1. L’attractivité des villes moyennes : choix n°1 des Français, composantes majeures du débat sur la décentralisation

Depuis plusieurs années – dans toutes les études ou enquêtes sur les projets de vie des Français – les villes moyennes arrivent en tête de classement. Cette tendance, motivée au départ par le rejet des métropoles, devient au fil des ans un choix délibéré et assumé d’aller vers une qualité de vie nouvelle avec le « bien-être » comme déterminant central. Parmi les nombreuses études sur ce sujet, on peut extraire quelques chiffres qui permettent de décrypter cette évolution et de valider les convergences :

  • Seuls 19% des Français vivent là où ils ont envie de vivre. Dans son Baromètre des Territoires en 2019, l’Institut Montaigne rappelait l’enjeu : « redonner aux Français qui l’ont perdu le pouvoir de choisir leur parcours de vie afin que chacun puisse réaliser son projet de vie sur le territoire qu’il souhaite »
  • Or, dans l’appréciation de leur lieu de résidence, la satisfaction des Français est inversement proportionnelle à la densité du bassin de vie : seuls 17% de ceux vivant dans des métropoles sont « satisfaits de leur lieu de résidence » vs 81% des Français vivant dans des villages ou de petites unités urbaines vs 55% dans les villes moyennes
  • Les Français aspirent à une qualité de vie abordable. Les critères de « calme », de « prix » surpassent tous les autres. Plus de la moitié des Français voudraient déménager pour changer de cadre de vie (étude Foncia 2020).
  • C’est la raison pour laquelle le télétravail est perçu comme une opportunité de mobilité géographique par 72% des Français. Cette tendance est aujourd’hui majoritaire dans toutes les catégories sociales, chez toutes les générations et quelle que soit l’unité urbaine. Elle est un précieux indicateur d’une tendance lourde vers un nouveau style de vie (étude IFOP Optimhome2020)
  • Malgré les sous-investissements dans les villes moyennes et les difficultés dans les zones rurales, celles-ci restent de très loin les choix préférés des Français. Dans l’enquête Cevipof-Association des Maires de France 2019, à la question « dans l’idéal, où préféreriez-vous vivre ? » 45% répondent à la campagne, 41% dans les villes moyennes et 13% dans une métropole.
  • Ce phénomène d’attractivité des villes moyennes n’est pas particulier à la France. Il se développe aux Etats-Unis ou, plus près de nous, en Allemagne. Selon la Fondation Bertelsmann, le solde migratoire des grandes villes (> 100 000 h) s’effondre depuis 2006 alors que celui des villes moyennes situées dans les régions métropolitaines reste très positif.

Ces attentes légitimes des Français donnent une direction claire sur l’orientation d’un nouvel acte de décentralisation – dont on peine souvent à lui donner un sens intéressant directement les Français -.

L’évolution des structures, de leur gouvernance, des compétences ou de la fiscalité doivent être autant de moyens pour répondre durablement à la satisfaction des projets de vie selon les critères exprimés par les Français.

Cette évolution a été renforcée et mise en exergue par l’impact des deux crises que nous venons de vivre : celle des Gilets-jaunes et celle du Coronavirus. Bien que différentes, elles convergent sur la question de la géographie. Deux documents récents résument bien la situation dans l’un et l’autre cas :

  • Selon la note du Conseil d’analyse économique de janvier 2020 suite à la crise des Gilets jaunes « Territoires, bien-être et politique publique », les auteurs mettent en avant l’importance nouvelle et déterminante du facteur « bien-être » dans les futures politiques d’aménagement du territoire. Ils mettent en garde sur les effets négatifs de la concentration qui stimulent une « géographie du mécontentement »
  • Dans l’enquête ViaVoice-Libération de juin 2020, l’item « Prendre d’avantage le temps de vivre » est en tête de toutes les intentions, suivi de près par « la vie de famille », « la proximité avec la nature » et « le bien-être personnel ». Cette étude confirme et accentue les tendances observées depuis plusieurs années

Enfin, ces évolutions interagissent également avec le fonctionnement de notre démocratie. Plus les unités urbaines sont importantes, plus l’abstention est forte. A l’heure où un consensus se dégage sur l’enjeu d’un meilleur partage des orientations et des enjeux des politiques publiques, il devient essentiel de poser la question des échelles comme vecteurs d’apaisement, de confiance mais aussi d’initiative.

« Emploi, transports, accès aux services publics et environnement, la ville moyenne sera la réponse la plus pertinente aux aspirations quotidiennes de millions de nos concitoyens (…) Il ne peut y avoir de France sans villes moyennes : petites ou grandes, secondaires ou périphériques, elles irriguent et équilibrent notre pays. Les Régions ne peuvent s’appuyer sur les seules grandes métropoles pour assurer un développement cohérent et harmonieux des territoires » Xavier Bertrand

« Les villes moyennes sont le 1er choix des Français pour réaliser leurs projets de vie, c’est d’abord à cette aune que nous devons aborder l’organisation de la décentralisation (…) Elles sont un enjeu majeur pour l’avenir des classes moyennes pour lesquelles la concentration urbaine risque s’avère une impasse  » Jean-Christophe Fromantin

« Nos concitoyens souffrent aujourd’hui de déshumanisation, de celle de l’économie, mais aussi de celle d’un aménagement du territoire trop concentré sur les métropoles. Les villes moyennes apportent une réponse à ce ‘‘besoin d’humain’’ » Xavier Breton

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