Arrivée au SPACE avec Isabelle LECALLENEC (députée de Vitré), Michel DANTIN, Député Européen, Maire de Chambéry, Alain CADEC, Député Européen, Président du Conseil Général des Côtes d’Armor, Xavier REGNAULT, entrepreneur, Marc JOULAUD, Député Européen, Maire de Sablé-sur-Sarthe, Dominique de LEGGE, Sénateur d’Ille et Vilaine…
Visite aux Blondes d’Aquitaine… Sarthoises !
Rencontre avec les professionnels …
Présentation du projet à la presse et aux responsables professionnels.
Mesdames, messieurs, chers Amis,
Je n’ai pas attendu l’approche des élections pour m’intéresser à la vie et au travail des agriculteurs de notre pays.
Mes grands-parents habitaient la France rurale, ils étaient paysans, ils étaient artisans.
Elu de la Sarthe, j’ai parcouru les exploitations, présidé des comices agricoles, créé le premier label rouge de viande bovine, j’ai contribué à structurer des filières…
Depuis bien longtemps, je sais les défis et les difficultés de votre métier.
Ce métier ne ressemble à aucun autre et les hommes et les femmes qui l’exercent ne se payent pas de mots. Ils travaillent dur, très dur, pour un salaire qu’aucun autre Français n’accepterait. Connaissent-ils les 35 heures ? Oui, en un week-end !
Depuis 40 ans, nos paysans s’adaptent et répondent aux exigences de notre monde contemporain. Productivité, diversité, qualité : ils ont assumé et n’ont à rougir de rien.
Ces paysans ce ne sont pas des jardiniers ou des gardiens de parcs naturels. Ce sont des entrepreneurs dont l’activité se confond avec l’identité de notre pays.
- 70 % de notre territoire national, métropolitain et ultra marin, est consacré à l’agriculture.
- Les deux tiers des communes françaises sont en milieu rural, 30 % de la population y vit.
- L’agriculture française, c’est deux millions d’emplois directs liés à la production agricole et douze millions de Français vivent et travaillent dans nos territoires ruraux.
- De cette France rurale qui ne doit pas être abandonnée est née la France souveraine, celle qui a conquis son indépendance alimentaire et qui exporte.
- Les exportations agricoles et agroalimentaires sont, en année normale, le deuxième poste de notre balance commerciale, régulièrement excédentaire de près de 10 milliards d’euros.
L’agriculture est pour notre Nation un domaine stratégique. C’est pour moi un point majeur de mon programme pour le redressement de la France.
Nous avons des atouts pour réussir.
- Nos terres agricoles sont parmi les plus productives du monde, avec une situation idéale pour la culture des céréales, le maraîchage, l’arboriculture fruitière, la viticulture, la forêt, l’élevage.
- Nos littoraux sont riches, les mers qui bordent nos territoires, sur l’ensemble du globe, sont poissonneuses et fortes d’un potentiel inégalé en production d’avenir.
- Notre enseignement agricole est d’une qualité exceptionnelle.
- Déjà, en ayant recours à des techniques de production connectées, beaucoup d’exploitations rivalisent avec les secteurs industriels les plus pointus.
Mais que retirent les agriculteurs de leurs efforts ? Quel revenu ? Quel résultat aujourd’hui ?
- Les prix baissent, les revenus sont insuffisants, et les positions de notre agriculture se dégradent.
- Depuis 1970, les prix agricoles à la production ont été divisés par deux !
Les crises agricoles se succèdent année après année et les raisons en sont toujours les mêmes : un marché mondialisé d’une part, et l’agriculture avec ses aléas localisés d’autre part.
- Changera-t-on la mondialisation ? La réponse est non !
- Modifiera-t-on le climat et les aléas climatiques ? La réponse est non !
Ne reste donc qu’une solution : il faut créer les conditions qui permettent aux agriculteurs de vivre dignement de leur travail et de passer les crises !
En Gironde j’ai rencontré un viticulteur qui m’a dit : « Pour travailler sereinement il faut une récolte sur les pieds, une récolte dans le chai et une récolte à la banque » !
On est loin du compte aujourd’hui !
Ce qui va mal, les agriculteurs nous le disent : l’excès de charges, l’excès de normes, l’excès de contrôles, l’instabilité règlementaire, les conditions de concurrence qui se dégradent, une négociation des prix déséquilibrée, l’abandon des outils de régulation, la gestion des crises au coup par coup, la faiblesse de la France dans le débat communautaire.
J’entends ceux qui se sentent abandonnés par un ministre de l’agriculture absent des discussions communautaires, plus occupé à porter la parole d’un président transparent, qu’à défendre l’agriculture française à Bruxelles et dans les autres capitales.
J’entends la rage de nos agriculteurs qui s’épuisent sous les contraintes des normes et des règlements.
En 15 ans, la France a perdu un tiers de ses parts de marché, à l’international comme sur le marché intérieur, au profit d’autres pays européens.
Pourquoi cette situation ?
En partie, par exemple, parce que les blés produits ne correspondent plus aux critères qualitatifs exigés par les pays importateurs ! Et pourquoi ? Parce que des sur-normes purement nationales, en réduisant les intrants par hectares, ont eu pour effet la production de blés plus pauvres et de qualité moins bonne que nos concurrents.
Voilà des parts de marché perdues, donc de la richesse, donc de l’emploi, par effet de la sur-transposition unilatérale de directives européennes qu’il suffisait juste d’appliquer !
J’entends la plainte des campagnes qui se vident et dont les terres sont rachetées par des fonds étrangers.
Il est bien de défendre le « Made in France », mais il faut aussi défendre notre terre de France !
Trop d’exploitations agricoles s’arrêtent au moment de la transmission.
Pour aider les jeunes agriculteurs à reprendre l’exploitation de leurs parents, je veux instaurer un sursis d’imposition lors de la transmission de la PME aux descendants.
J’entends ceux qui ne dorment plus à cause de leurs problèmes de trésorerie. Je souhaite que l’épargne soit possible, simple, les années de bonne récolte, pour servir les années de mauvaise récolte !
Mais avant d’épargner, encore faut-il pouvoir se verser un salaire : j’ai rencontré dans la Sarthe cet été un couple d’agriculteurs qui produit 490 000 litres de lait par an.
Ils ont peine à se verser un salaire de 500 € par mois à deux !
On parle de commerce équitable pour le café qui vient du bout du monde : quand mettrons-nous en place le commerce équitable sur le sol de France ?
Dans les mêmes conditions de production, en Allemagne, un éleveur se verse un salaire plus important !
Je souhaite donc, comme l’Allemagne qui exporte désormais en France, du lait, du fromage et de la viande, baisser les charges des exploitations agricoles pour permettre à nos agriculteurs de vivre de leur métier, d’investir, d’épargner et de redevenir compétitifs.
Je milite pour une convergence fiscale et sociale au sein de la zone euro, et le plus rapidement possible, entre la France et l’Allemagne.
J’entends ceux qui croyaient à l’Europe et qui aujourd’hui la rejettent.
Je dénonce les errances d’une Union européenne sans vision pour l’agriculture, soumise à une administration coupée des réalités, toute occupée à réglementer, interdire, empêcher ; et surtout à ne prendre aucune décision !
Qu’est-ce qu’une PAC sans projet, contradictoire dans ses propres objectifs, plus préoccupée d’environnement idéologique que d’agriculture nécessaire à l’alimentation de l’Europe ?
On a oublié qu’il y a 60 ans, une partie des européens avaient encore faim ; on oublie que la souveraineté agricole est un enjeu capital dans la mondialisation.
Je veux que la France soit écoutée, qu’elle cesse de subir les décisions communautaires et, au contraire, qu’elle les inspire et les oriente.
Notre modèle agricole est lié à notre histoire, à notre géographie, à notre culture.
Ce n’est pas celui des autres pays européens. Nous devons tenir compte de cette réalité et voir l’agriculture de notre pays telle qu’elle est.
J’entends ici qu’il faut aller vers de grandes exploitations pour permettre de gagner en productivité ; j’entends là qu’il faut aller vers des petites exploitations en circuit court ; j’entends ici qu’il faut des exploitations respectueuses de l’environnement et certifiées comme telles ; j’entends là que cette certification n’est pas suffisante et qu’il faut aller vers l’agriculture biologique ; j’entends ici que l’agriculture indépendante est la solution quand on me dit là que c’est la coopération qu’il faut développer…
Le temps que nous perdons à opposer les modèles, c’est un temps que nous ne consacrons pas à les développer tous !
Cessons de débattre ! Aujourd’hui il faut FAIRE !
Il faut que toutes les entreprises agricoles – la petite et la grande, l’indépendante et la sociétaire, celle qui vend localement et celle qui exporte loin de chez nous – trouvent les moyens, publics et privés, de leur développement.
Je n’accepte pas que ce qui est considéré comme indispensable à l’entreprise industrielle – la croissance, l’organisation économique, la recherche de la productivité, l’accès au crédit et au capital, l’innovation et l’audace – soit refusé à l’agriculture et aux entreprises agricoles.
Je n’oublie pas le modèle mutualiste et coopératif, construit par les générations précédentes pour partager le matériel agricole, les emplois, mutualiser les services et la protection sociale, pour financer et assurer les exploitations.
Ce modèle, unique et particulier, doit avoir une vision sereine de son avenir. C’est là aussi au ministre de l’agriculture de se battre pour que Bruxelles accepte nos modèles, et non l’inverse !
L’histoire de l’agriculture française nous montre ce qu’était la fraternité.
C’est cette fraternité qui manque cruellement aujourd’hui dans les relations au sein des filières pour assurer une équitable répartition des marges.
- Je veux que les entreprises agricoles renouent avec la croissance pour créer de l’emploi.
Si nous les libérons de leurs entraves, si nous leur donnons les moyens, dans chaque exploitation, il y a du travail pour une personne de plus !
Je veux que toutes les filières agricoles retrouvent de l’ambition et du courage pour progresser avec un mot d’ordre, la liberté, qui seule permet l’action.
Je veux que le bon sens, qui semble avoir quitté le pilotage de l’agriculture française, reprenne enfin sa place. La pêche et les activités halieutiques, la chasse et la gestion de la faune sauvage, la direction et la conduite de la forêt française, toutes ces activités essentielles à l’économie, la gestion et l’harmonie du monde rural doivent absolument dépendre du ministère de l’agriculture !
Depuis 2 ans, je travaille à un projet fort et précis pour redresser la France. Je ne compte plus les réunions et les rencontres que j’ai eues avec des agriculteurs et leurs représentants professionnels.
- J’ai d’ores et déjà écrit la feuille de route du futur ministre de l’agriculture qui connaîtra, dès sa nomination, ce que j’attends de son ministère.
Mon programme complet –« Pour une agriculture française forte et conquérante »- est à votre disposition, mais je vous livre ici mes orientations.
- Je veux vous reconnaître comme des entrepreneurs à part entière, et raboter les charges.
Rien ne justifie que les règles soient plus complexes pour l’agriculture que pour les autres secteurs.
Je veux instaurer la liberté pour les agriculteurs de choisir la structure juridique la plus adaptée à leurs activités tout en maintenant le statut de producteur agricole.
La réduction générales des charges que je propose s’appliquera aux agriculteurs.
Elle sera financée, comme pour l’ensemble des entreprises, par un prélèvement sur les recettes d’une TVA augmentée. Ce sera moins de charges sociales pour les agriculteurs et plus de TVA sur les produits y compris les produits d’importation.
- Je veux vous libérer du carcan des normes et vous aider à innover.
La France s’est voulue le bon élève de l’Union Européenne en sur-transposant les règles et normes européennes. Je proposerai de supprimer par ordonnance tous les ajouts inutiles aux normes européennes. Notre agriculture doit être à l’avant garde pour produire plus et mieux. Pour cela nous devons tourner le dos à l’obscurantisme idéologique et rendre aux chercheurs la liberté de chercher et d’expérimenter dans tous les domaines y compris la génétique.
- Je veux partager la gestion du risque.
L’exposition aux risques globaux s’accroît, tandis que les politiques publiques abandonnent les outils de régulation et de protection…
La protection des agriculteurs n’a jamais été aussi faible. Je veux faire de la déduction pour aléas, un compte épargne aléas climatiques et économiques alimenté librement pendant les années de bonnes récoltes, utilisable en cas de perte d’exploitation et très simple de mise en œuvre. Mon souhait est que ce compte épargne représente à terme une année de récolte.
Je propose de transférer la couverture du risque climatique et les fonds qui permettent de le financer à un fonds de mutualisation géré par les agriculteurs.
- Je veux vous permettre d’augmenter vos marges.
Je m’engage à vous aider à restaurer vos marges et à conquérir des marchés, en donnant toute liberté aux agriculteurs de se regrouper en organisations de producteurs de taille significative, en encadrant par la loi la négociation des contrats, en soutenant les circuits directs de vente.
En France nous devrons avoir un grenelle des prix avec la grande distribution, le lendemain de l’élection Présidentielle : cette course « au prix le plus bas », à « la vie moins chère », fini par reposer entièrement sur l’appauvrissement des exploitants agricoles.
Ma conviction, c’est qu’on ne produit pas des marges en vendant toujours moins cher ; et on ne crée pas de la croissance et des emplois en sacrifiant les producteurs !
En 2017, le prochain président français aura la charge historique de remettre l’Europe sur des rails solides. Plutôt que de bricoler de nouvelles institutions, concentrons l’Europe sur quelques priorités majeures, dont celle de l’agriculture.
La politique européenne agricole est en panne. La PAC entretient désormais un dispositif d’aides déconnectées de la production et inefficaces.
Je me battrai pour la création d’une politique agricole commune réactive et souple, ne s’interdisant aucun outil ni type d’intervention, pour réagir avec efficacité aux aléas et marchés afin de soutenir l’investissement et les marges des exploitations.
- Je m’engage à relancer les programmes de recherche et d’innovation notamment dans la génétique, la fertilité des sols, et l’agriculture 3.0. Je souhaite faire de chaque agriculteur un paysan-chercheur notamment dans le domaine des pratiques culturales.
Dans les relations internationales, il est nécessaire que le prochain Président de la République veille aux intérêts de la France, et à ceux de son agriculture.
Voilà deux ans que je dis qu’il faut mettre un terme aux sanctions contre la Russie qui tuent un marché extérieur important sans aucun gain diplomatique.
- Et puis, je soutiens le combat des éleveurs français pour obtenir un juste prix du lait.
Au-delà des mesures générales que je propose, la question de la relation entre producteurs agricoles, industriels, et réseaux de distribution est dramatiquement posée.
On ne pourra maintenir et développer la filière laitière sans une juste répartition des marges entre ses acteurs.
Dès le lendemain de l’élection présidentielle, mon gouvernement réunira tous les acteurs de la filière agricole, filière d’excellence française, et mettra en place les conditions nécessaires pour leur permettre de vivre de leur travail.
Mesdames et messieurs,
La situation actuelle de l’agriculture française est au rouge et la détresse des agriculteurs est un crève-cœur.
Il faut vous donner les moyens de vivre dignement de votre travail, donner à vos exploitations la capacité d’être compétitives et de surmonter les crises.
Je veux que vos enfants s’engagent dans l’agriculture parce qu’ils considèrent que c’est un métier d’avenir.
Avec vous tous, je me battrai pour que la France redevienne une grande puissance agricole, la première d’Europe !
Vous pouvez être fiers de ce que vous êtes et de ce que vous faites. Je souhaite ardemment que cette fierté, tous nos concitoyens la ressentent et la respectent.
Lire le projet présidentiel de François Fillon pour l’Agriculture Française