Un héron, au bord de la rivière, là où l’eau est paisible , regardait passer les poissons ! Il admirait le reflet de son image dans l’eau claire : « je suis beau, je suis le plus fort, je suis le héron ! »
« Sans moi, la rivière ne coulerait pas. Sans moi, pas d’eau, pas de torrent, pas de cascades, pas de cultures, … Sans mon image sur l’onde, elle n’aurait pas la même allure. De la rivière, je suis la source et l’embouchure. Je suis l’Alpha et l’Omega de la nature.»
Non loin de là, vint à passer une mangouste. C’était une amie du blaireau. Dès qu’il avait le dos tourné, elle disait du bien de lui : ici, là, partout : « Qu’il est beau mon blaireau, qu’il est beau mon blaireau ! »
Elle s’approcha du héron : « Ô héron, Ô roi des rois ! Que la rivière est belle à cet endroit. Votre image dans l’eau claire, la nature tout autour… Vous êtes de ce lieu l’architecte, le gourou ! La rivière sans vous, ne serait rien du tout. Avec vous au milieu, elle se pare de tous ses atours. »
Le héron en fut tout émoustillé. Tellement flatté, qu’à chaque occasion, il gardait la mangouste à ses côtés. Dès qu’il avait le dos tourné, elle disait du bien de lui : ici, là, partout.
Tant et si bien que le seigneur des bois en devint jaloux. Il voulait, lui aussi, près de lui, une mangouste, pour dire du bien de lui !
Ainsi, le jour où il fallut nommer, un représentant de la rivière, ce n’est pas le héron, que le seigneur de bois choisi, mais la mangouste !
Il y avait déjà trop d’oiseaux. Au nom de la parité, un mammifère ferait l’affaire. Et au héron penaud, il dit tout de go : « C’est la mangouste cette fois, mais n’en doute pas, la prochaine fois, ce sera toi ! »
Il y eu plusieurs « prochaine fois », mais le héron, on l’oublia ! Et pendant ce temps, la mangouste siégeait auprès du seigneur de bois.
Dès qu’il avait le dos tourné, elle disait du bien de lui : ici, là, partout. Ô Seigneur des Bois ! Que la nature est belle à cet endroit. Tout cela c’est grâce à vous ! Vous êtes l’Alpha et l’Omega de tout !
Et comme ce n’était pas assez, elle s’adjoint les services d’un lévrier. A deux voix, il pourrait mieux encore, faire son éloge et le flatter.
Le héron lui, n’avait plus que ses yeux pour pleurer, et ses larmes glissaient dans la rivière. Dans l’eau, il regardait passer les poissons. C’était sa seule occupation. Il se répétait en boucle, comme pour mieux s’en convaincre : « La prochaine fois, je serai appelé la prochaine fois ! C’est ce que m’a dit le Seigneur des Bois ! ».
Mais on ne l’appela pas.
A la cour du Roi des bois, le critère de choix, n’est pas toujours celui qu’on croit. Un compliment vaut mieux parfois, qu’un long discours ! Il ne suffit pas de s’y voir, pour y être un jour…
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