Un_verre_de_biere.jpgIls étaient de vieux amis, tous Européens, tous immigrés en Irlande : il y avait là un Français, un Allemand, un Tchèque, un Belge, un Slovène…

Chaque semaine, ils se retrouvaient au Pub, à Dublin, sur Temple Bar. Chaque semaine, il y avait ceux qui buvaient deux pintes. Ceux qui en buvaient 3. Ceux qui n’en buvaient qu’une. Il y avait ceux qui buvaient une Guinness brune, et ceux qui préféraient boire une Smithwick’s rousse. Chaque semaine, à 10, avec quelques snacks, la note était d’environ 100 euros.

Chacun aurait dû payer 10 €uros, ou bien ses propres consommations. Mais nos dix amis qui avaient des moyens différents, selon leur pays d’origine, selon leur emploi, selon leur famille, décidèrent de payer cette facture selon une répartition solidaire :

Les 4 premiers ne payaient rien. Le cinquième payait 1 euro. Le sixième payait 3 euros. Le septième payait 7 euros. Le huitième payait 12 euros. Le neuvième payait 18 euros. Le dernier payait 59 euros.

Les dix amis se retrouvèrent ainsi chaque semaine en fin de journée pour boire leur bière, et refaire le monde et semblaient assez contents de leur arrangement.

Comme ils étaient bons clients, qu’ils venaient chaque semaine, un jour, le tavernier, décida de leur faire une remise de fidélité ! « J’ai décidé, leur dit-il, de vous faire une remise de 20 euros sur la facture totale. Vous ne payerez donc désormais vos consommations que 80 euros. »

Après réflexion, le groupe d’amis décida que les quatre premiers continuraient à boire gratuitement. Mais comment les six autres, (ceux qui payent), allaient-ils diviser les 20 euros de remise de façon équitable ? Ils réalisèrent que 20 euros divisé par 6 faisaient 3.33 euros. Mais s’ils soustrayaient cette somme de leur partage alors le 5ème et 6ème homme devraient être payés pour boire leur bière !

Le tenancier du bar suggéra qu’il serait plus équitable de réduire l’addition de chacun d’un pourcentage du même ordre, il fit donc les calculs. Ce qui donna ceci :

  • Le 5ème homme, comme les quatre premiers ne paya plus rien.
  • Le 6ème paya 2 euros au lieu de 3 (33% réduction).
  • Le 7ème paya 5 euros au lieu de 7 (28% de réduction).
  • Le 8ème paya 9 euros au lieu de 12 (25% de réduction).
  • Le 9ème paya 14 euros au lieu de 18 (22% de réduction).
  • Le 10ème paya 50 euros au lieu de 59 euros (16% de réduction).

Ainsi, chacun des six « payants » paya moins qu’avant et les 4 premiers continuèrent à boire gratuitement rejoint par le 5ème.

Mais une fois hors du bar. Un voisin qui avait tout entendu leur dit : « Ne comparez pas ce que cela vous coûte. Ne raisonné pas en « amis » ! Il faut que chacun calcul son économie ! »

«J’ai seulement eu 1 euro sur les 20 euros de remise», dit le 6ème, il désigna le 10ème «lui, il a eu 9 euros».
«Ouais ! dit le 5ème, j’ai seulement eu 1 euro d’économie moi aussi». «C’est vrai !» s’exclama le 7ème, « pourquoi le 10ème aurait-il 9 euros d’économie alors que je n’ en ai eu que 2 ?
L’observateur leur dit : « Il est anormal que ce soit le plus riche qui bénéficie de la plus importante réduction »

« Attendez une minute » cria le 1er homme, «nous quatre n’avons rien eu du tout nous. Le système exploite les pauvres que nous sommes». « Malgré un cadeau de 20€ de la part du tenancier, notre situation n’a pas changé ! »

Les 9 hommes cernèrent le 10ème et l’insultèrent. Le lendemain le 10ème homme choisit de ne plus venir. Les neuf autres s’assirent et burent leur bière sans lui. L’observateur était là, parmi eux. Mais quand vint le moment de payer leur note, ils découvrirent quelque chose d’important : ils n’avaient pas assez d’argent pour payer ne serait-ce que la moitié de l’addition !

Ils se retournèrent vers l’observateur pour lui demander conseil… Mais il était parti, sans laissé d’adresse, et sans payer sa bière !

D’Après David R. Kamerschen, Professeur d’économie.

D’autres fables à lire sur ce blog :

Une fable chinoise :

Des histoires plus « technologiques » :

2 commentaires sur “Les buveurs de bière.”

  1. Bien raconté !
    Qu’en pense « Robespierre » ?
    Avec quel argent paiera-t-il ses 95000 postes de l’Education Nationale si les plus imposés décident de quitter la table ? (voir article « +60000 postes »)

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