Après la Champagne, le CIVB a annoncé son intention de faire le bilan carbone de la filière vin de Gironde. Le bilan carbone est au CO2, ce que le bilan financier est à l’exploitation. Il s’agit de mettre en évidence, dans notre filière, le CO2 émis, d’une part et le CO2 fixé, d’autre part, et le CO2 que nous participons à stocker.
Absorption et stockage
La production de vin, comme toutes les productions agricoles, consiste à transformer le CO2 en « matière organique », donc à fixer du CO2. Le vin, lui même, est un concentré d’énergie solaire dans une verre. Cette énergie solaire est stockée dans les chaînes carbonée produites.
Les ceps de vignes stockent du carbone. Lorsqu’un viticulteur taille sa vigne et enfouit les sarments, ce sont à chaque kilo de sarments enfoui, quelques 100 litres de CO2 qu’il fait disparaître dans le sol. Soit par hectare de vigne environ 300000 litres de CO2 par an… Par contre si ce même viticulteur brûle les sarments en bout de rang, il largue dans l’atmosphère le CO2 qu’il avait fixé.
L’utilisation de l’enherbement entre les rangs, est aussi une méthode de fixation de la matière organique, donc du CO2. Ce bilan carbone doit être pour nous l’occasion de promouvoir cette méthode, qui, par ailleurs a d’autres avantages : fixation des sols, amendement naturel, diminution de l’usage des désherbants.
La culture et l’utilisation des plantes est un bon moyen de participer à la maîtrise de l’effet de serre, par le stockage de la matière organique, donc du CO2. Lorsqu’un viticulteur utilise 1 m3 de bois pour carassonner la vigne, ce sont presque 100000 litres de CO2 qui sont fixés pour une génération. Utiliser le bois dans les charpentes de nos chais, dans les menuiseries, dans les barriques, c’est participer du même coup au stockage des gaz à effet de serre.
Couper un chêne quand il cesse de fixer le CO2, c’est à dire quand il est trop vieux et qu’il ne croît plus, c’est rendre service à l’atmosphère. Les arbres ont une période de croissance pendant la quelle il consomme et fixe plus de CO2. A cette période il vaut mieux couper l’arbre et l’utiliser dans la filière bois, plutôt que de la conserver. Ainsi un baliveau prendra son tour, et fixera de la matière organique, donc du CO2… A coté des forêts primaires dont le rôle est le conservatoire de la biodiversité, il faut donc encourager la forêt cultivée, dont le rôle est la fixation du CO2. Le savoir faire du forestier est d’optimiser cette fixation en aidant l’arbre à s’accroître plus vite, d’une part, et à faire que les bois puissent être utilisé à bon escient, d’autre part, afin que le CO2 soit ainsi stocké dans les produits.
Tailler, enfouir, cultiver, composter, construire sont autant de moyens positifs de maîtriser l’effet de serre… Faire le bilan de nos pratiques nous permettra d’améliorer nos actions.
Emission
Notre activité émet aussi du CO2. Nous utilisons de l’énergie. Nous utilisons du pétrole pour faire rouler nos tracteurs, nous utilisons de l’électricité dans nos chais, nous achetons des produits dont la fabrication est consommatrice d’énergie telle que nos bouteilles en verre…
Citons quelques exemples.
Nos tracteurs : ce bilan carbone sera l’occasion de mettre en évidence la différence qu’il y a en terme d’utilisation de tracteur, entre les différentes pratiques : entre un tracteur et un quad, entre les vignes étroites et les vignes hautes et larges… Quand on divise par 4 le poids de l’engin tracateur, on diminue d’autant le carburant utilisé… Quand on divise par deux la distance à parcourir pour travailler une parcelle, le bilan carbone est meilleur.
Nos bouteilles : aujourd’hui, sur les marchés, le poids de la bouteille, est proportionnel à l’image de qualité que l’on veut donner du vin. Mais à chaque fois que l’on augmente le poids de la bouteille, cela va dans le sens d’une augmentation du poids du verre, donc de l’énergie utilisée pour la produire. Cela va dans le sens d’une augmentation du coût du transport, car on met de moins en moins de bouteilles dans un camion, car elles sont de plus en plus lourdes…
La mis en bouteille dans la région de production : Un débat a lieu aujourd’hui sur la « mise en bouteille dans la région de production » alors que de gros opérateurs préfèrent « mettre en bouteille sur les régions de consommation ». Il va de soi que cette seconde méthode est bien préférable du point de vue du bilan carbone… Reste à trouver les méthodes pour certifier la traçabilité des produits.
Les nouveaux emballages : quel est le bilan carbone d’un vin en « bag in box », comparé à un vin en frontignan ? Rappelons qu’il y a quelques années l’INAO voulait interdire la vente d’AOC en BIB, sous prétexte que cet emballage ne donnait pas une bonne image de l’AOC… Mon intuition me fait dire -mais c’est à vérifier- que le bib est plus performant que la bouteille en verre du point de vue du bilan carbone… Et dans cette ligne, Que penser de la vis, par rapport au bouchon en liège, du bouchon en liège comparé au bouchon technique, du bouchon technique comparé au bouchon plastique ?
Autant de question que peut poser la démarche bilan carbone proposée par le CIVB.
Gisement de progrès
Ainsi une fois que nous aurons dressé un bilan de nos pratiques, de celle de nos fournisseurs et de celles de nos clients (réutilisation, recyclage), nous pourrons établir des objectifs pour l’avenir en terme de diminution des émissions, d’absorption et de stockage. Ce seront autant de « gisements de progrès ».
Gisement d’énergie
Nous mettrons au jour, aussi, des gisement d’énergie.
En effet, nos excédents vinicoles, aujourd’hui servent à produire de l’éthanol. C’est une filière bien organisée. Cette filière éthanol est-elle performante, peut on améliorer son efficacité ? D’autres filières ne sont-elles pas intéressante à étudier telle que la production d’électricité (projet de St Genès de L), la méthanisation des nos marcs, … etc
Que ferons nous de nos marcs dans l’avenir ? C’est une question intéressante que nous le projet de réforme de l’OCM nous propose de poser avec plus encore d’acuité.
Sur le secteur de l’Entre Deux Mers, une filière bois énergie est en train se mettre en place pour utiliser, notamment, les ceps de vignes après leur remplacement, les carassons usagés ou cassés, … et autres déchets tels que les palettes de transport de nos intrants et de nos vins. à suivre…
Le bilan carbone de la filière viticole est une nécessité, car c’est sur la base de ce bilan que nous pourrons évaluer les gisements de progrès, et les gisements d’énergie de notre filière. Ce sont une multitude de nouvelles questions qu’il nous faut nous poser avec l’objectif d’émettre moins, de fixer plus, et de mieux utiliser les gisement d’énergie dont nous disposons.
« Le plus difficile, ce n’est pas de trouver des idées nouvelles, c’est de faire évoluer les idées anciennes qui ont poussé leurs ramifications dans tous les coins de l’esprit…» …
John Meynard KEYNES (Théorie Générale)
La preuve du réchauffement de la planète.
Carte de voeux 2008 du Château de Blassan – Maïthé et Guy Cenni
Bonjour,
la filière met en place une démarche de groupe sur le bilan carbone, pour ma part je propose aux entreprises viticoles de réaliser le B.C sur leurs propriétés.
merci si vous avez la possibilité de faire suivre l’info et mes coordonnées
salutations viticoles