L’affaire des tulipes hollandaises, premières folies spéculative de l’histoire…

bulbes_de_tulipes.jpgL’histoire des systèmes financiers est jalonnée de crises : l’affaire Law à Londres en 1719, la terrible crise de 1929, le krach de 1987, la crise asiatique de 1997, l’éclatement de la bulle Internet en 2000, la crise des sub-prime en 2008, pour ne citer que quelques épisodes retentissants… Mais la 1ère affaire du « bulle » est sans conteste la spéculation effrénée sur les bulbes de tulipe en Hollande dans les années 30, 1630 !

Cette bulle financière connue sous le nom de “tulipomania” a explosé en février 1637.

En 1633, c’est le début de la bulle: à Hoorn, un amateur offre une maison contre trois tulipes rares.

A partir de 1635, les bulbes ne s’échangent plus uniquement pendant les quatre mois ou ils sont physiquement disponibles. On fait commerce de promesses stipulant que l’acheteur disposera de l’oignon quand il sera retiré de terre. Un peu comme le système adopté pour la vente des primeurs dans les crus classés de Bordeaux, où pour les vente à terme de céréales, avant même la plantation …

Rédigées sur papier, ces promesses valent 10% du prix convenu. Cette innovation a trois conséquences.

De saisonnier, le business des tulipes devient permanent. Les promesses peuvent se revendre, créant ainsi un marché à terme (l’équivalent des marchés dérivés d’aujourd’hui).

Enfin, le spéculateur peut, en misant très peu, espérer gagner beaucoup. Le fameux « effet de levier » cher aux experts en économie relative…

Soudain, l’enrichissement semble donc à la portée de tous. On commence à vendre non des bulbes, mais des parts de bulbes. On parie financièrement sur le poids des oignons lorsqu’ils seront retirés de terre. On fourgue des espèces banales en les faisant passer pour rares.

Le prix de certaines variétés double en moins d’une semaine.

A la fin de 1636, la Hollande est saisie de frénésie: des charcutiers aux barbiers, tout le monde veut se joindre à la partie et investir dans le bulbe.

Tout le monde, ou presque. Car au début de 1637 paraît un pamphlet signé Adriaen Roman, qui met en scène un tisseur ayant tout vendu pour devenir fleuriste. L’homme se moque d’un ex-collègue trimant pour faire 10% de bénéfice. Mais ce dernier lui rétorque qu’il n’a pas encore encaissé ses prétendus profits mirifiques…L’ouvrage est prophétique.

Début février, des négociants de Haarlem refusent d’acheter un oignon présenté à 1250 guilders. 1100, concède le vendeur. C’est encore non. 1000? Silence. La séance est suspendue, et toute la ville le sait très vite.

D’un coup, la valeur des tulipes s’effondre de plus de 99%. Des dizaines de milliers de Hollandais sont ruinés.

Cette bulle présentait toutes les caractéristiques des bulles boursières et immobilières que nous avons connues depuis.

Comme la bulle de savon, la bulle spéculative tient en équilibre tant que la pression à l’intérieur et celle de l’extérieur se compensent… Mais quand la pression change d’un coté de la paroi : la bulle explose en une infinité de fines gouttelettes !

Dans le cas de Pays-Bas, il en résulta que les acheteurs à terme, ne purent plus faire face à leurs obligations, le droit de l’époque obligeant un acheteur à terme à honorer son engagement, à prendre livraison et payer à l’échéance. Les procès se multiplièrent.

Les tribunaux jugèrent le plus souvent que les opérations d’achat à terme, n’étaient que des opérations reposant sur le hasard, qu’il s’agissait donc d’opérations apparentées aux paris et au jeu.

En conséquence, selon le droit en vigueur à cette époque, les débiteurs ne pouvaient être poursuivis…

Les juristes assimilèrent cette spéculation sur les tulipes à un « jeu de hasard » ! Ce fut la première et la dernière fois qu’un krach se solda par l’absolution des débiteurs. Mais, pour les créanciers, la leçon fut terrible.

Toute « bulle » éclate un jour ou l’autre, c’est son destin !

D’après Patrice Piquard, Pascal Ordronneau et “Tulipomania”, ouvrage de Mike Dash (éditions J.-C. Lattès)

Photo de bulbes www.aujardin.org

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