(Photo : Antoine d’Amécourt devant une bille de chêne à merrain, destinée à la fabrication des barriques. Ces chênes là ne sont pas exportés en Chine !)
« Une rencontre mercredi entre propriétaires forestiers et scieurs s’est soldée par un apaisement entre ces deux
acteurs majeurs de la filière bois, en discorde depuis plusieurs semaines au sujet des exportations de grumes de
chênes, notamment vers la Chine, a-t-on appris jeudi de sources concordantes.
On s’est dit les vérités qu’on avait à se dire », a déclaré à l’AFP, Antoine d’Amécourt, président de Fransylva,
syndicat des propriétaires forestiers, pointés du doigt ces derniers temps par la Fédération nationale du Bois (FNB,
principalement des scieurs) pour avoir mis la filière française « au bord de la faillite », en exportant des grumes de
chênes bruts vers la Chine.
Les propriétaires forestiers contestaient ces chiffres avec virulence, reprochant aux industriels de ne pas avoir
suffisamment investi pour absorber la récolte de chênes français à un prix permettant aux propriétaires privés de
se rémunérer correctement.
« Je n’aimerais pas voir des scieries françaises fermer parce qu’elles n’ont pas de bois », a déclaré dans une optique
d’apaisement M. d’Amécourt, tout en indiquant que « le prix du chêne aujourd’hui n’est pas encore assez cher pour
faire de la sylviculture ».
Scieurs et propriétaires sont selon lui tombés d’accord sur le fait que le prix moyen des chênes exportés hors de
France au départ des ports français était de 180 euros le mètre cube, ce qui représente selon lui, « moins de cent
euros le mètre cube », une fois déduit les frais, notamment de transports.
« C’est bien la preuve qu’il ne s’agit pas de bois de grande qualité », a déclaré M. d’Amécourt, évoquant les 600
euros du mètre cube déboursés pour les plus belles pièces destinées à fabriquer des fûts pour le vin.
« On a le même regard sur les mêmes statistiques », a confirmé Nicolas Douzain-Didier, délégué général de la FNB.
– valoriser le bois en France –
Scieurs et forestiers ont prévu de se revoir à la fin du mois de mars, pour « aller plus dans le fond des choses », a
indiqué M. d’Amécourt. « On va se revoir pour travailler sur un diagnostic et des solutions », a indiqué pour sa part
M. Douzain-Didier.
Scieurs et propriétaires forestiers cherchent à parler d’une seule voix, alors que le gouvernement envisage d’aider
la filière à se moderniser pour valoriser d’avantage le bois en France.
Une rencontre est d’ailleurs prévue dans une dizaine de jours tout au plus entre le ministère et les scieurs, selon la FNB.
De son côté, un syndicat d’exploitants forestiers spécialisés dans l’export de grumes, le syndicat de la filière bois
(SFB), dénonce une campagne de désinformation de la FNB. Le SFB représente un peu plus de deux tiers des exploitants forestiers, qui eux mêmes ne représentent eux-mêmes qu’une petite partie des ventes de bois, mais 150.000 mètres cube d’export de chênes français vers la Chine, et se sent donc particulièrement visé par les critiques de la FNB.
« La semaine dernière, on a demandé à nos adhérents de contacter les scieurs pour leur proposer les bois qui
partaient en Chine. Ils ont refusé nos bois soit parce qu’ils étaient tordus, soit parce qu’ils étaient de petit
diamètre », a expliqué à l’AFP M. Laurent Maréchaux, délégué général du SFB.
« On est prêt à signer une charte de préférence où on s’engage, avant de proposer un lot aux Chinois, à toujours le
proposer aux scieurs français », a-t-il affirmé.
ngu/etr/pb
Paris, 8 mars 2018 (AFP)
C’est un peu une tempête dans un verre d’eau.
Les scieurs ne sont pas contents de voir beaucoup de bois de chêne partir en Chine. On pourrait le comprendre si cela leur faisait réellement de la concurrence. Or ils n’utilisent pas les mêmes bois.
Le problème du chêne et plus généralement du bois est que selon ses caractéristiques il va intéresser des acheteurs différents selon l’usage qui en sera fait.
C’est d’ailleurs ce qui ressort de cette dépêche, ce sont surtout des bois de bas de gamme qui semblent à partir en Chine.
Mais pourquoi la filière française n’est-elle pas capable de transformer ces bois là? Sommes nous plus bêtes que les Chinois? Pourquoi exporter de la matière première alors qu’on pourrait la transformer sur place et profiter de la valeur ajoutée.
Pour autant, je me souviens d’une époque où les scieurs français allaient s’approvisionner à (très) bas prix en chênes d’excellente qualité dans les pays de l’Est. Ce qui faisait chuter les cours chez les sylviculteurs français. Et là personne ne disait rien.
Aujourd’hui, les cours sont plus satisfaisants, et on peut imaginer que cela inquiète les scieurs, beaucoup plus d’ailleurs que les exportations vers la Chine.
C’est d’autant plus inquiétant pour eux que contrairement à un producteur de lait par exemple, les sylviculteurs peuvent parfaitement risquer de différer leurs ventes de quelques années en attendant des cours meilleurs.
Pour leur part, les sylviculteurs verraient d’un mauvais œil une dégradation de la situation de la filière du sciage français; et ceci pour une raison très simple, c’est qu’ils travaillent en très grande partie avec des scieurs locaux. Les sylviculteurs ont tout intérêt à avoir à proximité une activité de sciage dynamique car ils sont plus ou moins sur le même bateau….