Yves de DARUVAR, Compagnon de la Libération, est décédé le lundi 28 mai 2018 à Clamart (92)

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Monsieur Yves de DARUVAR, Compagnon de la Libération, est décédé le lundi 28 mai 2018 à Clamart (92). La cérémonie religieuse sera célébrée le lundi 4 juin à 11h00 en la cathédrale Saint-Louis des Invalides (Paris 7ème). Les honneurs funèbres militaires lui seront rendus à l’issue de la cérémonie. Le nombre de Compagnons vivants à ce jour est de 5.

L’Ordre de la Libération a pour mission, en particulier quand les derniers témoins auront disparu, de participer au nécessaire esprit de défense devant animer chaque citoyen, en faisant en sorte que le parcours de l’engagement des Compagnons soit une source d’inspiration pour la jeunesse de France.

Issu d’une vieille famille de la noblesse hongroise, Yves de Daruvar est né le 31 mars 1921 à Istanbul en Turquie où son père, ancien officier de l’armée austro-hongroise, s’était installé. Sa mère, de nationalité iranienne, est d’origine autrichienne et française.

Après le divorce de ses parents à la fin des années vingt, Yves de Daruvar émigre en France avec sa sœur et sa mère qui devient secrétaire à l’Ambassade d’Iran à Paris. Il suit des études secondaires comme interne au lycée Janson de Sailly puis au lycée Louis-le-Grand. C’est alors qu’il francise son nom (Daruvari) et troque son prénom hongrois (Imre) pour le prénom français Yves.

Il prépare le concours de l’Ecole coloniale lorsque la guerre éclate en septembre 1939. Bien que n’étant pas de nationalité française, il obtient de passer le concours de l’Ecole nationale de la France d’Outre-Mer (où il sera reçu en octobre 1940) et tente de s’engager auprès de la gendarmerie de son domicile en juin 1940. En vain.

S’étant vu conseiller par les gendarmes de descendre sur Bordeaux où le gouvernement s’est replié, il s’y rend à vélo, quittant la capitale le 12 juin 1940. Arrivé à Bordeaux le 15 juin, il part pour le Sud-ouest pensant gagner le Maroc pour s’y engager.

Refusant la défaite, Yves de Daruvar parvient à embarquer clandestinement à Saint-Jean-de-Luz, le 21 juin 1940, sur le Batory, bateau rapatriant des troupes polonaises en Angleterre. Arrivé à Plymouth le 23 juin, il peut débarquer le 25 et se rend à Londres où, à l’Olympia Hall, il s’engage dans les Forces françaises libres le 1er juillet 1940.

Affecté au Bataillon de chasseurs de Camberley, il entre, le 10 décembre 1940, au peloton d’élèves officiers de Camberley. Promu aspirant, il quitte l’Angleterre et débarque à Pointe-Noire au Congo en juin 1941.

Affecté à Largeau, au Tchad, à la 1ère compagnie de découverte et de combat (2e peloton) du Régiment de tirailleurs sénégalais du Tchad (RTST), il participe avec elle à la première campagne du Fezzan (février-mars 1942) sous les ordres du général Leclerc.

Yves de Daruvar se distingue lors de la 2e campagne du Fezzan, avec le Groupe nomade du Tibesti, en s’acquittant à la perfection des missions qui lui sont confiées durant l’investissement de la position fortifiée de Gatroun.

Il prend part aux campagnes de Tripolitaine et de Tunisie en 1943, où il conduit une patrouille de nuit à grande distance vers l’Oued El Hallouf et en rapporte des renseignements très intéressants. Il est blessé deux fois par des éclats d’obus au Djebel Garci : à la tête le 21 avril 1943, et très grièvement à la face et aux jambes quatre jours plus tard.

Hospitalisé en Egypte à Héliopolis, il interrompt son traitement chirurgical pour être présent dans les opérations en Europe ; il rejoint le Régiment de marche du Tchad (RMT) récemment formé, à Temara au Maroc le 8 avril 1944 et part pour l’Angleterre avec l’ensemble de la 2e Division blindée du général Leclerc comme officier d’ordonnance du colonel Dio.

Le lieutenant de Daruvar débarque en Normandie début août 1944 avec l’état-major de la Division. Demandant à reprendre une activité combattante, il est placé à la tête d’une section et combat en Normandie. Après la libération de Paris, à la tête de la 1ère section de la 10e compagnie du RMT, il s’illustre magnifiquement par son audace et son calme à Andelot où, malgré de fortes résistances ennemies, il entraîne ses hommes et traverse la ville d’un élan irrésistible, faisant de nombreux prisonniers.

Grièvement blessé aux jambes le 17 septembre 1944 à Châtel-sur-Moselle, il ne peut achever la campagne.

Naturalisé français en novembre 1944, le lieutenant Yves de Daruvar peut alors reprendre ses études à l’Ecole coloniale d’où il sort major. Démobilisé en février 1946, il obtient une bourse pour étudier aux Etats-Unis pendant six mois.

Ensuite, de 1947 à 1950, il est chef de circonscription administrative à Madagascar puis, sous les ordres du gouverneur Pierre Messmer, successivement en Mauritanie (1952-1954), en Côte d’Ivoire (1955-1956) et au Cameroun (1957-1958).

Yves de Daruvar est ensuite directeur par intérim de l’Office du Tourisme de l’AOF à Dakar (1958-1959) puis secrétaire général de la Côte française des Somalies (1959-1962).

Haut-commissaire de la République aux Comores (juillet 1962 – janvier 1963), il termine sa carrière au Commissariat à l’énergie atomique (1963-1981).

Membre du conseil de l’ordre de la Libération par décret du 5 janvier 2007, Yves de Daruvar est décédé le 28 mai 2018 à Clamart dans les Hauts-de-Seine.

  • Grand Croix de la Légion d’Honneur
  • Compagnon de la Libération – décret du 17 novembre 1945
  • Croix de Guerre 39/45 (4 citations)
  • Croix de Guerre des TOE (1 citation)
  • Médaille Coloniale avec agrafes « AFL », « Koufra », « Fezzan 1942 », « Fezzan-Tripolitaine », « Tunisie 42-43 », « Madagascar »
  • Médaille des Blessés
  • Croix du Combattant 39/45
  • Croix du Combattant Volontaire 39/45
  • Croix du Combattant Volontaire de la Résistance
  • Médaille des Services Volontaires dans la France Libre
  • Médaille Commémorative 39-45 avec agrafes « Afrique, « Libération »
  • Commandeur de l’Etoile d’Anjouan (Comores)

Publications :

  • De Londres à la Tunisie, carnet de route de la France Libre, éd. Charles Lavauzelle et Cie, Paris, 1945.
  • Le destin dramatique de la Hongrie : Trianon ou la Hongrie écartelée…, éd. Albatros, Paris, 1971.

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