Loups ou bergers, il faut choisir !

(c) photo Yves d’Amécourt

Dans un entretien accordé à La France Agricole le 7 octobre 2022, Marc Fesneau, le ministre de l’Agriculture, livre sa vision sur la coexistence entre le loup et le pastoralisme : « On ne peut pas à la fois nous expliquer, et c’est une réalité, que le pastoralisme est une manière très vertueuse d’élever des animaux, avec des aménités positives – le maintien des prairies, la biodiversité, la lutte contre l’incendie, l’ouverture des espaces – et faire comme si la présence du loup ne posait aucun problème. C’est très symbolique des injonctions contradictoires de la société. »

Cet entretien montre combien les choses évoluent, notamment au gouvernement, sur ce sujet comme sur de nombreux sujets touchant l’écologie. Comme si tout ce petit monde sortait, enfin, d’un rêve éveillé où les loups et les ours cohabiteraient avec les moutons, les vaches et les chevaux, où l’électricité seraient produite par des moulins à vent, où les légumes et les fruits, dans la nature, pousseraient spontanément, sans maladie, pour nourrir l’humanité, sans avoir besoin de la main d’homme … Un monde idéal où les doryphores n’attaqueraient plus les feuilles des patates, où le mildiou n’endommagerait plus la vigne et les tomates et où les loups et les ours n’attaqueraient plus les moutons dans leurs pénates…

La prise de conscience est bien tardive : le 14 octobre 2022, dans une interview à BFMTV, le préfet des Alpes de Haute Provence notait une hausse des attaques de loups de 32% en 2022 comparé à 2021 !

Le loup gris est un carnivore. C’est un canidé comme les chacals, les coyotes et les renards. En Europe de l’ouest deux sous-espèces sont identifiées : l’une dans la péninsule ibérique « canis lupus signatus », l’autre en Italie, en Suisse et en France « canis lupus italicus ». En fait, les loups que l’on trouve en France disposent d’une diversité génétique importante et d’origines diverses : Pologne, Pays Baltes, Russie, Mongolie et Amérique du Nord. Sans parler de ceux issus des croisements avec des chiens errants.

Mais d’où viennent ces loups ?

Le mythe écologiste, relayée allègrement par les services de l’Etat depuis 30 ans nous parle d’un loup qui serait arrivé à pied dans les Alpes Française dans les années 90 en provenance des Apennins au centre de la botte italienne  … Il y a tout lieu d’en douter !

S’ils souhaitaient voyager, pourquoi ces loups auraient-ils ainsi choisi la difficulté, et décidé de rejoindre le parc du Mercantour en traversant les régions industrielles de Turin, Milan et Gênes, plutôt que de traverser la vallée du Po pour rejoindre la Vénétie, le nord de l’Italie, la Suisse et l’Autriche ?

Si nos loups sont arrivés d’Italie, pourquoi les chasseurs des Alpes Italiennes du Val d’Aoste pensent-ils eux que les loups viennent de France ?

Renaud Desgrées du Loû[1], en avril 1991, alors qu’il était en Mongolie apprennait par le Président des chasseurs du pays, M. Buyandelger, que ses équipes capturaient des jeunes loups pour la France ! Une information sur la page Wikipedia du Parc du Gévaudan vient confirmer cela : « Au début de l’année 1991, la Fondation Brigitte-Bardot récupère une centaine de loups de Mongolie braconnés et s’adresse à Gérard Ménatory, son ami personnel, qui en recueille 80 dans le parc. Ainsi se crée le parc d’observation scientifique où est installée une partie de ces loups. ».

Aujourd’hui, le parc du Gévaudan, sur son site internet, dit compter 136 loups … Où sont passés les louveteaux nés depuis les années 90 ?

Sur Wikipedia encore, la Fondation Brigitte Bardot annonce « travailler à la réintroduction de loups dans les Alpes » …

Bruno Lecomte, berger des Vosges, spécialiste de la protection des troupeaux face au loup, enquête depuis longtemps pour savoir si le loup a été réintroduit ou si comme l’affirme l’administration française, il était venu naturellement d’Italie. Il a notamment demandé à un laboratoire Allemand indépendant de réaliser des analyses génétiques. Sa chaîne YouTube est une mine d’information.

Ses recherches ont prouvé : qu’entre 1961 et nos jours, des lâcher de loups ont bien été réalisés ; qu’on pouvait se procurer des loups sauvages en provenance de France et d’Italie et que les loups nés en captivité s’adaptent rapidement à un retour à la vie sauvage ; que l’Etat français, pour ne pas avoir à indemniser les éleveurs des dégâts du loup, a longtemps refusé d’admettre sa présence dans un certain nombre de régions françaises, puis a sous-estimé leur nombre ; que des membres de l’administration ont délibérément caché des informations voire menti ; que d’autres avaient des liens étroits avec des associations environnementalistes dont l’objet est la réintroduction du loup, du lynx, de l’ours, au détriment du pastoralisme ;

Bruno Lecomte dispose même d’un discours de Ségolène Royal, alors ministre de l’Environnement qui dit « n’avoir pas prévu que les loups ne soient réintroduits aussi largement » !

Alors que Bruno Lecomte enquêtait en 2014 dans le centre du Loup[2] Italien, à Popoli, dans les Apennins, un garde lui apprenait  que ses homologues du parc du Mercantour étaient venus chercher trois loups en 2012 …

De tout cela Renaud Desgrée du Loû déduit que si les loups sont arrivés en France dans les années 90 « c’est plus sûrement en camionnette qu’à pied par les Alpes ! »

Et désormais que faire ?

La première chose à faire, pour l’Etat, c’est de reconnaître que l’arrivée du loup en France ne fut pas le moins du monde « naturelle ». Cela permettra de tordre le coup à cette légende urbaine qui, comme les utopies contemporaines des écologistes les plus radicaux, ont infiltré les esprits de nos gouvernants et de leurs services qui continuent de vouloir imposer la présence du loup un peu partout en France.

La seconde chose à faire est de ne plus rien cacher sur le nombre des loups et sur les dégâts qu’ils commettent afin que la réponse soit proportionnée aux problèmes qu’ils causent.

La troisième chose, enfin, est d’admettre que si le loup est un animal largement réparti dans les grands espaces de l’Eurasie et de l’Amérique du Nord, il n’a plus sa place en Europe de l’Ouest.

C’est d’ailleurs curieux que les écologistes le défendent mordicus le loup car c’est un destructeur de biodiversité. Il s’attaque à tout et sans aucun discernement. Renaud Desgrées du Loû constate : « Les mouflons ont pratiquement disparu du Sud-est de la France, les chevreuils et les cerfs sont les second sur la liste. Les lynx et les chats sylvestres vont pâtir du développement des loups car c’est bien connu les chiens n’aiment pas les chats. Et quand il n’y aura plus rien, ce seront les ânes, les chevaux, les chiens et en fin de liste le petit chaperon rouge ! ». Des propos confirmés par le biologiste Marcel Züger[3] : « Si les loups comprennent qu’ils peuvent aller encore plus loin, ils deviendront alors un véritable danger pour la population et plus particulièrement pour les enfants. »

La défense du loup par les écologistes est d’autant plus curieuse que le loup pratique la « chasse à courre ». Mais contrairement à l’homme ils la pratiquent sans règle, sans valeur et sans honneur. Un loup qui a faim trouvera toujours d’une façon ou d’une autre à satisfaire son appétit. S’adapter à toutes situations est chez le loup un comportement inné. Chacun d’eux a le potentiel pour devenir un loup à problème.

Ce parti pris des écologistes est curieux, enfin, car la présence du loup est un enfer pour les bergers et pour le pastoralisme que, par ailleurs ils entendent défendre et promouvoir. Un mode d’élevage ancestral et tellement utile pour le maintien, l’entretien et la restauration des paysages et des biotopes, tant agricoles que forestiers.

Marcel Züger fait un constat accablant sur le retour de la présence des loups en Europe, dans Chassons.com : « La politique Européenne sur la protection des loups équivaut à la propagation de l’espèce. Les loups ne sont abattus que dans de très rares cas exceptionnels. Une situation qui conduit à des mesures de protection de plus en plus complexes financés par l’Europe à coup de millions d’euros. Il serait illusoire de penser que quelques soit les mesures de protection, aussi complexes qu’elles puissent être, feront que les loups se détourneront de leurs proies. ». Un jour viendra où l’Union Européenne devra revenir sur sa politique des grands prédateurs.

La propagation des loups est rapide avec un taux de croissance de 30 à 40% par an, soit une population doublée tous les 2-3 ans.

Instaurer des zones de non-loup.

Marc Fesneau, lors de son interview récente à la France Agricole précisait que « le prochain plan loup et pastoralisme devra être à la hauteur » des enjeux.

Quel poids aura sa voix dans les discussions face aux écologistes radicaux présent dans le gouvernement et dans sa propre administration ?

Le 1er constat est d’admettre que le pastoralisme et l’élevage extensif en général, sont incompatible avec la présence du loup. Le second, que le loup n’est pas un vecteur positif de biodiversité.

Fort de ces deux constats, il conviendra d’instaurer des zones de non-loup.

Une fois que les éleveurs et les acteurs de la biodiversité auront défini avec l’Etat, les rares zones où le loup est admis, alors, sur tout le reste du territoire il conviendra d’autoriser sans restriction le tir de défense, la chasse et le piégeage des loups : les loups errants qui s’écartent des meutes pour coloniser de nouveaux territoires ; les loups relâchés qui apparaissent ici ou là sortis de captivité.

Enfin, les parcs à loups doivent être mis sous surveillance. La loi n’est pas assez stricte sur ce sujet. Notamment quant à la reproduction.


[1] Enquête loup – Chasses Internationales – Décembre 2019

[2] Il Centro del Lupo

[3] Biologiste diplômé de l’ETH de Zurich, au départ grand défenseur du retour du loup

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