Un collègien m’a dit ce matin : « Nous quand on est absent sans l’avoir dit, on a des sanctions, nos profs, eux, ils sont absents et ils disent pas pourquoi. Si c’est ça l’éducation ? ». Pour répondre à ce collègien, voici quelques éléments sur les grèves dans l’éducation nationale, en général, et sur celle ci, en particulier…
Analyse de la grève : les chiffres
- Depuis 2000, il y aura eu 33 grèves, soit plus de 4 grèves par an dans l’Education nationale.
- Force est de constater qu’il y a dans ce ministère une culture de la grève qui déroute et enlève toute crédibilité au mouvement… On ne sait plus si la grève est fondée ou non.
- Le 20 novembre 2007, Il y a un an, un mouvement de grève qui avait été bien suivi avait rassemblé 38,9% des enseignants du 1 er et second degrés. Son slogan ? « plus de moyens». Le slogan de cette année ? « plus de moyens ». Aujourd’hui, un an après, alors que l’état a effectué une immense réforme de l’école primaire, qu’il a créé des services nouveaux pour les familles, qu’il a rénové complètement l’enseignement professionnel, qu’il a rendu aux enseignants une part importante des économies réalisées par les suppressions de postes, la moyenne générale des grévistes est de 29,80%, donc 9 points de moins que la grève de 2007. Cela correspond à un peu plus de 1 enseignant sur 4. Ces chiffres sont à comparer à ceux de l’époque où Jack Lang était aux commandes, entre 2000 et 2002, époque à laquelle il distribuait des postes à tout va grâce à la « cagnotte » : le 24 janvier 2002 la grève avait rassemblé 41% des enseignants dans le 1 er degré, 35 % au lycée contre 19% aujourd’hui.
Le Service Minimum d’Accueil.
- Le respect de la loi est la première responsabilité qu’on est en droit d’attendre d’un élu.
- Les arguments invoqués pour justifier « l’impossibilité » de mettre en place le service minimum d’accueil ne tiennent pas la route : pourquoi les mairies de Paris, de Toulouse ou de Metz seraient-elles moins capables de faire ce qu’on réussi les maires de Marseille, de Nice ou de Toulon ?
Sur les suppressions de postes : ce qui a changé dans l’Education nationale depuis un an et demi ?
- Du côté des familles, elles bénéficient aujourd’hui de services nouveaux qui révolutionnent leur rapport à l’école : des stages gratuits de toute nature qui profitent en priorité à tous les élèves, en particulier aux élèves issus des milieux défavorisés, un accueil après les cours pour les orphelins de 16 heures, 10 000 élèves handicapés de plus accueillis à cette rentrée.
- Du côté des enseignants, leur situation matérielle a été améliorée, en particulier celle des enseignants qui travaillent plus et pour lesquels les heures supplémentaires ont été considérablement revalorisées. Un enseignant qui effectue trois heures supplémentaires gagne 4 400 euros de plus par an, que les enseignants débutants touchent une prime d’installation de 1 500 euros, que les enseignants pourront bientôt bénéficier d’un prêt à taux zéro pour acquérir leur logement lorsqu’ils changent d’affectation. Les syndicats enseignants, ceux qui défilent aujourd’hui, ont qualifié ces mesures de « mesurettes »…
- Toutes ces mesures, les services nouveaux pour les familles d’un côté, les mesures d’amélioration du pouvoir d’achat des enseignants, il y a deux façons de les financer. Soit à crédit, en reportant la dette sur les générations futures – et l’on a vu ce que produisait l’insouciance en matière de crédit et d’endettement – soit en supprimant des postes partout où ils ne sont pas indispensables.
Et oui, il en est des enseignants comme de certains autres corps de métier dans lesquels on est tellement habitué à faire grève pour rien qu’une année sans grève serait inacceptable.
Pendant ce temps, tout ce que le gouvernement met en place reste lettre morte pour ces gens là. Ils ne veulent pas voir les progrès apportés à leur métier, les facilités qui leurs sont offertes.
Je pense que si demain, l’éducation relevait du secteur privé, il y aurait des licenciements à la pelle !!! Enfin, c’est juste mon avis !
Tout d’abord BONJOUR
Je suis enseignante et choquée par certains de vos propos. Vous semblez mettre tous les enseignants « dans le même panier ». Me concernant, cela fait 10 ans que j’enseigne et c’est la première année que j’éprouve le besoin de manifester mon mécontentement face aux nouvelles réformes. J’ai l’impression de mettre les familles dans l’embarras en étant absente, mais cela me semble indispensable de bouger puisque les pétitions et négociations ne semblent pas aboutir.
Et contrairement à ce que vous pouvez croire, ce n’est pas pour moi que je descends dans la rue, mais pour les élèves. Mon pouvoir d’achat n’est pas ma première préoccupation car ayant l’assurance de l’emploi je ne me considère pas à plaindre. Je me soucie du bien-être et du devenir de nos élèves.
Je suis convaincue qu’il faut insister sur les fondamentaux au niveau des apprentissages. Mais comment voulez-vous « boucler » un programme plus dense avec 2h de moins par semaine ?
Je suis convaincue qu’il faut venir en aide aux élèves qui rencontrent des difficultés (ponctuelles ou durables). Mais comment mettre en place l’aide personnalisée lorsqu’il y sur la commune des questions de garderie périscolaire, de transport scolaire, d’activités sportives ou artistiques ? Et la suppression des postes d’enseignants, qu’ils soient spécialisés ou non, ne facilitera pas la différenciation pour gérer l’hétérogénéité de nos groupes-classes.
De plus, à l’époque où l’on valorise le travail par alternance, l’apprentissage, croyez-vous judicieux de mettre en place une formation de type master qui ne mettra pas les étudiants en situation, par des stages en classe ? Les futurs enseignants auront les connaissances mais pas les compétences requises…
Bien sûr que pour les enseignants qui le désirent, leur situation financière personnelle peut être améliorée, mais qu’en est-il de la situation matérielle, humaine et financière de nos établissements …?
Nous sommes démoralisés car nous avons le sentiment de ne pas être écoutés, consultés, et pourtant nous sommes bien au cœur du système éducatif. Ne sommes-nous pas les mieux placés pour soumettre des idées de réformes que nous savons nécessaires ?
Je ne souhaite pas m’étendre davantage sur le sujet, mais il y aurait pourtant bien d’autres aspects à évoquer…
Voilà le point de vue d’une simple enseignante d’un secteur rural.
Cordialement.
Bonjour et Merci pour votre témoignage.
Je pense que comme d’habitude, le Ministère de l’éducation nationale souffre d’un véritable problème de communication : de la base vers la tête, et de la tête vers la base.
Je dois observer aussi, que de nombreuses personnes font en sorte que cette communication n’ait pas lieu, ne puisse pas avoir lieu…
Il est curieux de voir que ce qui est le « creuset de la transmission du savoir », se transforme en période de réforme en un « temple de la désinformation »…
Je ne suis pas contre la grève. Et je pense que les grèves sont inévitables et salutaires en période de réforme, car elles permettent de disposer de temps d’antenne, de plans médias, pour débattre et communiquer…
J’admire beaucoup les enseignants, ayant enseigné moi même (très peu). C’est un métier qui s’apparente à une « vocation ». Une vocation, que, à vous lire, vraisemblablement, vous avez!
N’hésitez pas à utiliser ce blog pour faire part de vos souhaits pour l’éducation nationale.
Bien cordialement.
Yves d’Amécourt.