8 mai 2018 « Il n’y a pas d’un côté, l’Histoire du Monde, et de l’autre, notre histoire. Les deux histoires sont liées, elles s’entremêlent. »

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« Ce n’est pas un hasard si l’Allemagne Nazie hier, comme l’Etat Islamique aujourd’hui, brulait des livres, pillait de monuments, tentait de réécrire l’histoire, de changer le calendrier des peuples, de nier parfois l’évidence… La mémoire sous toutes ses formes est le 1er opposant des dictateurs ! Mais la mémoire est fragile. »

Mesdames, Messieurs, chers amis,

Le 23 mars 2018, le terroriste Redouane Lakdim venait d’abattre deux personnes dans le Super U de Trèbes —. Il est 11 h 28 lorsque le Gendarme Arnaud Beltrame entre dans la salle des coffres du supermarché où le terroriste s’est replié. Il se substitue au dernier otage retenu, Julie, une caissière du magasin âgée de 40 ans.

Son face-à-face avec le terroriste dure près de trois heures.

Puis, peu avant 14 h 30, le gendarme livre probablement un corps à corps avec le terroriste pour tenter de le désarmer tout en criant « Assaut ! Assaut ! » pour prévenir les forces du GIGN d’intervenir.

Lakdim ouvre alors le feu à plusieurs reprises sur l’officier avant de le poignarder.

Arnaud Beltrame « avait laissé son téléphone ouvert sur la table (…) et c’est lorsqu’il a entendu les coups de feu que le GIGN est intervenu » et a abattu l’auteur de l’attaque, qui se réclamait du groupe djihadiste État islamique.

Le lieutenant-colonel Arnaud Beltrame est découvert dans un état très grave, touché par trois ou quatre balles non létales, à l’avant-bras, à la main et au pied. Des impacts de 9 mm qui laissent à penser que Radouane Lakdim a tiré avec l’arme du gendarme. Ce dernier est transporté à l’hôpital de Carcassonne où il succombe à ses blessures dans la nuit du 23 au 24 mars 2018.

Avant de vous lire les quelques mots que j’ai écris à l’occasion de cette commémoration de la capitulation de 1945, permettez-moi de vous demander d’observer une minute de silence à la mémoire d’Arnaud Beltrame, des victimes des attaques terroristes de l’Aude et de l’ensemble des victimes de la guerre contre l’Etat Islamique, en France et dans le monde.

(…)

Je vous remercie.

Nous avons commémoré aujourd’hui la capitulation du 8 mai 1945.

A Cleyrac, à Mauriac, à Puch, à Saint-Léger de Vignague, à Saint-Romain de Vignague, devant chacun de ses monuments, la sonnerie aux morts a retenti, grâce au clairon de l’UNC qui nous accompagne désormais à chacune de nos commémorations, je le remercie de sa présence parmi nous.

Devant chaque monument les drapeaux de la nation se sont inclinés grâce à la présence des porte-drapeaux des associations d’anciens combattants et des amis de la résistance. Je les remercie de leur présence parmi nous.
Devant chaque monument l’hymne national a été chanté par les personnes qui ont suivi ces commémorations que je remercie de leur présence nombreuse aujourd’hui.

Nous avons rendu hommage au soldat inconnu, celui dont la sépulture se trouve dans le cimetière de Saint Léger de Vignague. Nous avons déposé des fleurs sur sa tombe puis nous avons fredonné le chant des partisans dont les paroles magnifiques et toujours lourdes de sens furent écrites par le regretté Maurice Druon.

Nous avons fait chacun les mêmes gestes, aujourd’hui, dans toute la France.

A Notre-Dame de Sauveterre nous nous sommes recueillis et nous avons prié pour les enfants de Sauveterre morts pour la France, et je remercie de Père Gay d’accepter de célébrer une messe à leur intention.

Cette année, la messe n’a pas été servie par les deux enfants Irakiens chassés de Mossoul réfugiés au Presbytère de Sauveterre depuis plusieurs années, Saïf et Youssef. Ils habitent désormais Bordeaux avec leur famille. Leur cousine germaine Anwar, qui a quitté Sauveterre pour Stockholm où elle s’est mariée, vient de mettre au monde un petit Léo.

Nous dédions à Léo cette cérémonie de commémoration et nous faisons le vœu que l’Etat Islamique soit défait définitivement, à Mossoul, et dans les autres places qu’il détient encore.

Je vous dis tout cela, chers amis, pour que chacun comprenne qu’il n’y a pas d’un coté, l’Histoire du Monde, et de l’autre, notre histoire.

Les deux histoires sont liées, elles s’entremêlent. Cela veut dire que chacun de nous est un acteur de l’histoire comme tous ceux qui nous ont précédés l’ont été.

Les commémorations telles que nous les effectuons chaque année, les dates inscrites dans les agendas, dans les calendriers, l’entretien des lieux où nos anciens ont choisi d’élevé des monuments, des stèles, d’apposer des plaques, de graver des noms, la lecture des programmes scolaires, des livres, l’écoute des histoires que l’on se raconte en famille, sont autant de moyens de se souvenir, de comprendre, d’apprendre, de transmettre… autant de moyens de ne pas oublier.

Ce n’est pas un hasard si l’Allemagne Nazie hier, comme l’Etat Islamique aujourd’hui, brulait des livres, pillait de monuments, tentait de réécrire l’histoire, de changer le calendrier des peuples, de nier parfois l’évidence…

La mémoire sous toutes ses formes est le 1er opposant des dictateurs ! Mais la mémoire est fragile.

Chacun de nous peut donc s’opposer aux dictatures en entretenant la mémoire, les mémoires, autour de lui.
Souvenons-nous que Sauveterre était sur la ligne de démarcation qui en 1940, coupait la France en 2 : la France « libre » d’un coté, la France occupée de l’autre.

Souvenons-nous du passage à Sauveterre du gouvernement Belge en exil et du 1er Ministre Hubert Pierlot.

Souvenons-nous de 1944, ici, dans le canton de Sauveterre : près de l’abbaye de Blasimon, ou les maquisards ont été fusillés, sur la place de Blasimon où Roger Teillet a été pendu, à Mauriac, ou l’abbé Greciet a été immolé par le feu, à Saint Martin du Puy, ou des maquisards sont morts dans un combat contre les miliciens de Vichy, à Saint-Léger de Vignague, enfin, ou des résistants ont été surpris par les Allemands au moment ou ils prépareraient l’accueil d’un parachutage des alliés. La ferme de la famille Bry avait été incendiée.

Les témoins de ces atrocités disparaissent chaque année … Guy Mercadier, Simone Barbe, Marie-Louis Ducos, Madame Meyran … Nous avons eu la chance de les connaître, d’en parler avec eux, de lire leurs lettres et leurs écrits. C’est inestimable. Notre mission est de transmettre tous leurs témoignages.

Je vous raconte cela car, nous, il nous faut poursuivre leur œuvre, l’œuvre des anciens résistants, des anciens combattants, celle des amis de la résistance, des déportés, des compagnons de la Libération.

Ayons une pensée aujourd’hui pour Victor Desmet et Constant Engels, compagnons de la Libération qui nous ont quittés en 2018. Ils ne sont désormais plus que 7 dans l’ordre. L’association des familles des Compagnons de la Libération prend désormais le relais pour transmettre cette mémoire.

La flamme du souvenir, est comme la flamme olympique, elle doit se transmettre pour ne jamais s’éteindre.
Dans ce processus, les associations d’anciens combattants ont une mission particulière. Et aujourd’hui, est un jour particulier pour l’UNC puisqu’en 2018, l’Union nationale des combattants commémore le centenaire de sa fondation.

Mon Papa, ancien combattant d’Algérie, était Président de l’UNC du village d’Avoise dans la Sarthe et depuis mon plus jeune âge je l’ai vu, avec l’aide de ma mère et de « La Voix du Combattant » préparer ses discours pour les commémorations du 8 mai et du 11 novembre.

A l’époque le 8 mai n’était pas férié et les élèves de l’Ecole communale, dont j’étais, descendaient en rang, solennellement, au monument au mort, derrière l’instituteur pour assister au dépôt des gerbes et chanter la Marseillaise.

L’UNC de l’Entre-Deux-Mers, a elle été créée par le regretté Général GUICHARD et Jean-Paul FABARD. Elle est aujourd’hui fusionnée avec celle de Mauriac & Cleyrac, c’est ensemble qu’elles ont organisé cette journée de commémoration et d’anniversaire.

Bon centenaire à l’UNC de l’Entre-deux-Mers !

Merci à la FNACA de sa présence en cette fin d’après-midi, pour la gerbe qu’elle a déposé au monument au mort de Sauveterre et à son Président Daniel PALUDETTO.

A vous tous, aux soldats de la France, d’hier et d’aujourd’hui, avec une pensée particulière pour le Colonel BELTRAME, je voudrais lire cette citation d’Antoine de Saint-Exupéry dans « Terre des Hommes » (1939) :

« Le soldat n’est pas un homme de violence. Il porte les armes et risque sa vie pour des fautes qui ne sont pas les siennes. Son mérite est d’aller sans faillir au bout de sa parole tout en sachant qu’il est voué à l’oubli. »

Nous civils, faisons en sorte qu’on ne les oublie pas !

Vive l’Europe, Vive la République, Vive la France !

Yves d’Amécourt
Le 8 mai 2018

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