Le journal royaliste quotidien « La Civilisation » du mardi 4 mai 1880 publie la nécrologie du Marquis de Lentilhac, Maire de Parcé-sur-Sarthe :
« Une noble existence vient de s’éteindre. M le Marquis de Lentilhac a succombé le 29 avril à l’âge de quarante huit ans aux suites d’une cruel accident dont il avait été victime au mois de juillet 1876.
Avec lui disparait un des grands noms de la plus ancienne aristocratie française. Il était en effet le dernier représentant mâle de cette illustre maison de Lentilhac qui remonte aux origines même de la féodalité et qui a joué un rôle considérable dans tout le midi au moyen-âge, pris part aux croisades, fourni des chevaliers aux ordrres religieux et militaires du Temple et de Saint-Jean. Un Lentilhac fut du nombre des principaux seigneurs du Quercy qui se croisèrent avec Saint-Louis en 1248.
Gaston-Félix-Charles-Victor, marquis de Lentilhac était resté fidèle aux traditions et aux exemples de ses aïeux. Pendant la dernière guerre, il commandait le premier bataillon du 33ème régiment de marche, composé de mobiles de la Sarthe, et sa conduite pendant toute la campagne fut héroïque. Il se signala notamment à la bataille de Coulmiers, après laquelle la Croix de la Légion d’Honneur vint récompenser sa vaillance.
Echappé aux périls de la guerre qu’il avait volontairement recherchés, le marquis de Lentilhac devait, comme nous l’indiquions tout à l’heure, périr des suites d’un accident.
C’est à une chute de cheval qu’est due la fin prématurée de l’habile et intrépide cavalier. Les médecins avaient, dès le premier moment, prévu le fatal dénouement. Mais la mort n’a triomphé qu’avec peine des résistances de cette énergique et vigoureuse nature ; elle a fait lentement son œuvre, et c’est tout à l’heure qu’elle vient d’y mettre le dernier sceau.
Dieu en avait sans doute ordonné ainsi pour que ce fils des Croisés qui était comme eux un chrétien fidèle et ardent, achevât de se purifier par la souffrance.
Les soins les plus touchants n’ont pu arrêter les progrès du mal, et le marquis de Lentilhac a rendu son âme à Dieu après quatre années de martyre. Aussitôt qu’il s’était senti frappé il avait fait son sacrifice et les consolations religieuses lui ont été prodiguées durant tout le cours de cette longue agonie.
Il avait épousé en 1858 Mademoiselle Charlotte Agnès Dupin seconde fille de feu le baron Charles Dupin, l’éminent et honoré membre de l’institut. Le respect dû aux grandes douleurs et au regret du foyer domestique ne nous permet pas de dire ce qu’elle a été pour lui pendant cette maladie. Le ciel le sait et cela suffit. Il ne nous reste donc qu’à nous incliner avec sympathie devant ce malheur que rien ne peut consoler si ce n’est les espérances immortelles. »
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