Hier nous avons passé l’après midi avec Alain Lamassoure, député Aquitain au parlement Européen (Bruxelles et Strasbourg). C’est toujours un plaisir de retrouver Alain Lamassoure qui est un député consciencieux, à l’écoute et qui connait parfaitement son sujet. Pour ma part je souhaitais lui expliquer ce qui se passe aujourd’hui dans notre filière viticole, qui va si mal. Ce fut l’occasion aussi, de parler de la filière élevage, de la crise du lait, de l’agriculture française en général … de la forêt.
Au cours de cet après midi, Isabelle Roy et Rodolphe Guyot, respectivement délégué UMP de la 9ème et de la 10ème circonscription, avaient établi un programme dense sur le thème de la viticulture. En effet, Alain Lamassoure a réalisé en Dordogne des visites sur le thème de l’élevage et sur la crise du lait. Il va réaliser dans les jours prochains une visite dans les Landes, sur le thème de la forêt.
La visite d’Alain Lamassoure a débuté à Portets, avec Marie-France Théron, le Maire, qui représente la Gironde sur la liste Majorité Présidentielle menée par Dominique Baudis (UMP, Nouveau Centre, Gauche Moderne).
La visite d’un vignoble anéanti par la grêle, le souvenir de l’année 2008 considérablement affaiblie par le gel, ont été deux occasions de débattre avec les professionnels sur la thème de l’assurance récolte.
A ce sujet, plusieurs projets ont été évoqués lors de la rencontre organisée à la Mairie de Sauternes.
- L’idée d’une assurance climat obligatoire européenne, qui permettrait en élargissant l’assiette géographique, et en étendant cette assurance à tous les producteurs de fruits et légumes, de bénéficier d’une assurance grêle, gel, tempête, à moindre coût, et « réassurable ».
- L’idée d’une assurance « économique » lancée par le Président de la République, et reprise par Alain Lamassoure, qui protège l’agriculture tout à la fois, du risque climat que du risque économique.
- L’idée enfin du VCI (Volume Complémentaire Individuel) en cours de réflexion au Syndicat des Bordeaux et Bordeaux Supérieur, déjà en application à Chablis et en Champagne. Il s’agit de permettre aux viticulteurs de conserver une partie de leur « sur-production de qualité », les années généreuses, pour palier des déficits de production les années de fléaux climatiques. Sur ce dernier sujet, il convient d’accélérer le processus de décision (INAO), car c’est un système qui ne couterait rien ni à la collectivité, ni au viticulteur, et qui a déjà été expérimenté dans deux régions françaises. On pourrait ajouter au dispositif un « droit à VCI » : une espèce de « droit à produire plus, a due concurrence », lorsqu’un viticulteur a été dépossédé de sa récolte a cause du gel ou de la grêle.
Nous nous sommes rendus ensuite à Capian, au Château Suau, pour une nouvelle visite, et pour débattre de la commercialisation des vins. L’occasion de dénoncer unanimement, le sort réservé au vin dans notre pays, quelque soit le gouvernement en place. L’incompréhension de voir aborder la sujet du vin dans une loi sur l’hôpital. L’incompréhension de voir l’état subventionner une association extrémiste telle que l’ANPAA qui prône l’abstinence en matière de consommation de vin, contre l’avis de la grande majorité des scientifiques. Cette association, en dénigrant la culture d’une consommation modérée d’alcool, bénéfique pour la santé, fait la place à des modes de consommations dévastateurs pour notre jeunesse.
A cette occasion, plusieurs sujets ont été abordés.
- Pour ma part j’ai évoqué l’idée –voir article sur ce blog– de permettre aux restaurateurs d’appliquer un taux de TVA réduit (5,5%) sur le prix du verre de vin compris dans le repas. Une « bonne idée » selon Alain Lamassoure.
- Alain Lamassoure s’est étonné de certaines taxes ou droits douaniers imposés aux vins français de manière discriminatoire sur certains marchés. Il a fait état d’une règle de l’OMC (Organisation Mondiale du Commerce) qui dit qu’un pays ne peut pas taxer différemment un produit selon sa provenance, et que la taxe appliquée au pays le plus favorisé (le moins taxé) doit être appliquée à tous les autres. Il regardera donc attentivement le cas de l’Angleterre (taxe différenciée pour les vins produit dans le cadre du Commonwealth), de la Corée (taxe différenciée pour les vins en provenance du Chili), que nous lui avons soumis, où, des niveaux de taxes différentes sont appliqués selon la provenance des vins.
- Enfin, la complexité à laquelle une exploitation est soumise pour exporter dans les pays européens voisins, laisse penser que la construction européenne peut encore faire des progrès. Ainsi de nombreux citoyens de sa majesté Elisabeth II préfèrent être livrés à Roscof ou à Calais pour éviter les taxes, il en va de même pour les citoyens Belges qui viennent chercher leur vin à la frontière, du coté de Lille… Les accords de Shengen ne sont pas applicables au vin !
Ce débat s’est poursuivi à l’Institut Rural de Vayre, sur la formation et sur l’oenotourime. En effet, cet institut, qui fait partie du réseau des Maisons Familiales Rurales, a été le premier à créer un diplôme de « chargé de développement oenotourisme ».
L’oenotourisme, la formation et le commerce qui furent aussi au cœur des débats de notre visite à « Planète Bordeaux ».
A Hervé Grandeau, secrétaire général du Syndicat des Bordeaux, Alain Lamassoure a proposé d’organiser une réunion à Strasbourg avec l’inter groupe vignes et vins du parlement européen. Cet inter groupe prend de plus en plus de poids au sein du parlement, notamment depuis l’entrée dans l’Europe, de nouveaux pays de l’Est producteurs de vins. L’occasion aussi de promouvoir les vins de Bordeaux auprès du restaurant du parlement de Strasbourg, où l’on boit actuellement des vins d’Alsace, des vins d’Espagne…et des vins du Chili !
Cette visite c’est conclue sur le thème de la réglementation sur les vins rosés… Et l’on apprend de la bouche de notre député, que si l’Europe a proposé une évolution de la réglementation sur l’élaboration des vins de table rosés, c’est à la demande des viticulteurs du Var… Comme trop souvent quand la France se plaint de l’Europe, si on gratte un peu, on trouve l’origine du problème…en France !
Alain Lamassoure dont la région d’origine est grande productrice de chocolat de qualité, donne ensuite l’exemple du chocolat « 100% beurre de cacao » qui depuis l’évolution de la réglementation européenne sur l’utilisation d’autres graisses végétales ne s’est jamais aussi bien vendu. Il parle aussi des régions françaises où l’on fait du vin blanc avec des raisins rouges (notamment la Champagne), des « blancs de blancs et des blanc de rouge ». Le coupage du vin rouge et du vin blanc pour faire du rosé était donc déjà autorisé en Europe. La seule nouveauté est de l’autoriser pour les « vins de table ». Dans ce cadre, dit-il « à chacun de promouvoir et de valoriser le rosé « 100% raisins rouges » » ! A ce sujet, il renvoie à la lecture de « l’excellent article de César Compadre » (Sud Ouest) qui est le reflet exact de ce qu’il pense à ce sujet.
En soirée nous étions à Arcachon pour une réunion publique avec Dominique Baudis, tête de liste. A cette occasion Alain Lamassoure a entendu le message d’Yves Foulon au sujet du « test de la souris » qui fait le malheur des producteurs d’huîtres.
En conclusion de ces visites, Alain Lamassoure nous a conseillé de nous défendre à Bruxelles, plus que nous ne le faisons aujourd’hui. Le parlement européen fonctionne un peu comme le parlement des Etats-Unis et pas du tout comme le parlement français. Il convient d’aller défendre les sujets qui nous tiennent à cœur directement à Bruxelles à travers des auditions qu’Alain Lamassoure est prêt à organiser : sur le vin et la santé, sur le test de la souris, sur la crise du lait, sur la forêt.
Actuellement, un certain consensus se dégage au niveau des pays européens pour reconduire M Barroso à la tête de la commission. Il est aujourd’hui, le symbole d’une Europe libérale extrême comme la libéralisation des droits de plantation, la fabrication du rosé à partir de blanc et de rouge. Il est hors de question que je puisse voter pour une liste qui souhaite son maintient à la tête de l’exécutif
européen.
Merci, Yves
Vous pouvez ajouter, qu’Alain lamassoure, étant un enfant du Pays, il est né à La Teste de Buch, il ne peut que comprendre et faire comprendre les problèmes de l’Aquitaine et du Grand sud-Ouest. On peut avoir confiance en lui.