Ce matin j’assistais pour la première fois au Conseil d’administration de l’Hospital de Cadillac où je représente, depuis les dernières élections, le Conseil Général de la Gironde. A cette occasion nous apprenions que l’hôpital n’arrive pas à recruter les professionnels qu’il recherche. Actuellement 35 postes sont ouverts et à pouvoir, sans trouver d’infirmiers pour les occuper. Cela entraîne une dégradation des conditions de travail de chacun. Cette pénurie de professionnels dans les métiers de la filière médicale est nationale et frappe tous les secteurs en particulier le monde rural. D’où vient cette pénurie ?
Elle est attribuable à 4 facteurs :
- Une politique des « numerus clausus » désastreuse qui a fermé les portes des formations aux métiers de la filière médicale à la fin des années 90 (médecins, infirmières,…). On paye aujourd’hui cette politique.
- Une augmentation des départs à la retraite qui va s’accentuer encore dans les dix ans qui viennent. La diminution des formations à la fin des années 90 est d’autant plus désastreuse que l’on savait à l’époque l’évolution de notre pyramide des âges…
- La loi sur les 35 heures appliquée aux hôpitaux qui a été une véritable calamité dans la mesure où il n’y avait pas de chômage dans les professions médicales, et donc pas de personnels pour combler les heures ainsi libérées…Cette loi a eu comme impact de tendre un peu plus le marché du travail dans les professions médicales.
- Une filière de formation « étanche » qui impose un choix dès la sortie du Lycée, couplé à un travail arrassant, sans forcément d’évolution de carrière, qui décourage et incite à changer de profession en cours de carrière, sans permettre des reconversion au sein de la filière…
Dans ces conditions comment faire ?
- Recourir à l’immigration. C’est déjà une réalité. Dans bon nombre de région les nouveaux médecins viennent de Belgique, d’Afrique, des Pays de l’Est…
- Relever le « numerus clausus ». C’est le cas, mais cela ne produira des effets que dans quelques années…
- Retarder l’âge de départ à la retraite pour ceux qui le souhaite. La limite de cette solution est la pénibilité du travail… Cela prend plus d’ampleur encore dans les professions de la filière Psychiatrique.
- Assouplir les 35 heures. C’est en cours…
- Et puis il y a une dernière proposition. C’est celle de l’assouplissement de la filière de formation. La question est : « Comment rendre poreuse une filière étanche ? » Il faut ouvrir largement la filière de formation professionnelle des aides soignantes. Ouvrir une filière professionnelle pour permettre aux aides soignantes de devenir infirmières. Ouvrir une filière professionnelle avec validation des acquis de l’expérience pour permettre aux infirmières de devenir médecin. Ouvrir une filière pour permettre aux médecins de changer de spécialité. Permettre des passerelles entre les différentes branches de la médecine…
Nous sommes dans un pays ou le plein emploi est un objectif. Comment faire pour permettre à ceux qui en ont les capacités d’accéder aux emplois disponibles, sans leur demander de reprendre leurs études au niveau bac ? Ne coyez vous pas qu’une infirmière qui a pratiqué pedant 15 ans, soit capable avec une formation adaptée, de devenir médecin ? Cela ne permettrait-il pas de proposer à ces professionnels une évolution de carrière intéressante? Cela permettrait tout à la fois, de redonner de l’intérêt à toute la filière…
En France notre problème est le même dans toutes les filières. Une fois le bac en poche et les études après le bac, les ds sont jetés, pour toute la vie! Nous devons pourtant faire preuve d’immagination pour faire autrement.
C’est un peu comme l’histoire de l’étudiant a qui on pose une question : « vous avez un œuf, de l’eau, une source de chaleur et une casserole. Comment faites vous pour faire un œuf dur ? »
L’étudiant répond : « Je mets de l’eau dans la casserole, je pose la casserole sur la source de chaleur, je la fais bouillir, je mets l’œuf dedans, j’attends 10 minutes, et j’ai un œuf dur. »
Parfait. Voici une seconde question : « Vous avez désormais une casserole d’eau bouillante et un œuf. Comment faites vous ? »
L’étudiant réfléchis, puis répond ravi : « Je vide la casserole et je me retrouve avec de l’eau, une casserole, une source de chaleur et un œuf. Je suis revenu au problème n°1 ! Je fais donc la même chose. Super non ? »…
l’idée des passerelles et de la VAE est trés bonne surtout que dans la pratique, ce sont souvent les soignants de terrain qui diagnostiquent, prescrivent via le médecin car ils n’ont pas la possibilités de faire autrement et se mettraient en faute d’exercice illégal de la médecine entre autre.
Il est sûr qu’aprés 20ans voire 30 ans de pratique et d’expérience, les basses sont solides et une formation adaptée permettrait de mettre moins en péril la problématique médicale, je pense particulièrement à notre canton dans les 5 ans qui arrivent.