Le collège de Sauveterre : le plus violent du Sud Ouest ?

Lettre ouverte au collectif de journalistes auteur de l’article
« Violence Scolaire »,
dans le POINT n°1772 du 31 août 2006.

La rentrée ce passe bien à Sauveterre de Guyenne, petite ville de l’Entre-Deux-Mers, chef lieu du canton dont j’ai l’insigne honneur d’être le Conseiller Général depuis 2004. L’école primaire et l’école maternelle ont fait leur rentrée. Le nouveau principal du collège, Monsieur Righi, a réuni les parents d’élève de 6ème pour leur expliquer comment allait se dérouler la rentrée prochaine.

Hier, j’allais acheter mon journal et faire quelques courses, quand, traversant la place de la Bastide, Nathalie, une professeur de collège m’apostrophe : « Yves as-tu lu LE POINT ? Sauveterre est noté comme le collège le plus violent du SUD-OUEST, je n’en reviens pas »… Elle m’explique l’enquête et se dit très étonnée… Je lui répond que je suis administrateur du collège ROBERT BARRIERE et que je n’ai jamais eu l’impression que nous étions un collège VIOLENT !!!

Je rentre dans la maison de la presse et achète LE POINT : « VIOLENCE SCOLAIRE, EXCLUSIF… ». J’ouvre rapidement le magazine a la page 50 « SUD : 97 collèges à problèmes »… « SAUVETERRE DE GUYENNE = 125 ». 125 est le chiffre le plus élevé du grand Sud Ouest !

Je rentre à la maison pour lire l’article en profondeur : « le chiffre correspond à la signalisation d’évènement « dont la qualification pénale est évidente » »… « ceux qui ont fait l’objet d’un signalement à la police, à la justice ou aux services sociaux », … « les incivilités sont exclues du champs de l’enquête »… « les collèges cités sont des collèges qui vivent dans un climat scolaire en perpétuelle tension » etc. Je n’en reviens pas. Ensuite, l’article site un certain nombre d’exemples qui font froid dans le dos : ports d’armes, violences physiques à caractère sexuel, incendies, tentatives d’incendie, dommage aux véhicules, rackets, violence physique avec armes…

Rien de tout cela n’est arrivé à Sauveterre-de-Guyenne. Nous avons 3 enfants au collège de Sauveterre … Ils le vivent très bien ! Ils ne sont jamais revenu à la maison avec des traces de coups, ils n’ont pas été harcelés, ils n’ont subit de violence d’aucune sorte, … Non décidément je ne sais pas ce que contient « SIGNA », mais le collège de Sauveterre n’est certainement pas le collège le plus violent du grand SUD-OUEST ! Alors que penser de cette enquête, que penser de tous ces chiffres ?

Je ne comprends pas que l’on puisse autoriser la publication d’informations qui ne sont ni fiables, ni validées.

On apprend dans cet article que :
-tous les établissements ne remplissent pas la base de données SIGNA,
-tous les établissements ne remplissent pas cette base avec la même méthode : choix des faits relatés, critères de choix, …
Comment, dans ces conditions, s’autoriser à publier un classement ?


Par ailleurs,
-il manque à toutes ces statistiques un élément majeur : le nombre d’élèves concernés… Lorsque l’on lit « 40 », s’agit-il de 2 élèves qui ont été signalés 20 fois chacun, ou bien de 20 élèves qui ont été signalés 2 fois chacun ?
-les données ne sont pas croisées avec celles des gendarmeries et de la police
-…

Dans notre pays, la publication des statistiques est normalement confiée à l’INSEE. Parce que l’INSEE sait faire la part des choses dans une base de données, et parce que l’INSEE sait dire si les données sont utilisables ou pas, dans quelle mesure, etc…

Publier –et laisser publier- des chiffres bruts, sous cette forme, est à la fois dangereux et irresponsable ! Mais en France, chacun sait que l’on peut être irresponsable mais pas coupable !

1 commentaire pour “Le collège de Sauveterre : le plus violent du Sud Ouest ?”

  1. Aussi étonné que toi. Abonné au POINT j’en appréciait jusqu’ici et de façon générale les articles de fond et les éditoriaux. Une véritable dérive apparaît depuis quelques semaines et même lorsqu’ils publient un droit de réponse ils y ajoutent un autosatifecit rarement de bon aloi ; décevant. Surtout comme dans une enquête, large titre, où ils conviennent en effet de la disparité basique de la procédure formelle !
    Plus sérieusement documentée cette enquête polémique aurait produit de meilleurs effets…à moins que ce ne soit le contraire qu’ils aient recherché, style provoc!

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