« 4 juin 1965-4 juin 2015 : Sauveterre-la-Grande a 50 ans ! »

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Cher Jean Bouffard, dernier Maire de Puch,
Cher Bernard Barrière, fils de Robert Barrière, dernier Maire de Saint-Romain,
Cher Guy Latorre, fils de René-Joseph Latorre, dernier Maire de Saint-Léger,
Cher Jacques Reynier, Conseiller Municipal élu en 1965,
Chers collègues Maires du Sauveterrois,
Chers élus et anciens élus de Sauveterre et du canton,
Mesdames,
Messieurs,
Chers Amis,

Permettez-moi d’excuser notre Conseiller Départemental Bernard Castagnet et son suppléant, Daniel Barbe, retenus par d’autres engagements. D’excuser aussi Patrick Barrière retenu par des soins.

A l’heure où le projet de loi NOTRe (Nouvelle organisation des territoires de la République) de Manuel Valls est en discussion au parlement et où l’Association des Maires de France fait la promotion des « communes nouvelles » voulues par le gouvernement de François Fillon…

A l’heure où les services de l’Etat relancent les consultations pour agrandir encore le périmètre des communautés de communes et où les Maires se demandent quel est l’avenir de leur commune…

Il est intéressant de se plonger dans le récit d’une période qui a marqué durablement les esprits à Sauveterre-de-Guyenne :

La fusion des 4 communes qui la composent aujourd’hui :

  • Sauveterre-de-Guyenne,
  • Le Puch,
  • Saint-Romain-de-Vignague,
  • Saint-Léger-de-Vignague.

Les objectifs fixés à l’époque par Le Préfet Gabriel Delaunay –le Père de Michèle-, puis par le Sous-préfet Jacques Méry , ne différaient pas beaucoup de ceux que l’Etat nous donne aujourd’hui pour nous inciter à élargir les frontières de notre communauté des communes : la mutualisation, le faire ensemble, …

Je cite le Sous-préfet de l’époque : « Le regroupement des communes doit adapter la France au Monde moderne »

A ces objectifs nationaux venaient s’ajouter les arguments locaux :

  • La perspective d’un collège à Sauveterre,
  • d’une cantine à l’école élémentaire et de ramassages scolaires…
  • La concurrence avec la ville voisine de Rauzan, dont le premier magistrat était –déjà- très influent… Pierre Martin, Président des Caves Coopératives de France, ami personnel de Jean Raffarin, le Père de Jean-Pierre, son homologue dans le lait, avait table ouverte au Ministère de l’Agriculture… Un Ministère qui à l’époque pesait très lourd dans les décisions…
  • La question des routes, de l’assainissement, du développement…

Sauveterre, chef lieu de canton, n’avait pas de foncier pour implanter ses projets : la commune faisait 20 hectares et comptait 650 habitants… Elle était l’une des plus petites communes de Gironde.

« Ville neuve » du Moyen-Âge, elle était implantée à un carrefour stratégique mais il avait fallu que Jordan de Puch guerroie contre le Seigneur de Langoiran pour libérer 20 ha …autour de l’emplacement de l’ancien village d’Attala et permettre à Edouard 1er de créer une Sauvetée.

Saint-Léger-de-Vignague, la plus importante des mariées, en faisait le double (1260 ha) et comptait 384 habitants.

Saint-Romain-de-Vignague 978 hectares et comptait 402 habitants.

Le Puch, 916 hectares et comptait 231 habitants.

L’ensemble ferait 3174 hectares… La commune deviendrait la plus vaste du canton !

Le Sous-Préfet Jacques Méry décrivait ainsi l’enjeu : « Enserrée, corsetée dans ses vieux murs la ville ne pouvait pas se développer harmonieusement. »

En effet, selon les propres termes du Maire de Sauveterre, opposé lui, au mariage : « les morts de Sauveterre reposent la tête à Sauveterre et les pieds à Saint-Romain. Pour construire son stade, pour implanter une usine, Sauveterre a du acheter des terrains à Saint-Léger… »

Tout cela a alimenté pendant quelques mois le débat des élus et de la population… Un débat où venait s’emmêler le difficile sujet du remembrement des communes.

Finalement, c’est le suffrage universel qui a permis de trancher.

L’organisation d’un référendum puis l’organisation des élections municipales ont permis de choisir entre les thèses des fusionnistes et celles des partisans d’un syndicat intercommunal à vocation multiple (SIVOM).

… Un referendum local qui, à l’époque, n’était pas prévu par la loi… mais sur l’organisation duquel la Préfecture avait fermé les yeux…

Le Maire de Sauveterre-de-Guyenne Monsieur Roger Sabourin, interrogé par le journal Sud-Ouest le 6 décembre 1964 expliquait :

« Sauveterre, en résumé, n’est que commerce. De plus, c’est un nœud routier, tout comme Saint-Pierre-des-Corps est un nœud ferroviaire. Un nœud routier qui deviendra encore plus important le jour où l’axe Paris-Toulouse-Pyrénées, évitant Bordeaux, permettra aux véhicules de toutes sortes, de couper directement par Libourne, Sauveterre, La Réole ou Langon. Tout cela amène chez nous une progression de la taxe locale. Or voici que l’on nous propose trois fiancées aux poches vides ou presque»

Et d’ajouter : « Ces fiancées nous les aimons toutes les trois. Mais au mariage qui nous est demandé, nous préférons l’union libre ».

Son adjoint Monsieur Emile Gaye, Vétérinaire, pro-fusion déclarait lui que « La fusion était déjà faite sur les bancs de l’école » … et rappelant que les morts de Sauveterre dormaient à Saint Romain ajoutait : « ce que Saint-Romain donne à nos mo…, serons-nous assez égoïstes pour le refuser aux vivants ? »

Robert Barrière, Maire de Saint-Romain et Député de la Gironde, dont la maison était plus proche de la place de la Bastide que de la Mairie de Saint-Romain déclara à Sud-Ouest le 14 décembre 1964 :

« Ce village centre, pôle d’attraction du canton, pourra ainsi devenir un pôle de développement. Encore faut-il dans le cas de Sauveterre, une superficie nécessaire et un nombre d’habitant suffisant permettant un équipement administratif de base ».

Le Conseil Municipal de Saint-Romain était selon son Maire, « unanime pour la fusion ».

Jacques Reynier nous rappelait tout à l’heure que l’idée de la fusion était née à Saint-Romain.

Monsieur Birolet, ancien Conseiller Général et Maire de Saint-Léger de Vignague déclarait quant à lui : « J’estime que le mouvement déclenché par le gouvernement est un mouvement politique. C’est pourquoi je suis opposé à la fusion. La commune a dépensé beaucoup d’argent pour le foyer communal, le groupe scolaire, la réfection de l’église, le cylindrage et le goudronnage des routes… Mais je crains que le budget, en cas de fusion, passe à faire le « grand Sauveterre » et que ce que nous avons réalisé soit perdu. Je ne fais aucune campagne et si la majorité des habitants décide de la fusion, je m’inclinerai.»

Jean Bouffard, Maire de Puch, déclarait quant à lui : « Je suis Maire, mais avant tout, je suis jeune ; je demande à tout le monde de penser à l’avenir des jeunes de cette région, de bien réfléchir : prendrez-vous la responsabilité d’enlever à beaucoup de jeunes l’espérance d’amélioration qu’ils ont fondé dans la fusion des quatre communes ? »

Le 20 décembre 1964 la consultation concernant le rattachement des 4 communes a lieu.

Pour le rattachement : 523
Contre le rattachement : 282 voix

La fusion l’a finalement emporté dans chacune des 4 communes.

Même si ce fut très juste à Puch (1 voix).

Jean Bouffard : « 2 heures avant le scrutin, Emile Gaye dû rendre visite à Gabriel Maye afin de le faire changer d’avis… »

Les 14 et 21 mars 1965 eurent lieu les dernières élections régulières dans chacune des 4 communes qui bientôt allaient unir leur destin.

Jean Bouffard, à Puch, et Robert Barrière à Saint-Romain sont réélus Maires ;

Emile Gaye succède à Roger Sabourin à Sauveterre ;

René-Joseph Latorre succède à Monsieur Birolet à Saint-Léger ;

Les Conseils Municipaux nouvellement élus se prononceront tour à tour à la majorité, pour la fusion.

Le 1er Mai 1965 les Conseils Municipaux des 4 communes sont réunis à la Mairie de Sauveterre, sous la Présidence de Monsieur le Sous-Préfet de Langon.

Monsieur le Sous-Préfet donne alors lecture de l’arrêté de fusion.

Le 23 et le 30 mai de nouvelles élections ont lieu, cette fois sur la nouvelle commune fusionnée de Sauveterre-de-Guyenne qui conserve son nom, compte 3174 hectares et 1676 habitants.

Le 4 juin 1965, il y a cinquante ans exactement, se réunissait pour la 1ère fois le Conseil Municipal nouvellement élu :

  • Robert Barrière est élu Maire
  • Emile Gaye, 1er adjoint,
  • Jean Bouffard adjoint supplémentaire ;

3 adjoints spéciaux sont élus à titre provisoire :

  • Louis Gaboriaud pour Saint-Romain de Vignague
  • René-Joseph Latorre pour Saint-Léger de Vignague
  • Henri Faure pour Le Puch

4 Maires avaient laissé la place à un seul et c’est ainsi que Sauveterre-de-Guyenne a aujourd’hui 4 portes … et 4 clochers.

4 clochers qui depuis le 1er Mai 2015, se sont remis à sonner ! Pour l’anniversaire de la fusion ! Les clochers de Sauveterre et de Saint Léger sonnaient toujours. Mais les clochers de Puch et Saint Romain s’étaient tût avec le départ des derniers sonneurs…

Les 1ères réalisations de la nouvelle équipe seront :

  • Le 25 juin la commune achète un terrain à Candale pour y implanter un lotissement ;
  • Le 30 juillet création d’une classe enfantine à coté de la gendarmerie ; création d’une école mixte de 5 classes supplémentaires ; création d’une cantine municipale rue Saubotte ;
  • Le 1er mars 1966 : le service de ramassage scolaire est mis en place ;

Sans doute les partisans d’un SIVOM ont-ils pu se réjouir, lorsqu’en 1997, ils ont vu naître la « communauté des communes » qui regroupe depuis le 1er janvier 2014, 32 communes autour de Sauveterre-de-Guyenne… Peut-être se sont-ils dit que si la communauté des communes avait existé, la fusion n’aurait pas été utile …

S’ils n’avaient pas eu raison à l’époque de la fusion, ils n’avaient pas eu complètement tort… Même si la Communauté des Communes ne ressemble pas vraiment à l’UNION LIBRE que souhaitait Monsieur Sabourin…

Avant la fusion, le Conseiller Général Robert Barrière, était allé voir le Préfet Gabriel DELAUNAY pour lui demander un collège !

Mais le Préfet lui avait répondu qu’il n’y avait pas assez d’habitants et que l’implantation d’un collège était déjà prévue à Rauzan !

Après la fusion, le Conseiller Général, devenu Maire de Sauveterre reformula sa demande au Préfet !

Et le Préfet répondit : « Et bien, puisqu’on ne peut pas faire autrement il aura deux collèges, l’un à Rauzan et l’autre à Sauveterre ! » …

Robert Barrière revint heureux de cette décision, tout en se demandant « Mais pourquoi Rauzan ? »

  • Le 23 mars 1966 on ouvrait 3 classes de 6ème, deux classes de 5ème pour la rentrée suivante ; Le collège porte aujourd’hui son nom !

Avant de clore ce « Conseil Municipal Fictif », en souvenir de cette histoire de Sauveterre je souhaite remercier les « Amis de la bastide » d’avoir bien voulu réaliser un mémoire sur cette période. Un mémoire dans lequel j’ai puisé certains éléments de ce récit.

Je remercie particulièrement son Président, notre ami Jean-Claude Tillier et notre chère amie Geneviève Raba qui nous quitté il y a quelques mois. Tous les deux ont fait un travail de collecte extraordinaire auprès des témoins de l’époque, avec le plus d’objectivité possible.

Ce n’est pas si simple… Sans doute le récit comporte-t-il quelques erreurs… Mais c’est le propre des récits.

La vérité est une donnée toute relative. L’enregistrement d’un mensonge n’en fait pas une vérité. Transcrire un récit subjectif n’en fait pas une réalité objective. Même si la subjectivité de celui qui parle est par nature objective pour celui qui l’écoute…

Cet opuscule intéressera, j’en suis sûr, les anciens et les nouveaux habitants, les élèves des écoles et du collège, les historiens locaux, et tout ceux qui de près ou de loin aiment « Sauveterre-La-Grande », comme l’avait baptisé le journal Sud-Ouest à l’époque.

Chers collègues du Conseil Municipal élu en 2014, je vous recommande donc la lecture de « Sauveterre-de-Guyenne, Histoire d’une fusion ». La commune de Sauveterre est heureuse de vous en offrir, à chacun, un exemplaire.

Par ailleurs, afin de compléter ce travail, je propose de lancer un travail de recherche dans nos archives afin de dresser la liste des Maires de nos quatre communes depuis leur création afin de faire réaliser des plaques du souvenir.

En 2009, lors de la 1ère édition de cet opuscule, j’en avais offert un exemplaire à Michèle Cazanove, notre Sous-préfète d’alors, afin d’alimenter ses réflexions sur la nouvelle carte intercommunale…

En 2015, j’en offrirai un exemplaire à notre Sous-préfet Frédéric Carre… puisque sans cesse il faut remettre l’ouvrage sur le métier, et que l’on nous parle à nouveau d’une « nouvelle carte »… alors que nous avons à peine digéré l’actuelle.

Bonne lecture à toutes et à tous !
Vive Sauveterre ! Vive la République ! Vive la France !

Yves d’Amécourt
Maire de Sauveterre-de-Guyenne et Président de la Communauté des Communes du Sauveterrois depuis 2008

Remise de la Médaille de la Ville à Jean Bouffard et Jacques Reynier Conseillers Municipaux élus en 1965.

Séance de dédicace de « Sauveterre-de-Guyenne, Histoire d’une Fusion » (Géneviève Raba – Jean-Claude Tillier)

Quizz : Savez-vous dans quelle commune se trouve ?

  • Le collège Robert Barrière ? A Saint Léger de Vignague
  • La RPA de Pringis ? Au Puch
  • Le lieu dit « Foncrose » ? Au Puch
  • Le lieu dit Mont Saint Fort ? A Saint Léger de Vignague
  • La ZA de Gabachot ? Au Puch
  • Le lieu-dit « Pouleau » ? A Saint-Romain de Vignague
  • La cave Coopérative ? A Saint-Romain de Vignague
  • Le SUPER U ? A Saint-Léger de Vigague
  • Le futur SUPER U ? Au Puch
  • Les ateliers Municipaux et la station d’Epuration ? A Saint-Romain de Vignague
  • La nouvelle ZAE du Sauveterrois ? A Saint-Romain de Vignague
  • TIGF ? A Puch
  • L’Hôtel de Guyenne ? A Puch

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