Sauver notre régime par répartition, et trouver l’équilibre entre nos recettes et nos dépenses, dans tous nos budgets

Il me semble que tout le monde est d’accord pour sauver notre régime de retraite dit « par répartition ». « Par répartition », cela signifie que ceux qui travaillent cotisent pour ceux qui sont à la retraite.

Or, on commence à travailler de plus en plus tard, les études sont de plus en plus longues, et notre espérance de vie augmente chaque année de 4 mois. L’allongement de la durée de la vie, en Europe, est un progrès, il nous faut trouver comment financer ce progrès. Lorsque la « retraite par répartition » a été mise en place après la seconde guerre mondiale, l’espérance de vie pour un homme était inférieure à l’âge légal de départ à la retraite… Alors au lieu de nous lamenter, réjouissons nous !

Aujourd’hui, faire manifester nos jeunes dans la rue contre la réforme des retraites, dire à nos jeunes que cette réforme est injuste, c’est constituer un piège qui se refermera sur eux !

Trouver l’équilibre entre nos recettes et nos dépenses, dans tous nos budgets, dans tous les étages de la nation, est une exigence républicaine, un respect pour les générations futures ! Il faudra le faire sans augmenter les impôts de chacun. Même si chacun est d’accord pour augmenter les impôts des autres… Sans se rendre compte que « chacun » c’est aussi « les autres » !

Il me semble que tout le monde est d’accord pour sauver notre régime de retraite dit « par répartition ». « Par répartition », cela signifie que ceux qui travaillent cotisent pour ceux qui sont à la retraite.

Dans ces conditions, je suis très étonné de lire ici où là que le retraites doivent être financées par l’impôt ! Admettre que le régime soit déséquilibré et qu’il y ait un déficit global entre les recettes et les dépenses, c’est choisir de financer notre régime des retraites par l’impôt, et non plus par la « répartition ». Ceux qui disent d’un coté, sauvons notre régime par répartition, et de l’autre, finançons le régime par l’impôt se contredisent.

Le logique générale est bien de trouver un équilibre « recettes-dépenses », entre les actifs et les retraités.

Sur la base de cet équilibre général, l’impôt peut permettre de prendre en charge un certain nombre de pensions au nom de l’action sociale et de la politique de natalité : c’est le cas pour les mères de famille dont un certain nombre de trimestre de cotisations seront pris en charge par l’État, c’est le cas aussi pour les travailleurs dont la santé a été fragilisée par les conditions de travail difficile.

Mais compte tenu du nombre de salariés, du nombre de retraités, aucun impôt ne pourrait suppléer aux sommes mises en jeu. L’impôt ne peut intervenir qu’à la marge, en complément.

Un autre système est proposé, c’est le retraite par capitalisation. C’est à dire que chacun cotiserait pour lui-même, et se constitue son propre petit matelas, pour sa retraite. Pour ma part j’y vois deux inconvénients majeurs :

– le premier inconvénient, est que la solidarité n’existe plus entre les générations, on est dans le « chacun pour soi »

– le second est que les générations, qui depuis 10 ans, 20 ans, 30 ans, cotisent pour les retraités d’aujourd’hui, devrait désormais cotisé pour leur propre retraite !!! Cela reviendrait à les faire payer deux fois !

Dans ce contexte, la CFDT propose la « retraite par point », le sénat a adopté un amendement dans ce sens, visant à explorer cette piste. La CFDT propose aussi la fusion à terme des régimes de retraites : artisans, commerçants agriculteurs, salariés du public, salariés du privé, … nous en avons plus de 30, me semble-t-il. Ces deux idées méritent d’être creusées afin que la solidarité joue au maximum. On peut même imaginer une fusion de « l’assurance chômage » et du « régime des retraites » car, en fait, il s’agit toujours d’exercer une solidarité entre ceux qui sont actifs et ceux qui ne le sont pas, que ce soit à cause d’un accident de la vie ou bien à l’issue d’une vie sans accident.

Récemment, deux députés socialistes (Manuel Valls et Jean-Marie Leguen) et un député UMP (Jean-François Coppé) ont remis en débat la question de la TVA Sociale, sans doute une autre façon de financer notre protection sociale…

Le débat doit continuer en Europe. Car notre espérance de vie s’allonge, et notre taux de fécondité , si haut soit-il, ne suffira pas à redonner un équilibre à notre « pyramide » des âges qui n’a plus, depuis longtemps, la forme d’une pyramide.

L’allongement de la durée de la vie, en Europe, est un progrès, il nous faut trouver comment financer ce progrès. Lorsque la « retraite par répartition » a été mise en place après la seconde guerre mondiale, l’espérance de vie pour un homme était inférieure à l’âge légal de départ à la retraite… Alors au lieu de nous lamenter, réjouissons nous !

Comment faire évoluer ce régime sans changer l’âge légal de départ à la retraite ?

C’était la volonté de la réforme Fillon de 2003. Mais force est de constater, quelques années plus tard, rattrapés par la crise, que ce n’est pas suffisant. Pensez vous réellement que si le gouvernement avait la solution pour trouver l’équilibre de nos régimes de retraites sans toucher à l’âge légal de départ à la retraite il se serait lancé dans cette réforme ? Tout cela à quelques mois des élections Présidentielles ?

La vérité, c’est que la Réforme Fillon a été conçue avec le maximum de concertation (ce n’est pas moi qui le dit, c’est François Chérèque), et qu’en 2003, tout avait été mis sur la table. Quelques années plus tard, avec le travail du C.O.R (Conseil d’Orientation des Retraites, créé par Lionel Jospin) les données sont connues, les chiffres aussi, …

La nouvelle réforme est inéluctable, car le déficit du régime des retraites pèse décidément, énormément, sur les comptes de la nation.

Alors, dire à nos jeunes aujourd’hui que cette réforme est injuste, est particulièrement égoïste !

Depuis 1976, la France a commencé à faire des déficits, chaque année. Depuis cette date, la France vit à crédit. Les choses se sont aggravés entre 1981 et 1988 (cf le rapport de M.Pébereau de 2005 sur les déficits) avec notamment les nationalisations/dénationalisations qui ont couté très cher à la France et la retraite à 60 ans, jamais financée (soit dit en passant, le passage de cette réforme fut un modèle de concertation… puisqu’on légiféra par ordonnance !).

Aujourd’hui, faire manifester nos jeunes dans la rue contre la réforme des retraites, dire à nos jeunes que cette réforme est injuste, c’est constituer un piège qui se refermera sur eux ! Et comme ils vivront 100 ans…

Trouver l’équilibre entre nos recettes et nos dépenses, dans tous nos budgets, dans tous les étages de l’Etat, est une exigence républicaine, un respect élémentaire pour les générations futures ! Il faudra le faire sans augmenter les impôts de chacun. Même si chacun est d’accord pour augmenter les impôts des autres… Sans se rendre compte que « chacun » c’est aussi « les autres » !

A lire aussi sur ce blog :

Réforme des retraites : trouver l’équilibre est un mal nécessaire.

4 commentaires sur “Sauver notre régime par répartition, et trouver l’équilibre entre nos recettes et nos dépenses, dans tous nos budgets”

  1. C’est hélàs le mot répartition qui fait problème. N’en retenir que votre définition obsolète et encore très largement admise c’est faire preuve d’un conservatisme et d’un immobilisme particulièrement désuet.
    La profonde modification du monde du travail, en particulier depuis les années 70 et l’essor incomprable de la robotisation doit aujourd’hui être prise en compte dans le financement de la retratite.
    Ne vous en déplaise, les robots et l’informatisation sont les premières causes de l’allongement de la durée de la retraite par afffaiblissement de la pénibilité du travail. Ils doivent donc aujourd’hui être mis à contribution pour financer ce mal que vous dénoncez à longueur de journée : l’allongement de la durée de vie.
    La répartition doit donc concerner le partage du revenu national brut et donc allouer au financement des retraites une part plus grande des excédents buts d’exploitation gonflés des profits de l’automatisation des processus de production.
    Mais cela peu de vos semblables sont prêts à l’admettre. Pourquoi ? A chacun sa réponse…

  2. L’allongement de la durée de vie est l’une des conséquences heureuse de la retraite à 60 ans. Si vous obligez les gens à travailler dans des âges où ils commensent à être en mauvaise santé (63ans en moyenne, 59 pour les ouvriers) , vous réduisez leur espérance de vie. Cette réforme veut faire des économies en pariant sur la réduction de l’espérance de vie. On retrouve là les tables de calcul des compagnies d’assurances.

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