La Jurade de Sauveterre de 1651 à 1677 : une parcelle de notre histoire, histoire de Sauveterre, Sauveterre dans l’Histoire…

Jurade_1.JPGAu XVIIème siècle, Sauveterre-de-Guyenne, notre Bastide, était administrée par une « Jurade ». Cette Jurade tenait lieu de « Conseil Municipal », tel qu’on le connaît aujourd’hui. En 1884, François Bouïre de Beauvallon, descendant d’un des Jurats de Sauveterre, fit dont la commune d’un des registres de la Jurade. Ce registre, le seul qui nous reste, retrace les évènements qui se sont déroulés dans notre commune entre 1651 et 1677 : histoires ou difficultés de la vie quotidienne pour les habitants de Sauveterre, au début du règne de Louis XIV.

Le conseil municipal a décidé, en accord avec l’association « Les Amis de la Bastide » de faire transcrire ce document. Jean-Claude Huguet et son épouse ont accepté de réaliser ce travail durant l’été 2008, par amitié pour Sauveterre. Cela représente 4 mois de travail à deux. Qu’ils soient ici tous les deux remerciés pour leur travail. Les Editions de l’Entre Deux Mers travaillent désormais pour éditer ce recueil et en faire un livre que chacune et chacun pourra garder chez lui.

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Des histoires de vin qui peuvent mal tourner, comme quand le 15 août 1654, dans la maison commune de la ville et prévoté royale de Sauveterre, a comparu le Sieur Jean Saint Marcq, jurat, qui rapporte que certains personnage de Saint Genis en Benauge, vendent du vin au détail en la paroisse de Daubèze, juridiction de Sauveterre…

Auiourdhuy quinziesme du mois d’aoust mil six cens cinquante quatre dans la maison comune de la ville et prevosté royalle de Sauveterre, a compareu sieur Jean Sainct Marcq, jurat d’icelle ville, lequel a represanté à (Blanc), que le matin, luy ayant esté rapporté qu’il y avoict sertains personnages de la parroisse Sainct Genis en Benauges quy vendoient du vin en destailh en la parroisse de Daubeze, presante jurisdiction, il ce seroict porté en ladite parroisse où l’assemblée estoit ce jourd’huy, où estant, il auroict treuvé ung homme quy debitoient vin en destailh, auquel il auroict demandé d’où il tiroit ledit vin, qui auroict faict responce qu’il l’avoict faict porter de la Benauge. Ce que voyant, ledit Sainct Marcq l’auroict pour la contrevantion aux estantien de la presant ville condanné en trois livres d’amande et faict inhibitions de continuer la vante dudit vin. Et peu de temps après, le sieur de Carles seroict allé rencontrer ledit Sainct Marcq et saignant de le vouloyr salluer, auroict saizy l’espée que ledit Sainct Marcq avoict au costé et l’ayant tirée du foureau, quoy que ledit Sainct Marcq fist parroistre et monstrant sa livrée et chaperon qu’il avoict sur le bras, luy auroict donné plusieurs coups du plat de ladite expée. Et sur ce temps, ung certain homme estant venu rapporter audit sieur Carles que ledit Sainct Marcq avoit condanné ledit cabaretier en amande, icelluy sieur Carles auroict aumanté sa colere et vouleu donner de la pointe de ladite espée audit Sainct Marcq disant qu’il y avoict ung homme à son logis quy vouloit thuer icelluy Sainct Marcq, auquel il auroit dit qu’il doneroit les estrivieres avecq plusieurs autres mesnasses.

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Des débats à propos d’un curé de choc, lorsque le15 novembre 1661, les sieurs François Fortassies, Jean Heyraud, Jean Pallotte et Jean Cluchard, jurats de la ville, en présence de Michel Dailhe, procureur du Roy, on dit remontrer que Monsieur le Curé au lieu de bien édifier le peuple et leur donner bon exemple, néglige et refuse les effets de son devoir et en outre, exige dans ses fonctions des droits exorbitants, et se comporte de telle façon que le peuple est scandalisé…

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 »Auiourd’huy quinziesme de novembre mil six cens soixante et ung, dans la maison coumune de la ville et prevosté royalle de Sauveterre, ce sont assemblés sieurs Francois Fortassies, Jean Heyraud, Jean Pallotte et Jean Cluchard, juratz de ladite ville et prevosté, lesquels dressant leurs parolles à Blanc ,les tous du presant corps et consulat, en presance de Me Michel Dailhe, Procureur du Roy, ont dit et remonstré que le sieur curé de la presant ville, au lieu de bien esdiffier le peuple et leur donner bon example suivant que sa charge l’oblige, coumet ordinairement plusieurs abus, montre de mauvais examples, neglige et reffuze les effaictz de son devoir et outre ce, exige dans ses fontions des droitz exorbitans et en fin ce comporte d’une telle fasson que le peuple en reste fort escandalisé et incomodé et quy mesmes en ont faict diverses denontiations vervalles affin d’y aporter quelques remedes. (…)
Qu’il ne veut point espouzer aucun moins d’ung escu, voir cent solz et encore il ce fait donner son payement dans l’esglize avant d’espouzer, autrement il les reffuze et les renvoye.(…)
Qu’il porte ordinairement des pistolletz de poche, sans que jamais personne luy aye faict aucune querelle. »

Ou bien quand Sauveterre tente de se dépatouiller avec des soldats livrés à eux-mêmes qui vivent sur le pays…Comme lorsque le Marquis de Beynacq, capitaine de cavalerie, fait rester tout sa compagnie dans la ville, lequel poussé par quelque ressentiment aurait usé de grande menace…

Le sieur marquis de Beynacq, un desdits capitaines de cavallerye, auroit faict rester toute sa compagnye dans la ville, lequel poussé par quelque resentiment auroit uzé de grandes menasses et dit qu’il voulloit traiter les habitans de ceste ville d’une fasson qu’lz s’en resantiroient bien longtemps et qu’il voulloit donner logement à tous et principallement au sieur juge, la maison duquel il auroit prins de son authoritté pour son logement dans laquelle il auroit mis ses chevaux et plusieurs cavalliers et quy auroit obligé ledit sieur juge a quitter sa maison et faict dans icelle beaucoup de desordres et non comptant de ce, il auroit donné liberté à sesdits autres cavalliers d’exercer semblables rigeurs dans les lieux où ilz estoient logés, ce qu’ilz auroient faict et exigé de chasque hoste où ilz estoient logés, d’aucuns la pistolle, d’autres les six livres et d’aucuns la demy pistolle et ainsin du reste, tellement que voyant tous ces desordres, lesdits sieurs juratz auroient faict parler audit sieur de Beynacq pour le prier de sesser ses rigeurs et faire traiter les habitans avecq plus de douceur. A quoy il auroit repondeu que l’année passée il auroit heu ordre pour lieu d’assemblée de sa compagnie dans la presant ville, lequel ordre feust changé et que neantmoins il avoit faict des depances par quelque voyage qu’il avoit faict à ceste ocasion, laquelle depance il faisoit aller à dix pistolles dont il entendoit estre payé et qu’il ne deslogeroit point qu’il ne les hayt. Sy bien que lesdits sieurs juratz, estant esmeu de compassion de voir lesdits habitans sy opressés et tourmantés, furent obligés de luy promestre lesdites dix pistolles quy font avec les dix huit pistoles promises auparavant vingt huit pistolles quy montent deux cens quatre vingt livres, lesquelles il faut trouver ce matin pour leur donner par ce qu’autrement le regiment ne veut point desloger. Partant lesdits sieurs juratz demandent à tous les sus nommés l’aprobation desdits traités puis qu’il a esté faict à la veue et consantement de tous et les moyens de parvenir audit payement.

Voilà ce que vous pourrez découvrir dans le seul registre de la Jurade de Sauveterre-de-Guyenne qui subsiste de nos jours, dont la transcription vient d’être achevée. Merci à toutes celles et ceux qui voudront bien commander un ouvrage en souscription. Merci aux mécènes qui ont accepté et accepteront de participer financièrement à ce travail.

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