Sous ce titre un brin provocateur, à l’heure où on entend un peu partout que le « capitalisme est la raison de tous nos maux », Je voudrais réaffirmer ma foi dans le « capitalisme paysan », celui du bon sens, celui des entrepreneurs, celui des entreprises et des salariés, celui où le capital est une valeur, comme le travail, le capitalisme comme un des moteurs de l’humanité…
Le premier théoricien de la monnaie, l’économiste angevin Jean Bodin (1568), n’écrivait-il pas : « il n’y a de richesse que d’homme » ?
Mais je pense sincèrement, que dans l’indifférence générale, en 20 ans, ce capitalisme là est mort… et qu’il est urgent de le restaurer, avant que notre terre ne perde le Nord !
Capitalisme vient de « tête », au sens de « tête de bétail », cheptel. Le capitalisme, c’est l’investissement dans l’outil de production, autrefois des vaches, aujourd’hui une usine, une entreprise de service, pour produire. L’idée qui est derrière le capitalisme, c’est l’utilisation du capital pour produire et créer un bénéfice.
Le détenteur de capital investit. S’il ne dispose pas d’un capital suffisant, il l’emprunte à un banquier qui lui prête, moyennant un loyer, sur l’expertise du savoir faire de l’investisseur.
Dans le capitalisme originel, celui qu’il convient de restaurer, le propriétaire de l’outil de production est connu, le travailleur est connu, le banquier est connu, le fournisseur et les clients sont connus. Chacun joue son rôle et le capital investit, par le détenteur du capital, avec l’aide du banquier, sert à produire. Pour produire, il achète des matières aux fournisseurs qu’il transforme pour vendre des produits ou des services aux clients. Comme un paysan est attaché à ses vaches, le propriétaire d’une entreprise doit être attaché à son outil de production. Il y a de l’amour dans cette relation.
Oui mais voilà, tout cela a bien changé…
Avec la bourse, le propriétaire est diffus, virtuel, inconnu, le plus souvent entre les mains d’un « fondé de pouvoir » (trader). Le propriétaire n’investit plus pour produire un « bénéfice »… Il investit pour produire une « plus value ».
- Le bénéfice c’est ce qui reste lorsque le capital a produit : ce bénéfice est réparti entre les propriétaires, les travailleurs, les fournisseurs, les banquiers et l’impôt…
- La plus value, elle, n’intéresse que le propriétaire, elle n’est pas répartie, elle va dans la poche du propriétaire, qui s’acquitte ensuite de l’impôt.
Avec la bourse, telle qu’elle est pratiquée, le capitalisme est mort. La recherche d’un bénéfice est perdue de vue. L’objectif, c’est la « plus value ». Quitte à tuer la poule aux œufs d’or !
Le dirigeant de grandes entreprises gagne parfois plus par la plus-value, que par son salaire… Dans certains cas, comble des caricatures, on a vu des patrons gagner plus en quittant l’entreprise qu’en y restant…
Tout le monde perd ses repaires… Ainsi, en période de crise, on a vu les actions de certaines mines d’or monter en bourse, alors que l’appareil de production ne produisait plus… L’entreprise ne produisait plus, les bâches étaient posées sur les machines, mais l’action prenait de la valeur et suivait le court de l’or, valeur refuge ! Les investisseurs achetaient une « coquille vide », sans le savoir, ou, avec l’objectif de revendre la « coquille vide » plus cher ! Pure spéculation…
A l’inverse, on a vu des actions chuter en bourse, alors que les résultats de l’entreprise étaient en progression… Les investisseurs vendaient en dessous de leur « valeur comptable » des actions qui produisent réellement, et sans le savoir ! Pure spéculation…
Pendant la crise des banques, on a vu les valeurs bancaires chuter… Quelques soient les banques. Tous dans le même panier, comme s’il s’agissait d’une alerte à la bombe !
Petit à petit, le marché des actions s’est déconnecté de la réalité économique créant des bulles de spéculation qui en explosant on détruit largement l’économie. Des immeubles sans fondation, des châteaux de carte, des bulles de savon… La bourse est parfois devenue une filiale de la « Française des Jeux » !
Alors qu’il y a quelques années des entreprises rentraient en bourse pour « lever des capitaux », aujourd’hui, certaines d’entre elles souhaitent quitter la bourse pour sauver les capitaux investit et l’appareil de production ! Ces entreprises là ne souhaitent plus être confondues avec le black jack, ou la roulette russe !
En 20 ans on a remplacé le capitalisme traditionnel par le «spéculatisme». L’objectif n’est plus d’investir pour produire un bénéfice à moyen et long terme, mais d’investir pour produire une plus value tout de suite !
Dans ce système, le capitalisme que l’on aime, celui qui est au service de l’économie, elle-même au service de l’homme, ce capitalisme a amorcé sa chute.
Il est urgent de restaurer le capitalisme et de restreindre le « spéculatisme ».
Pour cela il n’y a pas 36 solutions, la gouvernance mondiale doit mettre en place une fiscalité qui incite au capitalisme, le vrai, qui encourage le placement à long terme, le travail, la transparence, le partage des richesses et la responsabilité. Une fiscalité qui décourage la spéculation, qui taxe la plus-value à court terme, qui taxe les bulles afin de les vider avant qu’elles ne gonflent et qu’elles n’explosent !
Oui nous avons besoin de capitalisme !
Merci Yves pour cette belle démonstration
Amicalement
Michel
C’est beau l’idéalisme mais la spéculation est dans la nature du capitalisme. Il y a toujours eu une contradiction et des tensions entre le capital fixe des petites et grandes entreprises et le capital circulant de la finance (lire Marx sur le sujet). Or, l’histoire du capitalisme montre que la spéculation l’emporte trés souvent sur la production et l’innovation, en témoignent les nombreuses crises financières du XVIII (système LAW), XIX ( 1871,Panama…) et XX ème siècle (1910, 1929, 1993…) qui ont eu des répercussions sociales trés importantes. Alors vous proposez quoi à la place? Rien! Il n’y a pas de système qui remplacera le capitalisme du jour au lendemain mais des mouvements profonds qui changeront notre société, ses façons de produire et de vivre (plus de modestie, plus d’égalité entre les citoyens, plus de respect de la nature…). De toute façon, nous ne pouvons plus continuer comme cela…
Le Piéton est un peu surpris par votre démonstration.
En effet, si « capitalisme » est bien issu de »tête, dans le sens tête de bétail, cheptel », il est , malgré tout, synonyme de » monnaie, euro (ou franc, car le problème remonte plus loin que l’euro) ».
Ne nous lançons pas dans une querelle de vocabulaire. Considérons plûtot que c’est sur ce point « monnétaire » que le bât blesse, car vouloir tirer une valeur seconde d’un capital en ne retenant que le côté argent, c’est retomber dans la spirale « trader » et l’on sait ce qu’il en advient. Or, en ne parlant que de l’aspect » capital », vous ne faites « qu’apporter de l’eau aux moulins des traders ».
Tout d’abord, expliquons ce qu’est la » monnaie ».Créée il y a des dizaines de siécles, ce n’est qu’ UN MOYEN PRATIQUE D’ECHANGE DE VALEURS CREES, Pour faire clair, c’est éviter d’aller sur le marché échanger son blé, vin, vache contre construction,automobile ou services! Même si cela peut porter à sourire, c’est bien la base du système.
Si vous analysez sérieusement ce dernier paragraphe, vous y trouvez la clé de votre problème !
Ainsi, quand vous parlez » d’utiliser un capital pour produire et créer un bénéfice », le Piéton vous répond « Oui, mais il faut que ce bénéfice est une VALEUR CORRESPONDANTE en euro qui fasse EQUILIBRE avec les FRAIS ET RISQUES ENCOURUS( voire même être positif en leur faveur ) pour que l’opération soit POSSIBLE ET ENCOURAGEANTE. Sinon (et les banques le savent bien ), l’opération est vouée à l’échec.Cela signifie que parler de « retour du capitalisme paysan », oui certes mais en l’associant au TRAVAIL CREATIF DE VALEURS tout en garantissant que cette opération soit REMUNERATRICE pour l’opérateur qu’il soit agriculteur, manufacturier ou simple entrepreneur, le principe étant d’associer capital et TRAVAIL car l’on sait par expérience que seul le travail permet de multiplier les valeurs. A ce sujet, tous les pays possédant de grosses ressources minières ou pétrolières savent que « le veau d’or n’est pas inépuisable »
Pour compléter votre information, le Piéton vous conseille de remonter ce blog en tapant dans « recherche » « le vin premier poste excédentaire » : un quidam a expliqué une théorie que le Piéton approuve car elle est réaliste et …réalisable.
Toutefois, le Piéton tient à vous féliciter pour votre critique du « spéculatisme pour une plus-value toute de suite » même si cela va à l’encontre de notre Président qui souhaite reconduire les traders… en les surveillant ( ! ! ).Le vieux forgeron de mon village, s’adressant à son apprenti,avait cette expression qui colle à la réalité du moment : » Tu peux faire une bétise une fois, mais pas deux ! »
Aussi, le Piéton n’est pas certain que « restreindre le spéculatisme » soit la solution. Seule, sa suppression totale ne peut être qu’entièrement bénéfique pour l’économie mondiale. Mais nous savons tous que nous nous heurtons à des dinosaures financiers que seul le temps fera disparaître.
Quant à la »fiscalité », ele ne peut être que de niveau mondial et là, c’est du domaine du rêve.
Cordialement.
Si l’idèe de vouloir déterminer plusieurs clans de capitalistes m’a séduit, tout comme Le Piéton je reste dubitatif quant à votre vision de la nature humaine face à l’accumulation (but non avoué du capitalisme).
Sans y faire référence (et c’est bien dommage), vous vous prenez de nostalgie pour un capitalisme que je situe au début du XXème. Malheureusement, 30 ans plus tard (soit un cycle économique plus tard), le bilan social n’est pas beau à regarder.
Derrière les écrans de cours de bourse, CFD, et autres warrants en tout genre… il n’existe en fait que deux véritables clans : celui de l’économie réelle et celui de l’économie synthétique.
Certains ont voué leur vie à transformer le réel en synthétique (ce qui passe la notion de rentabilité et de risque dans ce que l’on pourrait imager comme un accélérateur à particules).
D’autres préfère transformer le synthétique en réel, l’exemple le plus concret est l’entreprise qui cherche à se financer sur les marchés.
Et puis entre ces deux mondes qui n’ont en commun qu’une ou plusieurs monnaies, les intermédiaires. Ces derniers répondent à des demandes de plus en plus farfelues, mais comment le reprocher à des prestataires de services ?
Le fond du problème est pourtant simple et se résume à trois questions :
– Combien vaut réellement une baguette de pain dans une économie 100% réelle à l’instant T ?
– Combien vaut réellement une baguette de pain dans une économie 100% synthétique à l’instant T?
– Des deux baguettes de pains, laquelle crèe le plus de richesse réelle ?