Olivier Guichard : « La multiplication des centres de vie dans un pays doit favorablement intervenir pour supprimer les déserts »

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Intervention d’Yves d’Amécourt cet après-midi dans l’hémicycle de la Région Nouvelle-Aquitaine, à propos de la rénovation des centre-bourgs.

Monsieur le Président,

Mes chers collègues,

Bien sûr, le mouvement de la ruralité votera cette délibération. Même si cette politique nous semble pour le moins insuffisante au regard des enjeux.

Depuis quelques années, les études d’opinion et les travaux sur l’évolution des styles de vie, révèlent que les Français – à plus de 80 % – espèrent plus d’espaces et de temps.

Ils veulent respirer, se détendre, profiter de leur famille et des richesses du patrimoine, rapprocher leur travail des lieux où ils aspirent à vivre.

D’une France concentrée, marquée depuis le XIXe siècle par l’essor industriel et la centralisation administrative, ils nous entraînent vers une France distribuée, faisant de la géographie une opportunité et de la qualité de vie un déterminant.

C’est une révolution qui vient contredire toutes les politiques qui sont menées depuis 40 ans.

Pendant toutes ces années on a pensé l’hyper-concentration urbaine comme la quintessence du progrès.

« Densifier, densifier » voilà quel était encore le maître mot il n’y a pas si longtemps lors de l’élaboration des PLU, des PLUI, des SCOTS, du SRADDET, de la loi ALUR …

Densifier, entasser, jusqu’à imaginer un monde où les trois-quarts de l’humanité vivraient dans 200 villes globales aux caractéristiques identiques, à la consommation stéréotypée, optimisée par des algorithmes.

Mais cette perspective « hors-sol » s’est enrayée, percutée par des technologies qui abolissent les distances et par des crises sans précédents à l’image de la crise sanitaire que nous vivons actuellement.

Car tout cela n’a pas de sens. C’était oublié que l’homme a un besoin viscéral du contact avec la nature. C’était oublier le « 5ème élément » !

Aujourd’hui dans une Nation « une et indivisible » chacun rêve d’un monde en relief donnant à chaque territoire l’opportunité de révéler ses singularités, ses atouts et sa culture.

C’est à cette aune qu’il nous appartient de redessiner l’aménagement du territoire dans notre région. Avec les espaces préférés des Aquitains comme point de départ, le bien-être comme promesse et une économie durable comme enjeu.

Les villes moyennes, les capitales locales, les chefs-lieux de canton, sont autant de noms aujourd’hui disparus, de bassins de vie oubliés et de zones de contact rayés de la carte, de vocables effacés de la mémoire par des lois scélérates, dont la dernière fut la plus néfaste, la loi NOTRE -la VOTRE-

Notre projet est donc de remettre les villes moyennes, les bourgs, au centre d’une nouvelle politique d’aménagement du territoire, qui est beaucoup plus ambitieuse que celle qui est menée ici.

  • Elles sont le trait-d’union entre la métropole et les contrées rurales où il fait bon vivre.
  • Elles sont à l’échelle de la région un espace de dialogue, de communication et de lien social parce qu’elles sont encore à taille humaine, bien que diluées dans des communautés des communes devenues trop grandes et privées de leur capacité de dialogue avec la Région par des pays que vous avez choisi d’investir de l’exclusivité de ce lien ;
  • Elles sont encore cogérées par ce couple qui a montré son efficacité au cours des siècles, tant au sein des collectivités territoriales que dans les organisations  mutualistes, d’un côté les élus représentants du peuple dont il sont directement issus et de l’autre l’administration ;

Travailler pour que ces villes d’équilibre bénéficient demain des mêmes avantages que ceux des grandes villes aujourd’hui est un défi prometteur. C’est le nôtre.

Cette perspective de modernité – combinant qualité de vie et qualité de service – donne à l’innovation une perspective de progrès authentique.

C’est essentiel si nous voulons construire une prospérité durable, différenciée et mieux distribuée. C’est pour cette raison que nous aideront ces territoires à accueillir de nouvelles industries de 1er et 2ème  transformation notamment des produits agricoles et forestiers néo-Aquitains. Il en va aussi de l’avenir de ces filières de production qui sont la 1ère richesse du monde rural et de notre région.

En 1965, aux grandes heures de l’aménagement du territoire, Olivier Guichard rappelait que «la multiplication des centres de vie dans un pays doit favorablement intervenir pour supprimer les déserts » ;

« Supprimer les déserts », c’est exactement ce que nous souhaitons faire.

Les tensions qui naissent des asymétries territoriales, comme les perspectives économiques, appellent une redistribution.

Cette complémentarité serait purement théorique sans des systèmes de connexions stratégiques, quasi systématiques, aux caractéristiques précises : nous voulons des trains, plus de trains, nous avons besoin de routes, il y aura de nouvelles routes, il y aura de la fibre partout.

Les innovations en matière de mobilités, d’échanges de données, de solutions logistiques ou d’interactions sont autant de ressources à notre disposition pour valoriser la diversité des talents, des territoires et des atouts qui caractérisent la Nouvelle-Aquitaine.

Nous voulons ouvrir une nouvelle page de l’histoire de notre Région, et ouvrir plusieurs décennies de développement, d’emploi et de rayonnement.

Notre objectif : c’est le plein emploi. Tout le reste en découlera.

Mes chers collègues, comme le disait excellement Pierre DAC : « Dans un monde en évolution il vaut mieux penser le changement que changer le pansement »

Il y a urgence.

Je vous remercie.

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