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Gabrielle Cluzel. Yves d’Amécourt, vous êtes vigneron en Gironde, militant historique de la droite dite « classique », adhérent du RPR, de l’UMP puis de LR. C’est sous les couleurs de cette droite que vous avez été maire de Sauveterre-de-Guyenne, conseiller général de la Gironde, conseiller régional de Nouvelle-Aquitaine, président de la communauté de communes rurales de l’Entre-Deux-Mers, porte-parole national du Mouvement de la ruralité. Vous avez été le porte-parole national du candidat Fillon sur les sujets agricoles et ruraux. Bref, vous êtes assez représentatif de cette droite… droite dans ses bottes, passablement orpheline aujourd’hui. Aujourd’hui, on vous voit très proche du maire de Cannes, David Lisnard, qui est sur tous les fronts. Le nouveau François Fillon, selon vous ?
Yves d’Amécourt. David Lisnard a de nombreux points communs avec François Fillon, c’est un coureur de fond, il est persévérant, il a des convictions bien ancrées, il trace son sillon. David, comme le fut François, est un élu local, maire, conseiller général, président d’une communauté d’agglomération. Il est au contact direct des habitants. Président de l’Association des maires de France, il effectue un tour de France des associations départementales de maires. Il est sur le terrain, au contact direct des élus. Un maire, c’est quelqu’un qui décide en permanence, qui concerte, qui tranche, qui avance. Le talent d’un maire réside dans sa capacité à imaginer demain, puis partager sa vision des choses, avec son équipe municipale, les élus, et avec son administration, enfin, à déléguer, à responsabiliser et à faire confiance. Le maire a besoin de temps pour préparer l’avenir et pour gérer les aléas. Pour bien le faire, il doit s’appuyer sur ses équipes pour gérer le quotidien « en mode normal ». Lorsque les choses sont évidentes et que tout le monde est d’accord, il n’y a pas besoin de maire… Le maire est là pour décider ce qui ne fait pas consensus, notamment l’indécidable. Pour envisager l’avenir en fonction de l’analyse qu’il fait de l’évolution des besoins, exigences nées de la nature ou de la vie en société.
Pour cela, les maires ont besoin d’écouter, d’apprendre et de comprendre les sujets avant de s’exprimer, quand d’autres se satisfont de quelques éléments de langage… Les maires s’intéressent à tous les sujets quand d’autres se focalisent sur une problématique particulière et regardent tous les problèmes à l’aune de leur spécialité. David a besoin d’être nourri, pour construire, sur chaque sujet, une intime conviction. Il aime mettre des ordres de grandeur sur les problèmes afin de quantifier et de qualifier des mesures significatives. Il ne se satisfait pas des seuls diagnostics, il a besoin d’avancer des solutions, des propositions concrètes. Fort de cela, une fois convaincu du chemin qu’il convient d’emprunter, il avance ses arguments et ses propositions, les solutions qu’il propose, avec une sincérité visible et convaincante, sans se soucier du qu’en-dira-t-on. Et puis David, comme François, aime travailler en équipe. Il aime cosigner des papiers ou des tribunes, des livres (Refaire communauté, Pour en finir avec l’incivisme, La culture nous sauvera, Le réveil de la droite), des préfaces (La Dictature bureaucratique, Initiation à l’économie de la construction), avec les gens qu’il estime (Alexandra Martin, Naïma M’Faddel, Lisa Kamen, Viviane Chaine-Ribeiro, Thibaud de Montbrial, Frédéric Bizard…) ou les membres de son équipe. C’est très agréable. Il écoute beaucoup. Nous avons signé quelques tribunes ensemble sur la bureaucratie, l’agriculture, l’énergie, le logement. Nous avons de nombreux sujets en partage, des valeurs et des convictions communes.
G.C. Pèse aujourd’hui sur LR une présomption d’insincérité. Nombre de Français, pourtant longtemps restés fidèles électeurs, disent se sentir trahis. Jugent que ce parti n’est plus qu’un canard sans tête et une auberge espagnole. Nous le constatons dans les commentaires des lecteurs de BV. Imaginez-vous possible qu’un David Lisnard puisse rebâtir cette confiance perdue ? Et pourquoi lui plutôt que Laurent Wauquiez et François-Xavier Bellamy qui sont un peu, si j’ose dire, sur le même créneau ?
Y.d’A. Je rencontre tous les jours des militants qui sont déboussolés, qui se sentent « orphelins », comme vous le disiez tout à l’heure. De nombreux amis qui se sont abstenus lors de l’élection présidentielle et des élections législatives, faute d’offre politique satisfaisante…
Depuis la primaire de la droite et du centre, en 2016, qui avait vu se déplacer vers les urnes plus de 4 millions de sympathisants à l’issue d’un débat de grande qualité, depuis la présidentielle de 2017 lorsque François Fillon avait recueilli sur son nom, malgré tout, plus de 7,2 millions de suffrages, LR n’a cessé de perdre des militants et des sympathisants. Il faut se rendre à l’évidence : depuis les élections présidentielles de 2022, LR joue en deuxième division.
L’idée même du « rassemblement du peuple français », au-delà des partis politiques, si cher aux gaullistes, a disparu du logiciel de LR. C’est pourtant ce rassemblement qui permettra de revenir au pouvoir. Mon sentiment est que le rassemblement n’est possible qu’autour d’un projet, un projet fédérateur. Ce projet, ce doit être une vision qui redonne espoir en l’avenir, quelques propositions concrètes et bien dimensionnées et une méthode qui montre et démontre qu’elles sont possibles à mettre en œuvre. C’est le travail qu’a entrepris David Lisnard avec Nouvelle Énergie. Nous partons du principe que le temps que nous consacrons à bâtir un projet est, de toutes les façons, utile à notre famille politique. Le chemin que nous parcourons ensemble aujourd’hui est porteur d’avenir. Nous ouvrons de nouvelles portes, nous évoquons de nouvelles solutions, nous alimentons les débats du moment avec des propositions différentes et nous ouvrons de nouveaux débats. Nouvelle Énergie est un stimulant de la créativité et participe ainsi au besoin de renouveau de notre démocratie.
À suivre…