Enquête réalisée entre juin et août dernier dans 20 pays sur la base d’échantillons de 5 000 personnes dans chaque pays : « Le système de la libre entreprise et de l’économie de marché est -il le meilleur pour l’avenir ? (réponses en %). »
1 : Chine : D’accord : 74 / Pas d’accord : 20
2 : Philippines : 73 / 22
3 : Etats-Unis : 71 / 24
4 : Corée du Sud : 70 / 19
5 : Inde : 70 / 17
6 : Indonésie : 68 / 29
7 : Grande-Bretagne : 67 / 27
8 : Nigéria : 66 / 29
9 : Canada : 65 / 29
10 : Allemagne : 65 / 32
11 : Espagne : 63 / 28
12 : Pologne : 63 / 19
13 : Mexique : 61 / 38
14 : Italie : 59 / 31
15 : Kenya : 59 / 25
16 : Brésil : 55 / 30
17 : Turquie : 47 / 36
18 : Russie : 43 / 34
19 : Argentine : 42 / 29
20 : France : 36 / 50.
Un article paru dans LE FIGARO : « La France est le seul pays au monde dans lequel la majorité de la population se déclare hostile à l’économie de marché.
On ne peut trouver au monde citoyens plus réfractaires à l’économie de marché et à la libre entreprise que les français. Tel est le principal enseignement de l’enquête réalisée il y a quelques mois par l’institut de sondage international Globalscan, pour l’université du Maryland.
Ainsi, 36% seulement des sondés dans l’hexagone estiment que l’économie de marché, c’est-à-dire ouverte à la mondialisation, constitue le meilleur système pour l’avenir.
Par comparaison, 65% des allemands, 71% des Américains, 74% des Chinois et même 56% des Keynians sont totalement d’accord avec cette afirmation. Ce n’est pas nouveau, la France plus que ses partenaires, redoute l’ouverture de ses frontières à la concurrence économique et sociale. Un précédent sondage réalisé l’an dernier par le German Marshall Fund a fait apparaître que 74% des français reprochent à la libéralisation des échanges de « réduire le nombre d’emplois ».
La proportion n’était que de 59% chez nos voisins allaemands, pourtant aussi dûrement frappés par les délocalisations et un taux de chômage élevé. L’étude de l’université du Maryland souligne l’ampleur du décalage entre la Franec et le reste du monde. Avec une proportion de 50% des réponses données, la France est le seul des vingt pays sondés dans lequel une majorité de l’opinion rejette l’économie de marché comme le fondement de la croissance à venir. En cela, notre pays se distingue très clairement.
Clay Ramsay, directeur de recherche de l’université du Maryland, relativise néanmoins cette attitude de rejet : « Les français sont surtout enclins à refuser l’affirmation générale de la supériorité de l’économie de marché ». En décortiquant toutes les réponses du questionnaire proposé aux vingt
pays, on découvre que les français restent, par certains côtés, dans la norme occidentale. Ainsi, 57 % d’entre eux estiment que la libre entreprise épouse mieux les intérêts de la société lorsque la réglementation gouvernementale est forte. Les Américains sont du même avis, pratiquement
dans la même proportion. « Dans leurs opinions à l’égard de l’influence des grandes entreprises sur
la politique du gouvernement, les français sont par ailleurs moins largement critiques que les allemands, les britanniques ou les américains ». Mais, les comparaisons sont difficiles car aux Etats-Unis, l’influence des grandes sociétés sur la politique fédérale est indiscutablement plus grande qu’en
Europe et la réglementation de leurs activités moins stricte. Il reste qu’en matière de protection des droits des travailleurs, les français sont nettement plus intransigeants que leurs collègues allemands : 79% d’entre eux réclamant plus de réglementation pour encadrer les grandes
entreprises alors qu’ils ne sont que 55% en Allemagne.
Tous pays confondus, Wolrdpublicopinion.org observe par ailleurs que l’économie de marché reste très populaire auprès des personnes les plus pauvres (59%). Le libéralisme dominant de l’opinion en Inde, en Indonésie, au Kenya et au Nigéria peut faire réfléchir les altermondialistes européens. »
Comme habituellement en économie, l’analyse étant déconnctée du contexte (l’activité, l’humanité et la planète formant un même système complexe) les conclusions sont simplistes.
J’invite ceux qui veulent dépasser l’idéologie pour s’attacher d’abord aux faits à "décortiquer" plutôt les statistiques de l’ONU sur les évolutions socio-économiques, autrement plus sérieuses et plus édifiantes que celles-ci.
Cet article est tout de même intéressant à plusieurs points de vue, notamment sur les critiques qu’il appelle.
Certes.
Quelques remarques encore…
1• Il faut situer la libre entreprise et l’économie de marché dans le cadre actuel du néolibéralisme, qu’il ne faut pas confondre avec le libéralisme dont il est une déviance. Le néolibéralisme est le défi majeur de l’humanité, l’antithèse du développement durable. A ce sujet, il faut lire Jacques Généreux (La Dissociété, Seuil, oct. 2006).
2• Conclure à la véracité d’une chose ou à l’intérêt qu’elle présente pour la collectivité sur la base de l’opinion dominante qu’elle suscite est pour le moins hasardeux (il fut un temps où la majorité pensait que la Terre était plate et que le soleil tournait autour…).
3 • L’homme est un être social qui met en œuvre spontanément, conjointement, et la compétition, et la coopération. L’idéologie néolibérale déplace le curseur vers la compétition : c’est extrêmement dangereux.
4 • Si la prétendue exception française consiste à être en retard (ça ne va pas durer…) sur la dénégation de la coopération, cela devrait donner lieu à réflexion plus qu’à l’ironie. Lorsque le grégarisme pousse à stigmatiser une opinion minoritaire, l’obscurantisme n’est pas loin. La victoire politique du néolibéralisme ne préjuge absolument pas de son bienfait pour l’humanité (il est des victoires politiques qui ont engendré des désastres ; de ce point de vue, l’Histoire ne suggère-t-elle pas la prudence ?).