La réindustrialisation de la France est inéluctable. Pour autant, la reprise économique mondiale post-covid révèle déjà son talon d’Achille : la disponibilité d’une énergie que les objectifs climatiques souhaitent transférer sur l’électricité. Et c’est rien moins que l’écroulement d’un château de cartes qui se profile dans un système interconnecté où chacun compte de plus en plus sur le voisin. Les débats électoraux ne sauront s’affranchir de la question énergétique, car elle est au cœur même de chaque programme.
A la suite du plan Messmer, annoncé le 6 mars 1974, l’essentiel de notre parc nucléaire avait vu le jour sous la présidence de V. Giscard d’Estaing (1974-1981), et ce septennat avait vu la France surpasser le PIB par habitant de l’Allemagne.
Moins de 10 réacteurs ont été mis en chantier lors de la décennie qui a suivi. Puis aucun pendant 30 ans, jusqu’à l’EPR de Flammanville.
Combien de temps encore resterons-nous sourd aux avertissements ?
Le 22 juin 2007, André-Claude Lacoste Président de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) mettait en garde le Gouvernement sur la nécessité de disposer de capacités de production électrique suffisantes pour gérer sereinement les réexamens de sûreté des réacteurs nucléaires. Et concluait « Il importe donc que le renouvellement des moyens de production électrique, quel que soit le mode de production, soit convenablement préparé afin d’éviter l’apparition d’une situation où les impératifs de sûreté nucléaire et d’approvisionnement énergétique seraient en concurrence. »
L’Europe se croit à l’abri d’un écroulement de son système électrique tel que celui qui paralyse aujourd’hui l’économie chinoise, et la France se permet de fermer des réacteurs nucléaires en parfait état et pour lesquels nous avons de 3 à 5 années de réserve de combustible sur notre territoire.
Nos élus pensaient également que le covid resterait en Chine.
A court terme, la France risque de payer très cher la confiance accordée aux capacités de production liées aux caprices de la météo, aux minéraux chinois et au gaz russe, en négligeant leurs effets délétères sur la compétitivité de notre parc nucléaire.