Hier je représentais Alain Juppé lors de la réunion du Chêne. Le Chêne est l’association Gaulliste présidée par Michèle Alliot-Marie. Le thème de cette soirée débat était : « Gaulliste en 2009 : la force de l’engagement! »
Mesdames, Messieurs, chers amis,
Permettez moi d’excuser Alain Juppé pour son absence ce soir. Alain Juppé est parti pour Paris où il rencontrera demain le Premier Ministre sur un certain nombre de dossiers, dont l’un, au moins, me tient à cœur…
J’imagine que nombre d’entre vous sont déçu… Il se dise mais qui est ce jeune élu que nous ne connaissons pas et qui va nous parler de Gaullisme…
Je remercie Alain Juppé de m’avoir demandé de le représenter ce soir et j’espère que je serai à la hauteur de ses espérances et surtout des vôtres.
Pour rédiger ces quelques mots, je me suis beaucoup inspiré d’un texte de Jacques Godfrain qui s’intitule « être gaulliste aujourd’hui ». Je l’ai lu et relu et j’ai fait miennes certaines de ces idées auxquelles j’ai apporté un éclairage personnel, celui de ma génération, celui d’un jeune élu, né en 1968.
Permettez moi de remercier tous les élus présents, d’excuser tous les élus et toutes celles et ceux qui n’ont pas pu se joindre à nous.
Permettez moi de remercier les organisateurs de cette réunion, le Chêne, son Secrétaire Général, les représentants locaux.
Permettez moi aussi de saluer Sonia Dubourg-Lavroff que nous espérons voir en seconde place derrière Dominique Baudis aux prochaines élections européennes. Pour représenter l’Aquitaine et Bordeaux !
Que peut nous apportez le Gaullisme aujourd’hui ? Quel est le sens de l’engagement ? Voilà la question dont vous souhaitez que nous débattions ce soir ?
L’année 2009 démarre dans une ambiance de crise.
Sans doute l’année 2008 marquera la fin d’une ère…
- Une ère où des organismes qui avaient la confiance de toutes et tous, la confiance des Etats, ont trahis cette confiance.
- Une ère où le bon sens a quitté de nombreuses entreprises. Des établissements financiers de renom se sont mis à investir dans des produits « bidon ».
- Une ère où les mêmes qui ici, chez nous, demandaient des garanties exorbitantes au petits épargnants, investissaient sans le savoir, de l’autre coté de l’atlantique, dans des produits et des entreprises qu’ils ne connaissaient pas, dirigées par des gourous de la jet-set ou par des entreprises écrans, notées par des agences de contrôles d’opérette !
En 2008, une spéculation sur les produits pétroliers a généré des hausses de carburants et d’énergie sans commune mesure avec ce que nous avions connu jusqu’alors… Une hausse dont l’ampleur a été cachée par la valeur de l’Euro. Cette hausse, ajoutée aux coûts des NTIC (téléphonie mobile, Internet, …) a amputé notre pouvoir d’achat pour les autres produits, notamment ceux de première nécessité.
2008 a été l’année folle… Si nous n’y prenons pas garde, l’année 2009 sera terrible.
C’est dans ces moments là que le besoin de Gaullisme resurgit !
Chers amis, être gaulliste en 2009, c’est faire le vœu que le monde réel reprenne le pas sur le monde virtuel et que le bon sens retrouve sa place dans la vie de tous les jours.
Etre Gaulliste en 2009, c’est de faire partager autour de nous les valeurs qu’incarnait si bien le Général de Gaulle :
- mettons l’homme au cœur de toute chose. Nos organisations collectives doivent être au service de l’homme et non l’inverse, à commencer par la monnaie et l’économie. Ne l’oublions jamais : l’homme existait avant la monnaie. Le menuisier se sert du marteau et du rabot. Les choses ne vont plus quand c’est le marteau et le rabot qui se servent du menuisier… De même l’homme politique doit se servir de l’économie et de la monnaie… Et non l’inverse. Parler aujourd’hui de l’économie, c’est nécessairement parler de la mondialisation, de l’ouverture des frontières, du libre-échange international, de la concurrence et des sacrifices à faire en retour. De la France et des Français, il n’en est plus question. Pourtant, pour nous, les gaullistes, au début, il y a la France et les Français.
- faisons confiance à la raison et au cœur de l’homme dans nos relations avec les autres et multiplions les occasions de mettre en place entre nous, les solidarités, petites ou grandes. Le Général de Gaulle écrivait le 1er mai 1950 : » La question sociale, toujours posée, jamais résolue, (…) est l’origine des grandes secousses que l’univers a subies (…). C’est la même question toujours posée, jamais résolue, qui, aujourd’hui, pousse le monde vers un drame nouveau.(…) Elle domine tout et (…) l’épée de Damoclès restera suspendue tant que, dans la société, chaque homme ne trouvera pas sa place, sa part et sa dignité. » Pour de Gaulle, en 1950, la question sociale, » toujours posée, jamais résolue « , entraîne l’affaiblissement des nations, il fallait donc agir. Et aujourd’hui, 58 ans plus tard, comment ces mots raisonnent t-il en nous ? Il faut agir, toujours agir !
- faisons preuve de pragmatisme, faisons confiance à ce que nous comprenons et ne nous engageons pas dans l’inconnu… refusons de croire aux mirages que propose le monde virtuel… L’argent facile n’existe pas. Mais le gaullisme ne se réduit pas à du pragmatisme. Il se caractérise en réalité par une pensée politique forte, dont le point d’ancrage est ce double lien, d’abord entre la pensée et l’action, ensuite entre l’action et les circonstances : agir, en fonction des circonstances, dans le seul intérêt de la France et des français, tel est le gaullisme.
- Refusons l’idéologie ! Comme le dit si bien Jean-Pierre Raffarin : « l’idéologie, c’est quand la réponse arrive avant la question ». Or le Général était un maître dans l’art de poser les problèmes et les questions. Une question bien posée, c’est un grand pas vers la solution ! Poser le problème avant d’y répondre… Toujours ! Et ne jamais se laisser aller dans l’utilisation des solutions « prêtes à l’emploi » !
- N’oublions pas qu’au fronton de nos mairies, au fronton de la république, il est écrit : « liberté, égalité, fraternité ». La fraternité républicaine est sans doute celle des trois valeurs de notre république dont nous aurons le plus besoin cette année 2009… La fraternité républicaine et le compagnonnage font partie de nos valeurs ! A ce propos, Jean-Louis Debré écrit, fort justement (Jean-Louis Debré, Le gaullisme n’est pas une nostalgie, Robert Laffont, 1999) : » La nation seule permet à la devise républicaine Liberté, Egalité, Fraternité, d’être cohérente. La Liberté seule détruirait l’Egalité et ferait des maîtres et des esclaves de ceux qui ont de la chance et de ceux qui n’en ont pas. Mais s’il n’y avait que l’Egalité, elle dégénérerait en égalitarisme, étoufferait la Liberté, la créativité, et appauvrirait chacun. Seule la Fraternité impose la réunion de ces deux valeurs qui, livrées à elles-mêmes, entreraient spontanément en conflit l’une avec l’autre. ».
Cette crise remet en cause de nombreux sujets…Elle nous lance de nouveaux défis. Et il nous faut réfléchir pour trouver ensemble de nouvelles solutions à de nouveaux problèmes… Tout devient si compliqué…
- Les plats cuisinés ont remplacé les fruits et légumes… Ainsi les yoghourts ne sont plus aromatisés à la fraise des bois ou à la framboise du jardin, mais à la tarte tatin ou a la crème brûlée… Petit à petit le plat cuisiné prend le pas sur les fruits et légumes… Et le goût des uns et des autres est formaté à des goûts brevetés…
- Les jeunes ne boivent plus de vin, mais des pré-mix : vodka-miel, rhum-orange, red bull, … Dès goûts brevetés…auxquels ils s’habituent petit à petit… loin du merlot ou du cabernet sauvignon.
- Les compositeurs ne composent plus… Aujourd’hui on fait de la musique grâce au « sampling » une méthode qui consiste à emprunter des séquences de musique à d’autres compositeurs et à les ré-harmonisées entre elles… Si bien que les nouveaux morceaux de musique marchent tout de suite, parce qu’il nous rappelle les anciens…
- Autrefois on investissait dans une entreprise familiale, puis on a investit dans des actions, puis dans des paniers d’actions (les SICAV). Aujourd’hui on investit dans des prémix de produits financiers…Contenant des produits pas très recommandables… C’est comme cela qu’on a fait investir dans des crédits douteux, des entreprises qui n’en mangeaient pas… Comme il y a quelques années on a fait manger de la farine animale à des herbivores…
Tout devient compliqué… Et comme c’est compliqué, on ne parle plus que de « traçabilité »… La traçabilité c’est la carte pour s’y retrouver dans les choses compliquées ! De la traçabilité nous en aurions besoin, aussi, pour savoir qui fait quoi dans nos collectivités territoriales… Les communes, les communautés de communes, les pays, les conseils généraux, les conseils régionaux, l’état, le parlement européen, la commission européenne…
Au fil des années des niveaux ont été ajoutés, sans jamais oser simplifier les rapports entre les uns et les autres… Des compétences croisées, des compétences partagées, des compétences à moitié décentralisées, sans les revenus qui vont avec…
Dans cet enchevêtrement on comprend bien qu’il y a des solutions à trouver pour simplifier!
Le grand enjeu de tout cela, ne nous y trompons pas, n’est pas la simplification pour la simplification… Le grand enjeu de tout cela est de réconcilier la France et les Français avec une organisation de la nation intelligible et comprise par tous, où chacun retrouve sa place.
Aujourd’hui, la polémique sur les coûts de l’Etat-nation, la décentralisation, l’ouverture physique et virtuelle des frontières, l’internationalisation du capital conduisent certains à nier l’idée même de nation. « Le monde est notre village, nous sommes devenus citoyens du monde. La vente sur Internet tient lieu de projet social planétaire ». Voilà une belle utopie qui masque la réalité. La réalité c’est que quelque soit le monde dont on parle, l’homme ne pourra pas s’affranchir du lien social, de sa relation à l’autre et de son appartenance à la nation.
Etre gaulliste aujourd’hui a donc un sens. Ce n’est ni une attitude passéiste, ni la nostalgie d’un monde révolu, ni un comportement désuet qui ferait sourire.
C’est au contraire le signe d’un engagement d’une extrême modernité, dès l’instant que ce qui est en jeu, c’est l’avenir de la nation dans le contexte d’une coopération européenne, mondiale, car, désormais, la réflexion ne s’arrête pas à l’Europe.
La concurrence est mondiale, la guerre économique est une réalité qui a même ses morts. Cette guerre ne peut pas se dérouler sans règles, car, depuis la chute du mur de Berlin, c’est la planète entière qui vit selon les règles de l’économie de marché, les derniers pays communistes et les pays pauvres constituant un formidable réservoir de mains-d’œuvre à très bas prix, facilement exploitables hors de tout repère éthique. L’esclavage s’exerce entre nations.
Sur ce sujet de l’organisation de la nation, les conservateurs ont changé de camps ! Et pour cause, les collectivités territoriales sont aux mains des progressistes d’hier… De nouvelles féodalités sont apparues.
Philippe Madrelle lui-même, part en croisade pour sauver les départements… Comme si il était question de supprimer les départements ! Non, la commission Balladur parle de simplifier les rapports entre les Conseils Généraux et les Conseils Régionaux… pas de supprimer les départements… Mais depuis quelques semaines le Conseil Général de la Gironde a opéré un « glissement sémantique » ! On ne parle plus de « Conseil Général », on parle de « Département » !
Non, le fonds du problème, c’est qu’aujourd’hui face à toutes ces complexités, nous arrivons dans un virage… à un tournant de civilisation… Soit nous refusons cette organisation…
- cette organisation complexe où personne ne sait plus si il peut compter sur les autres et parfois, compter sur lui-même …
- Cette organisation où tout le monde a le pouvoir de dire « non », mais pas grand monde n’a le pouvoir de dire « oui » !
- Cette organisation qui sous couvert d’égalité a cru bon de nationaliser la solidarité, enlevant à l’homme la capacité même d’exercer la fraternité…
- Cette organisation qui fait la part belle à la réunionite aigüe, où rien ne peut se faire sans une réunion, mais où il manque cruellement du monde pour travailler là ou il y en le plus besoin…
Soit nous refusons cette organisation, soit nous l’acceptons, mais alors, il est urgent de rédiger pour nos enfants la notice de la terre et du monde que nous leur laisserons bientôt, afin qu’ils demeurent les acteurs principaux de leur destin.
Dans ce cadre, les idées fondamentales du gaullisme doivent être pour nous un point d’appui !
- La première idée, c’est que l’action politique n’est pas vaine.
- La deuxième idée c’est que la politique doit conduire l’économie et non pas l’inverse.
- La troisième idée, c’est que l’action politique ne doit poursuivre qu’un but, consolider la communauté nationale.
- La quatrième idée, c’est que de consolider la communauté nationale, c’est développer la société participative dans tous les domaines.
- La cinquième idée, c’est que l’indépendance ne signifie pas l’isolement.
Fort de tout cela nous devons pouvoir rebâtir
- Une nation où chacun sait ce qu’il a à faire et quelle est sa place
- Une nation où les responsabilités sont clairement établies.
- Une nation avec beaucoup moins de réunions et beaucoup plus d’action…
Chers amis, chers compagnons,
- Soyons ce que nous sommes et affirmons nos valeurs !
- Ayons confiance dans l’avenir, et dans les hommes qui nous guident !
- Mais, comme le Général de Gaulle, face au monde qui s’annonce, soyons vigilants et n’ayons pas peur de dire « non » !
Enfin, laissons raisonner en nous cette phrase du Général de Gaulle :
» Toute ma vie, je me suis fait une certaine idée de la France. Le sentiment me l’inspire autant que la raison. «
Vive le Gaullisme, vive la France !
Bravo Yves et merci
MIchel
Merci Yves pour ce discours et continuons à remettre les choses à leur place, l’ordre, la morale et le civisme.
Cher Monsieur d’Amécourt,
Quelle belle soirée sur le sens du gaullisme en 2009, ses valeurs éternelles et sa grande modernité pour inspirer l’action politique de demain !
Place de l’Homme dans la société, rayonnement culturel de la France, soutien à une Europe politique protectrice d’un libéralisme échevelé, système économique au service de l’Homme et non l’inverse, respect de la parole donnée, association des travailleurs aux profits de leur entreprise par le développement de la participation, de l’intéressement, de l’actionnariat salarié…
Autant d’idées et de valeurs qui résonnent par leur modernité en ces temps de crise financière.
A 22 ans, votre discours marquera profondément ma vie militante et politique, croyez-moi…
Bien vu, beau travail
Mais Sarko n’est pas gaulliste !!!
Je crois qu’il le devient…
merci et félicitations yves.
pour répondre à HB
Pour relever la france,sarko n’a que les valeurs fondamentales du gaulisme,entre autres le travail et l’homme.
Merci Yves pour ce texte qui m’apporte sujets de réflexion et espoir.
Angela Merkel veut plus d’Europe supranationale.
Accusée d’avoir freiné le sauvetage de la Grèce, la chancelière Angela Merkel s’est défendue mercredi et a plaidé pour la participation allemande devant les députés qui devraient la soutenir malgré l’hostilité de l’opinion publique.
La donneuse de leçon
Elle s’est défendue d’avoir ralenti le processus: « Nous ne serions jamais parvenus au programme d’efforts nécessaires de la Grèce si l’Allemagne avait, comme demandé par presque tous (ses partenaires européens), approuvé plus tôt les aides financières sans garantie suffisante, a-t-elle lancé. Nous aurions produit l’effet contraire ».
La chancelière allemande Angela Merkel a estimé ce mercredi que la nécessité de changer le Pacte de stabilité qui lie les pays de la zone euro s’imposait, comme leçon de la crise grecque.
Une fois de plus, en réelle patronne de l’Union européenne, elle fixe une feuille de route.
Elle met en demeure les autres pays
« La tâche de mon gouvernement, et de tous les membres de cette assemblée aujourd’hui, est de s’assurer que l’on adhère au pacte de stabilité, de le défendre et de continuer à le modifier », a déclaré la chancelière conservatrice.
Les mauvais élèves privés du droit de vote
« Il doit être réformé de telle sorte qu’il ne puisse plus être violé », a-t-elle ajouté, soulignant « la responsabilité particulière » de l’Allemagne dans ce processus de réforme.
La chancelière s’est dite favorable au retrait de leur droit de vote au sein des instances européennes des pays qui ne respecteraient pas les critères d’orthodoxie budgétaire européens.
« Je m’engage personnellement et avec force pour cela », et ce même si le processus législatif de modification des traités s’annonce « long et laborieux ».
Qu’en pense l’hôte du Palais de l’Elysée ?
Une opération bancaire immorale pour la France
Angela Merkel veut donc plus d’Europe intégrée, imitée en cela par Nicolas Sarkozy, avec pour slogans fédérateurs : « unis dans la diversité » et « solidaires face à la crise ». Comment s’exprime-t-elle dans le cadre de la Grèce :
– un prêt remboursable, donc sans aucune conséquence sur nos propres finances,
– une opération « bancaire immorale », les taux imposés à la Grèce étant au moins deux fois supérieurs à ceux pratiqués en faveur de la France, au détriment des Grecs eux-mêmes, notamment des plus défavorisés.
Imaginons un tel scénario en France. Quelle serait notre réaction ? L’Europe Maastrichtienne survivra-t-elle à ce simulacre de solidarité européenne?
En réalité, l’Europe de Lisbonne, que nous a imposée Nicolas SARKOZY en violation du référendum de 2005, démontre :
•que l’Allemagne dirige l’UE, sans plus s’embarrasser du moindre faux semblant envers son ex-partenaire, la France…
•que la France de l’actuel Président n’a plus le moindre décibel de voix face à la chancelière d’Allemagne…
•que les Européistes ne sont même pas capables d’illustrer leur propre slogan de « solidarité » dans « l’Union », car il n’y a PAS de solidarité : l’Allemagne détermine l’Euro de SON choix, pour SON SEUL compte !
•que les traités, de Maastricht à Lisbonne sont profondément –éhontément antidémocratiques, car non seulement des États dictent sa conduite à la Grèce, mais celle-ci – avec la complicité des socialistes grecs !- foule aux pieds le scrutin législatif ayant porté Papandréou au pouvoir ;
•que l’Europe (et DSK, « socialiste » français à la tête du FMI) est atrocement antisociale, quand elle fait porter tout le poids de ses « sanctions » sur le petit peuple retraité et fonctionnaire, sans ôter une seule drachme des poches des riches grecs ! !
Alain KERHERVE
Christian LECHEVALIER