Je mets ce discours sur mon blog en pensant à tous nos amis antillais de métropole ou des Antilles, qui ont su faire de la diversité la base de leur culture, une composante de notre identité nationale et un atout pour l’avenir!
Les Abymes – Guadeloupe le Jeudi 22 mars 2007
Voici un an, j’étais parmi vous, en Guadeloupe, sur cette terre de France à l’identité si forte, cette terre attachante qui me parle et que j’apprends à aimer, chaque fois, davantage. J’étais, à l’époque, parmi vous en tant que Ministre de l’Intérieur et de l’Aménagement du territoire car il y avait beaucoup à faire. Je vous avais promis de revenir comme candidat à la Présidence de la République car j’avais l’intime conviction que nous ne nous étions pas tout dit. Nous ne sommes qu’au début d’un chemin commun.
Et, ce soir, voir une salle si pleine, la sentir si chaleureuse est, pour moi, un formidable encouragement et, peut-être, la plus belle des promesses. Je considère votre présence à mes côtés comme une marque d’amitié et cette amitié me pousse à aller plus loin, à redoubler d’efforts pour gagner le combat d’aujourd’hui et me mettre à votre service pour porter un nouveau projet de société demain.
Je sais qu’il y a ce soir, dans cette salle, des femmes et des hommes de droite mais aussi des Guadeloupéens qui ont d’autres sensibilités que je respecte. En fait, ce qui nous réunit ici, c’est notre farouche volonté de changement. J’ai conscience du fait que les sensibilités politiques en Guadeloupe ne s’identifient pas nécessairement au paysage politique métropolitain. C’est pour cela que je suis heureux que l’UMP ait pu se créer et trouver sa place en Guadeloupe, chère Gabrielle, comme je suis heureux qu’Objectif Guadeloupe se soit engagé, sans faille, pour porter nos idées communes, chère Lucette et cher Laurent. J’ai besoin de vous, Jean et Joël, de vous tous ! La Guadeloupe a besoin de vous tous, avec votre caractère – et Dieu sait que vous n’en manquez pas !—, votre énergie et votre sensibilité. Je veux que vous travailliez tous ensemble, dans la même direction, en gardant vos identités propres, comme vous avez su le faire pour m’accueillir aujourd’hui.
Ceci est nécessaire pour gagner les élections mais, au-delà, ceci est important pour l’efficacité de notre action. Car, finalement, ce qu’attendent les Guadeloupéens, c’est que l’on réponde aux questions qui sont les leurs, à leurs problèmes quotidiens concrets. Les querelles de personnes les intéressent peu et j’ajoute qu’elles ont tendance à discréditer l’action politique dans son ensemble. Nous devons, avant tout, être efficaces, ne pas perdre de vue l’essentiel. Cette efficacité fait notre identité politique, notre singularité. Nous ne nous satisfaisons pas, comme d’autres, de formules creuses, de discours compassionnels et de symboles démagogiques tournés vers le passé.
Je suis venu vous parler de l’avenir. Je suis venu parler à tous les Guadeloupéens quels que soient leur âge, leur sexe, leur appartenance ethnique ou religieuse. Je suis venu parler aux Guadeloupéens de la Grande terre, de la Basse terre, de la Désirade, des Saintes et de Marie-Galante. Mais je suis aussi venu parler aux habitants des collectivités d’outre-mer de Saint-Martin et de Saint-Barthélemy dont le nouveau statut entrera très prochainement en vigueur, comme promis.
Je suis venu parler à la Guadeloupe, les yeux dans les yeux, car la franchise est pour moi la plus grande marque de respect que je puisse vous donner.
Durant l’année écoulée, j’ai beaucoup réfléchi aux problèmes de l’outre-mer, en général, et à ceux de la Guadeloupe, en particulier. Je vous ai écouté et, plus que jamais, je suis convaincu que notre priorité doit être tournée vers l’action pour le développement économique, l’emploi et l’amélioration des conditions de vie des Guadeloupéens. Nous devons construire une Guadeloupe plus forte, où chacun puisse trouver sa place. Une Guadeloupe qui ne laisse personne au bord du chemin et où l’avenir soit perçu comme une espérance et non plus comme une menace.
Cette Guadeloupe, elle ne verra le jour qu’au prix d’une rupture dans nos modes de pensée et nos façons de faire. Et, en la matière, je le dis comme je le pense, l’effort à fournir est réciproque.
Nous devons refaire du travail une valeur cardinale. C’est par le travail que les richesses se créent, que nos sociétés évoluent et qu’une solidarité efficace envers les plus faibles peut être organisée. L’assistanat est, pour moi, la plus insidieuse des aliénations. Parfois, j’entends que l’on prétend que je voudrais supprimer le RMI ! Non, il n’en a jamais été question ! En revanche, je n’accepte pas que l’on bénéficie de la solidarité nationale sans obligation réciproque, sans effort. Les minima sociaux attribués à des personnes en âge de travailler sont là pour les aider à franchir une étape difficile. Cela peut arriver à chacun mais cela ne peut pas et ne doit pas devenir un moyen de subsistance à vie. C’est aussi une question de dignité ! Je veux que tout bénéficiaire d’un minimum social en âge de travailler ait une activité adaptée à sa situation, qu’il s’agisse de formation ou de travail d’intérêt général. Le but de cette activité doit être de retrouver un emploi car c’est en travaillant que les hommes et les femmes peuvent concevoir des projets et donner le meilleur à leurs enfants. C’est en travaillant que l’on peut vivre debout !
Je veux aussi que le travail paye. Je veux être le Président du pouvoir d’achat. Le problème de la France, c’est que les salaires sont trop bas, que les prix sont trop élevés et que les prélèvements obligatoires sont trop pesants. Je veux que les heures supplémentaires soient toutes rémunérées 25% de plus que les heures normales, quelle que soit la taille de l’entreprise, et qu’elles soient exonérées de toutes charges fiscales et sociales afin qu’elles soient plus payantes pour les salariés et moins chères pour les entreprises. Quatre heures de travail en plus par semaine sans charges, c’est 1.980 euros net en plus à la fin de l’année pour tout salarié rémunéré au SMIC. Voilà la réalité ! Voilà la récompense justifiée de l’effort que je veux mettre en place !
Je veux être le Président de la valeur travail. Depuis 25 ans, tout a été fait dans notre pays pour dévaloriser le travail, décourager le mérite, discréditer la réussite. Il est injuste que ceux qui se lèvent tôt et ceux qui travaillent tard, ne soient pas mieux récompensés que ceux qui vivent des revenus de remplacement. Les 35 heures ont gelé les salaires et désorganisé le service public. Le travail sera au cœur de mon action. Je veux que chacun soit libre de choisir de travailler autant qu’il le veut. Je veux encourager le travail étudiant, aider les femmes à faire garder leurs enfants lorsqu’elles prennent un emploi, permettre à chacun de choisir l’âge de son départ à la retraite en autorisant le cumul entre un emploi et une retraite. Je veux que l’effort soit toujours mieux rémunéré que l’assistanat. Je veux offrir à chacun la possibilité de transmettre à ses enfants le fruit du travail de toute sa vie, grâce à la suppression des droits de succession pour tous les patrimoines petits et moyens.
Alors, évidemment, les choses ne sont pas si simples lorsque l’on vit en Guadeloupe qui connaît un taux de chômage qui oscille entre 22 et 24 %. C’est pourquoi l’Etat et les acteurs économiques doivent être au rendez-vous pour relever le défi de l’emploi. Et la Guadeloupe a du potentiel ! Elle a une jeunesse pleine d’énergie. Elle a une économie qui connaît un fort taux de création d’entreprises et, lorsque je parcours l’archipel, je sens que votre économie possède des bases solides. Dans le secteur agricole, vous avez su trouver des niches intéressantes, comme le melon, que vous exportez avec succès sur l’Europe en contre-saison. Je me rendrai, demain, au centre de conditionnement du melon du Moule, dans l’entreprise « Caraïbe Meloniers » pour me rendre compte, concrètement, de cette belle réussite. Mais vous avez aussi une puissante zone industrielle, à Jarry, qui n’a pas son équivalent en Outre-mer. Et votre potentiel dans le secteur du tourisme est toujours immense !
Que faut-il faire pour que la Guadeloupe décolle vraiment ? Que faut-il faire pour que cet archipel, l’un des plus beaux du monde, connaisse enfin un développement, un épanouissement à la hauteur de son potentiel et de ses aspirations ?
Il faut donner à la Guadeloupe tous les outils de son propre développement. Les Guadeloupéens savent travailler. En Guadeloupe, loin des clichés trop souvent véhiculés, on sait travailler, être dur à la tâche. Je sais qu’il y a, sur cette terre, une énergie qui ne demande qu’à être libérée. Mais, pour cela, il faut que nous tirions tous dans le même sens ! Les élus, les responsables administratifs, les acteurs économiques et les syndicats.
Cessons de nous épuiser dans des querelles stériles qui, trop souvent, je le dis clairement, masquent des intérêts personnels ou catégoriels. Je trouve inacceptable que les Guadeloupéens soient régulièrement pris en otage dans des conflits au long cours. Encore une fois, le combat syndical est légitime mais il ne peut aboutir à remettre en cause la liberté du travail, à mettre en péril l’outil de production et à brouiller l’image d’une région entière. Les gens qui font cela scient la branche sur laquelle ils sont assis.
C’est pour cela que je voudrais que l’on crée en Guadeloupe un lieu de résolution des conflits à froid. Un lieu dans lequel on pourrait avoir recours à des procédures de médiation de façon systématique et dans lequel pourraient être organisées des formations communes à l’ensemble des partenaires sociaux. Je suis convaincu qu’il est possible de construire une relation gagnant/gagnant si l’on fait les choses avec méthode et loyauté. Je me prends parfois à rêver d’une Guadeloupe où les partenaires sociaux s’engageraient pendant un an à tout faire pour éviter les conflits et à recourir à la seule négociation pour régler ceux qui menaceraient de se déclencher. Imaginez l’impact sur la croissance, sur l’emploi, sur l’image de votre département d’une année de vraie paix sociale ! Et si cette sagesse pouvait un jour prévaloir ? N’est-ce qu’un rêve ? Ne peut-on y travailler ? Sincèrement, cela ne vaut-il pas d’être essayé ?
Pour ma part, je me suis engagé à instaurer, par la loi, un réel service minimum garanti pour les services essentiels à la personne, comme la santé ou les transports, en cas de grève. De même, je veux rendre obligatoire un vote à bulletin secret sur la poursuite de la grève, dès lors que le mouvement social excède huit jours.
Mais tout ne sera pas résolu par la force de la loi. Je crois que, fondamentalement, les Guadeloupéens doivent se sentir plus proches de leurs entreprises, qu’il y ait une meilleure appropriation des réalités économiques. Pour cela, il faut qu’un réel effort soit fait dans les entreprises, les hôtels, les administrations, pour que davantage de Guadeloupéens occupent des emplois d’encadrement.
L’apprentissage d’un vrai dialogue social est donc fondamental. Mais il n’est pas suffisant. L’Etat doit aussi aller plus loin dans son engagement pour la Guadeloupe. Si l’on veut résoudre vraiment le problème du chômage, il ne suffira pas de multiplier les emplois aidés. Il faudra créer plus d’activités, libérer les énergies, favoriser l’accès aux marchés extérieurs et renforcer l’attractivité de votre territoire.
C’est dans cet esprit que je m’engage sur plusieurs propositions concrètes.
Je préconise la création de « zones franches globales d’activités » dans les DOM. C’est ici, en Guadeloupe, que j’en ai parlé, pour la première fois, il y a un an. Je veux préciser ma pensée aujourd’hui.
D’abord, soyons clairs, ces zones franches viendraient en complément de l’actuelle défiscalisation qu’il faut conserver. Il faut la conserver car la défiscalisation agit sur les coûts d’investissement, là où les zones franches agiront sur les coûts de fonctionnement. Il faut la conserver car la défiscalisation n’est pas un « ensemble de niches fiscales », c’est un outil de développement économique nécessaire à la croissance de territoires spontanément sous capitalisés.
Depuis que j’ai lancé cette idée, en mars 2006, les acteurs économiques des quatre DOM ont répondu à mon appel et m’ont fait part de leurs attentes en la matière. Il ressort de nos échanges, durant ces derniers mois, un consensus sur l’idée de créer des zones franches globales au plan géographique mais ciblées sur certains secteurs d’activités. Il ne s’agit donc pas d’un privilège accordé à telle ou telle partie du territoire : la zone franche globale concerne la Guadeloupe tout entière !
La zone franche de Guadeloupe pourrait comporter un premier dispositif pour les entreprises de tous les secteurs concernés par la loi de programme pour l’outre-mer. Il s’agirait de mesures d’exonérations partielles d’impôt sur les sociétés et de taxe professionnelle. Le taux d’exonération pourrait être, par exemple, de 50% pour chacun de ces impôts, sous un plafond à définir. Les économies ainsi réalisées devront être affectées au développement de l’entreprise.
Par ailleurs, je propose un système d’exonération des droits de douanes pour les matières premières et les produits semi-ouvrés afin de favoriser les activités de transformation et donc d’intégration de valeur ajoutée localement. Enfin, je pense qu’il serait judicieux de mettre en place un mécanisme de crédit d’impôt majoré à l’exportation. C’est-à-dire que les entreprises qui feraient des dépenses de prospection commerciale en dehors de l’espace économique européen, en particulier dans leur environnement régional, pourraient bénéficier d’un crédit d’impôt, par exemple, de 66% de ces dépenses.
En complément, pour quelques secteurs d’activités, considérés comme particulièrement porteurs par les acteurs économiques eux-mêmes et par les élus des territoires concernés, les exonérations d’IS et de TP seraient très fortement majorées. En Guadeloupe, ces secteurs stratégiques pourraient être, par exemple, celui des énergies renouvelables et du tourisme.
Ces zones franches répondront donc, par le choix des secteurs concernés, à une stratégie précise et réfléchie d’amélioration de la compétitivité des entreprises exportatrices de biens ou de services, au service d’un projet de territoire.
Par ailleurs, le développement économique ne peut se concevoir, dans le monde ouvert qui est le nôtre, sans que ne soit garantie la mobilité des personnes et des biens. C’est la raison pour laquelle j’ai toujours pensé que la continuité territoriale entre l’outre-mer et la métropole est une priorité majeure. Dire que l’outre-mer, c’est la France, ne doit pas rester « une parole en bouche ».
Concrètement, pour moi, la baisse des tarifs est une nécessité absolue. Mais, de grâce, arrêtons les clichés sur l’économie administrée ! Si l’on veut que les prix baissent, il ne suffit pas de se contenter de dire que l’on va obliger les compagnies aériennes, qui sont des sociétés de droit privé, à le faire. Ce n’est juridiquement pas possible.
Aujourd’hui, les prix trop élevés résultent, en partie, de la régulation du marché aérien. C’est la raison pour laquelle je viens de faire modifier les règles restreignant la concurrence. Dorénavant, les compagnies charters pourront vendre des vols « charters secs » sur l’Outre-mer, ce qui leur était interdit jusqu’à présent. C’est une première étape, même si d’autres mesures devront être prises un jour, telle que l’assouplissement des modalités de prise de congés bonifiés afin d’éviter l’engorgement des périodes de pointe.
Dans le même esprit, faciliter la mobilité et les échanges, je crois que la réalisation d’un port en eau profonde est une priorité, de même que l’est l’organisation de véritables transports collectifs en Guadeloupe, y compris en privilégiant les alternatives à la route. Ce qu’engage la Réunion aujourd’hui, la Guadeloupe peut le faire demain !
Je veux que, dans cette Guadeloupe de demain, tout le monde trouve sa place, je veux que vous puissiez offrir à vos enfants un avenir meilleur, un avenir ouvert et riche de promesses.
L’éducation de la jeunesse guadeloupéenne est, à cet égard, une priorité fondamentale pour moi. C’est une priorité parce que la formation reste encore le meilleur passeport pour l’emploi et qu’elle est le moteur de l’égalité des chances et de la promotion sociale.
Nous avons beaucoup à faire en la matière. Il faut, d’abord, réhabiliter les bâtiments scolaires qui sont trop souvent mal adaptés, lorsqu’ils ne sont pas vulnérables au risque sismique. Il faut, ensuite, diversifier les parcours car il n’y a pas qu’une façon de réussir ; je propose, notamment, de renforcer les moyens du Régiment du service militaire adapté qui a si bien réussi qu’il est, aujourd’hui, transposé en métropole. Je propose, aussi, de créer un véritable service d’orientation car c’est par une découverte précoce des métiers que l’on pourra convaincre chacun que la réussite est moins une question de filière que de passion de l’engagement.
Il faut, enfin, inciter les Universités et les organismes de formations supérieurs à réorienter leurs offres d’enseignement vers des matières en relation avec les besoins concrets de la Guadeloupe. Lorsque des formations n’existent pas localement, il faut que des conventions de partenariat soient conclues avec les meilleurs établissements métropolitains et les plus grandes écoles, afin de permettre aux jeunes Guadeloupéens d’accéder à des enseignements d’excellence. C’est cela, concrètement, la vraie égalité des chances.
D’une façon plus générale, il faut réinstaurer l’Autorité au sein du système éducatif. Je n’accepte pas que l’autorité des maîtres puisse être remise en cause par quelques trouble-fête. Pour moi, la scolarité, c’est aussi l’école de la vie en société ; on y apprend ses codes et ses valeurs fondamentales, comme celle du respect. Cela se traduit par des choses simples comme le fait que, lorsque le maître rentre dans la classe, les élèves se lèvent !
Mais, soyons clairs, les familles ont aussi un rôle fondamental à jouer et je ne serai pas celui qui tiendra un discours déresponsabilisant à leur égard. Les parents sont les premiers responsables de l’éducation de leurs enfants. Ils doivent, par conséquent, pouvoir être plus impliqués dans l’organisation de la vie scolaire. Ils doivent aussi, lorsqu’ils éprouvent des difficultés passagères, être aidés dans leur rôle. C’est pour cela que je suis favorable aux expérimentations d’ « école des parents ».
De même, il est fondamental que des systèmes de garde et d’aide aux devoirs soient organisés de façon systématique. Je sais qu’il y a, en Guadeloupe, beaucoup de familles mono-parentales et je connais leurs difficultés d’organisation pour rendre, chaque jour, compatibles les obligations professionnelles et l’éducation des enfants. Les solidarités familiales et de voisinage jouent parfois mais ce n’est pas toujours le cas et je veux aider et rendre hommage à toutes ces femmes seules qui élèvent leurs enfants dignement. Ces femmes, « poteaux mitans » de la société guadeloupéenne d’aujourd’hui, qui ont un rôle si crucial à jouer pour façonner la Guadeloupe de demain !
Vous l’avez compris, je veux concentrer mon action sur la résolution de vos problèmes concrets, ceux que vous rencontrez au quotidien et pour lesquels vous avez souvent la désagréable impression que rien ne change. Lorsque j’entends certains vous parler de grands principes, je me demande si nous vivons dans le même monde, si nous percevons les mêmes choses, si nous rencontrons les mêmes personnes ? Moi, lorsque je sillonne la Guadeloupe, on m’interpelle sur les questions concrètes de l’emploi et du pouvoir d’achat mais aussi du logement, de la santé ou de la sécurité. Bref, sur toutes ces grandes questions qui font le quotidien des gens. Et, sans ignorer les autres sujets, il me semble, qu’il ne faut pas se tromper de priorités.
Pour moi, les choses sont claires, il faut agir vite et efficacement dans trois directions : la sécurité, le logement et la santé.
La sécurité, car c’est une condition première de l’exercice des libertés. Beaucoup de chemin a été parcouru depuis 2002 sur ce sujet et la délinquance a baissé. La délinquance de voie publique a même baissé de 29% ! En matière de lutte contre l’immigration clandestine, l’effort qui a été fait est sans précédent : vote de dispositions de lois spécifiques à la Guadeloupe, signature d’accords internationaux, renfort en personnels et en matériels. Les résultats sont au rendez-vous puisque, entre 2002 et 2006, le nombre de reconduites à la frontière a augmenté de 180% ! Mais je sais qu’il y a encore beaucoup d’efforts à fournir.
J’entends parfois dire que j’en fais trop, qu’il faut être plus souple sur ce sujet… Ceux qui tiennent ce discours ne doivent pas être beaucoup sortis de leurs bureaux parisiens. Ce que j’ai fait comme Ministre de l’Intérieur, je le continuerai à le faire, plus efficacement encore, comme Président de la République. Tous les Guadeloupéens que je rencontre me le disent : protégez notre île ! Cela ne veut pas dire le repli sur soi. Bien au contraire, la coopération dans le bassin caraïbéen est une nécessité absolue et, en la matière, nous pouvons faire plus et mieux. D’ailleurs, je me réjouis que Lucette Michaux-Chevry ait été missionnée sur cette importante question.
Mais la maîtrise de notre immigration, le fait de pouvoir choisir qui entre ou n’entre pas sur notre territoire est quand même le moindre des droits d’un Etat souverain ! Je veillerai, d’ailleurs, à ce que les Armées soient davantage impliquées dans la lutte contre l’immigration clandestine car nous touchons bien là à une question de souveraineté nationale !
Je créerai, aussi, un Ministère de l’immigration et de l’identité nationale qui aura compétence sur l’outre-mer, comme sur la métropole. Pour moi, soyons clair, l’identité n’est pas celle d’une race ou d’une ethnie ; cela n’aurait aucun sens ! Je parle d’une identité construite à partir de celles de territoires qui se sont compris et qui se sont aimés. D’une identité conçue comme un idéal, une façon d’être et de penser !
Enfin, parallèlement, je m’attaquerai aux causes qui poussent ces malheureux sur nos rives, c’est-à-dire l’insuffisant développement de leurs îles. Je sais l’indignation que provoquent les difficultés de Haïti en Guadeloupe. Elu Président de la République, je prendrai une initiative, en liaison avec la communauté internationale, pour provoquer une conférence sur la paix civile et le développement économique de l’île.
En matière de logement, il nous reste aussi beaucoup à faire. Je sais que le logement est l’un des principaux sujets de préoccupation des Guadeloupéens. Il n’y a pas assez de logements sociaux, trop de logements sont insalubres et beaucoup sont vulnérables au risque sismique.
Face à cela, je veux que la relance de la construction de logement impulsée par l’actuel gouvernement se traduise concrètement dans les faits sans délais. Il y a beaucoup de projets, il est maintenant temps de les réaliser. Je pense, par exemple, au programme de rénovation de Pointe-à-Pitre/Les Abymes qui sera, avec 200 millions d’euros, le plus grand programme de France.
Mais je sais que, dans beaucoup d’autres communes, les moyens font défaut pour faire face au colossal enjeu de la construction de logements. C’est pour cela que j’ai été le premier à avoir préconisé de définir un taux de défiscalisation plus favorable pour le financement du logement social locatif mais aussi pour le logement intermédiaire en accession à la propriété. Je propose, par ailleurs, la création d’un prêt foncier à taux zéro, permettant de ne payer le terrain qu’après avoir achevé de payer le bâti. Les Guadeloupéens souhaitent devenir propriétaires de leurs logements et je veux que ce rêve soit accessible à tous ceux qui vivent du fruit de leur travail !
Le logement n’est pas juste « un sujet comme un autre ». Il est l’élément de base du cadre de vie, il fait partie de la dignité de la personne et conditionne l’harmonie de la famille. Comment peut-on espérer créer les conditions d’une réelle égalité des chances si l’on laisse nos enfants de Guadeloupe vivrent dans des taudis ? Je n’accepte pas cette situation et je m’engage à en faire une priorité de mon action!
De même, il ne peut y avoir deux poids et deux mesures en matière de santé. Les plateaux techniques de la Guadeloupe sont performants mais il y a un certain nombre de secteurs où les insuffisances sont criantes ; je pense par exemple à la psychiatrie ou à la prise en charge des toxicomanes. Comment veut-on résoudre efficacement les questions de délinquance et sortir nos jeunes du fléau que représentent des drogues comme le crack, si l’on ne dispose pas de capacités suffisantes dans des lieux d’accueil spécialisés pour ces pathologies lourdes ? Le traitement de ces questions est, pour moi, une priorité. De même que l’est la question de la prévention et du traitement du sida. La Guadeloupe est la deuxième région française la plus touchée. Ce fléau n’est pas traité à sa juste mesure et ce n’est pas acceptable.
Je serai, si je suis élu, le garant de la mise en oeuvre de ces politiques de marche vers l’égalité réelle. Je mettrai en place un comité interministériel qui devra, régulièrement et publiquement, dresser le bilan des politiques publiques conduites outre-mer.
chers amis,
vous propose une transformation audacieuse mais réaliste de la Guadeloupe et de notre pays. Et, comme d’habitude, lorsque l’on veut faire bouger les choses parce qu’elles vont mal, il se trouve toujours de bons esprits pour expliquer que toute innovation serait pire encore… Pour ceux-là, il vaut mieux vivre avec l’échec que de risquer une solution. Je récuse leur vieux raisonnement qui nous a amenés à ne pas traiter le chômage à ses racines. Qui nous a amenés à partager le travail au lieu de le multiplier ! Qui nous a amenés à rationner les salaires au lieu de les augmenter ! Qui nous a amenés à ne pas traiter les délinquants comme des voyous ! Qui nous a amenés à ignorer les ratages de l’intégration ! Qui nous a amenés à ne pas oser maîtriser notre immigration ! Qui nous a amenés à choisir d’endetter nos enfants de peur de réformer l’Etat !
Tout ce silence, toute cette peur d’agir, je n’en veux plus ! Je veux remettre à l’endroit la hiérarchie des valeurs qui nous a conduits à confondre liberté et permissivité, égalité et égalitarisme, fraternité et assistanat. En voulant cela, j’estime être cœur de notre héritage national et aux sources de la République.
J’ai engagé cette campagne électorale avec la volonté de rester un homme libre. Libre de dire à haute voix ce que je crois au plus profond de moi-même. Libre de bousculer les habitudes et les tabous derrière lesquels se réfugient les illusions qui ont trop longtemps figé notre pays. Libre de faire partager mon énergie et ma confiance.
Je n’ai jamais cessé de vous dire que nous devions être fiers de nos idées et de nos valeurs. Le sentiment patriotique, la valorisation du travail et du mérite, le goût de la liberté et de la responsabilité, le sens de l’autorité et du respect, l’esprit de justice et de dignité : voilà ce à quoi nous croyons !
Dans cette campagne, je vous invite à laisser aux autres les petites querelles, les discours diviseurs et les idées dépassées. Pour ma part, rien ne me déviera de ma route et de mes objectifs. Je veux un débat de fond. Je veux imprimer du mouvement à mon pays. Je veux tracer des perspectives. Et pour cela, je veux m’adresser à tous car je récuse l’idée selon laquelle il y aurait un peuple de droite contre un peuple de gauche. Je récuse l’idée qui consiste à opposer le progrès économique et le progrès social. Je récuse l’idée suivant laquelle les travailleurs seraient les adversaires des entrepreneurs. On n’écrit pas l’avenir d’un grand pays comme la France avec des rancunes et des clivages, mais avec des élans collectifs.
C’est pour cela que j’ai besoin de vous tous, de vous sentir avec moi, prêts à soulever des montagnes. Je crois en l’avenir de la Guadeloupe, je crois en l’avenir de la France, je crois en vous !
Vive la Guadeloupe ! Vive la République ! Vive la France !