Lettre au conseil communautaire

Bonjour à tous,

Merci Serge pour ton email et pour l’émotion qu’il contient. Oui, nous avons fait de belles choses tous ensemble depuis tout ce temps consacré à notre territoire. La séance de lundi soir, la dernière du mandat, la dernière pour certains d’entre-nous, n’a pas été à la hauteur de notre espérance …

Très ému moi-aussi par notre séance de lundi soir, il m’a fallu quelques jours pour retrouver mes esprits, laisser s’échapper la rancœur qui n’est pas bonne conseillère, prendre la plume et vous écrire cette lettre.

Lundi soir devait avoir lieu le vote du budget prévisionnel de la communauté des communes. C’était, pour un certain nombre d’entre-nous, leur dernier conseil communautaire. Un moment rare. L’émotion était palpable.

Comme je l’avais annoncé, longtemps à l’avance, sans ne jamais prendre personne au dépourvu, il s’agissait de voter un budget technique, qui recense et reprenne les décisions déjà prises ensemble, et qui permette à la collectivité de fonctionner pendant le mois nécessaire à l’installation du nouvel exécutif.

Nous l’avons fait comme précédemment à chaque fin de mandat sans que cela ne pose aucun problème.

Pourquoi ?

Et bien parce que pour moi, voter le budget prévisionnel en fin de mandat est une façon de clore proprement un mandat dans les meilleures conditions, de laisser la maison en bon ordre et de passer le relais à nos successeurs.

Lorsque j’ai été élu en 2008 à Sauveterre-de-Guyenne, le budget prévisionnel n’était pas voté et les caisses étaient vides. L’extension de la station d’épuration était réalisée mais pas financée. Le bus scolaire était K.O et nous devions trouver une solution pour la prochaine rentrée scolaire. Il nous a fallu en quelques jours, construire un budget, réunir le conseil municipal en urgence pour voter un crédit de trésorerie pour payer des salaires, et un crédit long terme pour financer les travaux de la station d’épuration. Si le budget avait été voté avant, ces problèmes auraient été identifiés et peut-être réglés avant les élections.

C’est pour cette raison que, depuis, je vote toujours un budget prévisionnel en fin de mandat. C’est comme cela que procède aussi le Conseil Général, le Conseil Régional, l’Etat, sans que jamais cela ne pose problème à quiconque. J’ai proposé cette année de faire comme nous faisons d’habitude et je n’imaginais pas que cela puisse poser un quelconque problème…

Ce budget a été préparé par les services et présenté par notre DGS.

Ce budget technique était construit sur la base du compte administratif 2019 et reprenait :

  • Les décisions que nous avions prises ensemble en conseil communautaire : l’achat d’un terrain à Targon sur la plaine des sports, les travaux de notre bâtiment de Targon (qui doit regrouper MSAP, OdT, tiers-lieu), les subventions aux associations présentées par Francis Lapeyre et votées la semaine précédente, les travaux d’entretien des bâtiments présentés par Eric Guérin et votés la semaine précédente,
  • les propositions de la commission voirie qui s’était tenue le vendredi précédent sous la Présidence de Serge Duru ;

Au moment du vote, un certain nombre de membres du conseil communautaire indique qu’il ne souhaite pas voter le budget au motif que la décision reviendra à l’exécutif qui sera élu le 7 avril -date de l’installation que nous avons décidée ensemble- et, qu’en conséquence, il ne participera pas au vote. Dont acte. Chacun est libre de participer ou pas au vote du budget.

Je mets aux voix le budget et Daniel Barbe prend la parole et dit : « Tu ne peux pas mettre le budget aux voix car tu n’a pas le quorum ».

Je lui réponds que le quorum est atteint, constaté, et que les présents ont signé la feuille de présence.

Il propose alors de quitter la salle avec tous ceux qui ne souhaitent pas voter le budget. Tous sortent et nous constatons que nous n’avons plus le quorum. Je ne cherche pas à passer en force, je ne l’ai jamais fait depuis 12 ans, et je lève la séance.

Le choix de certains de ne pas vouloir participer au vote, est éminemment respectable. Je le respecte. Mais pourquoi ne pas en avoir parlé avant, à tous ?

Ce qui me gêne dans cette méthode, c’est qu’elle est sournoise et qu’elle est exactement le contraire de ce que nous avons essayé de construire depuis tant d’années.

Pourquoi ne pas avoir dit clairement le lundi précédant ou plus tôt encore, que vous étiez un certain nombre à ne pas vouloir voter le budget ?

Le sachant, je pense qu’un certain nombre d’élus qui ne sont pas venus lundi soir serait venus et nous aurions eu le quorum pour voter le budget avec ceux qui souhaitaient le voter.

Mais vous vous êtes organisés à quelques uns pour faire un coup. Un petit plaisir politicien fugace que notre territoire peut payer très cher dans les mois et les années qui viennent.

Vous avez en quelques minutes détruit l’entente cordiale basée sur la confiance que nous avions construite pas à pas depuis tant d’années, et ce, malgré les fusions successives.

La démocratie n’est possible qu’avec la confiance, la transparence et l’information de tous. En agissant de la sorte vous avez brisé cette confiance, vous avez trahis la transparence et vous avez choisi de n’informer de vos intentions que quelques-uns. C’est un succès éphémère. Une victoire à la Pyrrhus.

Il y a d’ailleurs une incohérence entre la volonté louable, exprimée dans un certain nombre de programmes municipaux, de « vouloir consulter plus souvent la population » et omettre dans le cas présent, de consulter les deux tiers du conseil communautaire !

Si vous ne souhaitiez pas « décider pour les autres » pourquoi avoir voté les subventions aux associations, les dépenses d’entretien des bâtiments, et pourquoi avoir assisté à la commission voirie vendredi soir ?

Vous nous avez expliqué que le vote du budget reviendrait au prochain exécutif et que compte-tenu du fort renouvellement des instances « on ne pouvait pas décider pour les autres ».

Je l’entends. Dans ce cas on aurait pu proposer que ne votent que ceux qui sont renouvelables …

Si vraiment il ne fallait pas voter quoi que ce soit avant les élections, pourquoi avoir organisé des commissions ?

Pourquoi avoir voté en commission les subventions aux associations, les travaux dans les bâtiments, les travaux de voirie ? Il fallait refuser de siéger en commission !!! Ne pas les organiser !!! Quelle cohérence ?

La palme du cynisme revient à un maire qui inscrit dans son programme aux élections municipales le remplacement d’un pont sur une voie communale. Il vient en commission voirie pour s’assurer que cette dépense de 76085€19 est bien dans le programme –je rappelle ici que l’entretien des ouvrages d’art n’est pas explicitement compris dans les compétences de notre CDC- et le lundi suivant, il se lève pour protester que l’on décide du budget avant le renouvellement des élections !

Pourquoi cette règle sortie de nul part s’appliquerait-elle à la seule communauté des communes ?

Parmi les conseillers qui se son levés lundi pour empêcher le vote du budget, certains ont voté leur budget prévisionnel dans leur commune, d’autre ont depuis, voté le budget prévisionnel de l’OTEM, du SIPHEM, des SIRP, des SIAEP, … C’est curieux ! Pourquoi ce qui devrait être la règle à la CDC ne serait pas la règle dans les autres Etablissement Publics, Syndicats Intercommunaux et Associations ? Cette règle que vous avez inventée lundi soir était une règle d’exception, purement politique. Notre monde rural peut mieux faire, mérite mieux.

Quelles conséquences ?

Ce budget était un budget technique pour permettre de fonctionner normalement dans les semaines qui viennent. Il devait me permettre, notamment, de signer les bons de commande pour les travaux de voirie 2020. Je suis aujourd’hui dans l’incapacité de le faire. Ces travaux devaient commencer le 15 avril. Ce démarrage sera donc reporté après le vote du budget par le nouvel exécutif. Sans doute le nouvel exécutif en toute cohérence, voudra que se tienne une nouvelle commission voirie, une nouvelle commission bâtiment, une nouvelle commission associations, … Afin que le nouvel exécutif décide ! Pas sûr que le pont de la commune y résiste !

Quel avenir pour notre communauté des communes ?

Depuis la fondation de nos communautés de communes nous avons, pas à pas, construit l’entente cordiale qui a permis d’envisager ensemble la défense et la promotion du bien commun. Nous sommes passés en 23 ans de CDC où chacun devait défendre l’intérêt de sa commune à une CDC qui regardait d’abord le bien de tous et le bien commun.

Nous avons pris des décisions difficiles comme l’accueil de la CDC de Targon, qui n’allait pas de soi. Un choix que, depuis lundi soir, certains regrettent amèrement. Je l’écris ici. Il ne le faut pas. Les élus passent les territoires restent.

Les dernières décisions d’investissement que nous avons prises ensemble concernent plutôt l’équipement de l’ancien canton de Targon, et ont été votées par les communes du Sauveterrois et du Monségurais… A aucun moment un conseiller communautaire n’a pris sa calculette pour demander que les investissements soient réalisés au prorata des recettes fiscales du territoire, ou d’un autre critère, comme cela se fait dans d’autres CDC voisines.

L’épisode de lundi soir va à l’encontre de la méthode que nous avions choisie pour travailler ensemble : confiance, transparence, communication. C’est bien dommage et je le regrette.

Nous avions proposé une réunion entre les maires pour choisir ensemble le prochain Président de la communauté des communes. Je pense que cette réunion n’a plus lieu d’être compte tenu de l’ambiance générale depuis lundi soir. Je convoquerai le conseil communautaire le 7 avril à 18 h 30 et c’est le conseil communautaire qui installera le nouvel exécutif sans réunion de préparation entre les maires.

Le 7 avril le conseil communautaire aura le choix entre deux voies.

  • La première qui s’inscrit dans la continuité du travail que nous avons fait ensemble, en respectant chacun, et en communiquant avec tous. C’est la candidature d’une ancienne Vice-Présidente de la communauté des communes du Pays de Sauveterre, DGS de la communauté des communes du Sauveterrois en disponibilité et dimanche prochain, future probable Maire de Saint Sulpice de Pommiers si les électeurs lui accordent leurs suffrages;
  • La seconde, qui privilégie les actions sournoises et les coups en douce pour arriver à ses fins, s’appuie sur quelques uns et forment la division, comme nous l’avons vu lundi soir ;

Pour ma part je privilégie la première. J’encourage les uns et les autres à soutenir cette voie là.

Notre territoire peut continuer à faire de grandes choses grâce à quelques valeurs (la confiance, la fidélité, la transparence et le respect) et grâce à quelques principes que nous avons éprouvés ensemble et que nos voisins nous envient. Ne l’oublions pas.

Les partisans de la 2eme voie expliquent que « si Sylvie TESSIER était élue, notre DGS poserait sa démission ! » Est-ce un programme pour une communauté des communes ? Je ne le crois pas.

Sylvie est appréciée du personnel de la CDC dont elle a été élue représentante lorsqu’elle était DGA (avec un joli score !). Elle est appréciée des élus pour lesquels elle a énormément de considération. C’est normal, avant d’être DGS elle était Vice-présidente de la Communauté des Communes. Elle a été élu elle-même et le sera de nouveau.

Personne n’est indispensable, et si notre DGS choisit de démissionner, nous trouverons un ou une autre DGS. Ainsi va la vie d’une collectivité. Notre DGS, le sait bien puisque depuis la fusion, elle a postulé sur d’autres postes, dans d’autres collectivités ; Pour ma part j’ai toujours encouragé la mobilité. C’est l’intérêt de tous.

12 ans passent vite …

Chers collègues,

Puisque je n’ai pas pu prendre la parole devant vous tous lors de notre dernier conseil communautaire, je voulais remercier ceux qui m’ont élu il y a douze ans, ceux qui m’ont accompagné durant ces 12 années à la Présidence de notre communauté des communes, ceux qui m’ont fait confiance et réélu depuis, à deux reprises ; j’ai une pensée particulière pour Francis Naboulet, ancien Président, ancien conseiller général, qui m’a beaucoup appris et dont j’ai appliqué les préceptes ;

  • les maires sans lesquels rien n’est possible et sur lesquels on doit s’appuyer constamment car ils sont l’armature de la communauté des communes et les chef(fe)s de leur commune, ils ont la reconnaissance de leurs habitants et sont légitimes, j’ai une pensée particulière pour mon ami Yves Rayne, maire de Cleyrac, aujourd’hui disparu,
  • tous les Vice-Président(e)s de notre communauté des communes qui animent les commissions et font le lien avec les communes et avec les services, j’ai une pensée particulière pour mon ami Patrick Maumy, Vice-Président, ancien Maire de Daubèze, aujourd’hui décédé ; Patrick avait un grand sens de l’intérêt général ;
  • l’ensemble du conseil communautaire qui vote le budget et les grandes décisions,
  • les commissaires communaux qui donnent du temps pour participer aux commissions, j’ai une pensée particulière pour l’un d’entre eux, Jacques Panche, commissaire de Saint Brice, aujourd’hui disparu, il a donné l’exemple par son implication son dévouement au sein de la commission bâtiment, au delà de l’étiquette politique ;
  • l’ensemble du personnel de la communauté des communes qui mirent le tout en application avec patience, sens du service public, sous la responsabilité des Directeurs des Services, Coordonnateurs enfance jeunesse, Directeurs de crèches et de centre de loisirs,

Je souhaite que notre collectivité, construite pas à pas, le plus souvent contre l’avis des services de l’Etat, des « grands élus », de la CDCI, avec une gouvernance qui aujourd’hui, fait des envieux, avec en commun cette façon de vivre sur notre territoire rural, avec l’expression d’une certaine liberté dans ses choix, avec une ambition qui fait des émules, en respectant les communes, puisse montrer à l’avenir qu’elle a toujours « un temps » d’avance !

  • Prendre les décisions en bureau, avec l’ensemble des maires ;
  • Gérer au plus prêt le budget de fonctionnement pour conserver nos capacités d’investissement, notamment la voirie ;
  • Soutenir et développer le tissus associatif (797 associations !) par la formation, par l’investissement, les équipements et par les subventions ;
  • Investir encore et toujours dans le développement économique et le développement de l’emploi ;
  • Soutenir les familles, les aider dans l’éducation de nos enfants, avec nos partenaires la CAF et la MSA ; Accompagner les jeunes vers l’âge adulte ;
  • Avoir une politique résolument ambitieuse pour le logement grâce à notre partenaire le SIPHEM, aux opérateurs HLM (Gironde Habitat, Mésolia …) ;
  • Croire au tourisme qui sera demain une filière économique importante du territoire ; Le processus est engagé ; valoriser notre Entre-deux-Mers, son patrimoine, ses productions. C’est une perle rare !

Pour cela il faut oublier qui on est, d’où l’on vient, et n’avoir qu’un objectif, la recherche et la construction du bien commun.

L’épisode de lundi soir a été malheureux, mais il faut vite l’oublier pour rétablir la cohésion sans laquelle rien ne sera possible.

Présider une communauté des communes, ce n’est pas décider, c’est d’abord partager, écouter et surtout … entendre ! Lorsque l’on a fait tout cela, la prise de décision, ensuite, va de soi.

C’est le message que je souhaite désormais porter au niveau national et c’est pour cette raison qu’en septembre prochain, je serai candidat aux élections sénatoriales en Gironde.

Je vous souhaite à tous un bon week-end d’élection.

Yves d’Amécourt Le 14 mars 2020

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