Les élèves du Collège Robert Barrière évoquent les noms des enfants de Sauveterre-de-Guyenne mort pour la France en 1915, il y a 100 ans.
Le nom de Jean Serizier figure sur le monument aux morts de Sauveterre. Jean Serizier était un enfant du village. Il était né à Sauveterre le 12 avril 1894. Sa mère, Marthe Jeanne Héraud avait 25 ans et était sans profession. Son père, Jean Toussaint Serizier avait alors 30 ans et était propriétaire. Jean Serizier n’a pas eu le temps de lui succéder. Sergent au 151ème régiment d’infanterie, il est mort pour la France au Bois de la Grurie, dans la Marne, le 10 février 1915. Il avait seulement 21 ans.
Le nom de Jean Musset accompagne celui de Jean Serizier sur ce monument aux morts. Lui aussi était natif de la région puisqu’il était né à Sainte Terre en mai 1876. Mais c’est à Sauveterre qu’il est venu s’établir comme boucher. A 24 ans, il s’y est uni à Marie Victorine Dumas, 21 ans à l’époque, sans profession. Ensemble, ils ont eu un fils Alfred, né rue Saubotte en 1901. Alfred est devenu orphelin à 14 ans. Son père affecté au 71ème régiment d’infanterie coloniale ayant perdu la vie le 29 septembre 1915 en Champagne. Il avait alors 39 ans.
Marcel Bourdier est le 1er nom qui figure sur le monument aux morts de Puch. Il était né à proximité, à St Sulpice de Pommiers en mars 1886. Mais il s’était établi à Puch où il exerçait le métier de cultivateur et bosseleur et surtout où il s’était marié. En effet, à 24 ans, il avait épousé la jeune Marie Léocadie Teulet, âgée de 18 ans.
Marcel Bourdier est devenu soldat de 2ème classe dans le 56ème régiment d’infanterie coloniale. Les combats l’ont envoyé bien loin de sa terre natale, dans l’Empire Ottoman, l’actuelle Turquie. C’est là, lors de la bataille pour le contrôle du détroit des Dardanelles qu’il a été grièvement blessé. Il est mort des suites de ses blessures dans un hôpital de campagne de la 1ère division dans la presqu’île de Gallipoli. Il avait seulement 29 ans et fut récompensé de la médaille de la Victoire et de la croix de guerre. Souvenons-nous de lui.
« Ma chère petite femme, je t’écris ces deux mots pour te dire que je suis en bonne santé. On vient de me demander si je voulais partir en permission. Sans doute, ce sera sous peu et il me tarde depuis qu’on parle de ces permissions. (…) Nous passons le 1er de l’an dans les tranchées. Nous redescendrons samedi au soir. (…) J’ai reçu un poulet de ta sœur. Je le garde pour le 1er , espérant que l’année prochaine, nous ne passerons pas le jour de l’an dans les tranchées de Verneuil. Rien de plus à te dire pour le moment. Reçois 1000 baisers pour toute la famille. Ton mari dévoué pour la vie. A bientôt. »
Ces phrases sont extraites de la dernière lettre qu’ait écrite Jean Rabaste à son épouse Jeanne. Il n’a pas pu manger le poulet reçu de sa belle-sœur, il n’a pas connu la permission promise qu’il évoquait. Il est mort le jour où il a tracé ces lignes, le 31 décembre 1915 vers 16 h. C’était un soldat du 57ème régiment d’infanterie, 10ème compagnie, aux cheveux châtains clairs et aux yeux verts. Il était clairon et on peut penser qu’il a sonné la charge lors de sa dernière attaque.
Mais pour sa famille, c’était surtout un époux et un jeune père. Né à Brives en Corrèze, il avait quitté sa région natale pour se marier en 1910 à St Léger, à 23 ans avec Léonie Blanchin d’un an sa cadette, native du village. Il était cultivateur. Le jeune couple est resté quelques années sans enfants. Est-ce la guerre qui a tout précipité ? Leur fille Jeanne est née le 7 avril 1915. Jean est mort 8 mois plus tard à l’âge de 28 ans. A-t-il seulement vu sa fille ?
Pourtant Jeanne, sa fille, et ensuite les enfants de Jeanne devenue par son mariage Mme Latorre ne l’ont pas oublié. Monsieur Latorre, son petit-fils, garde son livret militaire, son clairon, une sorte de portefeuille rempli de lettres qu’il avait reçues au front. Et surtout, Guy Latorre a pu connaître son grand père par les récits que lui en a faits le 2ème époux de sa grand-mère. Car c’était un camarade de tranchées de Jean Rabaste, c’est même lui qui lui a fermé les yeux lorsqu’il est mort au champ d’honneur à Verneuil. Il y a été rapidement enterré dans un premier temps avant que l’armée ne transfère son corps au cimetière national de Soissons en 1924. Et nous sommes heureux aujourd’hui de rappeler sa mémoire et le souvenir de tous ces hommes morts pour la France.
Mesdames, Messieurs, Chers amis,
Nous voici réunis une fois de plus, comme chaque 11 novembre pour honorer la mémoire de ceux qui sont morts pour la France, pendant la première guerre mondiale.
Je remercie toutes celles et tous ceux qui ont participé à l’organisation de ces cérémonies.
- La SA SODISO et l’ESAT de PUCH qui ont offert les chrysanthèmes qui fleurissent nos 4 monuments.
- Les collégiens et leur professeur d’histoire, Nathalie Raffin, qui ont fait des recherches dans les archives pour nous faire mieux connaître les enfants de Sauveterre morts pour la France en 1915. Ces recherches se poursuivront chaque année du centenaire jusqu’en 2018. Je salue Monsieur le Principal et Monsieur le Principal adjoint qui sont présents ce soir ;
- Les services de la ville et la commission « commémorations » qui ont pris soin de nos monuments et ont préparé cette journée. Avec un remerciement particulier à Pierre Tomada et Tristan de la Rivière.
- Les enfants des écoles, leurs professeurs, qui participent à ces commémorations. Merci à Monsieur Simi, Directeur de l’Ecole Elémentaire et à Madame Hatron la Directrice de l’Ecole maternelle d’être présents ce soir.
- Vous tous qui êtes là ce soir, jeunes et moins jeunes, représentants des autorités civiles et militaires, Présidents d’Associations, habitants, pour signifier que le 11 novembre n’est pas un jour « férié » comme les autres… Merci aux pompiers et au capitaine Lassoureille, merci aux JSP, Merci aux gendarmes et à l’adjudant-chef Bovy, de leur présence ;
Le 11 novembre 1918 c’est la date de la signature à 6 heures du matin de l’armistice du 11 Novembre 1918, en forêt de Compiègne, qui marqua la fin de la 1ère Guerre Mondiale. Le cessez-le-feu prenait effet à 11 heures. Dans toute la France, les cloches des églises sonnaient à la volée : la guerre était finie. Tous les combattants voulaient croire que cette guerre était la « der des der ».
Le 11 novembre, c’est aussi un hommage rendu au « Soldat inconnu ». C’est le 11 novembre 1920 que la dépouille mortelle d’un combattant de Verdun a été inhumée sous l’Arc de Triomphe. De nombreuses familles endeuillées, mais n’ayant jamais pu procéder à la sépulture de leur défunt …purent alors imaginer que le soldat inconnu était leur frère, leur fils, leur père …
Trois ans plus tard, le 11 novembre 1923, la flamme, qui ne doit jamais s’éteindre, était allumée pour la première fois sur sa tombe. Le tombeau du Soldat inconnu est ainsi devenu le tombeau des familles sans tombeau. La sépulture des soldats sans sépulture… l’un des symboles du sacrifice ultime, du don de soi pour défendre la patrie, symbole du civisme officiel et de notre république.
Le 11 novembre est désormais la date du souvenir de tous les enfants de la patrie mort pour la France dans le monde, comme récemment au Mali.
Souvenons-nous avec respect de tous ceux qui ont donné leur sang en 1915 un peu partout dans le monde. Que ce souvenir nous aide aujourd’hui à faire que la PAIX arrivent enfin, 1 siècle plus tard, par respect pour eux tous.
Ceux de la Bataille de l’Aisne, ceux de la Bataille d’Albert, ceux du Siège d’Anvers, ceux de la Bataille des Ardennes, ceux de la Bataille d’Arras, ceux de la Bataille de Champagne, ceux de la Bataille de Dinant, ceux de la Bataille de Dornach, ceux de la Bataille de Heligoland, ceux de la Bataille de Łódź, ceux de la Bataille de l’Ourcq, ceux de la Bataille de la Marne, ceux du siège de Maubeuge, ceux de la Bataille de Messines, ceux de la Bataille de Morhange, ceux de la Bataille de Mulhouse, ceux du Siège de Namur, ceux de la Bataille d’Odessa, ceux de la Bataille de Senlis, ceux de la Bataille de Tannenberg…
Souvenons-nous plus particulièrement des enfants de Sauveterre mort en 1915 que les collégiens ont rappelé à notre mémoire tout à l’heure.
Et puis nous fêtons en 2015 les cents ans de la « CROIX DE GUERRE » la décoration créée en Avril 1915 alors que les combats faisaient rage et que les hommes tombaient les uns après les autres. Or, à cette époque, il n’existait que deux distinctions militaires, la Légion d’honneur pour les officiers et la médaille militaire pour les actes de bravoure. Autrement dit, pas grand-chose pour ces hommes qui mouraient chaque jour en nombre.
L’idée d’une distinction s’adressant aux soldats fut lancée par le Général Boëlle. Il parvint à convaincre un parlementaire, Maurice Barres. Le projet de loi fut adopté le 2 avril 1915. La loi fut promulguée le 8 avril 1915.
Elle fut décernée à de très nombreuses reprises depuis.
Cette « sale » guerre a un siècle. Les témoins oculaires, les poilus, se sont éteints un à un. A nous qui sommes plus jeunes, il nous reste le souvenir et les récits de ceux qui ont vécu l’horreur des combats. Il nous reste le nom de nos aïeux inscrits dans le marbre des monuments de nos villages et de nos églises.
Chers amis, aujourd’hui, plus que jamais, il nous faut rester vigilant et continuer de défendre les fondements de notre république : la liberté, l’égalité, la fraternité !
La voix de la France peut être la voix d’une paix durable dans le monde.
Mais pour bâtir cette paix, lorsque le dialogue entre les nations a disparu, lorsque le fanatisme a conquit le cœur de l’homme et remplacé sa raison, il n’est plus qu’un recours : la guerre.
Sachons méditer ensemble cette citation du Maréchal FOCH : « Un peuple sans mémoire est un peuple sans avenir ! »
Vive l’Europe ! Vive la France !
Le général dirait ( si j’ose) le mieux est l’ennemi du bien , et je pense que sur le sujet nous en faisons un peu trop…;