Les 6 et 13 décembre prochains auront lieu les élections régionales. Pour la première fois, vous serez appelé(e) à élire vos représentants dans le cadre de la nouvelle région Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes. Cette nouvelle région devra relever le défi de la croissance et du développement économique. Votre décision sera donc déterminante pour les six années à venir. Avec la liste de renouveau d’union de la droite et du centre que je conduis, je souhaite porter un projet guidé par trois impératifs :
- Donner la priorité à l’emploi en libérant l’économie et en favorisant l’apprentissage, l’éducation des jeunes et la formation professionnelle,
- Maîtriser la dépense publique pour réduire la fiscalité, en réduisant le train de vie de la Région et en allouant l’argent public plus à l’investissement qu’au fonctionnement,
- Valoriser et respecter les territoires en investissant dans les infrastructures numériques, routières et ferroviaires.
Le secteur sylvicole et la filière Bois constituent pour nous un sujet essentiel. Avec 2,8 millions d’hectares, 25% de la forêt privée française, la grande Région sera la 1ère région forestière de France. La filière représente 55 000 emplois, soit 1 emploi industriel sur 5, et un chiffre d’affaires de près de 10 milliards d’euros, dont 1,6 milliards d’euros à l’export.
Or le constat est sans appel : la filière bois, pourtant l’un des joyaux de l’économie de notre nouvelle Région, souffre de l’incapacité des exécutifs régionaux sortants à anticiper et accompagner ses évolutions.
La filière bois dans la région est ainsi au cœur d’un paradoxe, puisqu’elle exporte du bois brut et importe des produits transformés à plus forte valeur ajoutée. Un rapport du Sénat d’avril 2015 critiquait ainsi l’absence de vision stratégique de la part des Conseils régionaux sortants.
Il devient vital de structurer la filière, du sylviculteur jusqu’aux industries de transformation et à la biomasse, afin de favoriser les gains de compétitivité. Dans cet effort, la Région, en partenariat avec la délégation régionale du CNPF (Centre National de la Propriété Forestière) et les collectivités territoriales, doit jouer un rôle de moteur et surtout de facilitateur.
La Région favorisera le travail de rapprochement des interprofessions et des opérateurs existants, dans le respect des massifs locaux d’essences spécifiques, auxquels sont liées des industries spécialisées. Il est notamment nécessaire de travailler sur la transformation des bois feuillus en favorisant en particulier la synergie des entreprises de première transformation pour qu’elles puissent atteindre une masse critique leur permettant de rester concurrentielles, de gagner des parts de marché, de s’adapter à la demande (certification, normes, dimensions…) et d’innover dans de nouveaux produits.
Il faut desserrer l’étau réglementaire pesant sur les entreprises pour faciliter leurs mutations et les accompagner dans les processus d’adaptation aux besoins du marché.
La région devra également rééquilibrer les aides vers le bois de construction, le bois énergie recevant plus du tiers des aides publiques alors que seuls 10 % des récoltes sont destinés aux usages énergétiques.
Les tempêtes Martin et Klaus ont durablement affaibli le potentiel productif de l’Aquitaine, de Poitou-Charentes et du Limousin fragilisant par conséquent toute l’industrie de première transformation, dimensionnée pour une production de 8 à 9 millions de m3, alors que la récolte plafonne à 6 millions de m3.
Pour résorber la crise de l’industrie de 1e transformation, il convient donc de sécuriser l’approvisionnement, notamment à travers une stratégie ambitieuse de reconstruction de la forêt, d’adaptation des itinéraires sylvicoles et d’optimisation de la récolte.
La région doit également favoriser les initiatives en matière d’organisation de la logistique lié au reboisement et à l’exploitation, afin d’en améliorer l’efficacité par des aides, notamment destinées à l’achat et la rentabilisation de matériels spécifiques.
Les territoires forestiers de la grande région sont détenus à 90 % par environ 250 000 propriétaires forestiers privés. Préserver les surfaces forestières exige donc une véritable stratégie permettant de faciliter la restructuration et la transmission des parcelles. Je souhaite donc :
- Soutenir les dispositifs de soutien aux échanges amiables, notamment les aides à l’arpentage et aux frais notariés.
- Faciliter les transmissions dans le cadre familial en soutenant la création de sociétés civiles forestières et de groupements forestiers.
- Encourager la couverture des surfaces forestières par des documents de gestion durable agréés (DGD : PSG, CBPS, RTG) afin d’optimiser et de dynamiser la gestion forestière dans un cadre durable et pérenne en portant une attention toute particulière à la certification de cette gestion.
- Encourager la constitution de GIEEF (prévus dans la Loi de Modernisation Agricole et Forestière)
L’avenir de la filière Bois doit s’incarner au travers des projets d’innovation industrielle, dans une stratégie élaborée au niveau régional. A ce titre, l’implantation du pôle de compétitivité Xylofutur constitue une véritable opportunité.
La Région pourra ainsi construire l’avenir en soutenant des actions collectives en matière de recherche et de développement (notamment l’adaptation de la forêt de demain au changement climatique et aux problèmes sanitaires qu’il induit) afin de concevoir de nouveaux produits et de faire émerger de nouvelles filières : chimie verte, bois aboutés ou matériaux bio-sourcés.
La forêt est le 1er capteur de CO2. La Région soutiendra les projets visant à faire revenir dans le giron de la filière les subsides dûs au service rendu par la forêt au climat (COP 21). Elle soutiendra les projets de production d’eau forestière.
Une telle réflexion stratégique devrait également permettre de renforcer la mise en réseau des acteurs de l’innovation – clusters, grappes ou pépinières d’entreprises, plateformes technologiques, chambres consulaires – pour promouvoir de nouveaux usages du bois adaptés aux prescriptions des maîtres d’ouvrage.
C’est en développant les filières de transformation du bois, en faisant la promotion de nos bois auprès des prescripteurs (bois de construction), que l’on développera la consommation, qu’on les valorisera à leur juste prix, et que l’on développera les récoltes de bois ! Une partie de nos efforts iront donc vers l’aval afin d’augmenter la consommation des bois de notre grande Région, développer les filières de transformation pourvoyeuses d’emploi et valoriser mieux toutes les essences forestières de nos différents massifs.
Je souhaite enfin évoquer la question de la répartition territoriale des compétences et des directions de la future grande région. Si je soutiens sans ambiguïté l’installation de la direction de la forêt à Limoges, je souhaite que des antennes puissent subsister dans les territoires, afin de garantir une approche fine de la nécessaire diversité des massifs forestiers.
La filière bois est un secteur économique essentiel de la future Grande Région : elle aura toute notre attention. Je demeure à votre écoute et vous prie d’agréer, Madame, Monsieur, l’expression de mes salutations dévouées.
Virginie CALMELS