Le ministre de l’Économie a annoncé la mise en place d’un tarif social du gaz et de l’électricité. Une énième mesure sociale, déplore Yves d’Amécourt, porte-parole national du Mouvement de la Ruralité, qui lui préfère la simplification des aides et un retour aux fondamentaux.
Par Yves d’Amécourt
Publié le 12 juillet 2022 à 14h43
Dans une interview donnée à LCI, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire, annonce vouloir, en accord avec la Première ministre Élisabeth Borne, à partir du 1er janvier 2023, mettre en place ce qui s’apparente à un tarif social du gaz et de l’électricité. À partir du 1er janvier 2023, « le gaz et l’électricité augmenteront en fonction du niveau de revenu ».
Tout le monde se dit « pourquoi pas », « l’intention est bonne », bien sûr, l’électricité, le gaz, le fioul, le carburant, sont de première nécessité et doivent être accessible à tous ! François de Rugy, alors ministre de l’Écologie, lui, avait imaginé mettre en place un prix social de l’eau. Christelle Dubos, éphémère secrétaire d’État aux affaires sociales, avait annoncé à grand renfort de médias « la cantine à 1 euro » avec « la mise en application immédiate » dans « certaines conditions de revenu » … Et puis il y a eu le « chèque inflation » de Jean Castex.
Élu local pendant 17 ans, je vois derrière cette nouvelle annonce, tellement facile à faire, un dispositif social de plus (il y en a déjà 50 !) dans un “modèle social” déjà hyper complexe ! Je vois déjà les distributeurs de gaz et d’électricité obligés de demander aux abonnés leur déclaration d’impôts, une justification de revenus, comme le font déjà nos directrices de centre aérés ou de crèches pour calculer « le taux d’effort » des familles et mettre en place tel ou tel tarif ! Et j’imagine le très grand nombre d’habitants, qui, ne voulant pas communiquer leurs revenus, renonceront à cette aide sociale de plus ! Et parmi eux, les plus nécessiteux.
Je suis contre toutes ces annonces qui ne font, au final, que mettre sous perfusion un peu plus chaque jour les “ayants droit”, qui ne font qu’enrager ceux de la classe moyenne, qui mesure après mesure, avec les effets de seuil, les critères multiples, n’ont jamais le droit à rien, et qu’assommer les collectivités locales, et dans le cas présent les distributeurs d’énergie, en les transformant en inspecteur des ressources sociales et fiscales des familles, au lieu de leur permettre d’exercer leurs missions !
La solution n’est pas dans une mesure sociale de plus qui augmente encore les effets de seuils et la complexité administrative d’un “modèle social” aux boucliers multiples, qui n’est plus un modèle pour personne.
Il faut revenir aux fondamentaux !
La solution est dans la simplification des aides sociales (l’aide sociale unique) qui garantit la lisibilité de l’aide et la liberté des familles dans la gestion de leur budget, dans l’universalité qui garantit l’égalité de traitement, et dans la fiscalisation qui garantit l’équité, la solidarité, et la fraternité entre les familles.
La solution est dans le retour aux fondamentaux, afin que chacun bénéficie de l’aide “selon ses besoins” et cotise “selon ses moyens”, principe édicté après la guerre par le Conseil national de la Résistance et les fondateurs de la sécurité sociale, le tout dans le respect de la dignité humaine et dans l’exercice vertueux de la discrétion.
Cette simplification doit permettre à l’administration fiscale, à l’administration sociale, aux collectivités locales, aux distributeurs d’énergie, d’exercer leurs missions, rien que leurs missions, sans empiéter sur celles des autres et sans s’immiscer dans l’intimité des familles.
Pour le ministre, cela sera moins voyant que “le chèque Castex”, la “prime Macron”, etc. Mais si une belle loi de simplification voyait le jour, elle pourrait aussi porter son nom. Une clarification nécessaire dont ont besoin les citoyens !
Oui, simplifions !
La simplification sera source aussi d’économies car elle obligera à fusionner des organismes multiples qui, aujourd’hui, gèrent des dispositifs multiples. N’y ajoutons pas aujourd’hui, les distributeurs d’énergie !
Selon la Fondation iFRAP, la mise en place d’une allocation sociale unique (ASU) pourrait permettre d’économiser 10 milliards d’euros à la fois sur les frais de gestion et sur le versement des prestations !
Ces 10 milliards d’euros seront les bienvenus pour financer l’accompagnement de l’inflation. Un accompagnement juste et équitable, compréhensible, et accessible pour tous. Un financement dont le ministre Bruno Le Maire, lui, ne parle pas ! Il préfère depuis 5 ans à la petite semaine, signer des chèques sans provision.
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