Depuis le 21 juillet dernier (accord GGZ), la décision serait prise. Il y a d’un coté les vins de pays qui correspondent à un « marketing de la demande » et les vins d’A.O.C qui correspondent à un « marketing de l’offre ». Le Ministre de l’Agriculture l’a répété à moult reprises : « la frontière entre ces deux produit est désormais tracée ! Il est hors de question de l’outrepasser ! ».
La « frontière » dont parle le Ministre c’est notamment le port (ou non) de la mention du nom de cépage sur l’étiquette… Ainsi un vin de pays d’OC pourrait porter la mention « Merlot », dans la mesure où + de 85% de la bouteille contient du Merlot, tandis que un Bordeaux AOC, qui contient 85% de Merlot ne pourrait pas, lui, porter la mention « Merlot ».
Ce « Yalta » viticole pose plusieurs types de problèmes :
1 – Le « Marketing de l’offre » n’existe pas ! Le Marketing c’est justement de comprendre la demande, en l’occurrence le besoin du consommateur et de transformer ce besoin en « désir d’acquérir un produit de consommation ». A moins que nous ne voulions réduire le marché du vin d’AOC au marché de l’Art… Des vins qu’on offre, mais qu’on ne demande pas. Des vins qui se collectionnent, se montrent, s’exhibent, sans jamais trouver consommateur !
2 – Le consommateur justement, demande de connaître le cépage majoritaire d’un assemblage. C’est pour lui, notamment hors de France, la clef d’entrée dans l’univers du vin.
- Bordeaux est le premier vignoble mondial en surface de Merlot… et nous n’aurions pas le droit de mentionner sur nos étiquettes que notre vin contient du Merlot ?
- Bordeaux est le premier vignoble mondial en surface de Cabernet Sauvignon… et nous n’aurions pas le droit de mentionner sur nos étiquettes que notre vin contient du Cabernet- Sauvignon ?
- Bordeaux est le deuxième vignoble mondial en surface de Cabernet Franc… et nous n’aurions pas le droit de mentionner sur nos étiquettes que notre vin contient du Cabernet Franc ?
- Et lorsqu’il s’agit d’un assemblage, nous n’aurions pas le droit de mentionner les deux cépages ?
Nous interdire la mention du cépage, c’est nous interdire de figurer dans les rayons anglo-saxons, qui sont organisés par cépage. C’est nous interdire les cartes des restaurants anglo-saxons, qui sont organisés par cépage !
3 – Notre Ministre est je crois, issue d’une formation politique appelée « démocratie libérale » ? Est-ce bien une mesure libérale que de vouloir interdire la mention du nom de cépage sur une étiquette d’un vin qui contient justement ce cépage ? Si c’est du libéralisme, alors, c’est une nouvelle forme de libéralisme ! Est-ce bien une mesure démocratique que de vouloir imposer cette règle contre l’avis des professionnels, contre l’avis des consommateurs ?
Lorsque nous exprimons ces arguments, les services nous répondent : ne vous inquiétez pas, avec la création des « Vins de Pays de l’Atlantique », vous pourrez faire figurer le nom de cépage ! Mais par contre vous ne pourrez plus utiliser le nom de « Bordeaux » ! Quelle belle avancée en effet ! C’est vrai, Vins de Pays de l’Atlantique, ça donne envie de boire de l’eau salée ! Quand je lis « Atlantique », le premier terroir auquel je pense c’est la plage… Quand nous aurons un Syndicat de l’Atlantique, on nous confondra avec l’OTAN !
Non, cessons les balivernes : notre terroir c’est Bordeaux, nos Cépages ce sont le Merlot, le Cabernet Sauvignon, le Cabernet Franc… Et que l’on ne nous dise pas, à nous, que ce qui est signé est signé : alors qu’on annonce aux enseignants que l’on recule les décrets d’application de la loi Fillon, qu’on annonce aux motards que l’on revient sur l’allumage des codes, que l’on annonce aux automobiliste qu’on va supprimer les radars, …
Oui il faut simplifier l’offre. Mais sur le nom de cépage doit être autorisé sur tous les types de vins qui le souhaitent pour satisfaire les marchés qui le demandent ! Il en va de la lisibilité de nos étiquettes ! Le Merlot, le Cabernet Sauvignon, le Cabernet Franc… c’est notre patrimoine Bordelais! Mentionner le cépage, ce n’est pas dénier l’assemblage ! Nous interdire de mentionner nos cépages, c’est du vol de patrimoine !