Eloge funèbre de Jean-Luc Piva

(Fête de la Saint Vincent en janvier 2020 à Sauveterre-de-Guyenne / Photo Jacques Gaye)

Chère Béatrice,

Chère Sandrine, Cher Guillaume, Cher Elie,

Cher Rino, Chère Ginette,

Chers amis,

Elles sont prématurées les obsèques d’un homme lorsque ses parents y assistent.

Jean-Luc nous quitte à un âge où l’on commence normalement à préparer sa retraite, à un âge où l’on se réjouit de voir ses enfants fonder une famille, à un âge où l’on voit arriver avec bonheur ses premiers petits-enfants, à un âge où prédomine le sentiment d’avoir écrit les premiers chapitres de sa vie, et où l’on marque une pause et l’on commence à faire le plan pour écrire les suivants.

Sans doute Jean-Luc n’avait-il pas vu les choses comme cela. Lorsqu’il avait imaginé de restaurer la chapelle du Castrum de Pommiers. Lorsqu’il l’avait meublée, de statues et décorée de tableaux. Le dernier tableau fut accroché il y a quelques jours seulement par Elie et Jean-Luc. Ce tableau représente Jésus qui monte dans une barque et parle à la foule. C’est la parabole du semeur. Cette parabole qui en quelques sortes, résume la foi de Jean-luc Piva, la quête de sa vie, le moteur de ses projets, sa volonté constante de semer dans la bonne terre, de dégager les ronces, les pierres, qui empêchent la bonne semence de pousser. A la fin de la parabole du semeur Jésus dit à la foule : « Celui qui a des oreilles, qu’il entende ! ». Cette citation ressemble tellement à Jean-Luc. Lui pour qui le nouveau testament était le livre où il puisait son énergie. La messe du dimanche, le moment de la semaine pendant lequel il était en mode « pause ».

Il avait dit à ses enfants : « Lorsque je partirai, il faudra me veiller dans la chapelle pendant 4 jours ». Chacun avait entendu, mais personne n’y avait porté attention. Le jour du départ n’était pas connu. Et pour cause, « Après la chapelle il y avait le chai, et après le chai, le moulin, et après le moulin … » Jean-Luc avait toujours de multiples projets pour les 20 prochaines années !

Ses rêves étaient tellement grands que personne autour de lui ne pouvait les perdre de vue.

Sans doute Jean-Luc lui-même ne pensait pas qu’il serait le premier à reposer dans la chapelle pour son passage vers l’au-delà. Mais Jean-Luc n’a-t-il pas été toujours le premier à passer … N’est-il pas pour Béatrice, pour ses enfants, ses amis, celui qui,  coûte que coûte veut montrer le chemin ? Toujours en tête. Parfois entêté.

Notre ami Bernard Rebillou, le maire de Saint Félix de Foncaude se souvient : « Lorsqu’avec Béatrice vous achetez Pommier, ce ne sont que prairie, bois, terres, et un ancien castrum quelque peu à l’abandon. Vous quittez Morizès pour vous installer sur le site. Vous donnez une nouvelle vie à ces vieilles murailles qui sortent de l’oubli. Jean-Luc, tu restes au conseil municipal de Morizès, ta commune natale tout en participant à la vie communale de Saint Félix. En 2008, tu quittes Morizès pour Saint Félix et deviens adjoint, poste que tu occupais auparavant à Morizès. Nous sommes devenus complices et complémentaires pour mener à bien la destinée de la commune. Tu donnais toujours des conseils justes et avisés. Ton engagement dans les diverses instances professionnelles te donnait une ouverture d’esprit que tu aimais partager.  Nous avions prévu de partir tous les quatre, avec Maryline et Béatrice, pour un séjour à Venise. Mais tu es parti seul pour un autre voyage. Alors bonne route et A Dieu Jean Luc. Notre ami. »

Bernard avait prévu de passer le relais de la mairie à Jean-Luc en 2020. Mais la maladie est arrivée pour contredire ce nouveau projet.

Jean-Luc avait aussi ses secrets … Ceux qu’il réalisait en cachette avec la complicité de ses enfants. Les virées à la brocante de Rauzan pour acheter des meubles ou des accessoires pour le château qu’il stockait en secret avec eux dans les greniers du Castrum afin que Béatrice ne les voit pas.

Sa collection de tire-bouchons, Jean-Luc était « helixophile ». Il en possède aujourd’hui plusieurs centaines. Du plus petit au plus grand, il y a de quoi faire un musée. Ils sont tous répertoriés dans le bureau et tous stockés … dans le grenier. Ils ont été achetés au fil du temps, au fil de ses tournées pendant qu’il livrait du vin, dans toute la France, ou bien sur internet auprès d’autres collectionneurs.

Lorsqu’ils arrivaient par la poste, les colis était toujours au nom de Jean-Louis PIVA. C’était le code pour qu’en l’absence de Jean-Luc, les enfants s’occupent de la réception du paquet pendant que Béatrice disait au facteur : « Il n’y a pas de Jean-Louis ici. Vous faites erreur ! » Nous sommes nombreux aujourd’hui, malgré la crise sanitaire, pour dire au revoir à Jean-Luc. Pour entourer de notre amitié, de nos bouquets de fleurs et de nos souvenirs, ses parents, son épouse, ses enfants, petits-enfants, sa famille, ses amis.

Merci Jean-Luc pour ton engagement comme pilote de Grass Track licencié au Morizès Moto Club et pour tout ce que tu as donné à cette discipline.

Merci Jean-Luc pour ton amitié, tes idées toujours plus nombreuses, originales et iconoclastes. Tes prises de paroles justes et toujours à point nommé, ta voix haut-perchée et si caractéristique nous manqueront.

Merci pour ton sourire, ton entrain et ta joie de vivre. Merci pour ton regard lumineux, malicieux, sur le monde. Merci pour l’étincelle qui l’éclairait. Merci pour ta foi en l’avenir. La façon dont tu montrais le chemin.

Merci pour le courage que tu portais en toi pour déplacer les montagnes dans le travail et dans les épreuves. Il force notre respect.

Merci aussi pour ta part de mystère et tes jardins secrets.

Merci Jean-Luc, pour ton bon sens qui soumettait souvent nos décisions à l’épreuve.

Merci pour ton engagement dans la viticulture, comme pionnier dans l’agriculture biologique dès 1984, comme administrateur du syndicat des viticulteurs de l’appellation Entre-deux-Mers, comme membre assidu de la confrérie des connétables de Guyenne en Entre-deux-Mers ;

Merci pour ta participation active à la commission voirie de notre communauté des communes. Tu pars rejoindre Serge Duru, le Maire de Saint Brice avec lequel vous avez travaillé pendant 12 ans sur l’entretien des routes, sans lequel notre monde rural ne pourrait pas fonctionner.

Merci pour ton engagement déterminant dans l’association « Vallée du Drot, Vallée des Bastides », qui a développé dans notre Entre-deux-Mers les fêtes médiévales pendant de longues années avec l’aide des Conseils Généraux de la Dordogne, du Lot et Garonne et de la Gironde.

Merci enfin pour ce projet patrimonial du Castrum de Pommiers, un rêve d’enfant devenu réalité que tu as porté avec Béatrice, tes enfants, tes parents, Jean-Claude Tillier et une équipe de bénévoles enthousiastes pendant toutes ces années et qui fait rayonner notre territoire dans le monde des amateurs et des promoteurs de l’histoire de France, de l’Aquitaine et du Moyen-Age. Le nom de ta famille est désormais écrit, et de la plus belle manière qui soit, dans l’histoire et le patrimoine de notre région, dans la lignée des seigneurs de Pommier.

Merci à ta famille qui te soutient depuis toujours dans tes projets les plus fous et qui t’a accompagné ces derniers mois dans ton dernier combat, celui contre la maladie de Charcot.

Merci de nous montrer le chemin pour ton dernier voyage, le plus beau, le plus grand pour toi, l’homme de foi, ton voyage vers Dieu.

Merci Jean-Luc.

Repose en Paix et protège de là-haut tous ceux que tu aimes sur cette terre et tous ceux qui t’aiment. Ils sont nombreux. Si aujourd’hui nous sommes tristes et pour tout dire abasourdis par ton départ, nous nous réjouissons tous, cher Jean-Luc, de t’avoir connu.

Nous présentons à ton épouse Béatrice, à tes enfants Sandrine, Guillaume et Elie, à tes parents, Rino et Ginette, à tes amis nombreux, à Jean-Claude Tillier et à tous les bénévoles du Castrum de Pommiers, aux élus et aux habitants de Morizès et de Saint-Félix-de-Foncaude, aux connétables de Guyenne en Entre-deux-Mers, à la collectivité des viticulteurs de l’Entre-deux-Mers, nos très sincères condoléances.

Père Christophe, il est de coutume dans les églises italiennes d’applaudir le défunt pour le remercier. Pouvons-nous applaudir Jean-Luc ?

Yves d’Amécourt – le lundi 8 février 2021 – Eglise Notre-Dame de Sauveterre-de-Guyenne

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