La crise viticole s’est installée durablement dans l’économie le Bordelais. Au point d’envisager l’arrachage de vignes. La viticulture fait vivre au-delà du vignoble girondin de nombreux métiers. Quelles perspectives pour l’avenir, quelles adaptations sont possibles ? Notre magazine Dimanche en politique y répond.
C’est une crise qui n’en finit plus. « Les chais sont pleins, c’est pour ça qu’on est là, c’est pour ça que le prix baisse » dit cette productrice, Danièle Moncla de Capian, lors de la manifestation à Bordeaux en janvier dernier.
Miné par une crise profonde liée notamment à une surproduction due à la fermeture du marché chinois, le vignoble bordelais est en pleine tempête. La crise Covid semble avoir pesé lourdement sur le marché, car les restaurants n’ont pas vendu de bouteilles, ni en France, ni à l’étranger.
Un tiers des viticulteurs,1320 sur 4000 recensés, connaît de graves difficultés financières. A qui la faute ?
Détresse humaine
Invité de l’émission, Didier Cousiney, représentant des viticulteurs de Gironde, exprime sa colère et appelle à l’aide.
« La détresse humaine, elle existe depuis longtemps, la crise, elle est là depuis 15 ou 20 ans. Aujourd’hui, on n’a jamais vu ça. Il y a des drames qui sont en train de se concrétiser ».
Didier Cousiney
Les négociants de la place de Bordeaux du jour au lendemain laissent tomber les viticulteurs. Imaginez-vous les salariés, le mois prochain, vous ne serez plus payés. Didier Cousiney, porte-parole des vignerons de Gironde
Le monde viticole attend un remède de cheval et cherche d’autres débouchés.
Les solutions
La distillerie peut être une piste à très court terme, mais au-delà, le risque de surproduction demeure au sein du vignoble.
D’autant plus qu’aujourd’hui, on consomme beaucoup moins d’alcool et de vin en France et surtout différemment.
Jacques Bouey, négociant invité sur le plateau, porte un regard sévère sur les dernières années et sur les produits proposés. « Le monde entier adore le blanc, Le monde entier adore le rosé, Le monde entier adore les bulles. Les jeunes veulent des vins qui ont relativement peu d’alcool et on a manqué toutes ces étapes. »
Il y a X révolutions dans le monde du vin depuis 20 ans, on les a manquées les unes après les autres.
Jacques Bouey – PDG de la maison de négoces Bouey
Faut-il aller chercher les jeunes consommateurs sur les réseaux sociaux pour mieux se faire connaître et faire découvrir les différents métiers ? C’est le cas dans le Médoc, au Clos d’Estournel. Le premier épisode d’un podcast a été un succès avec onze mille vues. Le deuxième, qui met en scène une jeune femme, est prévu en juillet.
Des vignobles se relancent comme celui de Bergerac, ou encore le vignoble de Corrèze. Le cognac aussi a su rebondir en prenant le virage américain, après la crise historique de 1998 et la chute du marché japonais et la
Plus festif, moins traditionnel, l’or blanc et rouge a-t-il encore un avenir à plus long terme ? Le réchauffement climatique inquiète dans les vignes. En 2050, diverses études scientifiques font craindre le pire : une exploitation sur deux au sud d’une ligne Bordeaux-Lyon sera menacée. La chambre d’agriculture de la Gironde propose déjà aux viticulteurs de diversifier leurs activités. En cultivant par exemple l’Olivier, comme dans le sud-est.
Les invités
Au cœur du château Bellevue à Sauveterre-de-Guyenne, France 3 Nouvelle-Aquitaine ouvre le débat avec ses invités :
- Didier Cousiney, porte-parole des viticulteurs de Gironde
- Allan Sichel, président du CiVB ( comité interprofessionnel des vins de Bordeaux)
- Jacques Bouey, PDG de la maison de négoces Bouey
- Alexia Eymar, viticultrice
- Bastien Mercier, viticulteur
- Yves d’Amécourt, propriétaire du Château Bellevue