Communiqué de presse : « des stratégies prometteuses dans la lutte contre le changement climatique »

Comment le Bordelais s’adapte au changement climatique ?

Vignes Hautes et Larges – Stockage du carbone dans les sols

Sauveterre-de-Guyenne, le 29 septembre 2022 – Les conclusions des observations menées au Château Bellevue à Sauveterre-de-Guyenne (33) qui viennent d’être rendues publiques, montrent les bénéfices de certaines pratiques viticoles.

Les feuilles : des panneaux solaires naturels

Les pratiques expérimentées mobilisent le végétal pour capter l’énergie du soleil et le CO2 surabondant dans l’atmosphère pour s’en servir dans la lutte contre le changement climatique.

A château Bellevue, l’idée est d’avoir moins de pieds à l’hectare tout en ayant une vigne qui monte à 2-3 mètres[1]. Les feuilles qui servent alors de « panneaux solaires naturels » captent la lumière du soleil et absorbent la chaleur. L’objectif consiste à diminuer le ratio « litre de gasoil consommé par hectolitre de vin produit » et ainsi participer à la diminution des émissions de gaz à effet de serre. Pour travailler la vigne, celle-ci nécessite deux à trois fois moins de trajets donc d’énergie fossile consommée. Par ailleurs, lors des vendanges, les vignes hautes permettent de vendanger très rapidement (1 heure et 15 minutes par hectare) et ainsi de vendanger au meilleur des maturités chaque parcelle.

Les pratiques pour limiter l’évapotranspiration de la plante (mode de conduite, gestion du feuillage, ombrage …) et augmenter la réserve utile du sol sont déjà expérimentées ou appliquées sur des vignobles plus exposés. La diversité du matériel végétal (porte greffe, variétés, clones) offre des grandes possibilités. Il faut pouvoir les évaluer dans le contexte Bordelais et les faire connaitre aux viticulteurs.[2]

La vigne : des puits de carbone qui restent à développer

La biomasse vivant dans le sol est la clef de la fixation du carbone dans les sols. Les sols mondiaux contiennent 2 à 3 fois plus de carbone que l’atmosphère[3].

« Augmenter­­ de 1% le stock de matière organique dans les sols est équivalent à un stockage de 85,4t CO2 eq/ha » estime Matthieu Dubernet, président du laboratoire du même nom. Ce qui représente l’empreinte carbone d’environ 10 personnes ! L’effet peut être considérable lorsque l’on sait que les vignes bordelaises s’étendent sur 110 000 hectares et sur 750 000 ha dans toute la France. Yves d’Amécourt, viticulteur et propriétaire de Château Bellevue, ajoute que la mobilisation du vivant (par l’agriculture et la forêt) n’est pas assez prise en compte dans les politiques publiques. C’est pourtant une voie d’avenir car c’est la meilleure façon de tirer partie des rayonnements terrestres du soleil, dont l’Homme n’utilise qu’1/6000 !

Prendre soin des feuilles

« Nous observons des ravageurs émergents à nos portes comme la bactérie Xylella… et nous ne connaissons pas les effets des évolutions du climat à long terme sur les maladies. Il ne faut surtout pas baisser la garde » avance Laure Cayla, directrice du Pôle IFV Nouvelle-Aquitaine (Institut Français de la vigne et du Vin). Les feuilles de vigne doivent être protégées comme toute la plante et le raisin. Selon le climat, on peut maintenant observer le développement d’une 4e génération du papillon nuisible Eudémis dans le Bordelais. Parmi les solutions de biocontrôle, la technique de la confusion sexuelle est efficace pour contrôler ces populations de papillons ravageurs. Elle permet de remplacer les applications d’insecticides classiques. « C’est aussi l’une des seules méthodes de biocontrôle qui peut véritablement être considérée comme une alternative aux pesticides, » prévient Pascal Lacroix de BASF France Division Agro. « En revanche, pour contrôler les attaques de champignons, les viticulteurs doivent pouvoir continuer à disposer de solutions conventionnelles permettant d’intégrer les produits de biocontrôle dans les itinéraires de protection. »

Une approche vertueuse

Yves d’Amécourt insiste pour développer une approche globale des pratiques, du pied de vigne à la bouteille. Ainsi les piquets utilisés dans les vignes de Château Bellevue sont en robinier, un bois naturellement imputrescible, sans traitement, issu des bois de l’Entre-deux-Mers et produits par une entreprise voisine. Ils constituent un stockage naturel de carbone. Mieux vaut du bois qui stocke le carbone, plutôt que le fer qui émet du CO2.

Les flacons dans lesquels les vins sont mis en bouteilles sont soufflés à Vayres en Gironde, 80 % du verre est issu du recyclage. Les bouteilles choisies sont moins lourdes à chaque fois que c’est possible et que le marché le permet. Enfin les étiquettes sont produites à Sauveterre-de-Guyenne. Les cartons sont produits par les papeteries locales avec le pin des landes voisines.

« Inévitablement, les terroirs évoluent en fonction du changement du climat » poursuit Christophe Château, directeur de la communication du CIVB (Conseil Interprofessionnel des Vins de Bordeaux) qui vient de participer à la réalisation d’une carte des terroirs de l’Entre deux Mers géographique.Pour limiter la hausse de température mondiale à moins de 2e, la filière bordelaise est engagée dans une stratégie bas carbone visant à réduire l’impact carbone de 54 % en 2030. La démarche se nomme « vignerons cultivons demain ».


[1] Dans l’AOC Bordeaux l’objectif est de respecter un rapport feuille/fruit de 1m2 de feuillage par kg de raisin. A adapter selon les cépages, les sols, l’évolution de l’ensoleillement et les températures.

[2] 2-24-02-2022-GuideTAECC-web.pdf (vignevin.com)

[3] Source : 4pour1000.org

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