Eloge funèbre de Philippe Naboulet.

Ph_Naboulet_2.jpg « Philippe, cet homme solide comme un roc, courageux comme un chevalier, travailleur comme 4 –viticulteur à plein temps, éleveur à plein temps, céréalier et entrepreneur à plein temps avec celui qu’il appelait « le trabut », il était aussi un ami à plein temps, un mari, un père, un grand-père et un fils aimant et attentionné, fier de sa famille, fier de sa tribu, une tribu dont il était l’homme de base -, généreux comme on en fait plus, sociable et à l’écoute des autres, toujours prêt à aider son prochain. »

Chère Sylvie,
Chère Estelle, Cher Patrice, chers Paloma, Tiago, et Alexandro,
Chère Lucie et Cher Donald, chère Zoé,
Cher Francis, Chère Pierrette, Chère Françoise,
Chers amis de Philippe,

Patrick Maumy, le Maire de Daubèze et tout le Conseil Municipal, les élus du canton, les très nombreux amis de Philippe et de votre famille, les viticulteurs et les administrateurs, les salariés, de la cave coopérative, sa Présidente Céline Wlostowicer, les viticulteurs du secteur, les administrateurs et les salariés du Crédit Agricole, son Président Rémi Garuz, se joignent à moi pour vous présenter leurs très sincères condoléances.

Nous sommes ici aujourd’hui, nombreux, très nombreux, trop nombreux… Notre présence est à la hauteur de la surprise qui nous a tous frappée jeudi soir.

Philippe, cet homme solide comme un roc, courageux comme un chevalier, travailleur comme 4 –viticulteur à plein temps, éleveur à plein temps, céréalier et entrepreneur à plein temps avec celui qu’il appelait « le trabut », il était aussi un ami à plein temps, un mari, un père, un grand-père et un fils aimant et attentionné, fier de sa famille, fier de sa tribu, une tribu dont il était l’homme de base -, généreux comme on en fait plus, sociable et à l’écoute des autres, toujours prêt à aider son prochain.

Philippe que l’on voyait un jour centenaire … Philippe est parti.

On l’imaginait pourtant racontant l’histoire à ses petits enfants, avec une moustache bien blanche et Sylvie a ses cotés.

Lui qui avait tant de chose à dire sur sa famille, sur Daubèze, sur le Canton de Sauveterre, sur le département de la Gironde, sur la France, sur le monde…

Philippe était un érudit en toute chose, il s’intéressait à ses différents métiers, il s’intéressait à tout en profondeur, à tout ce qui concerne l’homme, ses liens avec la terre, et la vie en société.

Elu au conseil d’administration de la cave coopérative en 2002, Philippe en fut le Vice-président de mars 2007 à février 2010. Plus qu’un élu, Philippe passait régulièrement à la cave pour donner un coup de main dès qu’il y avait besoin. Il participait en permanence à la vie de la cave, toujours prêt à se mettre au service de la collectivité.

  • Il transportait les raisins avec sa remorque vers la cave de Saint Pey pour les vendanges de Crémant.
  • Il aidait régulièrement. A chaque fois qu’il y avait un problème à la station, une urgence à gérer, une panne, un souci technique. Philippe était le premier à venir pour donner un coup de main. C’était un homme de terrain, dévoué et efficace quand on avait besoin de lui. Même s’il était débordé sur son exploitation, il se rendait disponible lorsqu’on l’appelait en urgence. Le jour, la nuit, la semaine, le week-end, il était là. Il aimait rendre service et le faisait toujours avec l’esprit qui était le sien, c’est à dire dans la convivialité. Quand il s’agissait de bosser, il le faisait à fond. Dès qu’il avait accompli son travail, cela se finissait toujours autour d’un verre ou par un bon repas.
  • Philippe était un vendeur de vin hors pair. Il faisait découvrir le vin de la cave et son « Château du Pradier » à toutes ses connaissances et les accueillait lui-même au magasin dans une ambiance incomparable. Du vin, il en parlait comme personne. Il adorait le faire goûter, le faire partager, vivre les moments de convivialité. Il était le premier à partir pour des foires, pour les salons d’élevage, toujours prêt à animer un stand de vente des vins de la cave. Les clients étaient sous le charme d’un viticulteur-éleveur qui parlait avec son coeur, qui goutait avec eux, qui leur communiquait sa bonne humeur. Céline précise que « Tout en faisant la fête, Philippe arrivait en un week-end à écouler plus de vin que nous l’aurions imaginé. Ceux qui l’ont accompagné ne sont pas prêts d’oublier ces moments magiques. »

Et puis il y avait son autre passion, l’élevage et la génétique…

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Un jour Philippe m’a appelé à venir le rejoindre à Daubèze. Il recevait en visite privée Madame la Ministre de l’Agriculture du Québec (photo). Elle venait chez lui pour voir ses vaches prim’holstein.

Le Vice-Ministre nous avait expliqué comment les vaches de Philippe avaient fait des petits cousins au Québec. Passionné de génétique, Philippe avait été le premier en Gironde à faire de la transplantation embryonnaire.

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Philippe aimait aussi la politique au sens noble du terme. Il aimait les autres, il aimait organiser les choses, comme cette fête de l’élevage à Sauveterre en 2008, au cours de laquelle on lui remit la médaille de Chevalier dans l’Ordre National du Mérite Agricole (photo). Philippe décoré sur la place de Sauveterre de Guyenne, changé pour quelques heures en ferme géante ! Cette fête, c’est lui qui l’avait voulu !

Philippe a été responsable de la Foire de Bordeaux pour la Race prim’holstein. Pour promouvoir cette race, il a participé à de nombreux salons: Aquitanima, Amiens, Fougères, Château-Gonthier, Epinal… Chaque fois qu’il le pouvait il partait avec un camion rempli de bouteilles de vins de la cave de Sauveterre, pour joindre l’utile à l’agréable.

Philippe a obtenu de nombreux prix pour ses animaux : comme cette génisse Championne de Gironde, jeunes et adultes. C’est peut-être cette génisse primée qui, sur le chemin du retour a fait une halte remarquée au Café de La Sauve… Il fallait fêter l’évènement, la génisse entra dans le café, avec Philippe ! Là-bas chacun s’en souvient !

Philippe a aussi eu le prix de la Meilleure ferme d’Aquitaine.

Philippe aimait les combats de l’agriculture, car il aimait l’excellence en toute chose, et qu’il détestait l’injustice !

Il souffrait au plus profond de lui-même depuis quelques années, avec ces deux crises qui nous frappent : la crise du lait et la crise du vin. Il a participé activement à la création de l’APLI : l’association des producteurs de lait indépendants.

Ses coups de gueule mémorables restent gravés dans les esprits… Et bien souvent, on se disait, « c’est lui qui a raison » !

Philippe aimait les gens qui ont le courage d’affirmer haut et fort leurs convictions. Quand il avait quelque chose à dire, il le disait. Si c’était bien, il le disait, si c’était mal, il le disait. Au bout du compte, on avançait.

Philippe a été administrateur du Syndicat du Contrôle Laitier pendant des années. Installé depuis 1974, après avoir été aide familial, il était aussi Président de la CUMA du Haut Benauge, et Administrateur de la Caisse locale du Crédit Agricole.

Conseiller Municipal de Daubèze, c’est sur cette commune que Philippe avait choisi de faire sa vie avec sa famille en reprenant l’exploitation familiale. Patrick Maumy dit de lui : « Son travail fait avec passion était reconnu de tous. Sa bonne humeur et ses convictions, les valeurs qu’il portait ont fait de lui une personne hors du commun, et tous ceux qui ont pu le côtoyer pouvaient apprécier sa gentillesse et son sens du service. » Il ajoute : « Le son de sa voix ne va plus retentir à Daubèze, ne va plus retentir dans notre canton. »

On ne le verra plus le mardi en fin de matinée, partager quelques charcuteries achetées au marché, chez Sylvie, avec les amis de passage. On ne le verra plus blaguer sur la place de Sauveterre, chez les commerçants, dans les restaurants.

Philippe va nous manquer. Mais son souvenir restera à jamais gravé dans nos mémoires. Ce regard profond et lumineux qui lit dans les pensées. Sa moustache généreuse. Sa poignée de main forte et rassurante, sa carrure protectrice…

Celui que l’on pensait invincible, immortel… Philippe est parti par surprise.

Là où il est, je suis sur qu’il fait déjà la promotion de notre territoire, des produits de notre terroir, du Château du Pradier, du fromage des Chaumes…

Je suis sur qu’il s’inquiète aussi, de savoir, si un jour prochain les paysans pourront de nouveau vivre dignement de leur travail et retrouver leur fierté perdue.

Là où il est, il fait en sorte d’aider ses filles, ses gendres, ses petits enfants, et Sylvie, sa chère et tendre, à reprendre les nombreux flambeaux qu’il avait allumés, et entretenus, d’une belle flamme vivante, conviviale, aimante, … une flamme que nous gardons chacun dans notre cœur.

Là où il est, il continue de veiller sur ses parents et sur sa sœur.

Sylvie, Estelle, Lucie, Patrice, Donald, la collectivité des agriculteurs, des viticulteurs, des éleveurs du canton est là pour vous aider. Comme Philippe l’aurait fait pour nous.

Sylvie, Estelle, Lucie, Patrice, Donald, Paloma, Tiago, Alexandro, et Zoé, à vous et à toute votre famille, à Francis et à Pierrette, à Françoise, nous présentons nos très sincères condoléances.

2 commentaires sur “Eloge funèbre de Philippe Naboulet.”

  1. Grand homme, toujours accueillant , C’est une réelle tristesse pour moi de voir ce voisin si gentil partir. Condoléances à sa famille.

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