par Yves de Ponton d’Amécourt. Article à Paraître dans le magazine « Aérofrance », numéro spécial à l’occasion du centenaire du premier vol habité en Hélicoptère.
Des réussites et des goûts éclectiques
Gustave de Ponton d’Amécourt est né à Paris le 16 août 1825. Il fait ses études rue de Vaugirard, où, brillant élève, il remporta plusieurs prix de grec et de latin au concours général. Il étudia le sanskrit, les mathématiques mais se passionna surtout pour les lettres, l’histoire et la géographie. Les récits de Grégoire de Tours et de ses contemporains le conduisirent à s’intéresser à l’époque mérovingienne.
Il se fit connaître de bonne heure par de curieux travaux sur la numismatique et la géographie de la France sous les successeurs de Clovis. En même temps, il collaborait à plusieurs revues scientifiques et archéologiques. Amateur persévérant autant qu’érudit, il parvint à réunir de merveilleuses collections de médailles qui furent très admirées à l’Exposition Universelle de 1867 et dont une, celle des médailles mérovingiennes, était d’une telle richesse qu’on n’aurait pas pu en former une semblable en puisant dans tous les cabinets publics et privés du monde entier. On aurait pu en dire autant de la série de monnaies romaines en or. En 1889, un an après sa mort, les chambres votèrent un crédit de 180000 F pour le rachat de ses collections par l’état français.
Comme écrivain, il a conservé les traditions littéraires du grand siècle . Son style, toujours correct, élevé, pur de toute négligence, a surtout remarqué été dans Notice nécrologique du Duc de Blacas qu’il a publié en 1866. Parmi les autres travaux qu’il a publiés, on peut citer aussi : Essai sur la numismatique mérovingienne comparée à la Géographie de Grégoire de Tours, lettre à M.Alfred Jacos (1864). Excursion archéologique dans Seine et Marne (1865), Excursion numismatique dans la Bourgogne du VII° siècle (1866), Recherches sur les monnaies mérovingiennes de Touraine(1872), Monnaies mérovingiennes du Gévaudan (1883), etc. Son Essai sur les monnaies mérovingiennes du Maine a été couronné par l’institut en 1884.
La Navigation aérienne
Gustave de Ponton d’Amécourt s’est beaucoup occupé de recherches scientifiques. Il a remis à l’ordre du jour la question de la navigation aérienne, et a grandement contribué à le faire entrer dans le domaine de la science, en démontrant la possibilité du vol artificiel par la construction des hélicoptères , nom qu’il donna en 1861 à un appareil en acier mu par un mouvement d’horlogerie et se soutenant dans l’espace sans le secours d’un gaz plus léger que l’air, grâce à deux hélices sustentatrices.
Avec l’aide de Nadar, Jules Verne, Victor Hugo…
Nadar avait été fasciné par les ballons depuis sa tendre enfance et gardait pour magique l’idée de s’élever dans les airs. En 1857 il avait réalisé sa première ascension, avec le projet de prendre des photographies aériennes. Il lui apparût bientôt que ces ballons, si merveilleux que fût leur vol silencieux, étaient impossibles à diriger. Ayant observé le vol des oiseaux, des cerfs-volants et son exemple favori, un ouvrier qui imbibe d’eau son éponge avant de la lancer à son collègue sur un échafaudage, Nadar en vint à la conclusion que la navigation aérienne contrôlée exigeait de l’objet volant qu’il fût plus lourd que l’air.
C’est donc tout naturellement qu’il s’est fait l’ardent propagateur de l’invention de Gustave avec Messieurs Babinet, de La Landelle. Ce quatuor devenu les champions du plus lourd que l’air eurent de nombreux imitateurs de leur hélicoptère . Jules Vernes évoquera leurs travaux par la bouche de son héros Robur le Conquérant qui outre le « Je ferai mieux que Ponton d’Amécourt », reprend dans ses démonstrations, toute la théorie de Gustave exposée dans La Conquête de l’air par l’hélice.
De l’hélicoptère à la chaudière…
Gustave inventa et monta plusieurs hélicoptères à ressort de montre qui furent très en vogue à l’époque et qui montaient à 2 et 3 mètres. Il y eut aussi le modèle en Aluminium (matière toute nouvelle à l’époque, dont il constitue la toute première application aéronautique) dont la hauteur totale atteint 63 cm et le poids est de 2 kilos. Ce dernier est exposé au musée de l’Air du Bourget
En cherchant un moteur léger, Gustave a aussi découvert les chaudières à petits tubes, au moyen desquelles il peut faire bouillir et entretenir à haute pression cent litres d’eau avec un kilogramme de houille. Ce générateur de vapeur sera perfectionné par M. Temple et mis en application vingt ans plus tard par Léon Serpollet. A ce propos, on a cité de lui quelques mots qui montrent l’efficacité de son système et la foi qui l’animait : « Si tous les fils télégraphiques du monde étaient de petits tubes, j’en ferais une pelote, je la jetterais dans le Vésuve et je ferais bouillir la Méditerranée. ».
A tous les septiques de la terre…
Un jour, quelques sceptiques posèrent la question suivante à Gustave : « Et quand bien même vous réussirez à faire un hélicoptère, à quoi vous servira-t-il ? »
Il répondit : « A quoi sert d’imprimer ? nous avons les mains pour écrire… A quoi sert la vapeur ? Nous avons des forces motrices… A quoi sert la locomotive ? Nous avons les diligences… A quoi sert le télégraphe électrique ? Nous avons la poste… A quoi sert de forger le métal ? Nous avons les outils en silex… Songeons que la perfection est notre but, que le progrès est notre loi et que nous devons le bien-être aux générations futures. Nous passons, mais que notre passage soit signalé par un progrès ; que sur les sentiers que nous avons frayés, la postérité puisse écrire ces mots : « Pertransierunt benefaciendo ».
Bibliographie
Sur Gustave de Ponton d’Amécourt
La grande Encyclopédie
Le Panthéon de La Légion d’honneur (1875-1911) – T de Lamathière
La Biographie Nationale des contemporains (1878) – E.Glaser
Le Dictionnaire de la Mayenne (1900-1903)A.Angot
Gustave de Ponton d’Amécourt, un précurseur oublié – Michèle Bardon
L’histoire de l’hélicoptère racontée par ses pionniers – Jean Boulet
Dictionnaire Etymologique de la Langue Française – Larousse
Le livre Mondial des Inventions – Valérie-Anne Giscard d’Estaing
Pèlerin Magazine n°5896 du 1° décembre 1995 – Nadar Le photographe des célébrités – Jacqueline Monsigny
Le Monde Illustré du 11 Mars 1865
« Nadar »-Collection Connaissance des Arts
Mémoire de Géant – Nadar (1864)
Le Droit au Vol – Nadar (1866)
Lecture du soir – « Aviation ou Navigation Aérienne » par G de La Landelle (186..)
Portraits de ses Contemporains par Nadar –André Barret
De Gustave de Ponton d’Amécourt
Brevet déposé à Londres (1861);
La Conquête de l’air par l’hélice, exposé d’un nouveau système d’aviation (1863);
Lettre à M. Anatole Barthelemy sur les monnaies mérovingiennes du Palais et de l’Ecole (1862);
Essai sur la numismatique mérovingienne comparée à la Géographie de Grégoire de Tours, Lettre à M.Alfred Jacos (1864).
Excursion archéologique dans Seine et Marne (1865),
Excursion numismatique dans la Bourgogne du VII° siècle (1866),
Recherches sur les monnaies mérovingiennes de Touraine (1872),
Monnaies mérovingiennes du Gévaudan (1883),
Les monnaies mérovingiennes du Cenomanicum
Gustave de Ponton d’Amécourt fut aussi maire de Trilport(77) de 1869 à 1877. Il est d’ailleurs à l’origine de l’abolition du péage entre sa commune et Meaux.
Le souvenir est comme un jardin : il s’entretient, se cultive et se raconte. Merci à tous les « jardiniers du souvenir » de Trilport, à Jean-Michel Morer, son Maire, à Michèle Bardon, historienne, d’entretenir ainsi le souvenir de Trilport dont Antoine, Gustave et Henry d’Amécourt font partie. Grâce à eux, en visitant leur jardin, j’ai fait connaissance avec mes racines. Leur jardin des souvenirs, je l’ai fait mien. Yves d’Amécourt.
Ce que j’ai lu et appris sur Gustave de Ponton d’Amecourt est d’une grande qualité culturelle et j’aime les inventeurs Le texte que je viens de découvrir est surprenant sur les monnaies mérovingiennes et l’aviation entr’autres les principes de sustentation de l’hélicoptère
Bravo encore pour toutes ces précisions. Michel LEONARD
Merci Michel. Venant d’un inventeur, cela me touche.