Rapport du Secrétaire Général – Yves d’AMECOURT
Mes chers collègues,
1- INTRODUCTION
Ainsi que nous vous l’annoncions déjà l’année dernière, les débats et les combats continuent pour la défense des AOC Bordeaux et Bordeaux Supérieur, une démarche qui s’apparente parfois aux combats de Don Quichotte. Don Quichotte pensait se battre contre des géants… Mais en s’approchant, il ne vit que des moulins à vent !
Revenons quelques temps en arrière…
-En décembre dernier, quelques temps après le vote de notre blocus des certificats d’agrément pour défendre le prix minimum de 1000 €, la FDSEA pose un mur de parpaings devant le CIVB… Et voilà le Président du négoce Allan Sichel, et le Président du CIVB au « porte- voix », annonçant devant la presse que le prix de 1000 € c’est représente un minimum pour le millésime 2005 et que, dès le mois d’avril, le CIVB présenterait un plan 2015 pour la viticulture bordelaise ! Nous sommes en juillet. Le prix de 1000 € a tenu le temps du blocus, mais depuis que cele dernierblocus s’est fissuré, nous nous retrouvons dans la même situation qu’auparavant ! Quant au plan 2015, nous l’attendons toujours !
-En avril dernier, lorsque notre syndicat a proposé d’autofinancer une distillation de crise (décision votée par notre assemblée générale),le CIVB et le Ministère de l’Agriculture les autorités nous ont dit « Cce n’est pas possible,. lLa distillation ne peut pas être abondée par la France ou le Syndicat des Bordeaux… ». Et voilà qu’il y a quelques jours le Ministre de l’Agriculture propose d’abonder la distillation et de mettre ses services au travail pour aider le Syndicat à construire sa distillation aidée.
-Depuis quelques années, notre Syndicat est impliqué au niveau national pour réformer l’agrément. Nous souhaitons que cesse l’agrément des lots moyens de produits semi-finis (cela ne fonctionne pas) pour arriver à l’agrément des exploitations d’une part, et à l’agrément des produits finis, d’autre part. Lors de son départ du CIVB, Christian Delpeuch reproche à la viticulture de ne pas avoir saisi l’opportunité de réformer l’agrément… Alors que nous le savons bien, le maillon faible de cette réforme c’est le négoce qui refuse l’agrément des produits finis ! Mais cette réforme se fera.
-Cette réforme est bien sur les rails malgré ceux qui craignent l’agrément des produits finis dans leurs chais, notamment certains négociants. Elle est d’ailleurs prévue par l’INAO pour le millésime 2008.
-Christian Delpeuch toujours, lors de cette conférence de presse, qui reproche à la viticulture d’avoir refusé la densification du vignoble, alors que notre syndicat depuis 1997 demande de passer les densités de plantation de 2000 pieds par ha, à 3300 pieds par ha… et que ce même Christian Delpeuch, alors Président du négoce, par une lettre du 27 novembre 2002 au Président René Renou, s’opposait à cette demande !
-Notre Syndicat a demandé un certain nombre d’assouplissements dans les AOC régionales tels que, par exemple, l’utilisation des copeaux de chêne… Et voilà que l’on veut nous l’interdire au nom du « respect de la tradition ». Je suis prêt à démontrer, ici, à qui le désire, que l’usage du copeau de chêne français, dès la fermentation alcoolique, est plus respectueux de la tradition que l’élevage après fermentation en barrique de chêne américain ! Ce qui ne serait pas respectueux, ce serait d’utiliser les copeaux et d’écrire sur la bouteille « élevé en barrique » ! Mais qui parle de cela ? Au lieu de communiquer ensemble, à coté de nos tonneliers (qui sont les meilleurs du monde), pour la barrique et pour les copeaux, nous laissons un microcosme vino-archaïque parler des copeaux à notre place. J’ai même vu des Présidents de Syndicats Bordelais crier « à hue et à Dia » contre les copeaux devant la caméra. Derrière elle, ils affirment que ce serait formidable de pouvoir les utiliser mais avouent ne pas pouvoir le dire… Non, décidément, il nous faut choisir. Il nous faut assumer nos choix et les expliquer aux consommateurs !
-En 2003, notre Syndicat a obtenu la constitution d’une commission d’experts pour travailler sur les critères d’obtention de la qualité. Cette commission devait notamment s’exprimer sur le sujet des densités de plantation, question qui bloque notre décret, je le rappelle, depuis 1997. Cette commission a travaillé pendant un an et a rendu ses conclusions. Elles sont favorables à notre proposition de décret : vignes à 3 mètres avec 1m50 de feuillage. Fort de ce travail, en 2004, l’INAO a nommé une nouvelle commission sur notre décret, Présidée par Christian Paly des Côtes du Rhône. Nous l’avons bien rencontré une fois, de manière informelle à l’occasion d’un Vinexpo, mais cette commission n’est toujours pas venue officiellement à Bordeaux !
-Quels exemples pourrais-je vous citer encore ? Celui d’un Président de CRINAO qui ne défend pas, à Paris, les rendements votés à Bordeaux…
-Que penser de l’interview donnée à Sud-Ouest par Pierre Castel ? Il décrit ainsi l’avenir de Bordeaux : 5000 à 6000 pieds par hectare, 45 à 50 hl de rendement pour vendre le produit au client final entre 3€50 et 4€00… Mais Monsieur Castel : cela ne fonctionne pas : ce schéma ne dégage pas de marge, ni à la propriété, ni au négoce ! On ne veut pas nous entendre, mais l’avenir de l’AOC Bordeaux c’est un décret à 3 mètres, avec une hauteur de feuillage suffisante et les assouplissements que nous avons demandés maintes et maintes fois ! Pourquoi donc ne veut-on pas écouter la voix de 6700 viticulteurs sur ce sujet ? Et qu’on arrête de rapporter le rendement à la densité de plantation. C’est un non-sens agronomique ! Le seul rapport que l’on puisse faire, c’est celui entre le rendement et la surface foliaire !
Cette année, notre équipe d’élus et de permanents, plus que jamais soudée dans l’adversité, a travaillé ardemment et combattu corps et âme. Elle a obtenu, de haute lutte, des victoires bien méritées, notamment sur les chantiers suivants :
•La réécriture des décrets : L’interdiction des replis en AOC Bordeaux Supérieur, grâce à un nouveau décret adopté au Comité National des Appellations d’Origine, sans les voix du négoce, alors que le négoce bordelais avait donné son accord sur le projet. Ce décret est actuellement à la signature du Premier Ministre. Par ailleurs, dans sa conférence de presse pour la viticulture, le Ministre, Dominique Bussereau, a dit qu’il avait décidé de supprimer les replis au négoce ! La raison en est très simple : on ne peut pas d’un coté demander que le choix de la production soit fait à la parcelle et de l’autre, accepter les vases communicants entre les différentes productions…
•L’avancée de l’expérimentation de la procédure d’Agrément dans des vignobles de blanc. Sur la réforme de l’agrément, notre Syndicat est leader au niveau national : cet agrément, mis en place en 2008, repose sur l’agrément des exploitations et celui des produits finis… et contrairement à ce que prétendait Christian Delpeuch le 30 mai lors de son point presse : ce n’est pas la viticulture qui bloquait cette réforme, c’était le négoce…Il est donc inacceptable de laisser croire que c’est la viticulture qui bloque. Ne serait-ce pas plutôt certains négociants qui redoutent le contrôle du produit fini dans leurs chais ?
•La bataille pour un prix de vente décent de nos appellations : 1000 € le tonneau. Depuis que nous bataillons ferme, nous nous sommes aperçus que tous ceux qui parlaient beaucoup du prix de 1000 €, avant l’entrée en action du blocus, ne l’ont pas beaucoup soutenu, une fois mis en place ! Parmi ces mêmes personnes, il y a des négociants, des courtiers et des viticulteurs !
•La proposition, dès le mois d’avril, d’une Distillation de Crise de 320 000 hectolitres de vins d’AOC rouge et blanc, cofinancée par nous-mêmes ! Cette proposition fut qualifiée de « courageuse » par le Président de l’Interprofession, puis par le Ministre de l’Agriculture lors de sa venue à Saint Emilion.
•La décision de confier la dégustation des vins à l’agrément, sans attendre la mise en place de la réforme, par des jurys de professionnels, rémunérés et notés.
•La refonte de Planète Bordeaux qui devient une tête de réseau oenotouristique en Gironde et qui invente le « Planet Tasting », qui est à la rencontre avec les vins ce que le « speed dating » est à la rencontre amoureuse : nul doute que cette idée là va fairefasse son chemin !
•La poursuite du suivi des conditions de production.
Mais si nous avons fait tout cela, c’est parce que notre équipe était soudée, cohérente, parce qu’elle comportait des joueurs de défense et des joueurs d’attaque et parce qu’au milieu elle disposait d’un « Zizou », notre Président, A. VIRONNEAU. Je le compare à « Zizou », parce que, dans le choix du futur Président du CIVB, certains lui reprochent d’être un peu trop vieux…
Mais notre « Zizou » à nous, à 54 ans, ne prend pas sa retraite et, dans deux ans, vous verrez, ils lui demanderont de rester parce qu’il est « encore jeune » !
Je souhaiterais lui rendre un hommage tout particulier. A son arrivée, il a annoncé au Personnel de la Maison qu’il était un « combattant ». Son équipe l’a constaté tous les jours et s’est étonnée de sa pugnacité, de son ardeur, de sa passion et, au final, de son efficacité …
Il a gagné, entourée d’une équipe soudée, maints combats au service de la collectivité et au moment où il s’apprête à devenir le pacha du navire Amiral, nous l’en remercions très sincèrement.
2- PRINCIPAUX ELEMENTS DE L’ANNEE
2.1. Administration de la Maison :
- « faire évoluer notre accueil vers davantage de professionnalisation » :
Votre Syndicat s’est doté, il y a quelques jours, d’une nouvelle installation téléphonique, équipée d’un serveur à reconnaissance de la parole. Ce matériel s’adapte aux techniques nouvelles et permet au Syndicat une meilleure efficacité et rentabilité de ses services. Ainsi, notre hôtesse d’accueil, soulagée par cette coéquipière virtuelle, s’adonne plus précisément à l’accueil des divers publics, ainsi qu’à celui de nos visiteurs et clients de Planète Bordeaux, dans le cadre de notre nouvelle mission de tête de réseau Oenotouristique. Bien entendu, notre équipe d’accueil reste la principale et première interlocutrice des adhérents de la Maison. Soyez assurés que notre hôtesse et son alter ego virtuel font excellent ménage et mettent toutes leurs qualités à votre service.
Informatique :
Une communication électronique s’est instaurée au Syndicat, notamment à destination des Délégués Cantonaux, à qui nous fournissons chaque semaine, et en primeur, de nombreuses informations. Nous encourageons vivement tous nos adhérents à utiliser les nouvelles technologies numériques, d’autant qu’au cours de la campagne 2006/2007, les résultats d’agrément devraient être disponibles en ligne sur Internet. Nos équipes travaillent sur ce sujet et réfléchissent à la mise en ligne du dossier d’agrément complet, afin que chacun puisse suivre son état d’avancement.
2.2. Capsules (F-Th Bon) :
- Le Service Capsules continue dans la voie de l’innovation technologique et marketing, pour un meilleur service aux adhérents, dans le souci d’une démarche commerciale performante. Il affiche des résultats en hausse constante (+ 7,60 % en valeur et + 7,51 % en volume).
- La journée Portes Ouvertes, toujours très attendue, réunissant les fournisseurs et les viticulteurs, s’est déroulée en avril 2006, sur le thème du « conditionnement ». Mais l’innovation de l’année est sans conteste le BIB Bordeaux qui remporte un vif succès. Les capsules personnalisées, le développement marketing et packaging, constituent les principaux objectifs de l’exercice à venir.
- Sur le marché du vin, deux secteurs sont en progression croissante : le secteur des Rosés et celui des nouveaux emballages, notamment le BIB. Sur Dans ces deux secteurs domaines, notre Syndicat doit être un facilitateur, pour permettre aux viticulteurs qui le souhaitent de travailler ces marchés !
2.3. Adhérents : « plus près du viticulteur » (B. Farges) :
- Opération « Blocus des certificats d’agrément pour l’AOC Bordeaux Rouge » :
La Commission Adhérents du Syndicat a participé activement au suivi du dispositif, décidé par l’Assemblée Générale du Syndicat et mis en place en début d’année 2006, visant à bloquer les certificats d’agrément pour les vins de l’AOC Bordeaux Rouge vendus à moins de 1000 €uros/To : écoute et information du viticulteur, envoi de son certificat au vu des preuves fournies. Il est trop tôt pour juger de l’impact du blocus sur nos marchés. Nous pourrons l’évaluer en septembre lorsque nous aurons la totalité des sorties de fin de campagne. Mais afin de vous permettre de juger par vous-même des volumes (enregistrements et retiraisons) et des prix sur le millésime 2004 et sur le millésime 2005, vous trouverez, ci-annexé, le compte rendu de la dernière Commission Economie du CIVB. Dans cette action solidaire, de filière, la Commission Adhérents a joué son rôle de soutien, d’accompagnement et de pédagogie.
2.4. Maison (Ph. Moysson) :
L’activité locative enregistre des chiffres en très nette augmentation par rapport à l’année précédente. C’est ainsi que la Maison des Bordeaux accueille chaque année environ 10 000 personnes, venues d’horizons très divers. Notre salle de dégustation fonctionne à plein régime. Toutes les familles professionnelles s’y rencontrent, dans une atmosphère sereine et propice au grand art de la dégustation.
2.5. Agrément & Technique :
- Agrément : Agrément au Cuve par Cuve (D. Baro) :
La mise en place du prélèvement « cuve par cuve » a nécessité des moyens supplémentaires, tant au niveau technique qu’humain. Le service Agrément a recruté deux personnes supplémentaires pour la saisie, la gestion et le suivi des dossiers sollicitant le PLC Individuel. Pour faire face à un nombre plus conséquent d’échantillons en Bordeaux rouge au premier passage, le service Agrément a également augmenté d’un tiers l’effectif des préleveurs. Au nombre de prélèvements plus important, s’ajoute le temps passé au plombage de près de 1600 cuves (88 journées et 58 demi-journées pour des opérations de déplombage et replombage).
Technique : Suivi des Conditions de Production (Ph. de Larrard) :
L’équipe chargée du Suivi des Conditions de Production a effectué 53 visites sur le terrain, de mars à septembre 2005, pour visiter 1300 ha de vignobles, qui s’ajoutent aux 22 000 ha déjà visités. La commission a fait des progrès dans l’organisation des tournées par un meilleur ciblage des parcelles contrôlées par la Commission. Elle remercie également les viticulteurs qui se sont mobilisés et sans lesquels la réalisation de cette activité ne pourrait se poursuivre. Elle remercie également les viticulteurs visités qui, dans la plupart des cas, acceptent les sanctions et les moratoires mis en place.
2.6. Promotion/Tourisme/Cave/Boutique (R. Garuz) :
- Inauguration de Planète Bordeaux :
Modernisée, approfondie, Planète Bordeaux a dévoilé son nouveau visage au cours d’une inauguration officielle le 9 juin 2006, par Alain ROUSSET (Président du Conseil Régional) et Philippehilippe MADRELLE (Président du Conseil Général).
L’inauguration Grand Public de la nouvelle structure s’est déroulée dans l’ambiance chaleureuse des « Planet Tasting ». Alliant séduction et dégustation, cette façon tendance de découvrir les AOC Bordeaux et Bordeaux Supérieur scellera la première pierre d’une version inédite de Planète Bordeaux.
En se positionnant comme pôle oenotouristique, Planète Bordeaux renforce, en Gironde, son rôle pédagogique et ludique pour proposer davantage de services : découverte du vignoble, nouveaux concepts de dégustations …
Un site dédié à Planète Bordeaux (www.planete-bordeaux.net) est à découvrir absolument. Un blog vous attend également. Nous vous invitons à échanger et à le faire vivre par vos commentaires www.blog-planete-bordeaux.net.
2.7. Les Relations Publiques/Presse :
Le Syndicat continue à entretenir des liens particuliers avec la Presse, à travers des rencontres individuelles et la réalisation de débats nationaux. Nous retiendrons en particulier le débat d’actualité à destination d’un public de choix et d’avenir, « les Jeunes consommateurs ». Les AOC Bordeaux et Bordeaux Supérieur ont ainsi invité, à Paris le 1er2 décembre 2005, des professionnels du marché, sociologues, étudiants, producteurs, cavistes… pour débattre, rencontrer, aller à la découverte, comprendre et bien sûr inciter notre jeune public à consommer le vin qu’apprécient leurs parents…
2.8. Les Jeunes :
La Commission Jeunes, emmenée par Vincent LEVIEUX, a œuvré aux cotés de l’équipe de la Promotion et des Relations Publiques/Presse, notamment en vue de surprendre son public privilégié, les Jeunes… Spécialement pour eux, ils ont imaginé, en collaboration avec une agence parisienne, une gamme de vin innovante « e-motif », dont la presse a beaucoup parlé. Autour de ces produits, un site Internet interactif, évolutif et ludique, a été inauguré lors d’une soirée baptisée « vin before (20b4) », à Paris au printemps 2006.
2.9. L’Ordre des Vignerons des Bordeaux et Bordeaux Supérieur :
La Confrérie, animée par notre confrère et ami le Grand Maître Hubert BURNEREAU, connaît une implication de plus en plus marquante dans la promotion des AOC Bordeaux et Bordeaux Supérieur. Elle fait partie, d’une façon incontournable, du paysage viticole de Bordeaux. La fête de la Saint-Vincent implique largement les viticulteurs, les confréries amies et les régions françaises (grand millésime pour cette manifestation en 2006, le dimanche 22 janvier).
La Confrérie continue à œuvrer en partenariat étroit avec le Grand Conseil du Vin de Bordeaux, notamment dans des sorties d’envergure sur toute la planète, pour porter haut et fort la notoriété des AOC Bordeaux et Bordeaux Supérieur.
Chers Collègues, comme vous le constatez, malgré une année difficile, votre Syndicat a continué, pas à pas, son travail dans les différentes commissions, ainsi que je viens de le décrire brièvement.
3- Conclusion
En guise de conclusion, je voudrais répondre devant vous aux questions que nous pose Christian Delpeuch dans sa dernière lettre :
Veut-on éliminer pour cause de concurrence déloyale ceux qui ne respectent pas les règles les plus élémentaires de production ?
NON. Nous ne voulons éliminer personne. Par contreEn revanche, le Syndicat des AOC Bordeaux et Bordeaux Supérieur a mis en place une commission de suivi des conditions de production et à ce jour 22 000 ha ont été visités. L’objectif est de détecter les parcelles qui ne respectent pas les conditions de production contenues dans les décrets d’A.O.C. et de prendre les mesures adéquates, en concertation avec les services de l’INAO et le viticulteur concerné. Nous faisons le ménage chez nous., sSouhaitons que les autres agissent de même. Excusez-nous de ne pas être parfaits. Mais nous en avons de plus en plus marre de ceux qui donnent des leçons et qui ne font pas chez eux ce qu’ils préconisent chez les autres… Tout le monde se focalise sur la viticulture et sur l’AOC Bordeaux, mais c’est pour faire diversion !
Veut-on un système simple de contrôle des produits commercialisés par la viticulture et le négoce ?
OUI. Le Syndicat des Bordeaux a déjà répondu à cette question. D’un coté l’agrément des opérateurs (viticulteurs, négoces, entreprises de mise en bouteilles, …) et de l’autre agrément des produits finis. Mais une fois ce système mis en place, chacun sera face à ses responsabilités. Lorsqu’un négociant achètera une cuve de vin, il devra au minimum la goûter…
Veut-on imposer la mise en bouteilles dans la région de production pour mieux assurer la traçabilité des vins ?
NON. Imposer la mise en bouteilles dans la région de production reviendrait à confier la commercialisation de nos produits aux seuls opérateurs bordelais. Or, aujourd’hui, la place reconnaît qu’elle n’est pas capable de vendre la totalité de notre production. L’agrément des opérateurs, qu’ils soient sur place ou hors place, permet l’exigence de traçabilité.
Veut-on continuer à imposer les mêmes rendements, quelle que soit la densité de plantation ?
OUI. Parce que la densité de plantation n’a rien à voir avec les rendements. Elle est dépendante du terroir. Les rendements se jugent par rapport à la surface foliaire qui est le panneau solaire de la vigne.
Dire que le rendement peut augmenter avec la densité, c’est un peu comme si on prétendait qu’en mettant 3 tuyaux sur un panneau solaire on obtiendrait plus d’eau chaude qu’avec 1 seul ! C’est aberrant ! La question n’est pas d’imposer un rendement. Le fait même de poser le problème sous cette forme biaise le débat. Nous sommes favorables aux rendements différenciés adaptés au terroir, adaptés aux produits élaborés et à la surface foliaire définie par le vigneron. C’est le seul moyen de tenir compte de la diversité des situations viticoles de nos AOC. C’est pourquoi nous l’avons proposé dans la réécriture de nos décrets. De plus, notre vision a été confirmée par les experts sur la conduite du vignoble, désignés par l’INAO.
Et puis Mais il y a toujours la fameuse hiérarchie bordelaise… Ce que voudraient certaines appellations, c’est produire plus davantage que Bordeaux et pouvoir replier en Bordeaux… Nous, nous proposons que chaque appellation produise ce qu’elle est capable de vendre et que l’on juge de la qualité du produit final ! et que les replis soient interdits !
Veut-on définir un cahier des charges exigeant du Château Bordelais ?
OUI. Mais là encore, c’est le négoce qui bloque. Notre proposition est que le Château soit mis en bouteilles au Château ! Q et que la bouteille soit signée par le viticulteur !. Notre proposition est également de soutenir l’émergence de grandes marques à Bordeaux et que chaque bouteille d’AOC Bordeaux et Bordeaux Supérieur soit signée… Il est inadmissible, aujourd’hui, de trouver des bouteilles d’Appellation d’Origine Contrôlée dont il est impossible, pour le consommateur, de vérifier l’origine !
Veut-on que le droit à produire soit lié à la capacité de vendre ?
OUI. Seulement la capacité de vendre, pour nos appellations, s’appuie sur le négoce bordelais. Et puis il faut admettre que depuis trente ans nous avons planté parce qu’on mettait à notre disposition des droits de plantation. La prochaine OCM entend au contraire supprimer les droits de plantation et mettre les entreprises devant leurs responsabilités.
Veut-on encourager l’achat de raisins par les bons vinificateurs ?
OUI. Aujourd’hui on utilise des moyens à la limite de la légalité pour permettre à ceux qui ont des marchés d’acheter la vendange des autres. Alors que partout dans le monde la règle des 85/15 est de mise. Nous demandons simplement de disposer des mêmes règlements que nos principaux concurrents.
Veut-on développer la vente directe et l’oenotourisme ?
Je crois que cette question s’adressait au négoce bordelais. Pas à tous les négociants bien sur. Les négociants qui sont opposés à la venue des viticulteurs à VINEXPO, ceux qui sont contre la formation des viticulteurs à la connaissance des marchés (que Christian Delpeuch a accusé d’obscurantisme lors d’un dernier bureau au du CIVB), ceux qui ne veulent pas rencontrer les viticulteurs… ceux qui se complaisent dans un rapport de force « Paysans contre Commerçants » : Ces négociants là, je l’espère, n’iront plus bien loin désormais. Oui, il faut développer la vente directe et l’oenotourisme !
Quelle place faire à la promotion collective en ce début de XXIème siècle ?
Voilà une belle et grande question ! Le travail entrepris depuis deux ans par le nouveau responsable de la promotion au CIVB est dubontravail. Mais la question mérite tout de même d’être posée… Chacun se la pose… Le CIVB entend communiquer sur le segment des vins vendus à plus de 4€00 la bouteille… Or la moitié des cotisations du CIVB est versée par des opérateurs dont les produits sont vendus à moins de 4€00 la bouteille… La collectivité a du sens si elle permet de faire, ensemble, mieux que tout seul.
La question que devra poser le prochain Président du CIVB est donc la suivante : « L’argent que vous versez chaque année au CIVB serait-il investi plus efficacement pour la collectivité s’il était utilisé par chacun ? ».
Il y a quelques mois j’étais l’invité du Syndicat des Producteurs de Champagne…
-en Champagne il n’y a pas de promotion collective,
-en Champagne il n’y a pas de Château (ou presque pas),
-en Champagne il y a une seule appellation et un seul syndicat.
A Epernay, un viticulteur m’a posé la question suivante : « ne croyez-vous pas que Bordeaux souffre d’avoir trop de syndicats de viticulteurs ?»
Je lui ai répondu : « Imaginez qu’en Champagne, au lieu d’avoir un syndicat, vous en ayez neuf… correspondant à vos neuf terroirs de production. Imaginez qu’entre ces terroirs vous ayez établi une hiérarchie, en identifiant certains terroirs plus qualitatifs que d’autres et qu’au lieu de mettre « Champagne » sur votre bouteille, vous écriviez le nom du terroir : « côtes marines », « Mont d’épernay », … Imaginez, enfin, que vous ayez créé une AOC régionale, « Champagne », regroupant toutes vos AOC, mais que personne ne veuille écrire « Champagne » sur sa bouteille parce qu’il trouve cette dénomination dévalorisante… Pensez-vous que, dans ces conditions, « Champagne » serait « Champagne » ? »
Bien sûr « Champagne » ce n’est pas « Bordeaux »… La problématique n’est pas la même… mais le fait de regarder et comprendre n’engage à rien… Il me semble qu’on a besoin de simplifier notre offre à l’image de ce que proposent les Côtes. Mais il est possible d’aller plus loin !
Un grand Merci à nouveau à tous ceux qui donnent de leur temps et de leur souffle pour faire avancer la cause collective !
J’invite ceux qui jugent que les dossiers n’avancent pas assez vite à venir rejoindre nos commissions. Il nous faut impérativement votre aide, vos idées et votre temps !
La roue tourne. Certains s’en vont. D’autres arrivent. Les idées restent :
-la réforme de l’agrément,
-l’assouplissement de nos décrets d’appellation,
-l’interdiction des replis,
-la maîtrise des dépenses,
-la place de nos AOC dans les organes de décision.
« Bordeaux » le mot qui fait rêver des consommateurs dans le monde entier, nous empêche de dormir… J’espère de tout mon coeur qu’en juillet nous aurons distillé les volumes pesant sur notre marché et qu’après les vendanges nous aurons arraché assez de vignes pour mettre un point final à la campagne d’arrachage.
Je reste persuadé que, dès que les prix repartiront à la hausse, le marché redémarrera et que tout Bordeaux redeviendra conquérant !
J’espère de tout mon cœur que le mot « Bordeaux » qui fait rêver le monde entier, nous permettra à nous aussi viticulteurs de rêver à des jours meilleurs !
Mais pour que les prix repartent à la hausse, il nous faut produire moins rapidement. La baisse des rendements n’est plus possible. Seul l’arrachage d’une partie de nos surfaces nous permettra de maîtriser tout à la fois la production et nos prix de revient. Il nous faut également nous affranchir de nos stocks excédentaires estimés entre 360 000 et 560 000 hl. Ces stocks pèsent sur le marché. Pour cette raison, nous bataillons, afin qu’une distillation aidée soit mise en place rapidement. Si nous voulons que la distillation des rouges fonctionne, il faut qu’elle se situe, au minimum à 750 € le tonneau.
A la fin de l’année 2006, nous aurons tiré toutes nos cartouches « collectives ». Après, nous n’aurons plus qu’une solution : vendre plus !
Vive le vin et vive Bordeaux !