[Entretien avec Gabrielle Cluzel] « Il n’y a pas de liberté sans responsabilité » (Partie II)

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Suite de l’entretien publié hier.

Gabrielle Cluzel. J’ai été frappé de voir que, sur son profil Twitter, est inscrit en premier – comme sur le vôtre – la mention « père de famille ». C’est important, selon vous ? 

Yves d’Amécourt. Bien sûr, que c’est important. Les mandats électifs, l’exercice d’un métier, la vie professionnelle, ce sont des parenthèses dans notre vie. « Père de famille » c’est pour toujours. C’est un engagement durable. « Nous n’héritons pas la terre de nos parents, nous l’empruntons à nos enfants », disait Antoine de Saint-Exupéry.

Être père de famille aide à comprendre les notions de fraternité, de responsabilité, de liberté, et comment elles s’articulent entre elles, dans le temps, selon les circonstances, dans l’urgence, avant, pendant et après une tempête… L’expérience de père de famille m’a permis de faire la part des choses entre ce qui est l’intérêt individuel, l’intérêt collectif et le bien commun.

Or, la recherche du bien commun est au cœur de nos mandats d’élus… Le bien commun, ce n’est pas l’addition des intérêts individuels. Ca n’est pas, non plus, l’intérêt collectif. C’est bien au-delà de ça.
Et puis, être « père de famille » c’est aussi être l’un des acteurs du long processus d’éducation de ses enfants. C’est être maître d’apprentissage. C’est être aussi papa. La famille est un lieu de débat, de confrontation, où le père joue un rôle particulier. Les enfants se construisent par identification à leurs parents, père, mère, papa et maman, puis par différence, par confrontation. La vie familiale, c’est l’école de l’altérité. C’est l’école de l’humilité. C’est le premier lieu d’apprentissage de la vie en société. Puis vient la crèche, l’école, la commune…

À l’heure où un certain nombre de rôles sont remis en cause dans notre société, afficher celui de « père de famille », de « papa », est important.

G. C. Mais au fond, David Lisnard n’est-il pas plus proche, sur les sujets essentiels, d’un Éric Zemmour ou d’une Marine Le Pen que bien des sommités à l’intérieur de son propre parti… comme Gérard Larcher ?

Y. d’A. Les partis, les personnes… ce n’est pas notre sujet. Notre sujet, c’est la France et les Français. L’objectif n’est pas de savoir de quel homme ou femme politique nous sommes proches. L’objectif est de savoir quel est le projet que l’on propose aux Français pour leur redonner confiance et foi en l’avenir. Notre sentiment profond est qu’il faut redistribuer les cartes et faire le pari de la liberté ! Finalement, depuis quarante ans, comme disait François Fillon, en 2017, « on a tout essayé, sauf la liberté ! »

Nous sommes passionnément attachés à la liberté parce qu’elle permet aux individus de s’émanciper et qu’elle est source de créativité et de prospérité. Nous savons qu’il n’y a pas de liberté sans responsabilité. La responsabilité permet d’installer la confiance en lieu et place de la défiance, c’est la possibilité de déléguer pour être plus efficace. C’est tout l’enjeu de la subsidiarité. Or, au fur et à mesure que l’on a supprimé la liberté, on a dilué la responsabilité et supprimé la subsidiarité. C’est le propre des organisations verticales, jacobines. À Nouvelle Énergie, nous sommes girondins.

À ce sujet — [Entretien] « Depuis la présidentielle de 2022, LR joue en deuxième division »

Le contrat de confiance entre l’État et les citoyens, les collectivités, les entreprises, n’existe plus. L’État a voulu prendre la main sur de trop nombreux sujets. Il est partout et, en fait, il est nulle part. Il est devenu inefficace sur les sujets qui sont pourtant de sa compétence : la justice, la sécurité… Il se mêle de tas de sujets qui ne sont pas de son ressort et il a transféré à l’Europe des compétences qui relèvent de la souveraineté nationale…

Plus personne n’y comprend rien ! Là où, autrefois, on attendait un préfet, c’est le ministre en personne qui se déplace. Là ou on attendait un ministre, c’est le président de la République. Il y a trop de niveaux, dans notre organisation territoriale, et le partage des compétences est loin d’être clair. Il y a trop de lois, trop de décrets, trop de normes, trop de textes… Plus personne n’est responsable. On a même inventé le concept de « responsable mais pas coupable » et le « principe de précaution », autrement dit le parapluie à tous les étages ! Et à chaque fois que l’État entreprend une simplification, cela abouti à de nouvelles normes !

À Nouvelle Énergie, nous préférons « l’ordre juste ». Pour cela, il faut remettre les choses à l’endroit et faire que chacun comprenne le fonctionnement de nos institutions. Il n’y a pas de démocratie sans compréhension. Il faut redéfinir les rôles de chacun, les responsabilités qui leur incombent et leur rendre la liberté d’agir.

Ainsi, méthodiquement, pas à pas, nous deviendrons des artisans de la performance publique et de la lutte contre la bureaucratie, notamment au sein de l’État, qui doit être recentré sur ses missions essentielles. Nous encouragerons les initiatives privées et les initiatives locales au lieu de les contraindre : elles sont sources de progrès, de croissance et d’emplois. Elles sont sources de souveraineté !

G. C. N’est-ce pas à l’État de rétablir sa souveraineté ?

Y. d’A. Penser que la souveraineté viendra de l’État, comme on peut l’entendre ou le lire, y compris dans les écrits d’organismes gouvernementaux, est une grossière erreur. C’est, au contraire, en installant une société de confiance et de responsabilité que nous multiplierons les initiatives, libérerons les énergies, que nous regagnerons l’indépendance perdue de la France. Que nous retrouverons une ambition industrielle, agricole, scientifique, numérique, environnementale et climatique. Quitte à reprendre à l’Europe des compétences que l’on n’aurait jamais dû lui donner, comme l’écrit Édouard Balladur, dans une récente tribune parue dans Le Figaro. L’Europe a été créée pour être un levier de puissance dans le monde, pas pour nous engager dans une politique commune de décroissance et d’appauvrissement.

À Nouvelle Énergie, nous ne sommes pas des déclinistes. Nous sommes résolument tournés vers l’avenir, confiants dans les entreprises, l’innovation, la créativité française et dans notre capacité à répondre à l’enjeu écologique comme à tous nos défis mondiaux et nationaux.

Nous sommes aussi viscéralement soucieux de l’unité nationale par la reconnaissance du mérite et du travail, la maîtrise de l’immigration et l’assimilation, le respect de notre Histoire, toute notre Histoire, la préservation de nos paysages et la valorisation de notre géographie, l’instruction, le renouveau éducatif pour l’émancipation individuelle et la concorde nationale. Ainsi, nous sommes opposés au racialisme, à l’indigénisme, au wokisme, fruits d’un déconstructionnisme qui conduit au nihilisme ou à la tyrannie.

Plus que tout, nous croyons en la France, en sa culture, sa continuité et son universalisme, que nous désirons assurer en assumant un projet moderne, enraciné, ouvert et tourné vers une nouvelle espérance. « Un pessimiste voit la difficulté dans chaque occasion. Un optimiste voit l’occasion dans chaque difficulté », disait Winston Churchill. Les difficultés ne manquent pas. Nous sommes résolument optimistes !

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