Aujourd’hui à la Mairie de Bordeaux j’ai assisté à une cérémonie très émouvante. Mes amis Claude et Francine Fournier m’avaient invité à les accompagner. Francine recevait avec sa soeur et son frère, au nom de leurs parents, Georges et Jeanne Cadapeaud, la reconnaissance de « justes parmi les Nations ».
Georges et Jeanne Cadapeaud, justes parmi les Nations.
« Karl et Gertrud Rosenberg arrivent en France en 1933 et vivent à Paris jusqu’en 1939, ils parlent parfaitement le Français. Karl est avocat. Pierre leur fils unique naît en 1936.
A la déclaration de la guerre, Karl Rosenberg s’engage dans la légion étrangère, tandis que Gertrud Rosenberg et la mère de Karl quittent Paris à pied et arrivent à Auriac-sur-Dropt.
Karl, démobilisé en 1940, vient rejoindre sa mère et Gertrud. Pierre, bien qu’en sécurité à Arcachon, rejoint ses parents en novembre 1940 avec l’aide de Maurice Léonat, pharmacien à Duras, qui était autorisé à se rendre de la zone libre à la zone occupée pour exercer.
Le Maire M. Serres, sa femme, son Père et l’ensemble des habitants d’Auriac-sur-Dropt mettent tout en oeuvre pour protéger la famille. Les Rosenberg sont prévenus des rafles par M. Petit, Préfet du Lot et Garonne, et se cachent dans les bois, au Moulin des Hirondelles, tandis que Pierre est confié à des familles amies.
Fin 1942 les rafles s’intensifient et la famille part à Cazaugitat avec l’aide de résistants de la région.
Ils sont cachés chez Georges et Jeanne Cadapeaud, vignerons, qui aident la famille Rosenberg avec modestie, courage et dignité. Pierre va à l’école du village avec les enfants Cadapeaud, Roland, Francine et Georgette.
En 1944, dans les derniers jours de l’occupation, la division « Das Reich » descend l’allée qui mène à la ferme. Georges Cadapeaud va à leur rencontre et leur indique le bon chamin … à l’opposé !
A la libération, les Roensberg obtiennent la nationalité française et Karl Rosenberg reste quelques temps secrétaire de mairie d’Auriac-sur-Dropt et de Cazaugitat.
Les Rosenberg ont conservé des liens amicaux à Auriac comme à Cazaugitat. Ils sont restés très proches de leurs sauveurs. Pierre, quant à lui, président-directeur-général du musée du Louvre de 1994 à 2001 et élu académicien en 1995 est toujours en contact avec ses amis d’enfance, les Cadapeaud, Roland, Francine Fournier et Georgette Thibaudeau. »
In CRIF Aquitaine Sud-Ouest, novembre 2007.