Hier après midi François Fillon était dans sa région : Discours devant les élus à Sablé sur Sarthe, dépot d’une gerbe sur la tombe de Joël Le Theule, puis discours devant les militants et les sympathisants de sa circonscription à Brûlon…
Mes chers amis,
C’est un immense plaisir de vous retrouver. Dans cette salle, je reconnais beaucoup de visages amis. Ici, je me sens en famille.
Nous avons mené tant de batailles ensemble.
Nous avons travaillé ensemble.
Nous avons développé cette ville ensemble.
Nous avons modernisé ce département ensemble.
Avec vous, j’ai monté des projets, installé des infrastructures publiques, défendu nos emplois. Je suis allé chercher des entreprises. Avec vous, je me suis battu lorsqu’il y avait des délocalisations pour que chaque salarié soit respecté et reclassé. Je me souviens des inondations de 1995 et de notre formidable solidarité devant l’épreuve. Je me souviens de la crise de la vache folle et de la crise aviaire. Je me souviens du regard désemparé de nos agriculteurs et de nos aviculteurs.
Tout cela, ce n’est pas seulement le travail normal d’un élu local, c’est aussi et surtout celui d’un sarthois qui agit pour les siens et avec les siens.
Je suis né ici et j’y ai mes racines. Ce que je suis n’est pas très différent de ce que vous êtes car nous avons les mêmes valeurs de sérieux et de tolérance, d’écoute et de fermeté.
Je n’oublie pas, et je n’oublierai jamais, d’où je viens.
Je n’oublie pas, et je n’oublierai jamais, à qui je le dois.
Je n’oublie pas, et je n’oublierai jamais, celles et ceux qui m’ont toujours épaulé.
Ce matin, je suis allé déposer une gerbe sur la tombe de Joël Le Theule qui fut maire de la ville de Sablé, député, puis plusieurs fois ministre. Joël Le Theule n’était pas seulement mon « mentor » politique, il était aussi devenu un ami. C’était un homme droit et généreux. C’était un homme qui a toujours pensé que la politique était faite pour servir les autres et pas pour se servir. J’ai voulu lui rendre hommage, car, là encore, je n’oublie rien.
Il y a trois jours, le Président de la République m’a chargé de diriger le gouvernement de la France. C’est un honneur, et je vais m’efforcer d’en être digne. Je ne vous demande qu’une faveur : continuer à m’appeler François !
Car je ne suis pas à Matignon pour les fastes mais pour servir les Français.
Je n’y suis pas pour oublier la réalité mais pour y être plongé.
Je n’y suis pas pour négliger nos engagements mais pour les tenir.
Mes chers amis,
Le 6 mai, les Français ont fait le choix d’un homme de courage et de conviction. Mais ils n’ont pas seulement choisi un homme pour les conduire. Ils ont également adressé un message très fort à l’ensemble de leurs responsables politiques.
C’est un message d’exigence.
C’est un message d’espérance et de changement.
On disait les Français blasés de la politique, lassés de leurs responsables publics, tentés par le repli sur eux-mêmes et par le cynisme. Eh bien les Français ont fait mentir tous ces sombres pronostics. Ils ont montré qu’un grand peuple est capable de répondre à l’appel de l’histoire lorsque son destin est en jeu.
Ils l’ont montré en se rendant massivement aux urnes. La participation exceptionnelle a montré leur soif de politique et leur volonté de fixer eux-mêmes le chemin de leur avenir.
Cette participation massive nous engage et nous oblige. Elle nous donne un mandat clair pour mettre en œuvre le projet de Nicolas Sarkozy. J’ai vu fleurir, ici et là, les appels à la résistance et à la contestation. Ce régime, comme tout régime, aura des contre-pouvoirs… Mais sa légitimité pour conduire la réforme ne peut être contestée par personne. Ce que nous avons dit, nous allons donc le faire.
Nous allons le faire, car les Français n’ont pas seulement voté massivement : ils ont, de surcroît choisi l’un des deux candidats en lui accordant une avance significative.
Ce faisant, ils ont fait le choix de la rupture.
Cette rupture, les Français ne la redoutent pas. Ils en ressentent la nécessité. Ils l’attendent. Ils l’appellent de leurs vœux – pas à n’importe quelle condition bien sûr, car le changement doit être juste, il doit être expliqué, il doit être concerté. Mais il ne peut être différé. Et il ne le sera pas.
Le mandat du 6 mai – ce mandat présidentiel que les Français ont massivement validé – nous ne le trahirons pas !
Nous allons changer la France, et pour la changer réellement nous avons décidé de la rassembler.
Nos adversaires ont cherché à nous diaboliser. Ils ont cherché à caricaturer notre projet en expliquant que pour conduire des réformes ambitieuses, le président serait nécessairement contraint de se replier sur le seul soutien de son parti ou de ses amis. Rien n’est plus loin de la réalité.
Nous avons dit que le temps de la lutte des classes était terminé et qu’une nouvelle alliance entre la liberté économique et la justice sociale était nécessaire. Et bien nous avons été entendu des Français.
Nous avons dit que le temps des affrontements partisans et superficiels devait être dépassé car les défis du XXIème siècle sont radicalement différents de ceux d’hier. Et nous avons été entendu des Français.
Aujourd’hui, nous avons décidé avec Nicolas Sarkozy de passer des discours aux actes. Ce gouvernement d’ouverture en porte la marque.
Cette ouverture, nous l’avons réalisée comme aucun autre gouvernement. De Alain Juppé à Bernard Kouchner, de Hervé Morin ( Président du groupe UDF à l’Assemblée nationale ) à Eric Besson (autrefois membre écouté du parti socialiste ), nous avons bousculé toutes les frontières partisanes. La gauche hurle au débauchage et se déchaîne sur ses propres amis d’hier. Il y a un mois, le parti socialiste proposait de gouverner avec le centre. Aujourd’hui, il insulte celles et ceux qui ont eu le courage de nous rejoindre. Ce qui était une bonne idée hier lorsqu’elle venait de la gauche, est désormais une hérésie car elle vient de la droite. Qu’importe !
L’ouverture est une chance pour notre famille politique, pour notre gouvernement, et surtout pour notre pays. Nos concitoyens attendent de leurs responsables politiques qu’ils cessent de manier l’exclusive et qu’ils pratiquent le dialogue, la synthèse, le travail d’équipe.
Cette ouverture s’effectue dans la clarté. Ceux qui nous rejoignent le font sur un projet que nous avons porté durant la campagne.
C’est un projet fondé sur la vérité. La vérité sur les défis considérables que nous lance la mondialisation. La vérité sur l’état de notre pays qui, en bien des domaines, a décroché par rapport à d’autres nations. La vérité sur la nécessité de nous retrousser les manches si nous voulons vivre debout et non à genoux.
C’est un projet fondé sur des idées simples et des objectifs clairs : redonner toute sa place à la valeur travail ; augmenter le pouvoir d’achat des Français ; restaurer le respect et le civisme ; rétablir l’égalité des chances ; faire entendre la voix de la France en Europe et dans le monde.
Est-ce que ces idées sont de droite ? Est-ce qu’elles sont de gauche ? Ce que je sais, c’est qu’elles sont nécessaires à la France ! Ce que je sais, c’est que le gaulliste que je suis n’a jamais pensé qu’il y avait un peuple de droite et un peuple de gauche, mais un seul peuple capable de se retrouver dans les grandes occasions. Voilà pourquoi tous les Français de bonne volonté, de l’UDF à la gauche, ont été invités à nous rejoindre. Et voilà tout le sens de la composition de mon gouvernement.
C’est un gouvernement de parité. L’égalité des hommes et des femmes est un objectif poursuivi de longue date, à juste titre. Tout le monde en parlait, et la gauche n’était pas la moins avare de conseils en la matière… Eh bien cette parité, c’est nous qui l’avons concrétisée, et j’en suis fier. Et dois-je préciser que la nomination de Rachida Dati, au poste de garde des sceaux, ministre de la justice, a un sens qui honore la France républicaine que j’aime et que je veux.
C’est un gouvernement resserré car lorsque la tâche est aussi exigeante, aussi lourde, il faut une équipe de mission, où la collégialité ne soit pas simplement un mot mais une réalité de tous les instants. Je crois que c’est un gage d’efficacité et de modernité. Je suis fier que, dans ce domaine aussi, nous innovions.
Ce gouvernement d’ouverture, ce gouvernement paritaire, ce gouvernement resserré est déjà au travail. Il a une feuille de route. Il a un devoir : celui de mettre en œuvre le projet présidentiel.
Nous avons deux priorités immédiates.
La première, c’est la sécurité des Français. Face à la violence et la délinquance nous ne céderons pas d’un centimètre. La question des mineurs délinquants et des multirécidivistes sera traitée à l’occasion de la session parlementaire extraordinaire.
La seconde priorité, c’est la revalorisation du travail.
Nous l’avons dit et nous le ferons tout de suite : nous allons libérer les heures supplémentaires, défiscaliser le travail étudiant, favoriser le cumul entre l’emploi et la retraite, prévoir la déduction des intérêts d’emprunts immobiliers, supprimer les droits de succession, instaurer le bouclier fiscal et l’investissement direct dans le capital des PME. Ce paquet fiscal à vocation à donner du tonus à notre pays.
A l’automne, tous ceux qui veulent travailler plus pour gagner plus le pourront ! Cette mesure, c’est plus qu’une mesure technique, c’est une révolution culturelle !
Avec les 35 heures, les socialistes ont installé cette idée, non seulement fallacieuse, mais mortelle pour notre économie qu’il faudrait travailler moins pour résoudre les problèmes auquel notre pays est confronté.
Je n’ai jamais compris comment on pouvait travailler moins et devenir plus riche !
Je n’ai jamais compris comment on pouvait financer nos écoles, nos hôpitaux, nos retraites, en étant moins productif !
Je n’ai jamais compris pourquoi on devait dissuader les Français d’en faire plus pour vivre mieux.
Tout cela, c’est bientôt fini !
En libérant le travail, en redonnant toute sa place à la recherche et à l’innovation, nous allons créer un « choc de croissance » qui constituera le socle à partir duquel la poursuite des réformes sera possible.
L’une d’entre-elles est d’actualité : c’est celle de la réforme du service minimum. Sur cette question, je souhaite que les partenaires sociaux puissent trouver une solution qui réponde à l’attente des Français. S’ils ne la trouvent pas ou s’ils esquivent leurs responsabilités, alors nous légiférerons sans faillir. Vous me connaissez : je suis un homme d’écoute, pas un idéologue ! Mais je suis aussi un réformateur décidé.
Mes chers amis,
Le 6 mai dernier, les Français ont montré qu’ils se sentaient engagés et passionnés par la politique. Et à cet égard, j’adresse un salut amical à tous les jeunes de l’UMP qui se sont mobilisés à fond dans notre campagne.
Vous qui êtes ici, je voudrais vous dire que vous avez eu raison.
Vous avez eu raison de ne pas baisser les bras.
Vous avez eu raison de refuser la fatalité.
Vous avez eu raison de vouloir plus de politique et pas moins de politique.
Votre ferveur et votre espérance nous disent aujourd’hui : ne reculez pas et ne renoncez pas.
J’en prends l’engagement : nous allons avancer. Nous ne calerons pas. Nous ne vous trahirons pas.
Mais pour cela, il faut passer l’étape des législatives.
Sans majorité à l’Assemblée nationale, rien de tout ce que nous avons fait ensemble ne pourra être réalisé. Aucun de nos espoirs ne pourra être concrétisé. Nos rêves d’une France plus forte, plus grande et plus généreuse s’évanouiront.
Cette bataille des législatives ne doit pas être sous-estimée. Rien ne serait pire que de relâcher nos efforts. Rien ne serait plus dangereux que de se montrer présomptueux. Rien n’est gagné. Il faut aller encore et encore vers les Français. Il faut leur parler, il faut les convaincre, il faut les mobiliser.
Chacun doit s’engager, et moi le premier.
Ma mission à Matignon est exigeante et c’est la première fois depuis près d’un siècle qu’elle revient à un élu de la Sarthe. J’y suis prêt. Mais j’ai la conviction intime que je serai encore plus en mesure d’assumer ma charge si je vous sens à mes côtés.
J’ai tout construit avec vous.
J’ai toujours avancé avec vous.
C’est à votre contact que j’ai forgé mes convictions et mes valeurs.
Je ne vous ai jamais laissé tombé.
Cette relation ancienne qui nous lie, c’est ma force et c’est ma fierté.
Cela n’est pas maintenant, au moment même où votre amitié et votre franchise me sont si nécessaires, que je vais vous tourner le dos.
Certes, ma légitimité dépend du Président de la République. Mais elle dépend aussi du suffrage universel et donc de votre confiance. Je veux et je me dois de défendre directement le projet gouvernemental directement devant vous. Je veux et je me dois d’être fidèle à mes racines, fidèles à cette terre, fidèles aux militants, fidèles à toutes celles et tous ceux qui m’ont toujours soutenu.
Pour moi, le Premier Ministre doit être un élu du peuple. La morale et le courage politique me l’imposent. Voilà pourquoi, mes chers amis, j’ai décidé de me présenter aux élections législatives.
Aujourd’hui, il y a en moi de l’émotion et de la gravité, car ce n’est pas une élection législative tout à fait comme les autres. Je reviens vers vous pour vous demander votre soutien, à la veille d’une période cruciale pour l’avenir de notre pays. Une période passionnante mais difficile où je suis appelé à jouer un rôle singulier.
Je vous le dis avec solennité : dans cette élection législative, je ne vous demande pas seulement votre voix. Je vous demande votre confiance. Je vous demande même votre amitié. J’en ai besoin. J’en ai besoin aujourd’hui plus qu’hier.
J’en prends l’engagement devant vous : le défi que j’aurai à relever pour redresser la France, ne doit pas m’éloigner de vous, ne m’éloignera pas de vous.
Vive la République!
Vive la France!
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François Fillon, Alain Juppé,… comme les 12 Ministres qui se présentent aux législatives, souhaitent, par ce geste, acquérir une légitimité auprès des électeurs, et auprès de la future Assemblée Nationale, sur laquelle ils s’appuieront. Ils feront campagne sachant très bien qu’ils ne siègeront pas. Dans le cas où un député est Ministre, c’est son suppléant qui siège. C’est pour cette raison qu’il y a des suppléants. Dominique de Villepin a toujours eu des rapport ambigüs avec l’assemblée nationale car il ne s’était pas lui même, soumis au "suffrage universel"…On prête à Dominique de Villepin cette citation : "Les députés sont des boeufs, pour preuve, on les recrute parmis les Conseillers Généraux"… Le geste de François Fillon dans cette élection est un geste "démocratique" et un geste vers les siens : "Même comme Premier Minsitre j’ai besoin de la légitimité des urnes, j’ai besoin de votre appui"!
Merci pour vos explications !
Un premier ministre a-t-il encore le temps d’être un élu local ? C’est aussi valable pour les autres ministres, je croyais qu’il ne devait plus y avoir de cumul de mandats, expliquez-moi Yves, sans doute suis-je trop naIve ou trop…contestataire…
Rechercher la légitimité mais est-ce plus important que le non-cumul ?
Juppé va d’abord devoir se faire élire député à Bordeaux. Maintenant Fillon vient de dire que tout ministre candidat battu devra démissionner.
A bon entendeur M. Juppé. Le contrat devient très intéressant sur Bordeaux. Cela devient un enjeu national.