Le « ban des vendanges » : un archaïsme à la française !

Une année encore pour le sempiternel débat qui occupe en cette saison la filière viticole ! Un boulanger peut cuire son pain quand il le décide, un céréalier peut moissonner son blé quand il le souhaite…Mais un viticulteur, pour vendanger, doit attendre que M le Préfet ait proclamé le ban des vendanges !

Chaque année un comité départemental de maturité se réuni, qui est chargé de donner un avis au préfet, afin que la Préfet puisse « proclamer le ban» !

On convoque pour se comité le ban et l’arrière ban… Comme il y a en Gironde, une multitude de terroirs et d’expositions, les raisins n’arrivent pas à maturité au même moment… Le ban n’a jamais le même avis que l’arrière ban !

Ajoutons à cela que la date idéale pour récolter un Bordeaux Blanc destiné à une consommation dans l’année, n’est pas la même que celle d’un grave, qui restera quelques années en cave… Que la date de récolte d’un « cabernet sauvignon » destiné à l’élaboration d’un Rosé, n’est pas la même que celle du même « cabernet sauvignon », destiné à produire un cru classé du médoc…et vous aurez tous les ingrédients d’un processus conçu pour débattre sans fin…

C’est chaque année le même dialogue de sourd…qui abouti, après un accouchement dans la douleur, plein de renoncement d’incompréhensions réciproques, et parfois d’invectives, à l’émission d’un avis par le comité de maturité.

Cet avis circonstancié (sic), permet au Préfet de proclamer le « ban des vendanges » !

Cette année le ban des vendanges pour les merlots et pour les cabernets sauvignons destinés à l’élaboration de rosés par pressée directe est fixé au 18 septembre !

Je propose que l’on supprime la proclamation du ban des vendanges par le préfet et que l’on laisse chacun mesurer la maturité de sa récolte, avec l’aide de son œnologue, afin d’établir, en toute liberté, pour chacun de ses produits, l’optimum de récolte !

« Proclamer un ban » est une expression qui nous vient du droit féodal … Comme l’explique Pierre Vital dans son livre « Les vieilles vignes de notre France » : « En droit féodal, le seigneur haut justicier dispose du pouvoir d’établir des règlements et des proclamations publiques (droit de ban), sur l’étendue de son domaine. Ainsi, par ban, le seigneur s’attribue, dès le XIe siècle, le monopole d’installations telles que four, forge, pressoir, moulin à grain, moulin à huile ; il en résulte, pour les habitants de la seigneurie, l’obligation d’utiliser ces installations, dites banales, contre redevances (souvent en nature). »

Et de poursuivre : « La Révolution française le considéra comme un des droits féodaux reconnus odieux par la Nation, aussi la Constituante inscrivit dans une Loi de 1794 la déclaration suivante : «Chaque propriétaire sera libre de faire sa récolte de quelque nature qu’elle soit, à l’époque qui lui conviendra, pourvu qu’il ne cause aucun dommage aux propriétaires voisins. Cependant, dans les pays où le ban des vendanges est en usage, il pourra être fait chaque année, un règlement par le Conseil de la commune ». »

Alors vive la république, et adieu le ban !

Fermez le ban !

11 commentaires sur “Le « ban des vendanges » : un archaïsme à la française !”

  1. Faux et archi faux.

    Tout vigneron peut vendanger quand il le souhaite. La date du ban n’a de valeur que pour celui qui souhaite chaptaliser son vin. Et là il est normal de ne pas autorisr à chaptaliser un vigneron qui ne sait pas attendre la maturité. On nepeut pas tout avoir.

    D’autre part le ban tient compte de chaque spécifité de cépage et d’aOC.

    Enfin, on a ajamais vu ban publié trop tard, mais plutôt toujours en amont de la maturité optimum. Au delà de cette date chaque viticulteur responsable, mais ils sont de lêtre tous, est libre de déterminer la date qui lui convient et de repousser le début de récolte.

  2. Monsieur le vicomte a sans aucun doute la nostalgie de la taille et de la gabelle. rassurez vous siDATI reste encore un peu vous aurez droit de vie et de mort sur votre royaume.
    RENE

  3. Archaïsme…adaptable…

    Le ban des vendanges occupe en effet pas mal de personnes pendant quelques journées et pas mal d’énergie pour, seulement fixer non pas une date de récolte idéale pour chaque parcelle, mais une date à partir de laquelle il est possible d’enrichir un vin ( par saccharose ou mout concentré de raisin).
    Peut être faut il changer la loi ?
    En attendant nous allons surtout changer le fonctionnement du comité de maturité pour ne plus laisser croire ou surtout croire nous même que cette date est un indicateur de maturité transposable à chaque parcelle, à chaque type de vin .
    Dès 2008 ,nous tenterons de fixer un Ban bien plus précoce pour sortir de cette ambiguité et laisser la pleine responsabilité à chaque viticulteur.

  4. Entièrement d’accord pour la suppression, c’est une aberration bien de chez nous. J’irai même plus loin que toi, c’est une mesure qui déresponsabilise les vignerons. Cette année fut édifiante à ce sujet.
    Une petite anecdote qui donne un autre éclairage…
    Je suis allé au resto vendredi 14 septembre et j’y ai rencontré un viti qui vend toute sa production en vrac,(vv) pour les intimes,
    VM(le vigneron masqué) Alors ces blancs?
    VV: Je les ai fini depuis une semaine, le ban des vendanges était le 31 août, alors on a tout ramassé car on avait peur de la pourriture… Et toi?
    VM: Je commence lundi, Les quinze jours de beau temps avec ce petit vent du nord a tout seché, pas un grain de pourri et une belle maturité.
    VV: Cela m’est égal, au moins ils sont dedans et de toute façon le Négoce ne l’achètera pas plus cher qu’il soit bon ou pas.
    CQFD: Le ban des vendanges, c’est comme le commerce du négoce en vrac,il produit l’effet inverse à l’effet recherché: il déresponsabilise et ne permet pas la recherche de la qualité dont nous avons tant besoin.
    Dur dur le libéralisme…

  5. Cher Viticulteur masqué (???),

    Quelle belle démagogie!!! Quel beau parallèle entre le ban des vendanges et le négoce !!! C’est certain, c’est sûrement avec les vins les plus mauvais et les moins chers que le négoce prospère… Je suis désolé, mais je ne crois pas que la responsabilité ou le bon sens ne soit le monopole que des propriétaires vendant directement leur vin en bouteilles. Il existe dans notre belle région de l’entre deux mers beaucoup de viticulteurs discrets qui travaillent en relation étroite avec leur négociant, par l’intermédiaire de leur courtier, dans la recherche du meilleur produit possible afin de le valoriser au maximum….

    Je ne vois pas en quoi les dates de ban de vendanges soient un handicap de nos jours. Elles sont en générale en avance par rapport à la maturité, et je pense qu’elle ne dérange qu’une partie de la profession dont l’état sanitaire des vignes laisse perplexe… Et je veux bien que l’on me parle de vendanges précoces pour répondre à l’attente de certains marchés, mais de là à proposer du poireau vert ?….

  6. Cher Xavier,
    Tout de suite les grands mots…
    Un blog c’est fait pour échanger et discuter non?
    Le problème des vignerons qui travaillent par l’intermédiaire des courtiers avec le Négoce, c’est qu’ils ne voient pas le marché. Le marché c’est le consommateur, le prix du vin, ce n’est pas celui du tonneau. Pensez-vous vraiment qu’en achetant des vins en dessous des coûts de production vous rendez les gens responsables? Pensez-vous vraiment que vous incitez à la qualité en coupant les vignerons du marché? Je propose un truc: que les courtiers soient payés par les vignerons et non par les négociants… 😉

  7. Oui à la discussion sur un blog, mais avec un vigneron masqué, ce n’est pas très courtois…
    Il y a beaucoup de vérité dans vos propos, mais aussi pas mal de généralités… "le marché, c’est le consommateur" : il n’y a pas qu’un type de consommateur et un type de marché. le marché du négoce et celui de la vente de bouteilles aux particuliers ou aux petites enseignes ne sont pas comparables. Ne donnez pas tant de pouvoir au négoce ou aux courtiers, ils n’ont pas le contrôle des prix. Le prix est le balancier entre l’offre et la demande… Je ne pense pas que les courtiers ou les négociants gagnent plus d’argent maintenant qu’à la fin des années 90…
    La solution serait donc que tous les vignerons vendent eux-mêmes leur vin ? Ils auraient certes une vision plus concrète des marchés (et ça ferait mal à plus d’un), mais je ne suis pas sûr que cela suffise à faire remonter le prix de la bouteille de Bordeaux ?!
    Autre question dont je n’ai pas la réponse : faut-il payer plus cher pour faire de la qualité ou faire de la qualité pour pouvoir être payé plus cher ?
    Pour votre proposition sur le courtage, 2% vendeur et 2% acheteur m’arrangerait beaucoup…

  8. Cher Xavier,
    Zorro était pourtant très courtois…
    Courtois, courtiers, hommes de cour…
    Un petit rappel chiffré:
    -un vin vendu en grande distribution à 4,95 € TTC. se facture 3,09 € HT. départ soit 2004 € le tonneau avec une mise de 0,60 € et un budget commercial de 0,82€.
    – un vin vendu en promo à 1,90 € HT. départ rapporte 1560 € le tonneau avec une mise de 0,60 €.
    Ce n’est pas une généralité que de dire que le marché c’est le consommateur. Le vin fini toujours dans une bouteille et sera acheté puis bu (et pissé) par un consommateur.
    En ce qui concerne le chien qui se mort la queue, je dirais qu’il faut VENDRE plus cher pour faire de la qualité. Le "Etre payer" c’est rester dans une logique de crise. On a trop dit que la crise était due à une surproduction. Nous connaissons une crise de mévente.Ce n’est pas la faute du Négoce, c’est un commerçant et il a toujours vendu les produits que ses clients lui demandent. C’est aux vignerons de se réveiller et d’aller occuper le terrain avec leurs produits.

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