Que penser du rapport Pomel, présenté hier soir à la filière viticole par le Ministre Dominique Bussereau ?

Si nous n’avons pas la teneur de l’ensemble du rapport, les premiers éléments qui nous sont transmis semblent aller dans le bon sens.

Mention du Nom de cépage sur l’étiquette ?

Le consommateur demande de connaître le cépage majoritaire d’un assemblage. C’est pour lui, notamment sur la marché Anglo-Saxon, la clef d’entrée dans l’univers du vin.
Bordeaux est le premier vignoble mondial en surface de Merlot… et nous n’aurions pas le droit de mentionner sur nos étiquettes que notre vin contient du Merlot ?
Bordeaux est le premier vignoble mondial en surface de Cabernet Sauvignon… et nous n’aurions pas le droit de mentionner sur nos étiquettes que notre vin contient du Cabernet- Sauvignon ?
Bordeaux est le deuxième vignoble mondial en surface de Cabernet Franc… et nous n’aurions pas le droit de mentionner sur nos étiquettes que notre vin contient du Cabernet Franc ?
Et lorsqu’il s’agit d’un assemblage, nous n’aurions pas le droit de mentionner les deux cépages?
Nous interdire la mention du cépage, c’était nous interdire de figurer dans les rayons anglo-saxons, qui sont organisés par cépage. C’était nous interdire les cartes des restaurants anglo-saxons, qui sont organisés par cépage ! Aujourd’hui, le Ministre propose d’autoriser la mention du nom de cépage sur les étiquettes d’AOC : c’est une très bonne chose !
Oui il faut simplifier l’offre. Ainsi, le nom de cépage doit être autorisé sur tous les types de vins qui le souhaitent pour satisfaire les marchés qui le demandent ! Il en va de la lisibilité de nos étiquettes ! Le Merlot, le Cabernet Sauvignon, le Cabernet Franc… c’est notre patrimoine Bordelais ! Mentionner le cépage, ce n’est pas dénier l’assemblage ! Nous interdire de mentionner nos cépages, c’est du vol de patrimoine !

Utilisation des copeaux ?

On glose sur l’usage des copeaux pour vinifier les vins ! En sous entendant qu’il s’agit d’une « aromatisation technologique » !!! Croyez vous que si les viticulteurs voulaient aromatiser leurs vins, ils prendraient la peine de faire fabriquer des copeaux de bois, de les griller (toastage), de les mélanger à leur vendange… afin que les tanins du vin et les tanins du vins se marient ? NON !

Entre un vin vinifié dans une barrique de chêne blanc d’Amérique, qui vient d’on ne sait où et un vin boisé aux copeaux de bois prélevés sur un chêne d’une forêt française qualifiée « gestion durable », lequel est le plus aromatisé ? L’origine duquel est la plus contrôlée ?

La vérité c’est que les copeaux de bois étaient déjà utilisés en France au XIXème siècle. A l’époque les résultats n’étaient pas probants, parce qu’à l’époque on ne savait pas élever les vins, comme aujourd’hui. Un certain nombre d’équations biologiques et microbiologiques n’étaient pas modélisées. On ne connaissait même pas l’existence des fermentations malo-lactiques ! Mais aujourd’hui, l’œnologie a fait des progrès énorme, la connaissance aussi et l’utilisation des copeaux est, dit-on, si elle est maîtrisée, une belle réussite.

Interdiction des Replis ?

Les replis représentent, pour les appellations Bordeaux et Bordeaux Supérieur, chaque année, quelques milliers d’hl de vin qui viennent des appellations hiérarchiquement supérieures. Des appellations, qui, pour la plupart, ne distillent pas, n’arrachent pas. En 2005 les viticulteurs des AOC Bordeaux et Bordeaux Supérieur ont distillé 149000 hl, quand les replis ont représenté 169000 hl! C’est insupportable. Interdire les replis en période de crise, est une mesure courageuse de la part du Ministre, c’est une mesure nécessaire pour les viticulteurs des appellations régionales !


Distillation

Pour les AOC Bordeaux et Bordeaux Supérieur, le quasi équilibre est atteint entre la production et la commercialisation, mais les stocks qui pèsent sur le marché entraînent une baisse des prix. Il faut donc distiller à Bordeaux ! Nous souhaitons que le Ministre obtienne la distillation qu’il a demandée à Bruxelles (2 Mhl de VQPRD dont 400 000 hl pour la Gironde) afin de pouvoir mettre en place une nouvelle distillation dans nos appellations.

Simplification de la filière

Le Ministre Bussereau propose une simplification de la filière. Enfin ! En France, 400 organismes s’occupent de la filière viticole. Cette organisation a montré, dans les années qui viennent de s’écoulées, son incapacité à prendre rapidement les décisions qui s’imposaient pourtant. Il faut donc simplifier : c’est ce que propose le Ministre. Chacun aurait sans doute préféré que son organisation soit retenue dans l’organisation finale. N’oublions pas que ce qui importe au viticulteur, notamment en période de crise, ce n’est pas de savoir qui le représente, mais de savoir si il est bien représenté ! Une fois la nouvelle organisation connue il faudra nous y adapté et faire en sorte qu’elle soit démocratique et efficace.

Toutes ces propositions vont dans le bon sens, incontestablement. Mais cela ne doit pas nous faire oublier notre problème d’aujourd’hui : vendre nos vins ! J’en appelle au sursaut de tous les opérateurs Girondins.

Début avril aura lieu la semaine des primeurs. Tout le gratin du journalisme mondial viendra se pencher sur le berceau de l’exceptionnel millésime 2005. La grande majorité des viticulteurs de Gironde ne comprendrait pas qu’au même moment, on refuse de lui payer ce millésime 2005 au dessus du prix minimum, admis par tous, de 1000€ le tonneau.

Je demande aux opérateurs de prendre leur responsabilité, de mettre leur amour propre dans leur poche, et d’appliquer tous ensemble aujourd’hui le prix minimum de 1000 € le tonneau, promis par tous, hier.

Dès que les premiers opérateurs se seront engagés sur le plancher de 1000 €, tous les autres suivront. Alors n’attendez pas que l’autre montre le chemin, allez-y, tous ensemble et le plancher sera de plus en plus solide ! Cessons de nous demander s’il est possible de passer au travers du prix plancher. Cessons de nous observer les uns les autres. Car pendant ce temps, des exploitations meurent.

Négociants, courtiers, opérateurs bordelais et d’ailleurs, le vignoble a besoin de vous, le vignoble n’attendra pas longtemps encore : il y a urgence !

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