Climat et énergie : nous avons besoin du nucléaire !

En mars 2021 nous manifestions avec Jean Lassalle et Eddie Puyjalon à la centrale du Blayais contre le projet Hercule

Au tournant du millénaire, l’approvisionnement de la France en électricité était assuré à un coût maîtrisé. Aujourd’hui, la réponse aux consommations de pointe est incertaine et le prix de l’électricité s’envole. Cette situation est d’autant plus préoccupante que nos objectifs climatiques exigent la décarbonation de notre économie et que la consommation d’électricité est appelée à croître considérablement pour remplacer les énergies fossiles.

Depuis une quinzaine d’années, la France a adopté une politique de développement exclusif des énergies renouvelables intermittentes (éolien et solaire) et visant, depuis 2012, à l’abandon de l’énergie nucléaire. Il est désormais établi par RTE et l’AIE (Cf. rapport de Janvier 2021) qu’une production fondée sur une large part de ces EnR et, a fortiori, en totalité (« 100% renouvelable ») est illusoire car elle reposerait, de façon irréaliste, sur des solutions technologiques qui n’existent pas aujourd’hui.

Le Président de la République se contredisant lui-même après avoir fermé la centrale de Fessenheim, a finalement confirmé que le nucléaire, dont la production décarbonée est pilotable, continuera à constituer le socle de notre outil de production d’électricité.

Il appartiendra au Parlement de fixer au plus tôt les termes de la prochaine Loi de Programmation sur l’Energie et le Climat.

Dès lors qu’il est admis que l’énergie nucléaire restera l’outil majeur de production d’électricité, la réflexion doit porter sur le long terme, et couvrir l’ensemble des aspects résultant de ce choix.

Sans prétendre à l’exhaustivité, voici les principaux points à débattre dans l’objectif de disposer d’une électricité à prix stable et accessible, répondant à nos objectifs climatiques:

  • Prolongation de l’exploitation des réacteurs actuels aussi longtemps que possible, sous réserve de
    l’accord de l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN).
  • Construction le plus rapidement possible des 6 réacteurs annoncés à Belfort et engagement de 8
    autres, notamment à la centrale du Blayais, afin de répondre a minima à l’estimation officielle des besoins en 2050. Cette estimation doit être réactualisée sans délai, avec des hypothèses réalistes, ce qui conduira à engager la construction d’un nombre de réacteurs significativement plus élevé.
  • Révision immédiate des textes de programmation en vigueur, qui conduisent à court terme à une insuffisance des moyens de production, face à l’évolution des besoins.
  • Réduction des délais administratifs de traitement des dossiers d’autorisation de construction d’installations nucléaires, sans affecter leur niveau de sûreté.
  • Engagement des travaux de CIGEO, installation de stockage géologique des déchets à l’instar de la Suède et de la Finlande et comme programmé par la quasi-totalité des pays nucléarisés.
  • Reprise de la R&D sur la fermeture du cycle du combustible nucléaire et le développement des réacteurs surgénérateurs à neutrons rapides. La France disposerait ainsi pour de nombreux siècles de réserves de combustible, en toute indépendance. Simultanément, accélération du lancement des petits réacteurs modulaires (SMR).
  • La réussite de notre politique énergétique nécessite :
    • Une information et un débat dépassionnés et objectifs sur le climat et l’énergie, sans opposer le
      nucléaire et les énergies renouvelables.
    • La mise en œuvre d’un vaste plan de formation, en lien avec les entreprises de la filière, pour disposer des ingénieurs, techniciens et compagnons nécessaires à la réalisation du nouveau programme nucléaire dans les meilleures conditions.
    • La restauration d’une capacité d’approvisionnement de la France en électricité sans risque de blackout, pour compenser la fermeture non réfléchie de moyens de production pilotables.
    • La révision de l’organisation du marché européen de l’électricité, qui a provoqué l’explosion du prix de l’électricité, en l’asservissant artificiellement au prix du gaz. Elle doit être repensée en profondeur, dans le cadre des traités, afin que chaque pays, libre du choix des technologies qu’il souhaite exploiter, assume les conséquences de ses choix.

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