A quelques jours de la convention de Force Républicaine sur l’Europe qui se déroulera à Paris ce samedi, sous la Présidence de Bruno Retailleau voici en quelques lignes ce que je pense de l’Europe, de son présent et de son avenir, et les propositions de Force Républicaine afin d’alimenter les réflexions de chacun dans la période qui s’ouvre et qui aboutira en juin 2019 au choix de nos députés européens.
Je suis Européen !
Notre communauté des communes est jumelée avec celle de Sottrum en Basse-Saxe et nous nous rencontrons chaque année avec nos amis Allemand, bien conscients du rôle que notre jumelage a joué, avec tant d’autres, dans le rapprochement entre nos deux nations et dans la construction de l’Europe de la Paix.
Elle est jumelée aussi, depuis 1988, avec le territoire d’Olite en Espagne, capitale historique des Rois de Navarre. Un jumelage imaginé à l’époque où, l’Espagne entrant dans la Communauté Economique Européenne, il fallait lever les doutes des français, qui avait « peur de l’entrée de l’Espagne et du Portugal ». Aujourd’hui, personne ne la remet plus en cause.
Mon arrière grand-mère est Belge, ma belle-mère est Italienne, mon fils rentre de Pologne où il a étudié pendant une année dans le cadre d’Erasmus… J’ai moi-même terminé mes études en Angleterre, à l’Ecole des Mines de Camborn.
La question de l’Europe ne se pose pas. Je me sens Européen. J’aime l’Europe.
Mais l’Europe telle qu’elle est, n’est pas l’Europe que nous voulons !
La décision du peuple britannique de sortir de l’Union Européenne place l’Europe à un tournant historique qui nous oblige, comme François Fillon et Philippe Seguin avant nous n’ont cessé de le réclamer depuis plusieurs années, à proposer un autre chemin pour l’Europe.
L’Europe est en crise et le Brexit est la conséquence directe d’une absence d’initiative des leaders européens et notamment de François Hollande qui fut le premier responsable de cette situation.
Aujourd’hui l’Europe apparaît au mieux comme inefficace, inutile, dépassée et au pire comme un obstacle à notre développement et notre liberté.
Trente années de renoncements ont provoqué une profonde crise identitaire.
Trente années de renoncements ont mis à mal la cohésion des sociétés. Elles ont creusé un fossé d’incompréhension entre les peuples et les responsables politiques, elles ont nourri la montée des populismes et des extrémismes.
L’Europe qui s’est construite pour lutter contre le populisme et l’extrémisme, n’a pas vocation à en devenir un nouveau berceau ! Je ne le veux pas. Mon cœur me le dicte, autant que ma raison.
Malheureusement, c’est au moment où il serait nécessaire de s’organiser collectivement pour faire face aux menaces économiques et sécuritaires, que l’Europe se délite.
Quel soutien l’Europe apporte-t-elle à nos frères d’Italie qui sont en pole position sur les frontières de l’immigration ? Quelle soutien l’Europe apporte-t-elle à la France pour sortir de l’impasse que constitue la frontière avec la Grande-Bretagne ? Quelle politique commune avons-nous mis en place sur ce sujet depuis le débit de la crise migratoire tant en Europe, où se trouvent les effets, qu’à l’extérieur de l’Europe là où se trouvent les causes ? Quelle message commun portons-nous sur les lieux des conflits ? Comment agissons-nous ensemble là où les crises économiques et climatiques font rage ?
François Hollande n’avait plus aucune crédibilité en Europe et l’Europe en a beaucoup souffert. Lors de mes voyage en Basse-Saxe, à l’occasion de notre jumelage avec Sottrum, lorsque je prononçais son nom, les gens souriaient… Alors qu’il était au plus bas dans les sondages en France, sans doute que sa cote de popularité en Europe aurait été pire encore !
Le Président Macron avec son discours de La Sorbonne a eu le mérite de poser des mots sur le diagnostic que nous partageons tous. Il l’a fait à un moment où l’Allemagne est empêtrée dans des soucis de constitution de gouvernement dont elle vient juste de sortir. Si bien qu’il est apparu comme un chef possible, un chef probable de cette Europe que nous appelons de nos vœux… Mais depuis, dans les faits, rien ne c’est passé !
Il n’y a pas pire situation que la période dans laquelle nous sommes où le diagnostic est partagé depuis tant d’année, et depuis tant d’année il ne se passe rien !
Comme trop souvent les mots sont justes, mais les actes manquent.
La situation est critique et si nous ne voulons pas que le rêve des fondateurs de l’Europe, le rêve d’une civilisation européenne démocratique et ouverte sur le monde, tourne au cauchemar, alors il faut changer d’Europe.
L’Europe doit être un instrument et non pas une religion. C’est ainsi que l’on voulu les précurseurs !
C’est pour cette raison que François Fillon aux côtés de Philippe Seguin, avaient fait campagne contre le traité de Maastricht. Parce qu’en voulant la monnaie unique on avait confondu le but et les moyens de l’atteindre. Et, plus grave encore, parce que la monnaie unique, à elle seule, ne savait constituer une « politique monétaire commune ». Ce faisant on avait oublié « qu’il n’y a de richesse que d’homme », comme l’écrivait Jean Bodin, économiste du XVIème siècle, l’inventeur de la monnaie.
Aujourd’hui, ce projet d’Europe fédérale que nous avons toujours combattu est arrivé à terme.
Il faut reconstruire une nouvelle Europe plus politique qui saura susciter l’adhésion des peuples et des nations.
Nous devons donc, à l’occasion du débat qui s’ouvre, proposer une évolution de la construction européenne raisonnable, réaliste et efficace. Bref, soyons pragmatiques comme l’était Jean Monnet, négociant à Cognac.
Conservateurs, nous sommes pour cette Europe des nations, une Europe qui, dans la lignée de celle voulue par le Général de Gaulle, soit garante de la souveraineté de la France.
Pour cela, l’Europe devra concentrer son action sur quelques domaines bien définis et laisser la liberté aux Etats nations de se gouverner comme ils l’entendent sur une majorité de sujets, en respect du principe de subsidiarité.
Nous voulons une Europe plus présente sur les sujets où on l’attend : l’économie et la monnaie, la politique agricole commune, la défense, la sécurité, l’énergie, l’innovation et la recherche !
Libéraux, nous ne voulons plus d’une Europe qui se préoccupe de tout et de n’importe quoi : du calibre des pommes, de la longueur des bananes et des normes en touts genres !
Attachés à l’action sociale, nous appelons de nos vœux la convergence des politiques sociales au cœur de l’Europe ! Elle protégera les plus faible contre le dumping social et les économies des nations d’une concurrence faussée.
Attachés à l’aménagement du territoire, nous souhaitons une Europe qui investisse pour l’avenir des peuples !
Attachés aux valeurs de la coopération internationale qui permet aux peuples de disposer d’eux mêmes et de participer au développement de leur pays, sur le sol où ils sont nés, là où ils ont leurs racines, sans craindre d’y être opprimés.
La France doit être le moteur de ce renouveau.
La France est le pays fondateur de la construction européenne, cette locomotive qui a su faire émerger le projet européen.
La France doit reprendre la première place et sensibiliser les autres pays européens sur l’urgence de créer une Europe respectée par nos principaux partenaires et notamment les Etats-Unis et la Chine.
Pour cela, la France a tous les atouts structurels pour engager les pays européens sur le chemin de réforme.
Sa démographie, la productivité de sa main d’œuvre, la qualité de ses équipements publics, de ses infrastructures, de ses services publics, ses paysages, sa culture, la force de ses entreprises mondiales ainsi que notre armée, la seule opérationnelle sur le continent européen, font que nous sommes le seul pays à pouvoir engager l’Europe vers un nouveau chemin.
Pourtant, depuis une vingtaine d’année, l’influence de la France s’est étiolée, nous avons perdu la main sur cette construction européenne qui ne nous ressemble plus. Le bon sens, cher aux Pères Fondateurs, a bien souvent disparu.
L’intérêt de la France est de convaincre les pays européens de leur capacité à être autonomes, non sous l’angle du bras de fer mais de la conciliation, et donc de l’importance d’adopter des positions communes sur certaines questions.
L’Europe est devenue une foire d’empoigne où chacun négocie son avenir, échangeant une politique contre une autre dans de vastes discussions. Alors que l’Europe que nous souhaitons c’est une Europe stratège, une Europe visionnaire, une Europe protectrice de nos frontières et de l’immigration.
Une Europe aux racines chrétiennes, protectrice de nos valeurs, de notre histoire et de notre civilisation.
On doit pour cela proposer une stratégie d’indépendance que nos partenaires sont susceptibles d’accepter.
Mais, pour entrainer nos voisins européens, et notamment l’Allemagne, il convient que la France retrouve sa crédibilité économique et sociale en suivant la voie de la réforme notamment budgétaire. Les quelques mesures prises par le gouvernement Philippe et la reprise conjoncturelle de la croissance ne sauraient satisfaire cette objectif. Les réformes profondes sont devant nous : pas derrière !
Pour entrainer nos voisins Européens il convient d’arrêter de vouloir élargir nos frontières et se consacrer à la construction de l’Europe dans ses frontières actuelles :
Certains nous reprochent de vouloir une Europe à plusieurs vitesses ! Mais c’est déjà le cas : nous avons aujourd’hui 3 « Europes ». Ceux qui le contestent sont justement ceux qui les ont portées, les unes après les autres, sur les fonds baptismaux .
- l’Europe de la monnaie unique (la zone Euro 19 pays 340 millions d’habitants)) qui doit rapidement mettre en place un processus de convergence sociale et fiscale ; avec l’objectif de faire de l’Euro une monnaie qui compte sur la scène internationale face au Dollars : une monnaie de règlement ! Avec l’objectif de permettre une concurrence libre en non faussée entre les pays de la zone ;
- l’Europe de la « libre circulation » (la zone Schengen 26 pays sur 28 membres) qui doit repenser « Schengen », inventer un « Schengen de la justice » avec plus de coopération entre les états, plus de convergence entre les lois applicables sur la zone, renforcer ses frontières avec un corps de garde frontières européens, adopter une politique de l’immigration communes, un statut du réfugié commun, aider les pays qui sont aux portes de l’Europe comme Malte, l’Italie, la Hongrie,… Faire de nos voisins extérieurs sur les couloirs de migration des partenaires
- l’Europe du « marché unique », l’Europe des 28, une Europe de l’innovation et du développement, une Europe qui assure la souveraineté de ses états membres et leur indépendance énergétique et leur indépendance alimentaire grâce à une Politique Agricole Commune qui redevienne une véritable politique stratégique qui protège nos paysans et nourri nos habitants ; Pas une Europe du dumping social où chacun perd ses repères ! Une Europe de l’innovation et de la recherche en multipliant les coopérations ; C’est tout l’objet du programme de Force Républicaine qui donnera les moyens à la France d’être crédible et forte pour être entendue par nos partenaires.
Ajoutons à cela l’Europe des fondateurs et le couple Franco-Allemand et nous avons 2 vitesses de plus !
Les réformes en France devront être concomitantes avec nos propositions pour un projet européen recentré sur la zone Euro avec un calendrier précis.
Nous proposons donc pour relancer l’Europe de se concentrer sur trois priorités stratégiques que l’on peut déterminer dès maintenant et mettre en œuvre sans avoir besoin d’un nouveau traité :
- La sécurité des citoyens avec des frontières efficaces, une immigration maîtrisée et une défense autonome. Une Europe de la coopération avec les pays du Sud !
- La souveraineté économique et financière en faisant de l’Euro une monnaie de réserve, une monnaie de règlement.
- L’investissement, l’innovation et la recherche au service de grands projets européens et d’une société de la connaissance.
LES PROPOSITIONS DE FORCE REPUBLICAINE :
I – Une Europe qui maitrise ses frontières et son immigration
Dire que la sortie de l’espace Schengen est la réponse aux problèmes des flux migratoires est faux. Les réelles solutions sont dans la réforme de Schengen afin de lui donner les moyens d’être efficace pour assurer la sécurité des européens. Les Français sont attachés à la libre circulation en Europe, qui a, comme contrepartie, des contrôles systématiques aux frontières extérieures de l’espace Schengen.
Pour retrouver une Europe qui maitrise ses frontières et son immigration nous proposons :
- D’ouvrir des négociations avec nos partenaires pour lancer un « Schengen de la justice » : Appliquer en France la double peine, expulser systématiquement de l’espace Schengen tout délinquant reconnu coupable d’un crime ou d’un délit et demander la réciprocité au niveau européen avec l’expulsion systématique de l’espace Schengen de tout étranger condamné pénalement dans un pays européen.
- De définir un quota européen d’immigration maximum et d’harmoniser nos règles d’accueil avec notamment la création d’un droit d’asile européen.
- De conditionner l’accès aux prestations sociales par les étrangers non européens à la présence légale de cinq ans sur le territoire sans infraction.
- De tripler le budget de Frontex et créer un corps européen de gardes-frontières.
II. Une Europe qui contrôle sa défense et sa sécurité
Il n’est pas raisonnable que l’Europe s’en remette exclusivement aux Etats-Unis pour la protéger. Il est également anormal que la France assume seule budgétairement et militairement la sécurisation du Sahel face au terrorisme islamique.
La solidarité en matière de défense doit être de mise.
Pour que l’Europe ait une défense autonome et efficace nous proposons :
- Que chaque pays européen fasse des efforts militaires et financiers pour donner à l’Europe le pouvoir de peser militairement sur la scène internationale.
- De créer une solidarité européenne pour soutenir l’industrie européenne de la défense à la fois en matière de développement de programme militaire mais également d’achat d’armes européenne.
- De continuer et approfondir la coopération militaire avec les britanniques et ce même après le Brexit.
III- Une Europe économiquement souveraine.
A. Faire de l’Euro un outil de notre souveraineté
L’Euro peut et doit être utilisé comme un moyen pour retrouver notre souveraineté et notre indépendance vis-à-vis du Dollar et ainsi notre indépendance vis-à-vis de la justice et de la politique étrangère américaine.
Pour faire de l’Euro un véritable outil de souveraineté nous proposons :
- de Faire de l’Euro une monnaie de réserve et de règlement à égalité avec le Dollar américain.
- de Doter la zone Euro d’un directoire politique, composé des chefs de gouvernement, présidé par l’un d’entre eux.
- de Créer un Secrétariat Général de la zone Euro complètement autonome de la Commission qui assurera le suivi et la gestion de la zone économique.
- de Coordonner la politique accommodante de la Banque Centrale Européenne avec une stratégie économique globale.
- de Créer, à terme, une fois la convergence fiscale achevée, un Trésor européen avec une mise en commun des dettes.
B. Une politique commerciale souveraine et protectrice de nos intérêts
L’Europe ne défend pas au mieux nos intérêts économiques face aux grands pays émergeants.
Pour permettre à l’Europe d’être plus protectrice pour nos entreprises, nous proposons depuis plusieurs mois déjà de refuser de signer les traités transatlantique (TAFTA, MERCOSUR …) en l’état car il sont beaucoup trop déséquilibrés.
- de Demander la réciprocité en matière de respect des normes environnementales et sociales sur les produits importés afin que nos industries ne subissent plus une concurrence déloyale. Ce que nous n’autorisons pas chez nous, ne l’autorisons pas non-plus, dans les produits que nous importons !
- de Mieux veiller au respect des réglementations anti-dumping.
- d’Exiger la réciprocité concernant l’ouverture des marchés publics en Chine et aux Etats-Unis.
- de Refuser des décisions européennes allant à l’encontre des intérêts économiques de la France comme les sanctions à l’égard de la Russie qui nuisent gravement à nos entreprises, notamment à nos agriculteurs : l’embargo russe est à l’origine de nombreuses crises de notre agriculture : la crise du porc, la crise du lait … Suite à l’embargo la Russie s’est organisé et nous ne retrouverons jamais les marché perdus. Arrêtons de penser que l’agriculture n’est pas délocalisable !
- de Proposer, au contraire, un nouveau partenariat commercial Europe/Russie qui offrirait à nos entreprises de nouveaux débouchés.
- de Refuser que le statut d’économie de marché soit accordé à la Chine.
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IV. Une Europe de l’innovation et de la connaissance
L’Europe doit se fixer pour but d’être la première puissance mondiale de l’innovation et de la connaissance en mettant en commun ses moyens pour créer les futurs « Airbus » du numérique et favoriser l’innovation scientifiques européennes.
Pour l’Europe devienne le premier pôle d’innovation au mondial, nous proposons :
- de Défendre notre propriété intellectuelle numérique et assumer l’exception culturelle.
- de Concevoir et de créer en Europe les futurs leaders mondiaux du numérique.
- de Créer des pôles à vocation mondiale sur la recherche médicale ou les transports du futur.
- la Mise en réseau au niveau européen des pôles de compétitivité et à la coordination des programmes de recherche entre les universités européennes afin de faire contrepoids aux investissements massifs des États-Unis et de la Chine dans les domaines stratégiques.
- de Mettre en place une nouvelle politique énergétique européenne innovante et indépendante.
V. Une Europe avec des Institutions plus efficaces et plus respectueuses de la souveraineté des Etats :
Pour changer l’Europe, il faudra réformer les institutions afin que leur pouvoir soit davantage encadré par les Etats et que le principe de subsidiarité redevienne la règle.
Pour des institutions plus démocratiques et plus efficaces nous proposons :
- de Revoir le rôle de la Commission européenne et de circonscrire son pouvoir de proposition à seulement quelques domaines fondamentaux.
- de Revoir les priorités de la Commission et l’inciter à lancer des nouvelles initiatives sur quelques sujets spécifiques en se dessaisissant d’autres sujets ou elle n’a pas de valeur ajoutée pour les remettre au niveau des Etats membres.
- de Confier la Gouvernance de la zone Euro à un Secrétariat Général dédié qui remplacera la Commission.