La Communauté européenne vient de renouveler l’autorisation du glyphosate pour 5 ans. Cette décision très attendue, sans cesse différée depuis plusieurs mois, a été prise en se fondant sur les avis de l’EFSA et de l’ECHA, agences européennes officielles et indépendantes ; c‘est une décision prudente : en raccourcissant la durée d’autorisation de à 5 ans, l’Europe rend possible une évaluation plus fréquente de la molécule, tout en préservant son usage par les agriculteurs, que rien, en l’état actuel des connaissances scientifiques, ne permet de remettre en cause.
Le glyphosate est aujourd’hui le seul herbicide système utilisable pour les grandes cultures. Sa disparition du marché constituerait une impasse technologique majeure et compromettrait des techniques de culture comme le semis sans labour, plus respectueuses des sols.
Les agriculteurs ont donc accueilli avec soulagement la décision modérée de la communauté européenne.
Mais en France, la démagogie est à l’œuvre : au mépris de l’avis des scientifiques chargés de l’évaluation– dont celui de notre propre agence sanitaire, l’ANSES – le Président de la République et le Gouvernement décident de ne pas appliquer la décision communautaire, pourtant très prudente, et de réduire à trois ans la durée d’autorisation du glyphosate.
Cette décision catastrophique pour l’agriculture, très coûteuse pour les utilisateurs, est un nouvel exemple de la sur-transposition des normes européennes au nom d’un principe de précaution fondé sur l’exploitation des peurs, le dénigrement des experts et le mépris de la science.
Au moment même où le Président Emmanuel Macron annonce qu’il s’engage à corriger l’excès des normes qui pèsent sur les français par rapport aux autres pays européens, il démontre par ses actes, qu’il ne tient ni ses promesses, ni sa parole.
On ne peut pas « en même temps » souhaiter l’harmonisation des normes en Europe et s’en affranchir par idéologie pour être plus sévère en France !
Yves d’Amécourt et Gil Rivière-Wekstein