« Les Français font état d’un besoin d’autorité de l’Etat » (CEVIPOF)

Les Français font état d’un besoin d’autorité de l’Etat et du pouvoir politique qui est « sans doute devenu l’un des principaux enjeux de l’élection présidentielle de 2017 », révèle une étude du Cevipof rendue publique la semaine dernière. Selon son auteur, Luc Rouban, directeur de recherche au CNRS, « la montée en force électorale du Front national, la recherche d’un président « gaullien » au sein de la droite parlementaire comme la critique de l’impuissance publique sous la présidence de François Hollande » sont les « principaux signaux » de cette demande d’autorité.

Le contexte, comme le rappelle Luc Rouban, y est pour beaucoup : attentats terroristes de 2015, impuissance européenne face aux flux migratoires, sentiment d’impuissance laissé par le personnel politique dans la conduite des réformes de la vie économique et sociale ou encore spectre toujours présent de la crise financière mondiale…

« Il ne s’agit plus de célébrer la démocratie participative ni les communautés au sein d’une gouvernance contractuelle mais de renouer avec la monarchie élective qui caractérise la Vᵉ République », explique Luc Rouban. « Cette recherche de l’autorité ranime également le clivage droite-gauche que l’on s’est peut-être trop empressé de faire disparaître au détour du débat économique au profit d’un tournant social-libéral qui gommerait les différences politiques », ajoute le chercheur.

Son étude est bâtie autour de trois indices de l’autorité dans la vie politique : le pouvoir régalien, la demande sécuritaire et la demande identitaire. Trois questions étaient posées pour chacun de ces indices. Pour le premier, le pouvoir régalien, 75 % des Français se déclarent ainsi favorables à placer à la tête du pays « un homme fort qui n’a pas à se préoccuper du Parlement ni des élections ». « C’est inquiétant », déclare à Maire info Luc Rouban.

71, 3 % des Français se déclarent par ailleurs favorables ou très favorables à renforcer les moyens budgétaires des armées et ceux consacrés au contrôle aux frontières et, un peu moins nombreux, (59,7 %) à réduire le nombre d’étrangers en France.

Cette demande d’autorité est à peu près la même quel que soit le rang social, observe aussi le chercheur qui note cependant un plus grand écart en ce qui concerne l’indice identitaire : 31 % des cadres ayant répondu favorablement aux trois questions, contre 45 % des ouvriers.

Les clivages professionnels réapparaissent en revanche au sein des fonctions publiques entre niveaux hierarchiques. « Les cadres de la fonction publique de l’État se situent à l’échelon 3 de l’indice régalien à hauteur de 28 % (25 % seulement chez les membres du monde enseignant) contre 37 % chez les employés de catégorie C. Les mêmes divergences apparaissent dans les deux autres fonctions publiques et sont plus importantes sur l’indice identitaire : les cadres de la fonction publique de l’État sont fortement « identitaires » à concurrence de 28 % contre 40 % des fonctionnaires de catégorie C. Dans la fonction publique territoriale, l’écart est de 26 % contre 38 % et dans la fonction publique hospitalière de 29 % contre 39 % », décrypte l’étude.

Autre enseignement de l’étude : le clivage droite-gauche est toujours présent. « Les différences politiques entre la gauche et la droite, mesurées par le vote au premier tour des élections régionales de 2015 sont bien réelles », écrit Luc Rouban. Et les réponses en matière de demande d’autorité le traduisent : 50 % des électeurs du FN ont ainsi répondu oui aux trois questions en faveur d’un renforcement du pouvoir régalien, 59 % en faveur d’un renforcement du pouvoir sécuritaire et 65 % en faveur d’un renforcement du pouvoir identitaire contre, respectivement, 43 %, 53 % et 42 % pour les électeurs des Républicains et de l’UDI et 23 %, 36 % et 17 % pour ceux du PS.

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