L’année 2009 a été catastrophique pour les vins de Bordeaux qui ont enregistré une baisse sans précédent de leurs ventes d’environ un quart en valeur par rapport à 2008, la Chine devenant le premier importateur après l’Union européenne, selon l’interprofession. « Un effondrement aussi rapide et brutal est du jamais vu », a estimé vendredi Roland Feredj. Pour le directeur général du Comité interprofessionnel du Vin de Bordeaux (CIVB), « une telle annus horribilis n’a pas d’équivalent depuis que des statistiques sur le marché mondial du vin existent ».
Une baisse des exportations des vins de Bordeaux de 14% en volume et de 23% en valeur conduisent Alain Vironneau, président du CIVB, à parler d’année « catastrophique ». La baisse en valeur est plus marquée du fait de la comparaison avec 2008, où le millésime 2005 avait dopé les expéditions des appellations les plus prestigieuses, selon les données publiées vendredi par l’interprofession des vins de Bordeaux.
M. Feredj a également souligné que cette chute brutale ne concerne pas uniquement les vins de Bordeaux mais a frappé l’ensemble de la viticulture mondiale qui a vu les échanges mondiaux passer en une année de 90 à 70 millions d’hectolitres. « Ces 20 millions d’hectolitres perdus résument en quelque sorte la situation de l’économie viticole mondiale », a souligné M. Vironneau.
La commercialisation des vins de Bordeaux en France et à l’export s’est établie à 4,96 millions d’hectolitres soit 661 millions de bouteilles pour un chiffre d’affaires de 3,37 milliards d’euros.
Outre la qualité exceptionnelle du millésime 2009, reconnue par tous les spécialistes. M. Vironneau trouve des raisons d’espérer dans la reprise des ventes à l’export depuis trois mois, même si « le léger frémissement que nous notons depuis quelques mois ne compense pas nos pertes, loin s’en faut ».
La Chine est ainsi devenue pour la première fois en 2009 le premier client hors Union européenne (UE). Elle a doublé ses importations de vins de Bordeaux avec 137.000 hectolitres (+97%), pour un chiffre d’affaires de 74 millions d’euros (+40%).
Les Etats-Unis sont passés en deuxième position avec 116.000 hl (-27%) et 139 millions d’euros de chiffre d’affaires (CA), le Japon est troisième 116.000 hl (-18%) pour un CA se montant à 92 millions d’euros.
Au total, à destination des pays tiers, 684.000 hl (-7%) ont été vendus pour un CA de 697 M EUR (-22%).
Concernant l’UE, 864.000 hl ont été vendus au sein de l’Union, soit une baisse de 19% par rapport à 2009 et un CA en recul de 25% pour atteindre 598 M EUR. L’Allemagne est restée la première destination (252.000 hl pour 119 M EUR), suivie de la Belgique (233.000 hl pour 124 M EUR) et le Royaume-Uni (197.000 hl pour 233 M EUR).
Sur le marché français, qui représente 68% des ventes, le chiffre d’affaires des ventes grandes et moyennes surfaces, soit 44% des ventes, est en légère baisse (-3%) pour atteindre 869 M EUR.
Pour le CIVB, ces chiffres traduisent une stabilité des prix des vins de Bordeaux dans ce circuit. Parallèlement à ce phénomène, le repli des vins de Bordeaux dans les GMS, particulièrement vif en 2008 (-7%) s’est progressivement atténué au cours de l’année 2009 (-2%).
Partant du principe que l’union fait la force et que la principale cause du marasme viticole que nous vivons est le résultat d’une absence de stratégie des filières, nous proposons de créer une structure « Vins d’Aquitaine ». voir article « la vigne , mars 2010″
sa pertinence géographique serait celle du bassin de production viticole « Bordeaux-Aquitaine ». le Bordeaux d’avant 1930 et la création des AOC. Ce choix n’est pas une volonté nostalgique mais une vision d’avenir face à la réforme des inter professions . Le CIVB devrait devenir encore plus puissant, mais comme ce sera les mêmes acteurs il n’y a aucune raison de penser qu’il soit plus performant pour la viticulture de masse, actrice pricipale des territoires.
Sans vouloir revenir sur le passé et les différentes causes d’achoppements de tentatives approchantes, nous désirons réveiller les objectifs du CRVA mais sous une forme nouvelle et avec des objectifs complémentaires.
L’idée du CRVA était extrêmement pertinente mais elle s’est confrontée à la volonté omnipotente et omnisciente du CIVB . Nous ne reviendrons pas sur ce malheureux épisode symptomatique du fonctionnement bordelais.
Nous partons également du principe qu’il est impossible de répondre à un problème en se servant des outils qui l’ont généré.
Missions de « Vins d’Aquitaine »
Un organisme centralisateur des données des vins d’Aquitaine grâce aux différentes relations avec ses partenaires professionnels. (ODG, inter profession, Franceagrimer, OIV, observatoire aquitain de la viticulture…)
Un organisme de veille de la filière à l’échelle de la région ; cette veille sera tant économique de technique. Grâce au côté privilégié de son rôle centralisateur, il définira les avancées techniques à étudier, les besoins en formations et les orientations environnementales à prendre en compte.
Une structure d’aide opérationnelle qui propose par exemple études et appuis techniques, commerciaux, marketing et réglementaires. Ces démarches se feront conjointement avec les organisations déjà existantes. Cependant afin d’avoir une réelle pertinence le GIE des vins d’Aquitaine devra proposer par un travail de concertation une segmentation des vins d’Aquitaine.
Une centrale d’offre export par la mise en réseau des facteurs de production existants et à des équipes en propre et sans devenir un négoce de plus.
Nous ne pouvons plus opposer la production et la distribution. Il s’agit d’une vision obsolète du fonctionnement économique de nos filières. Si d’anciennes structures sont encore organisées ainsi, il est évident que leur évolution est imminente sous peine de disparaître ou perdre de leur influence.
A l’image du CRVA il est indispensable que les collectivités soient parties prenantes du GIE . Car elles ont pour rôle la gestion des territoires que l’activité économique des filières anime. La présence des collectivités, au delà de la complémentarité des missions, garantirait la défense de l’intérêt général et non des systèmes mis en places.
La grande novation est donc la possibilité de pratiquer des ventes à l’export. Il n’est pas question de créer de nouvelles usines ou lieu de stockage. Mais uniquement de mettre en pratique ce que permettent les 3 premières missions de « Vins d’Aquitaine ». Cette pédagogie, par l’exemple, aurait deux fonctions principales.
de mettre en synergie des outils de productions déjà existants (entrepôts, caves coopératives, unités de mises en bouteilles, caves particulières…)
de créer une dynamique économique régionale coordonnée. Cette dynamique en plus du retour obligatoire des profits aux adhérents assurerait une autonomie financière à la structure.
Le choix du marché export est délibéré car il reste à la fois le plus porteur pour l’avenir (en progression constante depuis 10 ans) ; mais aussi car il est plus difficile à aborder pour des opérateurs non avertis.
La démarche de création de cette structure est de se situer sur un schéma à géométrie variable entre un monde agricole traditionnel (notre système paysan) ou très libéral (vendangeoirs à l’australienne cf. tableau OIV).
La pertinence aussi réside dans le faite que cette structure souple et légère aurait donc des coûts de fonctionnement tout aussi légers. Puisque la cible principale est la gestion commerciale de l’offre vrac en la conditionnant, et même si nous ne pouvions pas compter sur une rentabilité initiale de plus de 5% ( à l’image du négoce bordelais). Mais là ou 5% n’est pas suffisant pour une entreprise commerciale pure. 5 % ne rassure pas non plus les banquiers qui préfèrent des rentabilités plus fortes, anciennement permises par les grands crus, l’eau minérale ou les eaux de vie. Mais 5% pour le prolongement d’une entreprise agricole est aujourd’hui inespéré. Et de toute façon 5% de rentabilité permet de faire fonctionner les entreprises mais aussi leurs territoires. a suivre …….