A l’occasion du centenaire d’Alexandre Soljénitsyne ; « Le discours de Harvard » – Le déclin du courage (8 juin 1978) sera interprété par Hervé Mariton – à Sauveterre-de-Guyenne, le Mardi 25 Septembre 2018 à 20h30 – Adaptation de Grégoire Lopoukhine – Salle Saint Romain, rue Saint-Romain, à Sauveterre-de-Guyenne – Entrée 15 €(étudiants 10 €)
Hervé Mariton : « Le Discours de Harvard est un texte intense, puissant, qui souvent vise juste et parfois provoque. Ce témoignage, cette interpellation, ont quarante ans cette année et gardent une grande actualité ; ils ont leur place dans la célébration en 2018 du centenaire d’Alexandre Soljénitsyne. Les enjeux de l’identité et du progrès, de la morale et de la liberté, de la limite et de l’élévation y sont magistralement annoncés. Acteur de la vie publique, amoureux de la Russie, lecteur passionné de Soljénitsyne, j’ai voulu, grâce à l’adaptation de Grégoire Lopoukhine, poser et proposer ce texte. Non pour imposer une vision politique, plutôt pour transmettre une exigence éthique, l’angoisse de l’idéal. Dire, ressentir, partager, transmettre. »
L’année 2018, une année Alexandre Soljénitsyne
L’année 2018 sera l’année Soljénitsyne en Russie, mais également en France. Car la destinée éditoriale de l’écrivain est étroitement liée à la France, et, depuis « l’Archipel du Goulag », pilotée depuis la France.
L’écrivain est né le 11 décembre 1918, six mois après la mort accidentelle de son père, rentré du front pour une permission militaire. Il est élevé par une mère pieuse, mais n’en est pas moins un jeune « komsomol » romantique, termine des études de physique-mathématiques, en 1941 devient officier dans l’armée rouge, blessé, cité, puis arrêté par le contre-espionnage pour propos intempestif dans une lettre à son copain. C’est alors la prison, le laboratoire pour savants-bagnards (« charachka »), le camp très dur d’Ekibastouz, la relégation, le cancer, et, après la mort de Staline, l’enseignement des maths dans une école de Riazan : il a beau écrire pour son tiroir, qui aurait pu penser qu’il allait en un jour émerger à la gloire mondiale ?
C’est « Une Journée d’Ivan Denissovitch », paru en 1963, avec l’imprimatur de Nikita Khrouchtchev, qui le propulse sur la scène mondiale. Car ce récit lève le tabou stalinien sur les camps soviétiques et fait découvrir un auteur classique dans sa visée, moderne dans son écriture.
La France sera son meilleur terrain d’accueil à l’étranger, il convertit d’anciens maoïstes, il subjugue conservateurs comme révolutionnaires. Julliard, Laffont, le Seuil, puis enfin Fayard seront ses éditeurs. « Le Pavillon des Cancéreux » obtient le prix du Meilleur roman étranger en 1968, puis l’écrivain reçoit le Prix Nobel en 1970. Décembre 1973 voit la publication de « L’Archipel du Goulag » à Paris, où le texte russe a été composé dans le plus grand secret. Les deux artisans de ce complot éditorial sont Claude Durand, des éditions du Seuil, et Nikita Struve qui dirige la petite maison russe émigrée YMCA-Press, fondée par Nicolas Berdiaev.
Le Politburo le fait arrêter le 1 février 1974 et l’expulse d’URSS deux jours après. Il arrive à Francfort, s’installe à Zurich, quitte l’Europe et s’établit dans le village de Cavendish, aux États-Unis.
Le chantier de « La Roue rouge », immense roman historique à la technique narrative complexe, le mobilise un quart de siècle : six volumes énormes, une fresque gigantesque qui va d’août 14 à avril 17, avec flash-back jusqu’en 1899 et épilogues jusqu’en 1945…
L’effondrement de l’URSS lui ouvre les portes d’un retour dans sa patrie dont il n’avait jamais douté. Il y meurt il y a dix ans, le 3 août 2008.