Un jour dans un sous bois, une chenille fut écrasée par la chute d’un gland. Du moins c’est ce que l’on croyait. La chenille était là, gisant au milieu des feuilles. A coté d’elle, au bout d’un pédoncule, il y avait un gland et , à coté, sa cupule. Les chenilles voisinent s’approchèrent, l’emmenèrent, et beaucoup d’entre elles pleurèrent. Cette chenille était si gentille, âgée certes, mais ses conseils étaient toujours de bon augure… Pendant qu’on la veillait s’échangeait des murmures. Chacun sait, que lorsqu’elles sont tristes, les chenilles sussurrent.
– Comment ferons-nous sans notre amie ? Qui nous aidera à sortir du nid ?
– Ne vous inquiétez pas, dit une autre chenille, plus vieille encore. Notre amie n’est plus là, parmi nous, mais son âme est déjà partie dans le ciel, elle vole, c’est ce que l’on appelle un papillon !
– Voilà bien une chose étrange : un papillon ? … Je ne vois qu’une chrysalide en pleine putréfaction !
– Tu n’as pas lu Kafka, la métamorphose ? Après la mort, il y a un au-delà, il se passe quelque chose. Tu vois une chenille, une chrysalide, un cercueil… Mais en fait son âme l’a déjà quitté, elle vole vers d’autre contrées ?
– Elle vole ? Une chenille ne vole pas, elle ne fait que ramper ! Suffit les balivernes, la vieille, ton esprit est gâté !
Le jour de l’enterrement, les chenilles se pressaient pour entourer la chrysalide de la chenille défunte. Beaucoup pleuraient. Sur une branche au dessus du vieux chêne, il y avait un papillon, un magnifique papillon, qui observait la scène…
– Comment leur dire, pensait-il, que je suis la chenille qu’ils pleurent aujourd’hui, ils ne le comprendraient pas. Pourtant, s’ils le savaient, ils vivraient bien autrement. Si j’avais su qu’un jour lorsque j’étais une chenille que je volerais ainsi, pensait-il, j’aurais rampé bien différemment dans ces sous bois hostiles, qu’aujourd’hui, vu du ciel, je trouve si charmants !
Ainsi va la vie. Chacun juge les événements en fonction de son environnement, de son imagination, de ce qu’il sait, de ce qu’il croit savoir. La réalité est parfois toute autre…
A lire aussi sur ce blog, d’autres fables ou histoires naturelles :
- Le jeune apprenti et le vieil outil
- Le père Abbé et le moinillon
- Le labrador et les teckels
- L’abeille qui voulait être Reine
- Le chevreuil, la ronce et le poirier
- La mésange en son puits
- Le vieux chêne, le gland et le baliveau
- Le boute en train
- Le scorpion et le renard
Une fable chinoise :
Des histoires plus « technologiques » :
Bon, merci pour la parabole, mais qui est ce papillon ? Quel est son nom ? Y a t’il un lien avec le remaniement ?
Moi, bordelais, j’aurais bien une idée, mais pourrais-je la formuler ?
Le bonsoir à Sauveterre !
Cordialement.
Et alors Jean à quoi, ou à qui pensez vous ????
Non, en fait , ça colle pas. Celui à qui je pense est omniscient et les chenilles se réjouissant de son envol savent très bien qui il est et qu’il veille sur elles.
Bon, j’exagère peut-être un peu en disant « Omniscient »… Disons, « plutôt omniscient ». Mais peu s’en faut.
Fort joli
Et nous sommes tous ici d’humbles chenilles en zone tropicale humide , en patience et en souffrance d’avoir à devenir une splendide varièté de merveilleux papillons. En Lari cela se dit « viluka ».
De tout coeur.
Père Christian, Congo.
J’aime bien ces récits en prose.
Quel est leur origine? Fables ou contes tirés d’un recueil?
Mer ci pour l’info.
Alain
Cette fable est le fruit de mon imagination.
Merci pour votre commentaire.
Yves d’Amécourt
Merci pour la réponse. Bravo pour l’inspiration.
Pour la fable sur le scorpion, j’ai lu la même
fable mais avec un crocodile et non un renard.
Origine personnelle ou fable africaine?
Une fable Africaine, que j’ai replacée dans une région que je connais un peu, le « pool », dans les tumultes du fleuve Congo, entre Brazzaville et Kinshasa.
Bonjour,
J’ai transformé vos fables en prose Les chenilles, la Chrysalide et le Papillon et Le Moine et le Moinillon, que j’ai bien aimée aussi, en 2 fables en vers réguliers, au prix de quelques modifications. M’autoriseriez-vous à les faire figurer dans un recueil, parmi environ 50 autres fables avec la mention : » Fable librement inspirée d’une fable en prose d’Yves Damécourt « (référence du site). Si jamais je réussissais à trouver un éditeur (ce qui n’est pas évident…), au terme d’un contrat je pourrais partager avec vous les droits sur ces 2 fables( 2 sur 50 : 2).
Bien cordialement.
Alain JEAN
Avec un grand plaisir !
Yves d’Amécourt
Bonsoir,
Un grand merci.
Bien cordialement.
Alain JEAN