordre du monde », qui est l’autre nom de la civilisation. La France Libre est aujourd’hui un héritage qu’il importe de ne pas laisser en jachère.
Cet héritage, les plus jeunes d’entre nous, en seront bientôt les seuls dépositaires!»
Merci à toutes et à tous !
Vive Sauveterre !
Vive la France !